Les jardins d'Hélène

Mars 2019 en couvertures ....

31 Mars 2019, 21:27pm

Publié par Laure

En mars j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En mars j'ai vu :

 

 

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A la ligne : feuillets d’usine – Joseph Ponthus

30 Mars 2019, 14:49pm

Publié par Laure

Qu’ajouter à ce tout ce qui a déjà été dit sur ce premier roman exceptionnel, dans le choix de son écriture, entre prose poétique et vers irréguliers, ce long souffle qui en dehors des citations ne contient pas de point, qui décrit la dureté du monde ouvrier, la précarité des postes d’intérimaires, le mépris de classe, au sein d’une conserverie de poissons ou d’un abattoir. Au rythme de la chaine, la beauté des mots surgit de la violence de l’usine.

 

Éducateur spécialisé en région parisienne, c’est par amour que le narrateur a rejoint la Bretagne et son amoureuse. Il n’a pas trouvé de poste correspondant à ses compétences, il fait de l’intérim en usine. La ligne de production, la ligne d’écriture : la littérature jadis engrangée lui permet de tenir le coup, et d’écrire ces feuillets si justes sur ce monde du travail éprouvant entre crevettes et carcasses, froid et poids, ce monde si peu considéré et si usant physiquement, et dont personne ne parle, ou si peu.

 

Citations musicales, littéraires, réflexions politiques, récit d’un quotidien où l’entraide a sa place : un très beau roman social.

 

 

P .12 : « Au fil des heures et des jours le besoin d’écrire

s’incruste tenace comme une arête dans la gorge

Non le glauque de l’usine

Mais sa paradoxale beauté. »

 

 

Ed. la Table ronde, janvier 2019, 266 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-7103-8966-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. La table ronde

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ça raconte Sarah - Pauline Delabroy-Allard

28 Mars 2019, 10:37am

Publié par Laure

L’ouverture est saisissante : une femme est couchée contre le corps d’une autre. On pense dès lors à une scène d’amour, de tendresse ou d’apaisement de crises d’angoisse quand arrive cette phrase :

p. 11 : « Je ne parviens pas, dans cette nuit moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil de morte. »

 

Puis vient le retour en arrière sur cette passion amoureuse aussi foudroyante que dévastatrice : la première partie décrit longuement Sarah, en filigrane l’admiration et le mal-être grandissant de la narratrice qui est beaucoup plus effacée, anonyme, invisible.

 

Le récit devient répétitif comme un ressassement mais n’est-ce pas là aussi le propre de la passion, qui élude le monde extérieur ? Mère élevant seule sa fille, l’enfant est quasi inexistante, tout comme son travail de professeur documentaliste dans un lycée : Sarah prend toute la place.

 

La seconde partie se déroule en Italie, je l’ai trouvée plus ennuyeuse. La narratrice perd pied, bascule dans la folie, d’avoir été quittée et d’avoir perdu Sarah. La fin m’a laissée perplexe, l’ai-je vraiment comprise ?

 

C’est une histoire d’amour, de souffrance et de passion somme toute ordinaire qui tient surtout pour son style, phrases courtes, descriptives : Sarah-ci, Sarah-ça, et au milieu un je plus fade. L’ensemble est rythmé, mais mon plaisir est retombé assez vite malgré un très bon début.

 

 

 

 

Lauréat du Prix des étudiants France Culture – Télérama 2018, et du Prix du style 2018.

 

 

 

Lire le début : ici

 

 

 

 

Les éditions de Minuit, octobre 2018, 188 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-7073-4475-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. de Minuit.

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Les fleurs de grand frère – Gaëlle Geniller

27 Mars 2019, 19:19pm

Publié par Laure

L’histoire est vue du point de vue d’un enfant, qui voit pousser des fleurs sur la tête de son grand frère. En pleurs dans les bras de ses parents, celui-ci veut d’abord les couper, mais il va apprendre à vivre avec et à les écouter. Il appréhende néanmoins le retour à l’école et les moqueries qui ne manqueront pas d’arriver. Au fil du temps et de la curiosité, la bienveillance prend place.

 

A l’automne, les fleurs perdent leurs pétales mais ne refleuriront pas après l’hiver.

