Highline - Charlotte Erlih
Ils sont deux garçons à avoir fait le pari, Mouss, et le narrateur dont on ne connaitra jamais le prénom. Le tirage à pile ou face avec une pièce de cinquante centimes déterminera qui traversera les cinquante mètres qui séparent les deux tours d’immeuble de 32 et 34 étages, à 100 mètres au dessus du sol, sur une slackline de 2,5 cm de large, sans baudrier, sans rien, la liberté, sans aucune sécurité.
Autant dire que le fil est tendu, celui du récit que le lecteur découvre quasi en apnée, d’une seule traite, c’est impossible autrement (c’est bien d’ailleurs le propos de la collection d’une seule voix). Jamais les cinq minutes du parcours de ce funambule n’auront paru aussi longues, jamais l’équilibre, physique, émotionnel, n’aura été aussi important.
En filigrane bien sûr le lecteur cherche des raisons, l’enjeu d’un tel pari suicidaire, les motifs se dévoileront au fil du texte, car si la traversée est éprouvante (pour les nerfs du lecteur entre autres), elle a aussi un sens profond dans la vie du narrateur.
Si l’on peut regretter un manque de crédibilité surtout sur la fin de l’épreuve, peu importe, l’enjeu du texte n’est pas là, mais dans la décision intime prise par le jeune homme, qui motive la réussite de cette « highline ».
Un texte haletant, qui happe le lecteur jusqu’à la dernière ligne, traversé par une palette d’émotions où garder la tête froide est nécessaire pour maintenir l’équilibre. Un très beau texte.
Actes Sud junior, coll. D’une seule voix, janvier 2015, 91 pages, prix : 9 €
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Crédit photo couverture : ©cmnaumann – Fotolia.com. et éd. Actes Sud junior