Les jardins d'Hélène

Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret – Sibylline (scénario), Capucine (lettrage) et Jérôme d'Aviau (dessin)

17 Avril 2012, 07:20am

Publié par Laure

 

alphonse-tabouret.jpgC'est d'abord un bel objet, épais, à la couverture cartonnée légèrement en relief avec en creux ce petit bonhomme, Alphonse Tabouret, à l'intérieur, un beau papier et une forme nouvelle, ni tout à fait BD ni tout à fait album, peut-être un peu roman graphique, mais peu importe, il faut se plonger dans l'histoire.

Là encore, c'est surprenant, original, déroutant, poétique, avec plusieurs niveaux de lecture selon que l'on est enfant ou adulte.

Alphonse Tabouret est un petit bonhomme qui se réveille au milieu d'une forêt, et se retrouve seul, délaissé par le grand Monsieur qui l'a créé. Dès lors Alphonse va à la rencontre d'autres personnages, cherche à combler un manque, son TGV, son Trop Grand Vide. Il rencontre un tas de personnages étranges, bizarres, aux drôles de noms, dont un qui a un grand trou au milieu du ventre, ainsi facile à remplir. Et même quand il rencontre l'amour, rien n'est gagné pour le petit Alphonse.

Beaucoup de néologismes, de jeux de mots, pour un humour léger, un dessin et des réflexions souvent oniriques. Il faut se laisser porter par cet ensemble hors du commun, à lire, à relire, car il y a toujours un détail qui vous aura échappé à la première lecture.

Audacieux dans la forme et l'écriture, mais plein de fantaisie et de magie ! Un vrai conte initiatique.

 

Lire les 15 premières pages sur Bdgest : clic !

 

Ankama éd. , coll. Etincelle, septembre 2010, 184 pages, prix : 15,90 €

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Crédit photo couverture : © Jérôme d'Aviau et Ankama éd.

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Un homme ordinaire - Yves Simon

16 Avril 2012, 12:47pm

Publié par Laure

 

un-homme-ordinaire.jpgLa qualité et l'intérêt de cette petite collection ne sont plus à prouver. (voir entre autres, Annie Ernaux, L'autre fille). Dans ce court opus, Yves Simon s'adresse à son père, cet « homme ordinaire », homme de peu, mais homme au grand cœur. Ils n'ont pas toujours été d'accord sur tout, mais chacune des phrases dit l'amour réciproque entre eux. On en apprend un peu plus aussi sur la jeunesse de l'auteur. Un très beau récit, intime, tout en pudeur et retenue.

 

Nil éd., coll. Les Affranchis, novembre 2011, prix : 7,10 €

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Crédit photo couverture : © éd. Nil.

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La peur du monstre - Mario Ramos

15 Avril 2012, 15:50pm

Publié par Laure

 

peur-du-monstre.JPGIl est des auteurs / illustrateurs jeunesse qui vous accompagnent tout au long de votre vie d'adulte, et il suffit d'apercevoir une nouvelle couverture pour reconnaître leur patte sans même avoir vu leur nom. C'est le cas de Mario Ramos, qui occupe une place particulière dans notre cœur (familial!) car mes enfants se souviennent encore et toujours de cette première histoire lue et relue jusqu'à plus soif de « Au lit, petit monstre ». Mon grand a presque 18 ans, et en apercevant la couverture de cette « peur du monstre » dans mon cabas d'albums rapportés du travail, il a eu cette exclamation : « oh, c'est le même que quand on était petits ! » Et il a filé chercher l'album dans la bibli familiale, relire cette histoire qui les a tant marqués ! Même Mosquito y revient de temps à autre ! Comme quoi l'histoire du soir entretient un rapport affectif à la littérature jeunesse pour la vie ! (enfin moi j'y crois en tout cas)

 

Alors qu'en est-il de ce monstre qui a peur ? A moins que ce ne soit un petit bonhomme qui a peur du monstre ? Polochon, avec sa bonne bouille de croco (ou dino?) est un adorable petit bonhomme, sa mère ne cesse de le lui répéter. C'est vrai qu'il est gentil, sage et obéissant, il se brosse bien les dents (il a bien compris depuis, que c'est une brosse à dents et pas une brosse à robinet ! - il faut lire au lit petit monstre pour comprendre l'allusion ) et ce qu'il aime par dessus tout, c'est l'histoire du soir, dans les bras de sa maman. Ce qu'il aime moins, c'est qu'une fois le rituel accompli, avec son lot de câlins et de bisous, notre petit bonhomme a peur de la nuit, des monstres qui gargouillent, grommellent et grognonnent là sous son lit. Je vous laisse la surprise du monstre qui apparaît. Les rôles sont inversés et c'est drôle.

