Les jardins d'Hélène

romans etrangers

Ne t'inquiète pas pour moi - Alice Kuipers

7 Juin 2008, 21:46pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec

 

Ce premier roman d’Alice Kuipers a pour lui son originalité : sur chaque page se succèdent les brefs échanges d’une mère et sa fille qui se voient peu, et communiquent par post-it collés sur le frigo. Claire a 15 ans, et une vie bien remplie d’adolescente normale : les cours, les copines, les premiers petits copains et le baby-sitting pour gagner un peu de sous. Sa mère vit seule avec elle, divorcée. Médecin, elle est souvent retenue à l’hôpital.  Le roman n’est donc construit qu’à travers les petits mots échangés sur ce frigo : listes de courses, petites remontrances d’ado ou de mère, petits mots affectueux. Et sur un an à peu près, on suivra la découverte de la maladie de la mère, un cancer du sein, et son évolution.

Pudique, le récit épistolaire effleure tout doux les sentiments douloureux. C’est un texte léger, trop sans doute (dans le sens de court et vite lu, quelques phrases ou mots seulement sur chaque page) pour un sujet grave, mais qui dit néanmoins très joliment l’amour d’une fille pour sa mère et réciproquement.

Parfois surréaliste (la mère continue de travailler malgré opération et radiothérapie) et superficiel (la difficulté de la maladie est à peine esquissée), on sent bien que ce n’est pas là l’essentiel du propos. L’essentiel, du moins tel que je le perçois, est bien d’avoir su aborder avec légèreté et de façon inédite le basculement d’une vie, un basculement toujours imprévisible, et qui presse à chuchoter tout l’amour pour l’autre tant qu’il est encore temps.

Un joli roman.

 

Merci à l’encreuse qui me l’a offert !

 

Albin Michel, avril 2008, 242 pages, prix : 10 €

Existe avec une couverture différente pour la jeunesse (sans doute un stratagème marketing que je trouve sans intérêt, mais bon…)

Ma note : 3,5/5

Crédit photo couverture : © Marc Boutavant et Albin Michel.

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La société des jeunes pianistes - Ketil Björnstad

1 Juin 2008, 17:47pm

Publié par Laure

Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud

 



A la toute fin des années 1960 à Oslo, des adolescents forment la société des jeunes pianistes. Ils vont se confronter à la dure réalité des concours et des premiers concerts qui leur assureront ou non un avenir dans la musique.

Aksel Vinding a décidé d’arrêter ses études après le décès de sa mère, pour se consacrer à la musique, qui était aussi la passion de sa mère. Il est amoureux de Anja Skoog, une jeune fille discrète et renfermée, véritable virtuose.

Roman d’apprentissage, du passage à l’âge adulte, c’est un roman riche de personnages intéressants et variés, qui montre bien combien la musique classique à ce niveau n’a rien de la pratique en dilettante. Drames, relations troubles entre élèves et professeurs, on est loin de la douceur de vivre.

Toutefois, je trouve dommage que bien des points soulevés par l’auteur soient restés sans réponse : quelle est la nature réelle de la relation entre Anja et son père : inceste ou violence psychologique ? Pourquoi sa mère reste-t-elle en dehors de cela et très évasive pendant les ¾ du livre ? Dommage également que les personnages de Cathrine, sœur de Aksel et son père soient si peu creusés, alors qu’ils sont esquissés de façon prometteuse au départ. Et pourquoi Aksel vomit-il tout le temps quand il est stressé ? Ce n’est pas vraiment glamour pour un jeune héros ! (à vrai dire c’est agaçant).

De même si nous pouvons voir les débuts sur scène de Rebecca et d’Anja, tous deux mémorables dans leur échec, nous ne verrons jamais celui d’Aksel, alors que tout nous y conduit sur plus de 400 pages : dommage !

 

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2008, sélection du mois de mai, en confrontation avec Gamines, de Sylvie Testud, et qui a tué Glenn ? , de Leonie Swann. Une fois encore ce mois-ci, mon vote (pour ce roman de Björnstad) est un vote par défaut, pas de franc coup de cœur. J’avais déjà lu Gamines en broché, et si c’est un roman sympathique, il n’a rien d’exceptionnel, quant à Qui a tué Glenn ? , l’ennui devenu ronflant, je l’ai abandonné à la 130ème page, malgré un début original et plaisant.

