Les jardins d'Hélène

rentree litteraire d'automne (2017)

Réveiller les lions – Ayelet Gundar-Goshen

23 Mai 2018, 10:15am

Publié par Laure

Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz

 

 

A Beer-Sheva, en Israël, Ethan Green est neurochirurgien. Une nuit en sortant du travail, alors qu’il éprouve le besoin de rouler un peu avant de rentrer chez lui, il renverse accidentellement un migrant, érythréen. Il tente de lui porter secours mais quand il réalise que l’homme est mort, il prend la fuite.

 

Très vite, Sirkitt, la femme du défunt lui rend visite : il avait bêtement perdu son portefeuille sur les lieux de l’accident. Commence alors un chantage où elle lui demandera de soigner toutes les nuits des réfugiés sans papiers. Liath, la femme d’Ethan, est flic, et enquête sur ce délit de fuite.

 

Comment Ethan va-t-il pouvoir mentir sur tous les fronts, au travail comme auprès de sa famille qu’il ne veut pas perdre, d’autant qu’il a deux enfants qu’il adore, Yali et Itamar ?

 

Coupable, Ethan est à la merci de Sirkitt et ne peut se dérober. S’ouvre alors un éclairage intéressant sur un monde clandestin, où bandes rivales s’affrontent. Proche du polar et du roman social, le roman s’enlise un peu dans sa partie centrale, notamment quand il esquisse le désir et l’attirance entre les deux personnages principaux.

 

 

L’ensemble tient en haleine jusqu’au bout et se lit agréablement sans déplaisir.

 

 

 

Presses de la cité, septembre 2017, 412 pages, prix : 22,50 €, ISBN : 978-2-258-13384-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Cavan Images / Plainpicture / et éd. Presses de le Cité

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Et soudain, la liberté – Evelyne Pisier, Caroline Laurent

18 Février 2018, 20:19pm

Publié par Laure

Et soudain, la liberté est la biographie romancée d’Evelyne Pisier et ses parents. C’est aussi l’histoire d’un projet littéraire original et intéressant.

 

Evelyne Pisier a confié son manuscrit à une jeune éditrice, Caroline Laurent, et lui a fait promettre de le finir après sa mort. La jeune femme a tenu sa parole.

 

Lucie (le double littéraire d’Evelyne) a grandi en Indochine, entre un père fonctionnaire colonialiste et raciste, et une mère féministe avant-gardiste.

 

Toutes deux, mère et fille, dans leur amour fusionnel, mèneront un combat permanent pour la liberté des femmes : indépendance, travail, contraception, droit à l’avortement, engagements politiques …

 

Le roman est entrecoupé par les interventions de Caroline Laurent. J’ai mis un peu de temps à me faire à ces coupures, qui interrompaient la fluidité romanesque, mais qui éclaircissaient aussi le travail entrepris.

 

J’ai finalement beaucoup aimé ces interventions qui dévoilent le travail éditorial, et beaucoup de résonances dans la vie personnelle de l’éditrice.

 

C’est un très beau roman – puisque c’est ainsi que le définit la maison d’édition – j’aurais peut-être aimé savoir quelle était la part réelle d’écriture d’Évelyne par rapport à celle de Caroline, mais j’ai aimé me plonger dans ce destin individuel qui n’omet pas une grande partie de l’Histoire du XX ème siècle, ainsi que le combat féministe pour la liberté de penser et d’agir. Quelle force ont eu ces deux femmes, mère et fille !

 

 

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018, catégorie Roman

 

 

 

 

 

Ed. Les Escales, domaine français, août 2017, 441 pages, prix : 19,90 €, ISBN :978-2-36569-307-3

 

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations, photo : Evelyne Pisier, 1964, © Una Liutkus / et éd. Les Escales

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La salle de bal – Anna Hope

21 Janvier 2018, 22:10pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Elodie Leplat

 

Début 1911, dans le Yorkshire, Ella Fay est internée à l’asile de Sharston pour avoir cassé une vitre dans la filature où elle travaille depuis l’âge de douze ans. Mais elle se défend, ce n’est pas pour autant qu’elle est folle !

