Les jardins d'Hélène

Les charmes discrets de la vie conjugale - Douglas Kennedy

10 Avril 2006, 14:04pm

Publié par Laure

Ce dernier roman de Douglas Kennedy est un bon cru, malgré quelques longueurs, offrant deux parties distinctes qui sont dans l’idée et dans le rythme proches à la fois d’A la poursuite du bonheur et de l’homme qui voulait vivre sa vie. (Pour ceux qui connaissent un peu les précédents romans de D. Kennedy !) 

1ère partie donc : C’est le récit de la vie d’Hannah Buchan, étudiante qui choisit de se marier jeune et d’épouser très vite une vie de famille sage et rangée, au fin fond du Maine. C’est une déception pour ses parents, en particulier sa mère, mégère et tête de mule assez insupportable. L’auteur se met dans la peau d’une femme, et ma foi c’est plutôt réussi, pour nous narrer le mariage et la vie d’épouse d’Hannah, de 1966 à 1974. La jeune femme ne tarde pas à s’ennuyer malgré son bébé, et un soir de solitude, s’offre une passade avec une connaissance hébergée sur la recommandation de son père. C’est un piège qui lui coûtera cher : l’homme la contraint à l’aider à s’enfuir au Canada, pour échapper au FBI.  

Hannah s’empresse d’oublier tout cela et de retrouver calme et sérénité dans sa petite vie bien rangée de provinciale et son emploi de bibliothécaire, en attendant mieux.  

2ème partie : Là, grand hiatus, bond en avant de 30 ans, l’auteur nous propulse en 2003, Hannah a maintenant la cinquantaine passée. Active, elle est redevenue enseignante, toujours mariée à Dan, et entourée d’amies fidèles. Les 30 ans passés sous silence se dévoilent peu à peu, mais ce qui va occuper cette seconde partie, c’est l’enquête policière : sa fille Lizzie, abandonnée par son amant marié, a disparu. Suicide ? Meurtre ? Il faut la retrouver. Sans compter que c’est le moment choisi par l’amant fuyard de passage 30 ans auparavant pour refaire surface sous forme d’un livre pas tout à fait honnête. L’héroïne va en vivre, des heures de stress et de combat, mais c’est une battante !  

Il y a des propos intéressants dans ce roman, comme la toute-puissance des médias pour laver son linge sale en public, une critique ouverte de l’Amérique de Georges W. Bush, des oppositions certes un peu trop caricaturales entre progressistes et néo-conservateurs, et des éléments plus énervants, romanesques, un peu trop parfois. Mais il ne faut pas bouder son plaisir non plus, une bonne saga ne fait pas de mal de temps en temps, j’espère simplement que Douglas Kennedy ne basculera pas trop vite dans le Marc Lévy.

J’ai particulièrement aimé la première partie, trouvant la seconde alourdie par un scénario que je trouve inutile : tout le personnage de Lizzie et l’affaire qui tourne autour aurait pu être élaguée, voire disparaître tout simplement. Le roman ne reprend réellement son souffle que dans l’affaire juridique qui oppose Hannah à son ex amant. L’histoire de sa fille disparue me semble un « pathos » un peu trop gros, d’autant que lorsque l’affaire bascule dans la chasse aux sorcières (la lutte contre ce vilain amant resurgi du passé), la recherche de la fille est complètement occultée. Du coup ça ne sonne plus très vraisemblable.

 

Quelques défauts donc, mais un bon pavé quand même, pour la plage … ou pas ! 

 

 Belfond, sept. 2005, 525 pages, ISBN 2-7144-4106-8, prix : 21 €

Traduction de Bernard Cohen

Ma note : 4/5 

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P
Heu, me suis trompée…… je m'emmêle dans les blogs ! Bon, ne m'en veuillez pas, Laure, de vous avoir appelée Cuné !! Je crois plutôt que cela va vous faire sourire……
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L
Je ne vous en veux pas chère plume salée, d'autant que ce n'est pas la première fois, alors j'en conclus que vous êtes juste très distraite, une âme d'artiste ?
P
Cuné, le problème est que votre critique est tellement bien foutue que je n'ai même plus envie de lire ce dernier opus de notre cher Douglas Kennedy !<br /> Déjà, avec les autres, j'avais l'impression de relire les premiers (Les désarrois de Ned Allen, L'homme qui voulait vivre sa vie)…… C'est toujours le même scénario : une vie est en place et puis……tout bascule…… et l'enfer commence. Je vous rejoins tout à fait quand vous faites allusion à Marc Lévy…… Alors non, je ne vais pas dépenser des euros pour lui. J'ai tellement de livres à lire… avant !
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A
Je rejoins complétement ta critique. J'ai pris plaisir à ce roman, je me suis laissée prendre par l'intrigue, mais une fois refermé je l'ai vite oublié.
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