Les jardins d'Hélène

romans etrangers

La distance entre nous, de Maggie O'Farrell

2 Mai 2006, 07:00am

Publié par Laure

Lorsqu’elle croit reconnaître un homme sur un pont à Londres, Stella quitte tout, son emploi, son appartement, et sa sœur envahissante, Nina, pour s’enfuir complètement paniquée dans un village d’Ecosse où elle trouvera un job de réceptionniste femme de chambre dans un hôtel. De son côté, à Hong Kong, Jake participe à la fête du Nouvel An chinois quand soudain c’est la bousculade et le drame : Mel, sa petite amie est écrasée par la foule et grièvement blessée, tandis que la meilleure amie de celle-ci meurt sous les piétinements. Sur son lit d’hôpital, Mel ne veut pas mourir sans être mariée à Jake. Ainsi ils se marient, les médecins prédisant la mort de Mel avant le petit matin. Mais elle survivra et Jake la ramènera auprès de ses parents en Ecosse. Comment lui faire comprendre qu’il ne l’a jamais aimée et qu’il ne veut pas de ce mariage ? Partant à la recherche des traces de son père qu’il n’a jamais connu, il se retrouvera dans le même hôtel que Stella, où l’on s’en doute, naîtra une grande passion fortement contrariée.

La particularité de ce roman, c’est sa construction. Il débute comme un roman policier et maintient un bon suspens jusqu’à la fin. Il alterne sans cesse les pièces du puzzle : on passe continuellement d’un personnage à l’autre, dans les deux lieux, d’une époque à une autre en remontant dans le temps, sur plusieurs générations, pour reconstituer enfin la douloureuse histoire de Stella si intimement liée à celle de sa sœur Nina, et celle de Jake en quête du père.

Ce procédé m’a d’abord agacée car l’intrigue ainsi posée est toujours hachée : à peine est-on installée dans le récit d’une vie, d’une enfance, que déjà on saute ailleurs. Bien sûr ce procédé profite au suspens et se veut finalement efficace puisque je n’ai pu m’empêcher d’avancer vite pour connaître enfin le secret de l’une et savoir comment le second allait sortir de son malheur. L’histoire d’amour elle aussi chaotique est la touche romanesque qui lie le tout, me faisant parfois penser à un roman dégoulinant de trop bons sentiments. Mais le suspens bien mené rachète l’ensemble. Un roman bien choisi pour les vacances !

Belfond, août 2005, 370 pages, ISBN 2-7144-4080-0, prix : 20 €

Ma note : 4/5 

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Les charmes discrets de la vie conjugale - Douglas Kennedy

10 Avril 2006, 14:04pm

Publié par Laure

Ce dernier roman de Douglas Kennedy est un bon cru, malgré quelques longueurs, offrant deux parties distinctes qui sont dans l’idée et dans le rythme proches à la fois d’A la poursuite du bonheur et de l’homme qui voulait vivre sa vie. (Pour ceux qui connaissent un peu les précédents romans de D. Kennedy !) 

1ère partie donc : C’est le récit de la vie d’Hannah Buchan, étudiante qui choisit de se marier jeune et d’épouser très vite une vie de famille sage et rangée, au fin fond du Maine. C’est une déception pour ses parents, en particulier sa mère, mégère et tête de mule assez insupportable. L’auteur se met dans la peau d’une femme, et ma foi c’est plutôt réussi, pour nous narrer le mariage et la vie d’épouse d’Hannah, de 1966 à 1974. La jeune femme ne tarde pas à s’ennuyer malgré son bébé, et un soir de solitude, s’offre une passade avec une connaissance hébergée sur la recommandation de son père. C’est un piège qui lui coûtera cher : l’homme la contraint à l’aider à s’enfuir au Canada, pour échapper au FBI.  

Hannah s’empresse d’oublier tout cela et de retrouver calme et sérénité dans sa petite vie bien rangée de provinciale et son emploi de bibliothécaire, en attendant mieux.  

2ème partie : Là, grand hiatus, bond en avant de 30 ans, l’auteur nous propulse en 2003, Hannah a maintenant la cinquantaine passée. Active, elle est redevenue enseignante, toujours mariée à Dan, et entourée d’amies fidèles. Les 30 ans passés sous silence se dévoilent peu à peu, mais ce qui va occuper cette seconde partie, c’est l’enquête policière : sa fille Lizzie, abandonnée par son amant marié, a disparu. Suicide ? Meurtre ? Il faut la retrouver. Sans compter que c’est le moment choisi par l’amant fuyard de passage 30 ans auparavant pour refaire surface sous forme d’un livre pas tout à fait honnête. L’héroïne va en vivre, des heures de stress et de combat, mais c’est une battante !  

