Les jardins d'Hélène

Le vase où meurt cette verveine - Frédérique Martin

24 Octobre 2012, 06:37am

Publié par Laure

 

le-vase-ou-meurt-cette-verveine.jpgJoseph et Zika ont 77 ans chacun ou presque, et 56 ans de mariage. Ils s'aiment comme au premier jour, malgré les difficultés de la vie. Gens de peu, ils ne peuvent faire face quand la maladie vient frapper Zika, et sont contraints de laisser leurs enfants prendre les choses en main. Faute de place et par commodité, Zika sera hébergée par sa fille Isabelle, dans son minuscule appartement parisien, qui a l'avantage d'être proche d'un hôpital et de médecins spécialistes qui pourront soigner son cœur ; Joseph lui rejoindra son fils Gauthier et sa belle-fille, ainsi que leurs enfants dans le sud-ouest. C'est leur première séparation, qu'ils espèrent brève. Ils s'écrivent de tendres lettres, belle correspondance à l'ancienne où ils se disent tout leur amour, mais aussi leur rage d'être séparés, et ils observent peu à peu les failles de leurs enfants.

Quels propos justes et touchants dans cette correspondance ! J'y aurais bien vu mes grands-parents, et j'ai souvent été émue (chut, j'ai parfois pleuré comme une madeleine). Pourtant, j'ai eu énormément de mal à adhérer à ce postulat de départ, sur lequel tient le roman : la séparation. Qu'importe qu'ils soient un ou deux dans une chambre qui contient un lit double, ça ne tient pas tout cela ! Mais il faut continuer sa lecture, pour voir le roman prendre des tournures totalement inattendues, un revers glaçant qui vient figer le lecteur, et une fois les personnalités des enfants approfondies, la relation frère-soeur, réaliser que tout se tient, et que c'est d'une perversité et d'une violence inouïe.

Ce roman offre de nombreuses pistes de réflexion, sur la vieillesse, la perte d'autonomie, la connaissance que l'on croit avoir de ses enfants, sur l'amour maternel et le rapport mère-fille, la famille recomposée à travers l'histoire de Gauthier, le fils (plus attendu, un indice laissant deviner assez tôt le ressort, mais offrant néanmoins de très beaux passages sur le lien qui unit une belle-fille et son beau-père), réflexions sur le rapport grands-parents / petits-enfants, notamment quand l'un n'est pas du même sang, et j'en oublie sans doute.

Un très beau roman épistolaire qui, s'il commence comme une belle histoire d'amour douce et surannée, prend au fil du temps qui s'égrène (les saisons rythment la correspondance du couple) une tournure dérangeante et saisissante. Il faut tourner la dernière page pour réaliser combien la construction était habile. Le lecteur n'en sort pas indemne, et c'est tant mieux.

 

 

Belfond, août 2012, 220 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © éd. Belfond

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C
<br /> je suis contente, tu as aimé !<br />
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J
<br /> 4 étoiles et 1/2, je note et je vérifie tout de suite sa dispo par ici!!<br />
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L
<br /> <br /> c'est très subjectif tu sais, pourtant au départ j'avais beaucoup de mal, trouvant le noeud initial pas crédible, mais j'ai persévéré, et je pense que ce livre ne<br /> prend toute sa force que sur sa fin... Maintenant il me semble avoir lu quelques critiques négatives ou fort mitigées, donc... à voir...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Tu as réussi à m'intriguer et à me donner envie de lire  ce livre alors que ce n'était pas du tout gagné au départ! <br />
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S
<br /> J'aime beaucopu les histoires avec des personnes âgées, je note, d'autant plus qu'il est à la bibliothèque et je prépareai mon mouchoir ;-)<br />
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Y
<br /> Ton article a réussi à me tenter alors que je ne l'aurais pas pensé au départ... Vu comme ça, je tenterai !<br />
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