Tout près, le bout du monde – Maud Lethielleux
Ce livre semble avoir été lu et aimé par l'intégralité de la blogosphère, et je ne m'y intéressais pas
spécialement, n'ayant pas du tout aimé le premier roman de l'auteure, Dis oui, Ninon. Mais quand même, une telle unanimité, je l'ai embarqué à la
bibliothèque … pour ma fille (il est publié dans une collection ados). Et ça tombe bien, elle ne savait pas quoi lire en vacances... Elle l'a avalé en deux jours, « c'est pas ma faute si ça
se lit trop vite » , et elle m'a tellement parlé de Gogolito, que forcément, j'ai enchaîné moi aussi les deux jours suivants.
Le bout du monde est le nom d'une ferme perdue au fin fond de nulle part, tenue par Marlène, qui accueille des enfants et adolescents cabossés par la vie. Elle a une technique bien à elle pour leur faire reprendre pied : écrire chaque jour quelques lignes dans un cahier. Ainsi alternent trois voix au style très différent (et que distinguent aussi trois polices de caractères différentes), celles de Solam, violente et arrogante, mais qui cache un grand cœur et une bonne dose d'intelligence, de Jul (Djoule), qu'on devine battue par son petit copain mais toujours amoureuse, et de Malo, le plus jeune (dit aussi Boule Puante, ou encore Gogolito), qui rêve de retourner vivre chez Cynthia, qu'on pourrait imaginer être sa mère, sauf que c'est pas si simple.
Chacun de ces trois personnages a sa voix propre, et petit à petit, au fur et à mesure des bribes offertes, le lecteur va comprendre les raisons de leur présence chez Marlène. Une Marlène « famille d'accueil » qui a elle-même ses bleus à l'âme, qui écrit elle aussi chaque soir, même si son texte n'est pas donné à lire.
Les cœurs sensibles vont apprendre à se rouvrir, et ces trois jeunes qui ne s'apprécient guère au départ vont se trouver liés bien plus qu'ils ne l'imaginaient. On s'attache très vite aux personnages, alors oui c'est un peu facile et rapide, mais le ton y est juste et l'on s'y sent bien, dans cette intimité partagée. On peut regretter de ne pas avoir au final toutes les clés (même si on en a beaucoup, on ne sait rien de la mère de Malo par exemple) mais l'ensemble est sympathique et finement observé.
L'avis de ma grande de 14 ans et demi : c'est trop bien, c'est un peu niais mais c'est trop marrant.
Pour ma part, j'ai surtout aimé nos échanges autour de
Gogolito !
À conseiller dès 13 ans.
Flammarion, coll. Tribal, novembre 2010, 508 pages, prix : 10 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Pauline Daniel / Picturetank / et éd. Flammarion