 

Elle sympathisera avec Clem, une femme qui s’émancipait un peu trop par la lecture au goût des hommes de son entourage. Leur amitié réciproque leur sera précieuse.

 

John Mulligan, quant à lui, est irlandais, il est interné pour « mélancolie », une dépression après avoir perdu sa femme et sa fille. Il creuse des tombes et travaille aux champs avec son ami Dan Riley, qui l’appelle « Mio Capitane ».

 

L’asile vit en autarcie, les femmes travaillent à la blanchisserie, et les hommes aux travaux extérieurs. Ils vivent dans des pavillons séparés et ne se rencontrent jamais, à l’exception du vendredi, dans la salle de bal, où le médecin Charles Füller, plus musicien que docteur, est persuadé que la musique adoucit les mœurs et peut guérir ou aider les malades à aller mieux. C’est là que John et Ella tomberont amoureux, mais ce n’est guère permis…

 

Un beau roman classique, qui évoque les prémices de l’eugénisme en Angleterre, Churchill avait d’ailleurs pris position pour la stérilisation des « déficients ».

 

Le personnage de Charles est intéressant, toujours sur le fil, trouble, ambivalent, aux actes souvent en contradiction avec ses désirs, basculant finalement vers des choix qu’il rejetait au départ, pour la lumière de la reconnaissance ?

 

Le sort réservé aux patients internés pour des motifs totalement abusifs aujourd’hui fait froid dans le dos, et les « soins » prodigués, les scènes de gavage notamment sont difficilement soutenables.

 

 

J’ai trouvé quelques longueurs et un peu d’ennui au milieu du roman, contrairement à un très bon début et une très bonne fin (qui ose n’être pas aussi facile qu’on aurait pu l’imaginer), mais globalement je l’ai beaucoup aimé, pour l’audace et la détermination de ses personnages, et pour son sujet : l’internement et ses dérives.

 

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

 

 

 

 

 

 

Gallimard, coll. Du monde entier, septembre 2017, 388 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-07-268872-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Elisabeth Ansley / Trevillion Images / et éd. Gallimard

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Cet autre amour - Dominique Dyens

30 Décembre 2017, 20:53pm

Publié par Laure

En février 2013, le mari de la narratrice fait un malaise, pour lequel elle le croit mort. Même s’il s’en sort sans séquelles, plus rien n’est comme avant pour elle ; sur son conseil, elle entame alors une psychanalyse. Elle sera très vite troublée par « cet autre amour » qu’elle éprouve de manière viscérale et incontrôlable pour son thérapeute.

Dominique Dyens décrit ici le phénomène du transfert en psychanalyse et en quoi il est nécessaire à la cure.

 

J’avoue avoir été gênée assez vite dans le texte, tant celui-ci paraît autobiographique. J’étais habituée aux romans plus fictionnels de l’auteure, je ne voulais pas de cette intimité bien trop personnelle qui me plaçait en voyeuse, mais l’élégance de l’écriture et l’analyse du processus, la brièveté sans doute aussi du texte, lui donnent davantage valeur d’étude, assez fascinante et intéressante, quand bien même on ne se sent pas d’atomes crochus avec la psychanalyse. Elle s’en explique d’ailleurs à la fin de l’ouvrage, s’interroge sur ce positionnement et décrit bien son rapport à l’écriture à ce moment-là.

 

L’analyse des sentiments, les interrogations tout au long du cheminement, la pudeur malgré tout, la construction et l’écriture ne peuvent que laisser place à l’admiration. Cet autre amour est un roman d’introspection, peu importe à vrai dire que ce soit l’histoire de son auteure ou non, ce pourrait être celle de tout un chacun, c’est bien ici la forme et son message qui l’emportent.