Un album pour les 2-5 ans, qui apprivoise les peurs du soir et des monstres sous le lit, et qui recrée à l'infini cette complicité parents-enfants autour de la lecture du soir.

 

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© Mario Ramos et Pastel / L'école des loisirs

 

peur-du-monstre-extrit2.JPG© Mario Ramos et Pastel / L'école des loisirs

 

(PS : ce n'est pas le dernier album de Mario Ramos mais je rattrape mon retard!)

 

Pastel, l'école des loisirs, mars 2011, prix : 10,50 €

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Crédit photo couverture : © Mario Ramos et Pastel / L'école des loisirs

 


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La liseuse - Paul Fournel

12 Avril 2012, 14:46pm

Publié par Laure

la-liseuse.jpgVendredi soir, l’éditeur Robert Dubois, s’apprête à rentrer chez lui avec une pile de manuscrits à lire, comme il en a l’habitude. Une jeune stagiaire vient lui apporter une liseuse numérique et lui en explique tous les avantages. Il va apprivoiser la machine, et avec son équipe de stagiaires (on ne le dit jamais assez, explique-t-il, ce sont les stagiaires qui font tourner l’édition), va imaginer une nouvelle façon de créer et de faire entrer la littérature chez les gens par le biais de ces liseuses.

J’avoue, ce livre m’a agacée dès le départ, car la fameuse liseuse évoquée et souvent décrite est une tablette Ipad. Manque plus que la pomme sur la couverture mais une TABLETTE,  PAS UNE LISEUSE. Et nous pendant ce temps-là, on passe notre vie à expliquer la différence aux gens, et l’auteur nous casse la baraque en quelques lignes. La tablette peut servir à lire des livres numériques, mais elle fait aussi plein d’autres choses (sauf le café) et surtout, à la différence des liseuses, elle est comme tous les ordinateurs et autres smartphones : elle fonctionne avec un écran rétroéclairé qui épuise nos petits yeux. La liseuse elle, la vraie, ne sert qu’à lire, et fonctionne avec la technologie e-ink, une encre numérique qui donne l’aspect d’une lecture sur papier. Bref, ça va mieux en le disant.

Certains ont pu trouver qu’on apprenait plein de choses sur le petit monde éditorial : si vous êtes à mille lieues, oui, si vous êtes gros lecteurs ou familiers de la chaîne du livre, honnêtement, non. On sait déjà tout cela.

Mais ça reste sympathique, rapide et facile à lire et surtout, ce que j’ai aimé, c’est que le vieil éditeur « à l’ancienne » (l’auteur ?) donne l’impression de vraiment s’amuser, avec les petits jeunes et leur projet commun. Il y a une bonne humeur et un humour savamment distillé dans cet ouvrage, rien de grincheux, au contraire, c’est vif et alerte. Avec les petites piques nécessaires, avec une fin touchante et juste.

Quant à la forme choisie, roman écrit sous forme de sextine (l’auteur explique le fonctionnement à la fin de l’ouvrage), cela ajoute à la contrainte de l’écriture et intéresse après coup, mais reste imperceptible à la lecture pour qui n’est pas spécialiste de littérature.  C’est là tout l’art aussi de la réflexion, écriture, littérature ou gazole et camions qui vont si vite de l’imprimeur au pilon…

 

Quelques bonnes pages :

p. 10 : « Celui qui est sous ma joue est un manuscrit d’amour : c’est l’histoire d’un mec qui rencontre une fille mais il est marié et elle a un copain… J’en ai lu sept pages et je le connais déjà par cœur. Rien ne pourra me surprendre. Depuis des lunes, je ne lis plus, je relis. La même vieille bouillie dont on fait des « nouveautés », des saisons, des rentrées « littéraires », des succès, des bides, des bides. Du papier qu’on recycle, des camions qui partent le matin et qui rentrent le soir, bourrés de nouveautés déjà hors d’âge. »

 

p. 39 : «  - Regardez les retours. C’est le déluge. On envoie dix camions de livres le matin sur les routes de France, et on en reprend six et demi le soir. Ça a quel sens ?