 

Le forum Littérature du Livre de Poche : ici -(cliquer ensuite sur les couvertures de votre choix) 

 

Le livre de poche n°30965, mars 2008, 443 pages, prix : 6,95 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : © Stoltzedesign et LGF.

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La séquestrée - Charlotte Perkins Gilman (1860-1935)

6 Mai 2008, 05:07am

Publié par Laure

Traduction (de l’anglais – USA) et postface de Diane de Margerie.

Titre original : the yellow wallpaper

 

Annoncé comme un chef-d’œuvre par Cathulu et revu ici ou là dans des revues, je me suis arrêtée sur cette très courte nouvelle de Charlotte Perkins Gilman datant de 1890, une quarantaine de pages augmentées d’une lumineuse postface.

Car je l’avoue, sans les notes de Diane de Margerie, j’aurais peu goûté cette œuvre.

Une jeune femme souffrant de dépression post-partum est conduite et contrainte au repos par son mari médecin dans une chambre d’enfants bien étrange, au papier peint jaune mouvant qui la fait délirer. Dans une maison louée pour l’été et abandonnée dans un bien curieux état, cette jeune mère est privée de tout, soi-disant pour son bien…

Etrange et fantastique, je reste sur ma faim, peu satisfaite par cette nouvelle.

Puis Diane de Margerie explique le contexte de son écriture. Il semble que l’auteur se sentait bien proche de son personnage, ayant elle-même souffert de sa maternité et de dépression postnale alors que ce genre de traitement semblait logique… Si perturbée par cette maternité, elle abandonnera d’ailleurs sa fille à son mari (et sa nouvelle compagne qui n’est autre que sa meilleure amie) lors de son divorce. Contemporaine d’Alice James (la sœur d’Henry James) et d’Edith Wharton, elle livre d’intéressantes idées sur la société de l’époque et l’écriture féminine pas toujours acceptée (parce que synonyme d’indépendance et de liberté de pensée), tout comme dans sa nouvelle où le mari interdit à sa femme toute activité de l’esprit, écriture et lecture. Il s’agit donc bien d’un tableau de la femme soumise à son époux et trop souvent vouée au sacrifice. Féministe avant l’heure, elle s’est intéressée de près à ces questions sociales en devenant conférencière sur les Droits de la Femme, plus épanouie et libre lors de second mariage.

Un petit livre qui vaut le détour (ça ne fait jamais de mal de revenir aux classiques) mais qui pour ma part est indissociable du travail de Diane de Margerie si l’on veut pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.

  

Elles l’ont lu : Lily et Cathulu 
 

Phébus, coll. Libretto, mars 2008, 97 pages, prix : 6,50 €

Ma note : 4/5

Crédit photo couverture : Edgar Degas, Monsieur et Madame Edouard Manet, 1868-1869, et éditions Phébus

 

 

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Chambre 411 - Simona Vinci

5 Mai 2008, 05:25am

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Vincent Raynaud.

 

Un homme et une femme au cœur même de Rome, dans une chambre d’hôtel, la 411. Les souvenirs des deux jours et des deux nuits qu’ils ont passé à s’y aimer. La genèse de leur histoire, leurs retrouvailles chez l’un ou l’autre, et la longue lettre d’adieu que constitue ce livre, la lettre de cette femme au seul homme qu’elle ait jamais aimé. Car elle en a consommé beaucoup, mais jamais ne s’était donnée tout entière. Elle, une femme indépendante et généreuse.

 

Dans une langue simple et belle, Simona Vinci décortique le sentiment amoureux, ses écueils et ses chimères, ses réalités, aussi. Une histoire comme on en a vu mille, mais que sa plume sort de l’ordinaire et rend universelle. Un très beau texte.

 

Robert Laffont, août 2007, 136 pages, prix : 17 €

Ma note : 4/5

Crédit photo couverture : © Frans Jansen / Getty Images

Crédit tout court : merci Clarabel !

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La traversée de l'été - Truman Capote

2 Mai 2008, 05:33am

Publié par Laure

Truman Capote a 19 ans quand il commence à écrire ce premier roman, qu’il ne publie pas, le jugeant inabouti. Il n’y retravaillera d’ailleurs pas. La publication sera donc posthume, établie à partir du manuscrit et des notes de l’auteur.

 

L’histoire est simple et banale : Grady McNeil a 17 ans et tandis que ses riches parents partent en vacances en Europe, elle resté à New-York sous un été caniculaire. Un soir, elle rencontre Clyde Manzer, gardien de parking à Brodway. Ils se marient dans le plus grand secret.