 

 

 

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Les romans de Dominique Dyens sur ce blog :

- Éloge de la cellulite et autres disgrâces (2006)

- Délit de fuite (2009)

- Intuitions (2011)

- Lundi noir (2013)

 

 

 

Robert Laffont, août 2017, 234 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-221-19745-5

 

 

 

 

Crédit photo couverture : © la petite robe noire 2, huile sur MDF, by Edward B. Gordon / et éd. Robert Laffont

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Jusqu’à la bête – Timothée Demeillers

27 Décembre 2017, 15:05pm

Publié par Laure

Erwan travaille au ressuage dans un abattoir industriel de la périphérie d’Angers, une étape qui consiste à refroidir la température d’une bête fraichement abattue pour que sa viande atteigne une qualité propice à une bonne consommation. Sa vie entière est rythmée par la cadence des carcasses qui arrivent sur le rail, et qu’il pousse l’une après l’autre. L’odeur du sang, le froid permanent font de son métier une horreur. Sa seule lueur d’espoir est dans sa relation avec Lætitia, la jeune intérimaire d’un été….

 

Quand s’ouvre le roman, raconté à la première personne, Erwan est en prison depuis deux ans, il lui reste encore seize ans à tirer. Le tic de la pendule a remplacé le clac de la chaine de l’abattoir, la vacuité des propos des émissions de télé celle des blagues sexistes de l’usine. C’est donc qu’il y a eu drame, puisqu’Erwan en est là, mais lequel, et pourquoi ?

 

C’est tout l’objet du récit qui y conduira. Dans une langue rythmée, scandée par les clacs de la chaine, qui parfois se déstructure, s’accélère, s’étire alors que les premières phrases étaient très courtes, c’est le travail comme moteur destructeur d’une vie qui est dénoncé. Il y est question d’abattage industriel, dans des conditions difficiles, mais le contexte pourrait être autre, c’est la cadence, la déshumanisation du travail qui font œuvre ici. L’administration froide et inhumaine qui détruit au motif d’une production toujours plus rapide, l’origine sociale qui détermine, l’ambition qui éloigne quand les cœurs se rapprochent, le monde du travail qui broie l’humain jusqu’à ce qu’il redevienne une bête et se comporte comme telle.

 

Dérangeant mais si réel…

 

 

 

Asphalte éditions, août 2017, 149 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-918767-71-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © Dan Chung / Arcangel Images / et Asphalte éditions

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Gabriële - Anne et Claire Berest

12 Novembre 2017, 15:27pm

Publié par Laure

Anne et Claire Berest dressent le portrait de leur arrière-grand-mère, Gabriële Buffet, dont elles ont appris l’existence tardivement. Gabriële Buffet était une théoricienne de l’art visionnaire, la femme de Francis Picabia, la maitresse de Marcel Duchamp, et l’amie intime de Guillaume Apollinaire.

 

Le récit couvre essentiellement les années 1908-1919 et éclaire la personnalité de cette femme exceptionnelle, tant par son intelligence artistique que par son féminisme avant-gardiste et son dévouement sans faille à son mari tout aussi particulier, et ce sans jamais se départir de sa liberté de pensée.

 

Je suis entrée dans ce livre à reculons, pensant que le sujet et la période ne m’intéressaient pas du tout, et j’y suis retournée avec curiosité, le récit des sœurs Berest se révélant littéralement passionnant. La fluidité de la narration fait qu’il se lit comme un roman. La création de mouvements artistiques, le monde de l’art, les relations étroites avec de grands artistes comme Duchamp et Apollinaire, le mode de vie souvent « hors du monde » de ces protagonistes, notamment pendant la guerre, rendent leur approche fascinante.

 

En filigrane, le rapport de Gabriële à la maternité, alors qu’elle eut 4 enfants, est surprenant. Elle était tout entière à son mari, même quand celui-ci fréquentait ouvertement d’autres femmes, à son homme et à son art.

 

Un seul regret peut-être, celui de ne pas avoir inséré une iconographie dans le livre, afin de mieux se représenter les œuvres citées sans aller voir sur Internet en parallèle, alors que les nombreuses notes référant au travail de recherche sont (à mon goût) inutiles pour le lecteur lambda.

 

 

Une découverte culturelle passionnante.

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018.