- Une bonne partie du travail de l’édition consiste à brûler du gazole. Tu es au courant, depuis le temps… »

 

p. 143 « La réunion des représentants est une incontournable messe. […] Elle est le premier maillon des malentendus.

J’aime les représentants, des gaillards qui chaque matin tournent la clé de leur Peugeot diesel pour aller vendre des livres alors qu’ils pourraient tout aussi bien aller vendre autre chose, vendre par exemple des choses dont tout le monde a besoin et sur lesquelles il n’y a rien à dire. Et ils ont choisi le livre, dont peu de gens ont besoin et que l’on doit bonimenter à l’infini jusqu’à ne plus savoir au juste de quoi on parle.

Ils ont du courage, ils aiment les livres et ils aiment même les libraires qui n’ont pas assez de temps à leur consacrer, qui gémissent sur la longueur des listes de livres, qui ploient sous le poids de la manutention des offices et des retours. Ils sont le rouage mobile de la machine folle qui vend les livres. »

 

P.O.L, janvier 2012, 216 pages, prix : 16 €

Existe en version numérique au prix de 10,99 €

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Crédit photo couverture : éd. P.O.L

 

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Stoner - John Williams

2 Avril 2012, 20:08pm

Publié par Laure

 

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anna Gavalda

 

stoner.jpgWilliam Stoner est originaire d'une famille pauvre du Missouri. Agriculteurs, ses parents font tout pour lui payer néanmoins des études d'agronomie à l'université. Ainsi débute le roman. Mais très vite Stoner va se découvrir une passion pour les études... de littérature anglaise et tomber amoureux d'une jeune femme qui n'est pas de son rang.

Roman de facture classique, puis « roman universitaire » (on pense à Lodge notamment), ce texte date de 1965 et n'avait jamais été traduit en français avant qu’Anna Gavalda ne s'y attelle. Quel que soit votre goût ou non pour Gavalda la romancière, oubliez tout, la traductrice révélée ici a réalisé un magnifique travail.

Une fois marié, William Stoner va découvrir la personnalité cachée de sa jeune épouse, qui se refuse à lui et fuit tout dialogue. Stoner est malheureux, mais résigné et bien élevé, il se tourne davantage vers son travail, ses livres, ses étudiants.

p. 102 : « Au bout d'un mois, il comprit que son mariage était un échec et au bout d'un an, il cessa d'espérer. »

p. 136 : « Il ressentait une vague pitié, une amitié échaudée et une sorte de respect « domestique ». Mais une insondable tristesse aussi, car il savait que plus jamais, en la regardant ainsi, il ne revivrait cette agonie de désir qui l'avait subjugué un jour... Sa présence, et il le réalisait à l'instant même, ne le troublait plus, ne le troublerait plus. »

Le centre du roman prend une tournure plus « universitaire », dévoilant les manipulations et autres bassesses venant autant des enseignants que des étudiants ! Derrière son air effacé et toujours discret, Stoner n'en est pas moins très fin, et les joutes oratoires offertes au lecteur sont proprement jubilatoires !

Ce n'en est pas fini des rebondissements, sa femme Edith finit par lui donner un enfant, une petite fille qui révélera davantage encore les caractères profonds et opposés de ses parents.

Les personnages de John Williams ont une réelle densité, complexes, intéressants, aimables ou détestables, ils ne laissent pas indifférent le lecteur.

Je n'en dis pas plus sur la dernière partie du roman, mais j'ai passé un très bon moment en ces pages. Roman très bien écrit, tout en subtilité et richesse. Stoner, avec l'air de toujours s'effacer, s'est construit une vie intérieure sans jamais déroger à sa droiture et à son amour de la littérature. Une passion que l'auteur réussit à nous faire partager.

 

 

Le Dilettante, septembre 2011, 380 pages, prix : 25 €

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Crédit photo couverture : © éd. Le Dilettante

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1er avril

2 Avril 2012, 11:29am

Publié par Laure

En balade hier, pas croisé de poisson mais...

