Les jardins d'Hélène

Le groupe - Jean-Philippe Blondel

12 Mars 2017, 14:30pm

Publié par Laure

Il était une fois dans un lycée de province la mère Grand et le père Roussel… Non, arrêtons le mauvais conte. Même s’ils sont ainsi nommés par les élèves, l’histoire est bien plus belle et bien plus forte.

Reprenons.

 

Marion Grand, 36 ans, professeur de philosophie, et François Roussel, professeur d’anglais et écrivain reconnu (qui n’est autre que le double de Jean-Philippe Blondel) mettent en placent un atelier d’écriture destiné à dix élèves de Terminale, exclusivement des Terminales, mais toutes filières confondues. Eux-mêmes ne sont pas des profs des lettres, point de sectarisme. Ils sont donc douze, adultes compris, et tous vont se prêter au jeu de l’écriture contrainte.

 

 

Où commence la fiction et où s’arrête la vérité ? Jusqu’où peut aller la mise en abyme ? L’acte d’écrire n’est-il pas déjà lui-même nécessairement fictionnel ? C’est sur ces questions que nous entraine l’auteur, mêlant récit et extraits des productions des élèves. Enfin ça c’est ce que nous fait croire le prologue et les passages en italique. Le vraisemblable est-il vrai ? Est-ce important ? J’ai aimé laisser le doute un temps s’immiscer, reconnu la finesse et la justesse habituelles de l’auteur pour dire l’intime, le cheminement intérieur des membres du groupe dans leurs confrontations, et la fin, cette dernière séance, et le texte du prof, magnifique.

 

 

Jamais Jean-Philippe Blondel n’aura été aussi brillant dans la construction de son roman. Toutes les clés y sont, du prologue aux dernières lignes en passant par la dédicace, l’ensemble est habile et l’auteur montre une fois encore combien il sait observer les adolescents qui l’entourent au quotidien.

 

 

Peut-être y a-t-il de-ci de-là une pointe de nostalgie d’une jeunesse passée qui ne reviendra pas et qui demeure pourtant perpétuellement là, dans ces lycéens qui chaque année se renouvellent. Combien l’humain et l’attention bienveillante sont au cœur de la vie.

 

 

Un très beau roman sur l’acte d’écrire, dans toutes ses manipulations possibles. L’art d’écrire s’apprend-il et se transmet-il ?

Un bon écrivain sait revêtir tous les costumes, Jean-Philippe Blondel le démontre ici brillamment.

 

 

 

Actes Sud junior, coll. Romans Ado, mars 2017, 125 pages, prix : 13 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © plainpicture/Briljans/Stefan Berg et éd. Actes Sud junior

Commenter cet article
V
Enorme coup de coeur ! c'est émouvant et comme tu le dis brillant. Blondel a su ici si bien jouer des mots, avec les mots pour montrer leur pouvoir à tous les niveaux.
Répondre
E
Je viens de le terminer et comme chaque fois avec Blondel je suis touchée et j'ai du mal à quitter ces nouveaux amis. J'aurais aimé que ce moment dure un peu plus longtemps. <br /> Merci pour ton article très juste.
Répondre
N
Très envie de retrouver la plume de Blondel avec ce roman !
Répondre
S
Je viens de le dévorer. Touchée coulée, encore une fois. Et une furieuse envie d'écrire aussi ! Je crois que je vais le relire une deuxième fois !
Répondre
L
Contente que tu aies aimé ! :-)
C
Je vais le lire prochainement ! Chic. :)
Répondre
L
régale-toi :-)
S
Le livre m'attend à la librairie. J'ai hâte de me plonger dedans. Et peur aussi de ne pas aimer comme à chaque publication d'un auteur qui compte pour moi.
Répondre
L
oui mais là je suis sûre que tu aimeras. toujours dans le même esprit mais encore plus abouti :-)
H
Coup de coeur....encore
Répondre
L
C'est souvent le cas pour cet auteur en effet !