Les jardins d'Hélène

Nous parlions d’amour de peur de nous parler d’autre chose – Édouard Moradpour

25 Mars 2015, 08:02am

Publié par Laure

Julien Verbais-Mayer est un riche avocat d’affaires parisien, pas vraiment heureux en couple. Éléonore Soleure est une violoniste de talent dans un orchestre symphonique, malheureuse en amour également. Le roman s’ouvre sur l’appel de Julien à une association suisse, Respectus, qui accompagne par le suicide assisté les gens dans leur dernière volonté. Rendez-vous est pris, précédé de 3 jours de réflexion obligatoires.

 

Par un retour en arrière le lecteur découvre le parcours professionnel et surtout amoureux de Julien, son rapport avec sa mère et son propre Alzheimer précoce qui l’a conduit à cette décision. En parallèle évolue Éléonore, qui elle aussi va tomber malade en pleine quarantaine et prendre la même décision irrévocable que Julien.

C’est à l’hôtel, 3 jours avant le rendez-vous, qu’ils vont se rencontrer et tomber amoureux. Changeront-ils d’avis ?

 

J’ai bien aimé la première partie du roman, qui décrit avec justesse le rapport du fils à sa mère malade, les deux personnages principaux en désaccord avec la vie amoureuse qu’ils mènent, leur univers professionnel, et la découverte de leurs maladies respectives est conduite par le suspense du récit chronologique. Jusque-là tout est plutôt bien vu.

 

Malheureusement dès lors que l’on en arrive à l’euthanasie choisie, ça ne fonctionne plus guère. Le sujet est à vrai dire éludé, à peine esquissé, les deux héros sont à nouveau curieusement bien en forme ou presque, pas si souffrants que cela, ou à deux ça n’est plus insurmontable. On discutera donc de la légèreté du postulat premier.

 

Au final c’est avant tout une (belle) histoire d’amour qui, malgré quelques derniers ressorts narratifs ajoutant du piquant, ne laisse aucun doute sur la fin heureuse immédiate. Le sujet de société grave et intéressant qu’est l’euthanasie n’est ici qu’un prétexte, un peu trop détourné du sérieux qu’il nécessiterait. Si l’on peut comprendre l’intention de l’auteur, il est dommage que cette partie-là soit beaucoup trop évasive et peu crédible alors qu’elle aurait mérité tout l’intérêt.

 

A lire surtout si vous aimez les histoires d’amour dramatiques où l’espoir est permis.

 

Pour un roman sur le suicide assisté en fin de vie, choisissez plutôt Pierre Béguin, avec Vous ne connaitrez ni le jour ni l’heure (éd. Philippe Rey)

 

Le titre, quant à lui, est tiré d’Adolphe, de Benjamin Constant, mis en exergue : « Nous parlions d’amour ; mais nous parlions d’amour de peur de nous parler d’autre chose. »

 

Michalon, mars 2015, 269 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © Jacques Palut – Fotolia.com / éd. Michalon

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