Le goût du baiser – Camille Emmanuelle
Aurore, 16 ans, en classe de première, n’est « ni une beauté ni une mocheté. Une fille banale, une lycéenne, dans une ville de province normale. Avec des parents normaux. Un bibliothécaire et une secrétaire médicale dans un cabinet de dentiste » (p. 12). Aurore, donc, a un accident de vélo dont elle ressort avec un léger traumatisme crânien et une anosmie doublée d’une agueusie, c’est-à-dire la perte de deux des cinq sens : l’odorat et le goût. Ce handicap invisible ne va pas faciliter sa vie d’adolescente aux prémices de sa vie sexuelle.
Une première expérience au cours de laquelle l’absence de ces deux sens lui joue de mauvais tours, qui pose la question du consentement, du respect (de soi et de l’autre), et des conséquences de l’usage des réseaux sociaux aujourd’hui. Mais Aurore en tirera une force exceptionnelle pour se reconstruire et s’ouvrir à un amour sincère et libre.
Ce titre inaugure la collection « l’ardeur », destinée aux adolescents de plus de 15 ans, qui explore le désir, la sexualité, les fantasmes mais avant tout le plaisir. On y appelle un chat un chat, le texte de Camille Emmanuelle, spécialiste des sexualités que j’avais découverte avec sa Lettre à celle qui lit mes romances érotiques et qui devrait arrêter tout de suite est frais, vivant, vibrant, plein d’humour et de réflexions pertinentes tant sur le sexe que sur l’amitié et le quotidien des ados. On y ose de vraies et belles scènes érotiques, où le plaisir va de pair avec toutes sortes de pratiques sexuelles, sans pour autant en oublier l’amour.
Un texte enjoué et audacieux, comme on les aime, pour des ados bien inscrits dans leur époque. Intelligent, et bien plus réaliste que des romances stéréotypées ou de la pornographie gratuite sur le web.
Une collection à suivre, pour le plaisir de la lecture et la qualité du projet éditorial.
Thierry Magnier, coll. L’ardeur, octobre 2019, 220 pages, prix :14,90 €, ISBN: 979-10-352-0294-1
Crédit photo couverture : © Cha Gonzalez et éd. Th. Magnier