Pâques approche... juste à côté de la maison, on a déjà les agneaux...

 

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La randonnée - Christophe Léon

31 Mars 2012, 15:00pm

Publié par Laure

la-randonnee.jpgCinq adolescents, trois filles et deux garçons, que l’on sent un peu en rupture avec la vie, la famille ou la société (on n’en saura guère plus) partent en randonnée dans les Pyrénées avec leur éducateur, Jeff. Renouer avec la nature, marcher, se laver dans les torrents, camper, devrait permettre de resserrer les liens. A la descente du mini-bus, Jeff scotche les clés sur une roue arrière. On sent les précautions prises « au cas où » il y aurait un problème. Et dès lors en effet, rien ne se passera comme prévu.

Le lecteur va sentir monter l’angoisse lentement, non pas au sein du groupe, mais dans cette nature en apparence déserte : des bruits, des coups de feu, une présence invisible mais peu rassurante. Jeff va chercher à en savoir plus, mais son absence dure bien trop longtemps. Les jeunes vont devoir agir seuls…

Tout va crescendo jusqu’à un final aussi brutal qu’horrifique, qui pourtant suggère bien plus qu’il ne dit (et c’est là tout son talent !) mais qui laisse le lecteur dans une telle solitude face au texte qu’il est difficile de passer à autre chose sans avoir envie d’en discuter. Même si c’est un choc que l’on peut pressentir, il arrive quand même comme un coup de poing.

Une littérature efficace et qui frappe, ce n’est peut-être pas mon titre préféré de Christophe Léon (dont je n’ai pas encore tout lu non plus !) mais j’aime les univers (obsédants ?) qu’il crée.

 

Sur ce blog, du même auteur voir aussi :

Délit de fuite

 

 Et plus ancien ici :

Tu t’appelles Amandine Keddha

 

Ed. Thierry Magnier, « achevé d’imprimer face au grizzli » en janvier 2012, (oui il faut toujours lire les achevés d’imprimer de chez Thierry Magnier, ils le méritent), 115 pages, prix : 8,20 €

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Crédit photo couverture : © Séverin Millet et éd. Th. Magnier

 

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Les raisons de mon crime - Nathalie Kuperman

22 Mars 2012, 10:09am

Publié par Laure

raisons-de-mon-crime.jpgSentiment mitigé sur cette lecture. J’ai été constamment partagée entre l’envie d’abandonner et l’entrain malgré tout de certains passages. Je suis allée au bout, je l’avoue, uniquement par la motivation du titre, curieuse de ce que pouvait être ce crime que je ne voyais pas encore. D’ailleurs sur ce point précis, la réponse qui ne parvient qu’en avant-dernière phrase du roman, est intéressante.

Pour revenir rapidement sur l’histoire : Marianne Raevens, graphiste au chômage qui jusqu’à présent menait une vie confortable, retrouve à l’enterrement de sa tante, une cousine perdue de vue depuis longtemps. Martine est à l’antipode de Marianne, faisant partie de ces petites gens au quotidien aussi terrible que fataliste : violence conjugale, ravages de l’alcoolisme, etc.

Marianne va se rapprocher peu à peu de Martine, dans l’idée d’écrire un livre sur elle et plus largement sur sa famille, tant sidérée que fascinée par ce qu’elle voit et entend. Au fil du récit, on sent la chute de Marianne qui n’est finalement peut-être pas si éloignée de cette misère sociale. La construction en deux grandes parties (Martine / la tante Biquette) qui forment une boucle partant et aboutissant à l’enterrement de la tante est intéressante.

Pourquoi ça n’a que moyennement fonctionné sur moi : la misère sociale et intellectuelle, si elle est très bien décrite, dans toute sa violence ordinaire et la répulsion qu’elle produit sur le lecteur, n’est pas nouvelle. D’autres l’ont déjà (très bien) fait, et je pense notamment aux romans de Patrice Juiff (Frère et soeur, Kathy). Il m’est arrivé régulièrement de trouver dès lors ce roman bavard, n’offrant au final que trop de variations sur le même thème, alors qu’on en avait déjà bien compris le sel. (Il faut dire que je sortais de la lecture de Vie animale, de Justin Torres, qui décrit un même univers sordide avec un art de l’ellipse assez remarquable !)