Il y a des propos intéressants dans ce roman, comme la toute-puissance des médias pour laver son linge sale en public, une critique ouverte de l’Amérique de Georges W. Bush, des oppositions certes un peu trop caricaturales entre progressistes et néo-conservateurs, et des éléments plus énervants, romanesques, un peu trop parfois. Mais il ne faut pas bouder son plaisir non plus, une bonne saga ne fait pas de mal de temps en temps, j’espère simplement que Douglas Kennedy ne basculera pas trop vite dans le Marc Lévy.

J’ai particulièrement aimé la première partie, trouvant la seconde alourdie par un scénario que je trouve inutile : tout le personnage de Lizzie et l’affaire qui tourne autour aurait pu être élaguée, voire disparaître tout simplement. Le roman ne reprend réellement son souffle que dans l’affaire juridique qui oppose Hannah à son ex amant. L’histoire de sa fille disparue me semble un « pathos » un peu trop gros, d’autant que lorsque l’affaire bascule dans la chasse aux sorcières (la lutte contre ce vilain amant resurgi du passé), la recherche de la fille est complètement occultée. Du coup ça ne sonne plus très vraisemblable.

 

Quelques défauts donc, mais un bon pavé quand même, pour la plage … ou pas ! 

 

 Belfond, sept. 2005, 525 pages, ISBN 2-7144-4106-8, prix : 21 €

Traduction de Bernard Cohen

Ma note : 4/5 

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L'annulaire - Yôko Ogawa

4 Mars 2006, 14:06pm

Publié par Laure

Si vous aimez l’atmosphère étrange et fascinante des romans d’Ogawa, alors celui-ci remplit bien son contrat. L’héroïne change de travail après avoir perdu une partie de son annulaire dans une usine d’embouteillage de sodas. Elle postule dans un laboratoire un peu particulier, dirigé par un certain M. Deshimaru, taxidermiste de son état. Les objets qu’il naturalise sont un peu particuliers : des ossements d’oiseau, des champignons, un air de musique, des choses déroutantes mais qui pour leurs propriétaires sont essentielles. Ils viennent les déposer dans ce laboratoire de « spécimens » pour s’en libérer. Peu à peu se noue une relation charnelle entre la jeune employée et son patron, par le biais notamment d’une paire de chaussures qu’il lui offre. Là encore, ces chaussures ont un pouvoir étrange. Fétichisme, trouble, on retrouve dans ce récit cette atmosphère légèrement morbide et inquiétante qui fait le style si particulier d’Ogawa. La fin est surprenante, car le spécimen que souhaite déposer la jeune femme n’est pas forcément celui qu’on attend, entre titre de l’ouvrage et prégnance des chaussures, tous les doutes sont permis. Un bon récit, à l’épurement japonais parfait.

Actes Sud, coll. Babel, sept.2000, 94 pages, ISBN 2-7427-2897-X

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Brooklyn follies - Paul Auster

17 Février 2006, 21:18pm

Publié par Laure

Je ne saurais faire de comparaison de ce dernier opus d'Auster avec les précédents car il y a bien longtemps que je n'avais rien lu de lui, depuis la trilogie new-yorkaise, c'est dire ! J'ai trouvé un bonheur simple dans la lecture de brooklyn follies, des personnages attachants qui savent à présent où est l'essentiel dans leur vie, d'autres plus loufoques ou moins rangés, ou encore un peu cabossés par la vie, mais tous débordent d'un optimisme contagieux quand il s'agit de nous embarquer dans leurs aventures et leurs rêves d'hôtel Existence où vivre loin du tourbillon new-yorkais et du monde devenu fou. On peut regretter peut-être une fin un peu facile, comme l'impression pour moi que ce 11 septembre 2001 sert bien de prétexte à ceux qui ne veulent pas que leur livre se finisse bien. En même temps j'aime bien les fins où justement, ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas beaucoup d'enfants, parce que vie et contes de fées, c'est pas tout à fait la même chose.

Et tout comme Clarabel, j'ai aimé les écarts sur les petites histoires littéraires, autour de Poe ou Hawthorne. De quoi vous réconcilier avec la littérature...

 

Extrait : p.24 « La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur ».

 

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