Les jardins d'Hélène

Journal de la canicule - Thierry Beinstingel

7 Décembre 2015, 19:02pm

Publié par Laure

Un homme ordinaire, dessinateur industriel employé d'une mairie au service technique voirie, vit seul dans un petit pavillon. Un jour de juillet, le facteur lui fait remarquer que la boite aux lettres de ses voisins d'en face déborde : ils sont partis en vacances sans doute, mais personne ne relève le courrier. La voiture garée dans l'allée a un pneu crevé. Notre homme va pénétrer dans cette maison pour tenter de comprendre : sont-ils simplement partis en vacances, leur est-il arrivé quelque chose ? Étaient-ils dans le ferry qui a coulé dernièrement ? Connaissait-il vraiment ses voisins ? Sous une canicule meurtrière, celle de l'été 2003, l'homme commence à écrire son journal. Avant tout pour se prémunir d'accusations en cas de retour des voisins, car il s'est quand même introduit illégalement dans leur maison en quête d'indices.

Le narrateur accroche son lecteur à la manière d'un polar : les voisins vont-ils rentrer ? Ont-ils été assassinés quelque part ? De même l'homme prend goût à l'écriture et ressent le besoin de remplir quelques pages chaque jour. Un cahier ne suffit plus, il en faut un deuxième, puis un troisième qu'il soignera davantage.

 

Malgré un milieu de roman un peu longuet (il ne se passe grand-chose dans cette vie ordinaire!), j'ai été curieuse de découvrir ce qu'il avait bien pu advenir de cette famille, la personnalité des enfants qu'imagine le diariste, j'ai aimé le mystère ambiant, et l'entrée dans l'écriture et la réflexion qui en découle. De même l'on pourra s'interroger sur la solitude des uns et des autres, on se côtoie sans vraiment échanger, et même au sein de la famille du narrateur, les liens sont distendus.

 

Pas un grand roman, mais un moment agréable, où la réflexion sur l'écriture prend une part croissante intéressante.


 

Extrait :

« Samedi 2 août

Il est tôt. Je suis dans la maison des voisins avec le cahier sur lequel j'écris et qui va bientôt être terminé. Je m'étais promis de ne plus y retourner il y a une semaine. Et puis l'insomnie de cette nuit (à partir d'une heure du matin je ne dormais déjà plus) m'a fait repenser à tout cela. Rien de neuf, rien qui puisse justifier que j'aie à y revenir, pour y chercher quoi d'ailleurs, quels indices ? Rien que les jours qui passent : deux mois d'absence. On ne quitte pas sa maison pour deux mois de vacances. Tout une famille ne laisse pas tout en plan, une corbeille de fruits au milieu de la table de la cuisine, comme si elle allait revenir quelques heures plus tard. Il s'est passé quelque chose d'inhabituel, de non prémédité, un drame comme celui du ferry coulé au Bangladesh, un coup de sang du mari qui zigouille tout le monde ou le crime d'un rôdeur quelque part où ils avaient eu le malheur de passer. »


 

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Fayard, septembre 2015, 256 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © éd. Fayard


 

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