Mais leur amour laisse vite exploser ses différences, et l’été court à sa tragédie… 

Je ne l’ai peut-être pas lu au bon moment, ou que sais-je encore, mais qu’est-ce que je m’y suis ennuyée ! Je me suis vraiment forcée à le finir, et pourtant, il est très court !
Sans relief, une jeunesse gâtée et désoeuvrée, qui s’ennuie… comme moi à sa lecture.

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2008

Le livre de poche n°30953, mars 2008, 151 pages, prix : 5 €

Ma note : 2/5
Crédit photo couverture : © Bruce Davidson / Magnum photos.

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Les belles choses que porte le ciel - Dinaw Mengestu

31 Mars 2008, 13:59pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Anne Wicke

 

Ils sont trois amis immigrés dans ce quartier noir et pauvre de Washington : Sépha Stéphanos, éthiopien, Kenneth le Kenyan et Joseph, le Congolais. Stepha tient une petite épicerie qui le maintient tant bien que mal en vie. L’arrivée d’une nouvelle voisine, blanche, Judith, et de sa petite fille métisse, Naomi, va bouleverser sa vie.

 

Ce très beau livre de Dinaw Mengestu (premier roman !) prend le temps de s’installer lentement, dans une sorte de douceur apaisante alors que les événements passés ou présents n’ont rien du bonheur. Avoir fui les dictatures africaines et mis le pied en terre d’Amérique ne garantit pas un bonheur salvateur. Ils sont là, liés par une amitié et se laissent porter par la vie, luttant avec le peu qu’ils ont.

L’écriture poétique est pour beaucoup dans la qualité de ce livre. Comme on aimerait que tout soit possible entre Judith et Sépha ! Les passages avec la petite fille Naomi sont d’une pure beauté ! Comment deux êtres peuvent-ils s’apporter autant l’un l’autre qu’en partageant la lecture à voix haute des frères Karamazov, un livre choisi par la petite fille pour sa longueur, pour faire durer le plaisir…
On regrettera toutefois un peu trop de longueurs, que les passages lumineux ne suffisent pas toujours à faire oublier. Une belle découverte quand même que ce roman sur l’exil et le déracinement, d’une maturité étonnante pour le jeune âge de l’auteur (30 ans).

Le titre est un extrait de l’enfer de Dante. 

 Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, sélection romans.
 Albin Michel, août 2007, 303 pages, prix : 21,50 €
Ma note : 14/20

Crédit photo couverture : éd.Albin Michel.

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Le garçon dans la lune - Kate O'Riordan

25 Février 2008, 12:49pm

Publié par Laure

garcon-dans-la-lune.jpgRepéré sur une critique engageante d’un mensuel féminin (Avantages), je lisais quelques jours plus tard une critique tout aussi motivante chez Cathulu. Et comme elle est super gentille, elle en a fait un livre voyageur. Qui est d’abord passé chez Cuné (une critique à son retour ?) pour arriver chez moi, et qui va repartir vers Amanda, etc.
 
Julia et Brian sont mariés depuis 10 ans et parents d’un petit garçon, Sam. Julia est une épouse tyrannique, qui dirige son foyer d’un ton sarcastique et exigeant sans même s’en rendre compte. Les premières pages du roman donnent un ton aussi fort que détonnant, c’est bon, très bon. Je citerai le même passage que Cathulu, tout simplement parce que c’est un des meilleurs du livre :
« Je viens », haleta Brian.
Elle pensa : je ne voudrais pas t’en empêcher, chéri.
Il se dit : Je me demande pourquoi je ne vais pas baiser un mouton mort à l’abattoir du coin.
Il cligna des yeux. Elle se contracta. Il bâilla. Elle éternua. Il jouit. Pas elle.
Ils se pelotonnèrent. Elle tendit la main vers un paquet de mouchoirs.
Il se dit : Je pourrais divorcer pour moins que ça.
Elle pensa : En plus, il faut changer les draps.
Au cours d’un séjour en Irlande, c’est le drame : leur petit garçon meurt accidentellement. Le couple explose, comme souvent dans ces cas-là. Curieusement, c’est dans la maison de son beau-père que Julia va tenter de se reconstruire. Et découvrir par la même occasion le passé douloureux de son mari, où dans une famille nombreuse la violence paternelle et l’humiliation étaient omniprésentes. 
Le problème avec ce roman, c’est que le premier tiers est excellent, du 10/10 sur l’échelle du talent littéraire, et que le reste est subitement lent, long et ennuyeux. A tel point que j’ai failli abandonner ma lecture. Car on comprend assez vite le fin mot de l’histoire, tout le reste ne sert finalement qu’à délayer un peu trop un secret de famille trop enfoui. Sous couvert d’analyse psychologique, on s’égare dans les détails des moutons et de la pâture irlandaise.
Un contraste étonnant pour un livre qui s’annonçait si fort, si percutant, mais si réussi. Au final, une déception, donc.
 
