La poursuite de l'amour - Nancy Mitford
Traduit de l'anglais par Daria Olivier
Voilà un roman lu il y a quelques mois déjà aussi mon billet sera-t-il sans doute succinct. J'avais noté ce livre parce qu'il était dans la liste des meilleurs romans évoqués par les protagonistes d' « Au bon roman », de Laurence Cossé. J'ai trouvé le début un peu lent, mais passé cette mise en place, j'ai vraiment adoré ! Humour anglais et tradition de cette société anglaise de l'entre-deux-guerres, aux personnages décalés et hauts en couleur, la poursuite de l'amour est avant tout l'histoire de Linda, qui n'a de cesse de trouver le grand amour. Il lui faudra deux mariages et deux échecs pour enfin trouver l'amant qui lui convient, dans des circonstances inattendues. Un roman qui montre aussi la nature bien différente de deux cousines dans cette même quête, car le récit est fait par Fanny, qui ne parlera que très peu d'elle, le classique mariage et vie de famille lui convenant parfaitement :
p.103 : « Pendant cet heureux temps, j'eus le bonheur de me fiancer à Alferd Wincham, alors chargé de cours, aujourd'hui recteur du Collège Saint-Pierre à Oxford. Depuis lors, j'ai toujours été parfaitement heureuse en compagnie de cet homme bon et docte, et j'ai trouvé dans ce foyer d'Oxford ce havre de grâce, à l'abri des orages et des problèmes de la vie, que j'avais toujours souhaité. Je ne dis plus rien de lui ici, car c'est l'histoire de Linda que je raconte et non la mienne. »
Linda elle, est frivole et plus insouciante : p.112 : «Linda se mit à gaspiller les années de sa jeunesse en pure perte. Eût-elle reçu une éducation intellectuelle, le temps de ce vain bavardage, de ces jeux de mots, de ces réunions aurait pu être occupé par de sérieuses études d'art ou par la lecture. Son mariage eût-il été heureux, le côté de sa nature qui aspirait à être entourée aurait trouvé sa raison d'être dans la chambre des enfants. Les choses étant ce qu'elles étaient, tout n'était que falbalas et vanité. »
J'ai beaucoup aimé toute la partie se déroulant à Paris (ah la vision des Français par les Anglais !), et trouvé la fin un peu abrupte, rapide et peut-être un peu trop facile, un peu comme si l'auteur n'avait pas bien su comment conclure.
p. 163 : « Maintenant, parlez-moi encore de vos maris. (…)
- Il n'y en a eu que deux. Le premier était conservateur, le second est communiste.
- Je l'avais deviné : le premier est riche, le second est pauvre. J'ai vu que vous aviez eu un mari riche : le nécessaire de voyage et le manteau de fourrure ! Ce dernier est d'une couleur hideuse et, pour autant qu'on puisse en juger, puisque vous l'avez roulé sur votre bras, d'une forme hideuse aussi. Néanmoins, le vison indique habituellement qu'il y a quelque part un mari fortuné. Mais cet horrible tailleur de toile que vous portez est visiblement de la confection.
- Vous êtes un mufle ! Ce tailleur est ravissant...
- Et de l'année dernière ! Les vestes se portent plus longues, vous verrez. Je vous procurerai des vêtements. Si vous étiez bien habillée, vous seriez tout à fait bien, encore que vos yeux soient petits. D'un joli bleu, mais petits.
- En Angleterre, dit Linda, je passe pour être une beauté »
Charmant comme approche non ?
J'avais commencé le deuxième volet de ce diptyque, L'amour dans un climat froid, et n'arrivais vraiment pas à accrocher au début. Un peu la même impression qu'avec celui-ci. Je persévèrerai car je n'ai pas regretté, bien au contraire, d'avoir insisté un peu pour ce premier volume.
Ed. La découverte, coll. Culte fictions, 2003, prix : 12 €
Existe en poche (10/18)
1ère parution en VO : 1945. 1ère traduction française : 1950 chez Stock
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Crédit photo couverture : © Design comme ça et éd. La découverte.