 

 

 

 

p. 389 : « Gabriële et Francis, même si cela peut paraître étonnant, sont plus liés que jamais. Picabia ne cache absolument rien à son épouse. Et il s’en remet à elle. Elle est son double, sa famille, sa complice. Même s’ils décidaient de ne plus vivre ensemble, cela ne changerait rien. Ils sont liés, comme deux flammes jumelles, à la vie, à la mort.

Tous les jours, elle va marcher, c’est son salut. Cette femme si cérébrale devient sensuelle au contact des pins, des lacs et des chemins enneigés, comme si cette nature dure et accueillante lui permettait d’être tout à fait elle-même, de s’abandonner un peu. »

 

 

 

 

Stock, août 2017, 440 pages, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-234-08032-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alexandre Guirkinger et éd. Stock

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Summer - Monica Sabolo

21 Octobre 2017, 09:10am

Publié par Laure

Summer, dix-neuf ans, disparaît au cours d’un pique-nique en famille au bord du Lac Léman. 25 ans plus tard, son petit frère, Benjamin, s’en souvient toujours et ne s’en remet pas. Elle n’a jamais été retrouvée et l’on ne sait pas ce qu’il s’est passé.

 

J’aurai rarement mis autant de temps (une bonne quinzaine de jours) à lire un roman relativement court, aéré, grande police de caractères et très larges marges – le roman a priori facile et rapide à lire - mais quel ennui, alors que je suis amatrice justement de ce genre de roman psychologique et intimiste !

 

Le cheminement du frère, en proie à des addictions et suivi par un psy, est interminable de redondances. Des phrases éthérées et poétiques noient indéfiniment le poisson. On espère voir avancer le dénouement et la résolution de l’énigme, si ce n’avait été pour le Prix Elle, je n’aurais jamais terminé ce livre.

 

L’ensemble se décante enfin dans les cinquante dernières pages, avec un peu d’originalité, mais qu’il est pénible d’y arriver !

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

 

 

 

 

JC Lattès, août 2017, 315 pages, prix : 19 €, ISBN : 978-2-7096-5982-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Margaret Durow trunk Archive / Photosenso et éd. JC. Lattès

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Le coeur battant de nos mères - Brit Bennett

1 Octobre 2017, 15:07pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch

 

Nadia Turner a 17 ans lorsqu’elle avorte du fils du pasteur, Luke Sheppard. Un petit ami qui rime avec l’insouciance de l’adolescence, elle vivait seule avec son père depuis le suicide de sa mère six mois plus tôt, dans le poids et les convenances de la communauté noire religieuse du Cénacle. A la sortie de l’intervention, Luke ne vient pas la chercher. Elle cachera la vérité à son père, rompt avec Luke, et se rapproche d’Aubrey qui deviendra sa meilleure amie. Elle réalise son rêve en entrant à l’université et en s’éloignant de fait de sa vie d’avant … qui finira par la rattraper.

 

Un trio amoureux et amical, des amours contrariées, la construction de soi quand les piliers parentaux ont été absents ou défaillants, la marque psychologique indélébile de l’avortement, le rêve de ce qui aurait pu être et n’a pas été, la place de la famille, du regard des autres dans une communauté religieuse : les thèmes sont nombreux, intéressants même s’ils ne sont pas nouveaux, les personnages attachants ; hélas, il faut attendre longtemps, bien trop longtemps (un peu plus de la moitié du roman) pour que l’alchimie prenne vraiment et que l’intrigue démarre enfin.

 

C’est un peu tard et déséquilibre la qualité globale du roman.

 

A lire si vous aimez les histoires d’amours contrariées, les drames psychologiques larmoyants, même si la détermination et la force intérieure de Nadia permettent d’éviter le roman (trop) guimauve.

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

 

 

 

 

Autrement Littérature, août 217, 339 pages, prix : 20,90 €, ISBN : 978-2-7467-4572-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © Raphaëlle Faguer et éd. Autrement.

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Une histoire des loups - Emily Fridlund

29 Septembre 2017, 15:49pm

Publié par Laure

 

Traduit de l’américain par Juliane Nivelt

 

Madeline, 14 ans, est en classe de 3ème quand son professeur d’histoire meurt sous yeux. Il est remplacé par un californien, M. Grierson, qui jouera vite un rôle trouble dans le roman.