 

Un bel album sur la différence, la difficulté à la vivre et à l’appréhender, pour arriver à l’acceptation de soi et à sa reconnaissance bienveillante par les autres.  On peut voir dans ces fleurs la représentation d’un handicap, d’une différence physique, le passage à l’adolescence, peu importe le degré qu’on y place, le dessin et le scénario laissent libre cours à l’imagination.

 

Le dessin très doux concourt au message véhiculé, une histoire onirique sur la différence.

 

 

(Dès 8 ans.)

 

 

 

Delcourt, mars 2019, 61 pages, prix : 14,95 €, ISBN : 978-2-413-01243-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Gaëlle Geniller et éd. Delcourt

 

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Une femme en contre-jour – Gaëlle Josse

24 Mars 2019, 14:26pm

Publié par Laure

J’ai commencé ce nouveau titre de Gaëlle Josse sans savoir de quoi il parlait (je ne lis jamais les 4ème de couverture), mais parce que c’est une autrice que j’apprécie.

 

J’ai donc été surprise de voir qu’il s’agissait d’une biographie, celle de Vivian Maier (1926-2009), photographe exceptionnelle totalement effacée et inconnue jusqu’à sa mort. C’est par hasard que son travail sera mis au grand jour, un jeune homme achetant aux enchères un lot de photos et pellicules pour illustrer un projet. Il ne trouve pas son bonheur mais comprend assez vite grâce à Internet qu’il a mis la main sur quelque chose de rare et précieux. Il n’aura de cesse de réhabiliter le travail de Vivian Maier, qui vécut sa vie entière dans la discrétion et la pauvreté, gagnant sa vie en tant que nurse.

 

Hélas trois fois hélas, j’avais regardé par hasard un court documentaire sur Arte sur la vie de cette femme quelques jours auparavant, je n’ai donc rien appris à la lecture du livre de Gaëlle Josse. Je l’ai lu avec plaisir, mais sans m’y attacher vraiment.

 

Si j’attendais le parallèle avec la création littéraire de Gaëlle Josse elle-même, et le rapport à la création en général, ces pages arrivent très tardivement et sont très brèves.

 

 

Je conseille de découvrir Gaëlle Josse par ses romans en priorité, à moins que vous ne sachiez rien du tout de Vivian Maier et que lire une biographie vous intéresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Noir sur Blanc, coll. Notabilia, mars 2019, 153 pages, prix : 14 €, ISBN : 978-2-88250-568-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Noir sur Blanc

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Défense de nourrir les vieux - Adam Biles

19 Mars 2019, 14:14pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Bernard Turle

 

Ce qui m'a attirée vers ce roman, c’est bien évidemment son titre. La couverture a un petit air irrévérencieux mais j’avoue accorder peu d’importance aux couvertures. Mais ce titre !

 

Dorothy (dite Dot ou Dotty), 74 ans, décide d’elle-même de s’installer aux Chênes Verts, la maison de retraite où se trouve déjà son mari. Très vite le lecteur a l’impression d’avoir mis les pieds dans un asile de fous, tant les situations et les personnages, que ce soit du côté des soignants ou des pensionnaires, sont déjantés.

 

Il y a du bon, voire du très bon dans ce roman, mais beaucoup de dérangeant aussi, ce qui tempère la lecture, et en a même fait abandonner certains. Je me suis accrochée, voulant savoir de quoi il en retournait, et comment cette histoire abracadabrante finirait.

 

L’humour est noir, très noir, et les situations de démence sont poussées à l’extrême. Les soignants, appelés « amis-soignants », sont tout aussi ravagés que les vieillards, et le directeur détient sans doute la palme d’or.

 

Âmes sensibles s’abstenir, il y a quelques scènes vraiment atroces, qui relèvent du roman d’horreur. Mais elles sont tellement décalées qu’elles ne peuvent relever que de la fiction pure.

 

Le point positif, c’est la construction astucieuse, l’insertion de magazines dont le récit décrit la folie du capitaine Rugles, du moins le monde dans lequel il se croit, prisonnier d’un camp nazi, avec une seule idée en tête : s’évader.

 

La réflexion ensuite : sous couvert de fiction absurde et (trop) déjantée, on ne manquera pas de penser à la façon dont on traite nos vieux aujourd’hui, aux moyens alloués (à leur absence surtout, ou insuffisance), à leurs désirs, leurs besoins, leurs attentes.

