Les jardins d'Hélène

Défense de nourrir les vieux - Adam Biles

19 Mars 2019, 14:14pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Bernard Turle

 

Ce qui m'a attirée vers ce roman, c’est bien évidemment son titre. La couverture a un petit air irrévérencieux mais j’avoue accorder peu d’importance aux couvertures. Mais ce titre !

 

Dorothy (dite Dot ou Dotty), 74 ans, décide d’elle-même de s’installer aux Chênes Verts, la maison de retraite où se trouve déjà son mari. Très vite le lecteur a l’impression d’avoir mis les pieds dans un asile de fous, tant les situations et les personnages, que ce soit du côté des soignants ou des pensionnaires, sont déjantés.

 

Il y a du bon, voire du très bon dans ce roman, mais beaucoup de dérangeant aussi, ce qui tempère la lecture, et en a même fait abandonner certains. Je me suis accrochée, voulant savoir de quoi il en retournait, et comment cette histoire abracadabrante finirait.

 

L’humour est noir, très noir, et les situations de démence sont poussées à l’extrême. Les soignants, appelés « amis-soignants », sont tout aussi ravagés que les vieillards, et le directeur détient sans doute la palme d’or.

 

Âmes sensibles s’abstenir, il y a quelques scènes vraiment atroces, qui relèvent du roman d’horreur. Mais elles sont tellement décalées qu’elles ne peuvent relever que de la fiction pure.

 

Le point positif, c’est la construction astucieuse, l’insertion de magazines dont le récit décrit la folie du capitaine Rugles, du moins le monde dans lequel il se croit, prisonnier d’un camp nazi, avec une seule idée en tête : s’évader.

 

La réflexion ensuite : sous couvert de fiction absurde et (trop) déjantée, on ne manquera pas de penser à la façon dont on traite nos vieux aujourd’hui, aux moyens alloués (à leur absence surtout, ou insuffisance), à leurs désirs, leurs besoins, leurs attentes.

 

Malgré un choix de narration et de fiction audacieux, on trouve parfois le temps long, un peu répétitif, avec le risque de se perdre, la démence n’est pas contagieuse mais elle est quelque peu déstabilisante !

 

Un premier roman (traduit en français) déroutant qui mérite tout de même qu’on s’y attarde…

 

 

Adam Biles est également traducteur et responsable des rencontres à la librairie anglophone Shakespeare and Company à Paris.

 

 

 

 

Grasset, coll. en lettres d’Ancre, avril 2018, 521 pages, prix : 23 €, ISBN : 978-2-246-81334-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Getty Images et éd. Bernard Grasset.

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