Les jardins d'Hélène

Le fils du professeur - Luc Chomarat

20 Janvier 2024, 14:13pm

Publié par Laure

Un narrateur dont nous ne connaîtrons pas le prénom raconte son enfance, de son entrée à l’école maternelle jusqu’au baccalauréat, à St Étienne dans les années 1960, avec un passage obligé par le football. 

Cela pourrait paraître banal mais c’est terriblement attachant. Il y a une magie dans l’écriture qui berce entre attendrissement et étonnement, avec beaucoup de sensibilité (mais pas de sensiblerie). Car certains passages interpellent, l’incipit notamment “Quand j’étais enfant je trouvais tout normal. Ma mère m’enfermait régulièrement à la cave, dans le noir complet. Je trouvais ça normal”, alors que rien ensuite n’y reviendra. Il y a bien quelques bizarreries, mais l’ensemble trouvera sa clé dans la fin, jusque dans la toute dernière phrase. Et l’on se surprend à se demander si l’on a bien compris, on revient sur certains passages au début, ceux sur la mère entre autres, et là oui, bien sûr, tout était dit, de manière elliptique ; la fin éclaire tous les étonnements du lecteur, toutes les obsessions de l’enfant. Et une telle construction en apothéose, ce n’est pas si courant. 

Je ne connaissais pas Luc Chomarat, je n’avais jamais rien lu de lui, mais je vais désormais jeter un œil attentif à ses romans. 

 

Un extrait qui fera sourire un grand nombre de lecteurs, sur les dernières années collège : “Il y a aussi des cours qui disparaissent, heureusement. On ne fait plus de technologie ni de flûte à bec au bout d’un moment. En technologie on doit apporter un Té qui est une grande règle en bois inutile. La flûte à bec est un instrument pourri dont personne ne joue sur aucun disque et qui n’existe qu’au collège. Le prof de musique déteste le monde entier.”

 

La manufacture de livres, août 2021, 264 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-35887-774-9

 

 

Crédit photo couverture : © Deepol / plainpicture et éd. la manufacture de livres

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A
J'ai exactement la même crainte que toi au sujet du prochain JPB. Pas tant de me sentir voyeur (je ne le connais pas personnellement et les autofictions prennent des libertés avec la réalité pure) mais au contraire d'avoir encore la sensation frustrante qu'il ne soulève finalement qu'un pan du voile... <br /> Ça ne m'empêchera pas de le lire (je suis allé en librairie la semaine dernière, ayant confondu le 15 avec le 25 janvier, date de sa sortie) .
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L
je suis coincée dans ma campagne professionnellement parlant pour le moment, impossible d'aller à la ville à 30 km aux horaires d'ouverture des librairies, mais dès que je peux m'échapper, j'y file, pour le JPB et le Jérôme Attal :-)
A
Je l'ai mis de côté dans la liseuse et tu me fais regretter de ne pas déjà l'avoir lu. Il m'a l'air encore meilleur que ce que j'en imaginais.
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L
Il est sorti en poche cet été je crois et il a été mis dans une sélection de prix 2024 je crois, c'est comme cela qu'il a attiré mon attention, avec sans doute une bonne critique ici ou là, et hop je l'ai mis dans ma liste à emprunter à la médiathèque de la grande ville. <br /> J'aime les romans qui interrogent, qu'ai-je loupé, ai-je lu trop vite (sans doute), ah mais c'est bien fichu...<br /> Rien à voir : bientôt le nouveau Blondel, j'appréhende un peu tant il a l'air autobiographique, peur de me sentir voyeuse...