Merci encore à Cathulu pour le prêt !
 
Ed. Joëlle Losfeld, janvier 2008, 273 pages, prix : 21 €
Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : © Andrew G. Hobbs/Getty Images et éd. J. Losfeld.

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La femme du Ve - Douglas Kennedy

21 Janvier 2008, 06:58am

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Bernard Cohen
 
undefinedHarry Ricks, 42 ans, quitte les Etats-Unis suite à une rupture douloureuse avec sa femme, et un licenciement tout aussi retors d’une université où il enseignait les arts cinématographiques. Plus qu’un départ, c’est une fuite, malgré la douleur de laisser sa fille. Muni de quelques économies, il s’installe à Paris, d’abord dans une chambre d’hôtel où il est foudroyé par la grippe, puis aidé par un employé turc, il s’installe dans une chambre de bonne au confort plus que rudimentaire. D’un job louche à des fréquentations tout aussi suspectes, Harry va évoluer sur le fil du danger permanent, tandis qu’un curieux hasard lui est toujours favorable au final.
 La femme du V ème est un très bon roman, lecture facile mais néanmoins prenante, où l’on se retrouve embarqué dans des complots, des meurtres, des mystères, bref, on avance à une vitesse effarante dans le roman sans voir passer le temps. Du très très bon Kennedy, jusqu’aux trois quarts du livre. Non pas que la fin soit mauvaise, mais l’auteur a fait le choix du fantastique, surréaliste qui crée une rupture avec tout ce qui précède, et gâche un peu le plaisir. Solution facile ? Manque d’inspiration ? A-t-il voulu copier Marc Lévy ? On attendait une réponse plus explosive à tous ces éléments jusque là bien menés, et la déception pointe. M. Kennedy peut faire mieux, il l’a déjà prouvé. Dommage.
Mais à dévorer quand il sera sorti en poche, quand même, ou en bibliothèque.
 
Belfond, mai 2007, 377 pages, prix : 22  €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : éd. Belfond et Amazon.fr

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La bâtarde d'Istanbul - Elif Shafak

4 Janvier 2008, 10:34am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Turquie) par Aline Azoulay


batarde-istanbul.jpgJe ne sais par où commencer tant ce livre est riche et savoureux, retors et malicieux.

Le début donne le ton, Zeliha Kazanci se rend chez son gynécologue, à Istanbul, pour avorter. Mais parce qu’Allah se manifeste curieusement à elle, elle renonce, et donnera naissance à la petite Asya, dont on ignore tout du père, celle qui sera donc « la bâtarde d’Istanbul ». Curieuse famille que ces Kazanci, où les sœurs sont toutes un peu foldingues et les hommes meurent prématurément : aucun ne dépasse les 41 ans. Mustafa, seul garçon de la famille, part aux Etats-Unis.

En parallèle, une famille arménienne - américaine : Rose, américaine du Kentucky,  divorce de Barsam, arménien survivant du conflit turco-arménien de 1915. Elle emporte avec elle leur fille, Armanoush, et se remarie avec un Turc, Mustafa Kazanci. Voilà qui dans la communauté arménienne passe très mal !

Jeune étudiante, Armanoush Tchakhmakhchian va enquêter sur son passé, revenir en Turquie pour revoir la maison de sa grand-mère, et elle se fait héberger dans la famille de son beau-père, les Kazanci. C’est donc là qu’elle fait la connaissance d’Asya, notre jeune et belle bâtarde d’Istanbul.

Vous suivez ? Les deux jeunes femmes vont s’apprécier, la famille Kazanci va l’enchanter tout autant que l’adorer et elles vont toutes deux découvrir un passé… aux lourds secrets.