Je suis allée au bout, par curiosité du titre, m’interrogeant sur le rôle de Marianne. Si le roman fournit une réponse, je reste toutefois mitigée sur l’ensemble, qui ne propose rien d’exceptionnel et aurait mérité, à mon goût, davantage de sobriété dans l’écriture pour en accroitre la force.

 

Un passage sur l’écriture que j’aurais aimé voir développé plus loin mais qui reste unique :

p. 29 : « Noter discrètement, et travestir mon écriture pour que ses yeux ne balaient pas la feuille, ne décèlent pas les horreurs que je suis en train de noter. Elle aurait peine à croire que ce sont ses propres mots. L’écriture transforme, de toute façon. Qu’elle transforme des faits réels ou imaginaires, c’est la même chose ; elle donne valeur de vérité. Et cette vérité-là, je ne suis pas certaine que Martine en veuille, malgré ses bonnes intentions. »

 

p. 108 : « Je mets à distance les plaies raccommodées à la va-vite par des chirurgiens urgentistes, je n’ai pas demandé à voir, je suis presque furieuse de devoir assister au spectacle clownesque d’un corps martyrisé à outrance. Sous chaque boursouflure, je lis l’alcool. Ses membres son dos son ventre sont une carte des vins, du pastis, de la bière. L’alcool qui casse les os. Comment s’est arrivé ? Qui a provoqué qui ? Martine est une femme, c’est elle qui a encaissé, d’où les côtes, le tibia, le fémur, le poignet, l’épaule et tout ce qui s’ensuit. Les coups ont plu, même Lucien, le gentil Lucien, le Lucien qui lui a sauvé la vie. Oui, m’avoue Martine quand je lui pose la question, lui aussi. »

 

p. 119 : « Arrivent les larmes, séchées par le Sopalin que Martine replie pour ne pas gaspiller et qu’elle repose sur la pile, s’ensuit un énième verre de vin blanc coupé à l’eau, viennent les larmes qui épongent la peine. Je suis déchirée, Martine me déchire, et elle est forte au point qu’elle me fait douter de qui je suis vraiment. Je n’ai ressenti cet effondrement devant personne d’autre. Ma cousine m’empoisonne, me guette et me surprend. Le même sang coule dans nos veines, le même poison, la même saloperie d’exister. »

 

Gallimard, janvier 2012, 233 pages, prix : 17,90 €

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Crédit photo couverture : © éd. Gallimard

 

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Bref, ...

15 Mars 2012, 20:32pm

Publié par Laure

Oui je sais, ça fait le tour de la toile, vous l'avez donc sans doute déjà vu , mais... les lunettes et le chignon quoi !

 

 

 

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Vie animale - Justin Torres

14 Mars 2012, 15:07pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Laetitia Devaux

 

vie-animale.jpgIls sont trois frères qu’à peine trois années séparent, le narrateur dont on ne connaît pas le prénom au début de l’histoire, alors âgé de 7 ans, et ses aînés, Manny, 10 ans, et Joel 8 ans.

Ils crèvent de faim et vivent comme ils peuvent entre Paps et Ma, leurs parents complètement paumés, sans le sou, qui les ont eus bien trop jeunes (à l’âge de 14 et 16 ans). Par courts chapitres et avec une économie de moyens remarquable, l’auteur relate des épisodes de leur vie, entre violence et amour malgré tout. On les voit grandir unis dans cette fratrie, régulièrement battus, malmenés, et pourtant, malgré les pires horreurs, une tendresse est omniprésente dans cette curieuse famille. Ils évoluent entre cris et misère, dans ce qui leur semble être la normalité de la vie, et toujours unis.  Seul le petit dernier semble gagner son libre arbitre, affirmer avec l’âge sa différence, sa fragilité, sa volonté de s’élever (il aime les livres, pensez donc), toutes choses qu’il paiera cher, car la fin, inattendue, est aussi superbe qu’effrayante.

Le premier roman très prometteur d’un jeune écrivain à surveiller, par sa capacité à dire tant en si peu de pages de la nature humaine qui parfois, n’est pas si loin de la vie animale, sauvage et rustre.

 

L’Olivier, janvier 2012, 141 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © Mike Nowak et éd. de l’Olivier.

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