Un hiver avec Baudelaire - Harold Cobert
Philippe Lafosse, commercial dans une entreprise qui vend des pompes à chaleur, est fichu à la porte de chez lui par sa femme, quelques mois après son divorce. Manquant d’entrain, il perd rapidement son boulot, et d’engrenage en engrenage, va basculer dans le monde de la rue, celui des SDF, de la misère crasseuse à la violence alcoolisée. Par amour pour sa petite fille Claire, il s’efforce de garder un minimum de dignité, mais sans un centime en poche, la volonté ne suffit pas… La fidélité ne vient pas toujours de là où on l’attend : c’est un chien errant qui va l’adopter ! Un chien nommé Baudelaire, qui fera autant pour son maître que ce dernier en fera pour lui. Et de sympathies en entraides locales, Philippe finira par voir le bout du tunnel.
Avant de commencer ce livre, j’avais en mémoire le billet de Clarabel, qui écrivait qu’elle avait beaucoup pleuré à sa lecture. Je l’abordais fièrement, « naaan moi je ne pleurerai pas ! », trouvant les 50 premières pages convenues, attendues, sans surprise. Et puis... J’ai eu beau vouloir résister, il m’a bien fallu, à partir de la page 96, avouer ma faiblesse et aller chercher la boîte de mouchoirs. Et j’ai eu beau vouloir faire ma forte, j’ai fini le livre dans la nuit, et j’ai pleuré jusqu’au bout ! [Le problème : une très sale tête au réveil !!] Il y a donc quelque chose de particulièrement efficace dans ce roman d’Harold Cobert, quelque chose que je ne sais pas définir, mais qui vous touche au cœur. Car si d’un point de vue romanesque tout est finalement bien huilé et positif (enfin, malgré les crasses de l’ex et des beaux-parents), il y a aussi tout un versant quasi documentaire dans ce livre : la réalité quotidienne des SDF sonne toujours très juste, sans pathos qui cherche à émouvoir, car ce n’est pas là qu’est l’émotion (cette réalité est plutôt factuelle), elle est finement ciselée dans l’alchimie du tout. Et c’est là le talent d’Harold Cobert : avoir réussi un roman qui montre combien n’importe quelle vie ordinaire peut basculer rapidement dans une misère sordide, mais qu’au sein de l’indifférence aveugle et sourde de notre monde moderne, injuste et déglingué, il faut toujours croire en la lumière, qu’elle soit dans le cœur de quelques uns ou dans la caboche d’un vieux chien, surtout quand il s’appelle Baudelaire J
Les lectures de Clarabel, Koryfee, ...
Editions Héloïse d’Ormesson, mai 2009, 266 pages, prix : 19 €
Ma note :
Crédit photo couverture : © Christine Cobert et éd. EHO