 

Malgré un choix de narration et de fiction audacieux, on trouve parfois le temps long, un peu répétitif, avec le risque de se perdre, la démence n’est pas contagieuse mais elle est quelque peu déstabilisante !

 

Un premier roman (traduit en français) déroutant qui mérite tout de même qu’on s’y attarde…

 

 

Adam Biles est également traducteur et responsable des rencontres à la librairie anglophone Shakespeare and Company à Paris.

 

 

 

 

Grasset, coll. en lettres d’Ancre, avril 2018, 521 pages, prix : 23 €, ISBN : 978-2-246-81334-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Getty Images et éd. Bernard Grasset.

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A nous regarder, ils s’habitueront – Elsa Flageul

8 Mars 2019, 16:49pm

Publié par Laure

Encensé par les animatrices du club lecture auquel j’assiste, je me suis volontiers pliée à la lecture de ce dernier roman d’Elsa Flageul.

 

J’en ressors fort déçue. Si le roman s’attarde à décrire de manière juste et réaliste une naissance prématurée et la peur de la mort qui l’accompagne, je l’ai hélas trouvé d’une bien triste banalité. Je n’ai pas trouvé de profondeur romanesque mais plutôt le simple récit autobiographique d’un vécu personnel, certes bien conduit, mais qui ne suffit pas à le faire sortir de l’ordinaire.

 

Peut-être parce que j’ai trouvé ce couple pédant et prétentieux à bien des égards, une façon peut-être de masquer leur désarroi, mais qui m’a agacée dès le départ. Je n’ai donc pas ressenti d’empathie pour les personnages, et eu l’impression de lire un témoignage déjà mille fois lu ou vu sur le sujet de la prématurité.

 

 

 

Extraits :

P. 82 : « Mais à ce moment-là, le cœur d’Alice est tout petit et sec, circonscrit par la peur, par la douleur, incapable d’aller voir ailleurs s’il y est, incapable d’envisager le reste du monde. Elle s’en fout de cette femme, de son enfant, de son tournant, de ses tourments, elle se damnerait pour que César aille bien et tant pis si au passage on en perd quelques-uns en route. Que les autres se démerdent et que César survive, et que César s’en sorte. »

 

 

P. 128 : « En vérité, je voudrais qu’on nous foute la paix.

C’est impossible de penser ça, impossible de le ressentir mais c’est pourtant le cas. Je ne supporte plus les anecdotes qui se veulent rassurantes : untel est né prématuré, il a aujourd’hui dix-huit ans et entre à Sciences Po, unetelle ne pesait qu’un kilo à la naissance et c’est aujourd’hui une grande fillette de dix ans qui fait du handball. Je m’en fous. Ce n’est pas notre histoire. Ce n’est pas César. Ce n’est pas maintenant. Ce n’est pas moi. La vie n’est qu’une histoire de cas particuliers. Rien ne fait sens. Rien n’est juste. Rien ne se ressemble. Une vie, ça ne se mesure pas. Une vie, ça ne se compare pas. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Julliard, janvier 2019, 183 pages, prix : 18,50 €, ISBN : 978-2-260-03220-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ayline Olukman / éd. Julliard.

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Vigile - Hyam Zaytoun

7 Mars 2019, 15:57pm

Publié par Laure

Ils se sont un peu disputés, des broutilles, ils ne peuvent plus continuer comme cela, ce qui peine la narratrice, c’est de se coucher ainsi. Dans la nuit, elle entend son compagnon émettre de drôles de bruits. Elle croit d’abord qu’il lui fait une mauvaise blague, il est en train de faire un infarctus massif.

Elle comprend l’urgence de la situation, appelle les secours en commençant le massage cardiaque tout en rassurant leurs enfants qui iront ouvrir la porte aux pompiers.

Trente longues minutes de réanimation avant qu’enfin les secours ne prennent le relais. Antoine sera immédiatement hospitalisé, dans le coma. Le pire est possible, au bout de quelques jours le corps médical laisse entendre qu’il y a peu d’espoir.

 

Écrit cinq ans après les faits, c’est le récit personnel de l’auteure, qui dit tout l’amour du couple, l’amour qu’elle porte à son conjoint, l’importance du soutien de l’entourage.

