Les échoués - Pascal Manoukian
En 1992, trois réfugiés clandestins sans-papiers arrivent en France, après un périple aussi rude qu’insoutenable pour le lecteur. Il y a Chanchal, le jeune Blangladais, Virgil, le Moldave, et Assan avec sa fille Iman, les Somaliens. Tous ont fui un pays en guerre ou une misère terrible, tous endurent l’innommable pour un travail sous-payé mais dans l’espoir de faire venir leur famille, ou parce que même le pire de ce qu’ils vivent en France est moins sombre que ce qu’ils vivaient dans leur pays.
C’est un roman dont il m’est difficile de parler, tant les scènes prennent aux tripes, peuvent choquer, révolter, mais invitent aussi le lecteur à comprendre et à porter en tous les cas un regard différent sur ce sujet dramatiquement d’actualité. Quelques passages d’humanité et d’empathie redonnent un brin confiance en l’homme, la fin est d’une force rare ; les échoués est un premier roman remarquable, dans tous les sens du terme.
p. 47 : « Trois choses importent quand on est clandestin. Conserver de bonnes dents pour se nourrir de tout, avoir des pieds en bon état pour être toujours en mouvement, se protéger du froid et de la pluie pour rester vivant. Le reste est superflu. La propreté, l’estime de soi, l’apparence, le confort, il faut savoir renoncer à tout. »
p. 84 : « il avait mis du temps avant de trouver un peu de chaos dans cette forêt dessinée pour les rois. C’est en suivant un chevreuil qu’il avait découvert l’endroit. Les animaux et les clandestins ont des besoins communs : vivre cachés au milieu des vivants, à proximité d’une source d’eau et de deux lignes de fuite. »
Une lecture recommandée par Charlotte, et qui entre bien évidemment dans le projet de lecture des 68 premiers romans de la rentrée littéraire de l'automne 2015.
Don Quichotte, août 2015, 297 pages, prix : 18.90€
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Crédit photo bandeau couverture : © Pascal Manoukian d’après © Lucian Coman / dreamstime, © Marcos Ferro/Corbis, ©UNHCR/R. Gangale, © Pirobet, et éd. Don Quichotte.