 

Lorsqu’il lui demande de représenter le collège lors du Tournoi de l’Odyssée de l’Histoire, elle choisit de faire un panneau pour parler des loups : une histoire des loups.

 

En face de chez elle, de l’autre côté du lac, une famille s’installe avec un petit garçon de 4 ans. Le père est souvent absent pour son travail, et Patra, la mère, semble un peu dépassée, Madeline va beaucoup s’occuper du petit Paul, entrer de plus en plus dans la vie de cette famille sans bien comprendre ce qu’elle cache.

 

D’emblée l’on sait que Paul meurt à l’âge de quatre ans. Tout l’enjeu semble être de savoir de quoi, comment et pourquoi, quelqu’un est-il responsable de quelque chose ? Mais des personnages secondaires continuent de hanter Madeline comme une obsession, sans que le lecteur perçoive réellement l’importance ou la logique de ces présences dans le récit.

 

 

L’auteur joue avec une déconstruction du récit qui mêle les différents temps. Madeline, surnommée Linda, a 37 ans quand elle raconte cette histoire. Elle avait 15 ans à l’époque des faits, mais les dates se mêlent de façon non chronologique. Peu à peu le lecteur pénètre dans cette atmosphère étrange et familière à la fois, tant dans la vie familiale que dans la nature alentour.

J’ai aimé cheminer lentement vers la vérité, sans effets grandioses, cette façon subtile de dévoiler un mode de vie fortement ancré dans certaines croyances religieuses. Tout est « bizarre », le malaise est persistant, mais la beauté de l’écriture apaise paradoxalement l’ensemble.

 

Un premier roman qui révèle une plume intéressante.

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE 2018.

 

 

 

Gallmeister, août 2017, 296 pages, prix : 22,40 €, ISBN : 978-2-35178-128-9

 

 

Crédit photo couverture : © Ekaterina Borner / Arcangel Images et éd. Gallmeister

 

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Vera - Karl Geary

17 Septembre 2017, 13:03pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Irlande) par Céline Leroy

 

 

Sonny, seize ans, est le cadet d’une famille modeste, où la mère passe son temps à se plaindre du père qui passe son temps à parier au jeu sa maigre paye. Mais il est aussi le seul à fréquenter le lycée, en dehors duquel il fait quelques petits boulots, chez le boucher du coin ou quelques travaux d’entretien avec son père. C’est avec lui qu’il rencontre Vera, une femme seule plus âgée, qui le trouble dès la première rencontre.  

 

Sonny n’aura dès lors de cesse de se rapprocher d’elle, bien qu’elle ne soit ni de son âge ni de son milieu social. Elle semble pourtant tout aussi paumée que lui, et entre eux nait une curieuse relation, pudique et attentionnée.

 

 

Sonny tente de s’élever, il a une certaine curiosité intellectuelle mais Sharon, une ado de son âge qui n’a pas sa langue dans sa poche, et sa famille font tout pour l’en empêcher, parce que c’est ainsi, on est comme on nait.

 

 

Le roman est écrit à la deuxième personne du singulier, un « tu » au départ déstabilisant, il incarne un narrateur omniscient qui n’hésite pas dès le milieu de l’histoire à anticiper au détour d’une phrase le dénouement tragique (parce que l’essentiel n’est pas là), on ne l’identifie pas, mais c’est un peu comme s’il s’exprimait à la place de Sonny qui ne s’autorise pas à prendre lui-même la parole.

 

 

Vera, c’est la rencontre de deux solitudes, deux souffrances, deux désirs, différents mais qui se rejoignent, deux êtres perdus qui prennent en l’autre ce qui peut les aider à continuer.

 

 

La fin, en quelques paragraphes, éclaire l’ensemble d’un nouveau regard, triste mais apaisant. Un beau roman, sensible, touchant, dont l’âme perdue des personnages reste longtemps à l’esprit du lecteur.

 

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE 2018

 

 

 

 

 

Ed. Rivages, août 2017, 253 pages, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-7436-4055-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © Marc Owen / Arcangel et éd. Rivages

 

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