Mon amour - Emmanuel Adely
Il y a Roberta, qui n’a pas oublié son premier amour, même si elle est aujourd’hui mariée à Daniel, en pleine crise face au chômage qu’il affronte. Il y a son aîné né de son premier mariage, il y a ses autres enfants, leurs épouses ou copines, la sœur, l’homosexualité, le tapin, mais dans ce chœur de personnages l’amour et ses souffrances, ses joies et ses déceptions.
Ecrit dans un style très oral avec peu de ponctuation, avec des mots de tous les jours qui seraient ceux d’une condition sociale peu favorisée, ce n’est pas pour autant une lecture si aisée tant il faut parfois « lire à voix haute dans sa tête » (je ne trouve pas l’expression adaptée !) pour en saisir tout l’effet de style.
Que ce soit dans la passion amoureuse, la sexualité ou la fin de l’amour, toutes les expressions des personnages sonnent justes, on pourrait faire de ce roman un traité de l’amour, nouveaux fragments d’un discours amoureux ?
Malgré la justesse des propos, c’est un milieu bien sombre que nous présente Emmanuel Adely : solitude, échec, ruptures, déceptions, dureté, violence, désespoir… Une condition humaine fouillée et bien analysée, mais un peu déprimante… on dit bien que les gens heureux n’ont pas d’histoire ?
Extrait p. 131 : « Parce qu’aimer c’est souffrir, on a entendu ça toute notre vie. Et que ça dure pas le bonheur. Et la souffrance elle est au pourcentage de ce que t’as aimé. Merde. […] Plus tu souffres, plus tu as aimé, c’est ça ton truc. Et tu te trimballes avec ta souffrance. C’est comme une médaille, moi j’ai combattu sur le terrain de l’amour et j’ai perdu mais j’ai une pension à vie. Si tu souffres, c’est que tu as aimé, c’est la seule médaille qu’on te donne, la souffrance. » (attention, extrait isolé, il y a de multiples points de vue dans ce livre !)
Ed. Joëlle Losfeld, janv. 2005, 160 pages, prix : 15,50 €
Ma
note :
Crédit photo couverture : éd. Joëlle Losfeld