 

Rien de larmoyant, au contraire, un début très émouvant, un récit porté par une très belle écriture, auquel il manque toutefois un je ne sais quoi pour toucher à l’universel. Vigile souffre peut-être d’être une histoire trop personnelle, qui rappelle combien la vie est fragile et combien l’amour est source d’une force intérieure parfois insoupçonnée.

 

Un beau texte, parfois présenté comme un premier roman, identifié comme un récit sur sa page de titre, les avis divergent à ce sujet, peu importe, c’est une lecture aussi grave que stimulante, qui est avant tout une très belle histoire d’amour.

 

 

 

 

Le Tripode, janvier 2019, 124 pages, prix : 13 €, ISBN : 978-2-37055-185-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Le Tripode

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Belle-Amie – Harold Cobert

6 Mars 2019, 11:29am

Publié par Laure

Une suite à Bel-Ami de Maupassant ? Le pari était osé et Harold Cobert le réussit haut la main. Ce que j’apprécie particulièrement chez cet auteur, c’est sa capacité à changer totalement de registre d’un roman à l’autre, et de maitriser tous les genres qu’il aborde. (Cf. par exemple Un hiver avec Baudelaire, L’Entrevue de Saint-Cloud, La mésange et l’ogresse (non chroniqué mais adoré))

 

Je craignais un peu de me perdre, n’ayant pas relu Maupassant depuis mon adolescence, mais Harold Cobert consacre un long premier chapitre à resituer les personnages et le parcours de Georges Duroy, devenu Georges du Roy de Cantel.

 

Entre malversations politiques et financières, Bel-Ami trace sa route vers un siège de député puis de ministre, avant de sombrer dans l’affaire du canal du Nicaragua. A lire cette intrigue qui se déroule à la fin du XIXème siècle, on se surprend souvent à penser que les choses n’ont pas tant changé aujourd’hui.

 

Les personnages féminins (et la façon dont Georges traite les femmes) sont bien sûr centraux, et apportent un dynamisme évident, avec une pointe de mystère qui conduit à la fin en apothéose. L’arrogance du héros, sa détermination dans l’arrivisme sans foi ni loi, tout comme la psychologie des personnages en général sont bien décrits.

 

J’ai beaucoup aimé également la place du journalisme dans l’histoire, l’engagement des femmes pour défendre leur place, car n’étant pas une grande passionnée de politique et de finances, cet équilibre était le bienvenu.

 

A lire sans hésiter : si vous aimez Maupassant, vous aimerez sûrement Cobert !

 

 

 

Extrait p. 85 : « « Je suis né sur cette terre, elle est mienne, elle me revient de droit, à moi et à moi seul. Je la prendrai tel quel que soit le prix à payer ; je la prendrai comme j’ai toujours pris les femmes, de force s’il faut ! »

Et il descendit avec Suzanne inaugurer le lancement de sa campagne. »

 

p. 391 : « Que resterait-il de son parcours, de lui, si l’opprobre venait ternir tout ce qu’il avait accompli et construit ? Son immunité parlementaire était la clef de son salut et de sa postérité ; son maintien se jouerait à l’Assemblée, dans ce théâtre de tous les faux-semblants. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Escales, février 2019, 416 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-36569-377-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations

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Timoto se marie pour de vrai – Rémi Courgeon

2 Mars 2019, 16:40pm

Publié par Laure

Timoto aime bien les mariages, il trouve ça beau : c’est décidé, il va se marier ! oui, mais avec qui ? Avec sa mère, ce n’est pas possible, ni avec Norbert, c’est juste un escargot. Avec sa copine Aminata ? Hum, ce n’est pas une chose facile à demander… Parfois les filles osent plus facilement !

 

Un mariage, ça se prépare : maman leur raconte le sien, et quand il s’agit de s’embrasser, beurk crie les enfants horrifiés !

 

Ah je l’aime ce petit Timoto, un petit tigre qui a tout d’un enfant curieux et boute en train. Un petit grain de fantaisie, de l’humour : une série qui pour le moment, ne me déçoit pas !

 

 

(dès 3/4 ans)

 

 

Nathan, janvier 2019, 32 pages, prix : 6,95 €, ISBN : 978-2-09-258723-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © Rémi Courgeon et éd. Nathan

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