L’intrigue est complexe (disons, foisonnante), les personnages nombreux et savoureux, attachants, colorés, drôles, fantasques, il y a un je-ne-sais-quoi dans l’écriture qui fait de ce roman une friandise sucrée qu’on savoure longtemps, et qu’on quitte presque à regrets.

J’ai aimé les titres de chapitres, qui portent tous le nom d’une épice ou d’une gourmandise : cannelle, pois chiches, sucre, noisettes grillées, vanille, etc. jusqu’au cyanure de potassium final. Tous ces éléments prennent bien sûr un sens dans le récit, qui ajoute au ton déjà bien enjoué de l’histoire.

Bref, une très belle découverte !

 

Extraits :

Armanoush  ne peut s’empêcher de dépenser compulsivement un mois d’économies en achats de livres :

p. 97 : « Armanoush Tchakhmakhchian regarda le caissier de la librairie empiler dans son sac à dos, pendant qu’ils attendaient l’acceptation de son paiement par carte de crédit, les douze romans qu’elle venait d’acheter. Quand il lui donna le reçu, elle le signa en évitant de regarder le montant total de ses achats. Elle avait encore dépensé un mois d’économies en livres ! C’était une véritable papivore ; un trait de caractère qui ne lui valait rien de bon, puisqu’il était sans intérêt pour les garçons et qu’il contrariait sa mère qui espérait la voir mariée à un homme fortuné. »

 

p. 101 : « Tu sais, le mot FIN n’apparaît jamais quand tu termines un livre. Ce n’est pas comme au cinéma. Quand je referme un roman, je n’ai pas l’impression d’avoir terminé quoi que ce soit, si bien que j’ai  besoin d’en ouvrir un autre (…) »

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, dans la catégorie romans.

 

Phébus, août 2007, 319 pages, prix : 20 €

Ma note : 16/20

Crédit photo couverture : éd. Phébus et Amazon.fr, photo de Richard Hamilton Smith, la mosquée bleue : reflets des minarets, Istanbul (détail).

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Envie - Kathryn Harrison

10 Novembre 2007, 21:16pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Sylvie Schneiter

 

envie.jpgWill a 47 ans, une carrière de psychanalyste, une épouse, Carol, et une petite fille, Samantha. Ensemble, ils ont perdu un premier fils, Luke. Tout commence à la 25ème rencontre annuelle de la promo 1979, où les anciens élèves se retrouvent. Will y va seul, Carol ne s’intéresse pas à ce genre de réunion. Sur place, tout le monde s’enquiert d’un absent : le frère jumeau de Will, Mitch, un sportif champion en natation. Mais Will n’a pas davantage d’informations, il ne l’a pas vu depuis 15 ans.

C’est une rencontre avec Elizabeth, une ancienne petite amie, et la lecture de l’annuaire de l’Ecole qui font tout naître : et si Jennifer, la fille d’Elizabeth, était celle de Will ? Les dates sont troublantes. En proie à cette question, Will l’est aussi avec sa sexualité. Désirs, fantasmes, envies, quand il reçoit ses patientes. Aussi quand l’une l’approche d’un peu trop près s’empresse-t-il de la confier à un autre thérapeute. Et pourquoi ces désirs ? N’est-il pas heureux avec son épouse ? Un couple peut-il continuer à s’aimer normalement après le décès d’un enfant ? Son épouse lui impose un rituel qui ne le satisfait pas.

Une quantité d’ingrédients mis en place, qui s’enchevêtrent pour peu à peu se démêler de façon assez magistrale. Une introspection poussée à l’extrême pour percer à jour des secrets de famille, et mieux comprendre son fonctionnement personnel.

Envie n’est pas un roman érotique, contrairement à ce que le titre et la couverture pourraient laisser imaginer.  Quelques scènes certes, aussi explicites que bien menées, ponctuent le roman, mais toutes se justifient au rythme de l’intrigue où chaque détail préalablement semé compte.

On pourra reprocher peut-être une intellectualisation poussée du désir masculin mais les surprises que révèle peu à peu l’enquête sur soi ajoutent à la qualité du récit.

Bref, un roman bien construit, aux rebondissements nombreux, qui lassera peut-être ceux l’analyse ennuie, et qui plaira sans doute à ceux qui aiment décortiquer le pourquoi du comment, en matière d’amour comme de frustration.

 
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Jean-Claude Lattès, octobre 2007, 332 pages, prix : 19 €

Ma note : 3,5/5

Crédit photo couverture : éd. JC Lattès, Amazon.fr

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