Dernière adresse - Hélène Le Chatelier
A un âge avancé, Niamh nous parle de sa vie, de sa jeunesse irlandaise, de son mariage, de ses enfants, et de cette frénésie de vivre qui ne la quitte pas, car si le corps ne suit plus, la tête elle, en demande encore. Et pourtant c’est l’heure du passage, ses enfants la placent en maison de retraite, nursing home dit-on plus joliment de l’autre côté de la Manche. Elle ne s’y fait pas, mais on ne lui laisse guère le choix… Chemin descendant.
Quel joli texte alerte et ironique sur la lucidité de vieillir, d’autant plus frappant que l’auteur est toute jeune (34 ans, premier roman, bravo !)
Et puis il y a ce leitmotiv, « je ne l’ai jamais revu », qui ouvre plusieurs pages et qui va dévoiler le secret que personnellement je trouve inutile. Le récit se suffisait à lui-même sans ajouter ce drame un peu trop omniprésent dans les romans français contemporains aujourd’hui. Niamh me plaisait dans sa lutte perdue avec humour, avec ses mots qui font mouche, qui touchent ou font sourire.
p. 17 : « Tu es mon enfant. Je suis ta mère. Un lien indissoluble, indéfectible. Indéfectible amour. Et pourtant, l’autre ne nous appartient pas. Il garde sa personnalité propre, son indépendance, nécessaire et vitale. Possession impossible, impossible possession. Nous nous appartenons sans avoir de droit l’un sur l’autre. Nous nous appartenons, er cela impose tous les devoirs que j’ai dorénavant envers toi.
Et si je fais bien mon travail, peut-être, plus tard, reconnaîtras-tu ces mêmes devoirs comme étant les tiens envers moi.
Transmission. »
Arléa, coll. 1er /mille, septembre 2009, 89 pages, prix : 13 €
Crédit photo couverture : © Ed. Arléa