Les jardins d'Hélène

romans etrangers

Rose, sainte-nitouche - Mary Wesley

20 Juillet 2010, 14:23pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Michèle Albaret

 

rose-sainte-nitouche.jpgRose vient de perdre son mari, Ned Peel. Alors que la propriété revient à son fils unique et son épouse, elle se retire à l’hôtel, où elle se remémore les 50 dernières années de sa vie, bien différentes de l’image de sainte-nitouche qu’on a voulu lui coller !

 

Je découvre cet auteur (qui a écrit sur le tard, publiant son premier roman à 70 ans !) et c’est un vrai coup de cœur. Il y a longtemps qu’un roman ne m’avait pas apporté autant de bonheur. 

 Dans l’Angleterre de la seconde guerre mondiale, les convenances sociales, bienséances et faux-semblants ont la vie dure : Mary Wesley s’amuse à balayer tout cela d’un humour ironique et so british absolument savoureux. Faussement classique (le roman date de 1987 !), on se laisse prendre au jeu de cette grande histoire d’amour un brin provocante et irrévérencieuse, dans laquelle l’héroïne se montre une femme très moderne pour son époque, qui n’hésite pas à bousculer les conventions, à faire preuve de ténacité et de courage, le plus discrètement du monde ! Quelle façon piquante de forcer le trait de quelques personnages ! Roman de la passion amoureuse, de l’hypocrisie et du faux-semblant triomphants, c’est un bonbon acidulé délicieux à croquer, et j’en redemande !

 

Mary Wesley est née en 1912 et décédée en 2002. Les éditions Héloïse d’Ormesson ont prévu de rééditer l’intégralité de son œuvre.

La pelouse de Camomille et Rose, sainte-nitouche ont aussi été repris en poche (chez J’ai lu)

 

 

 

Quelques très bon billets : Lily et ses livres, Cathulu, Clarabel

 

 

Ed. Héloïse d’Ormesson, mai 2009, 462 pages, prix : 22 €

Existe en poche

1ère parution en français en 1990, en anglais en 1987.

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Crédit photo couverture : © Marianne Spier-Donati / Rapho / Eyedea et éd. EHO.

 

 

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L'amour secret - Paola Calvetti

16 Juillet 2010, 13:43pm

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Françoise Brun

 

amour-secret.jpgCostanza, aujourd’hui âgée et retirée en Provence, après 2 mariages, vit une troisième histoire d’amour paisible. Troisième ? N’y aurait-il pas eu une autre histoire cachée, en marge et parallèle ? C’est l’objet de ce roman en partie épistolaire. Costanza écrit à sa vieille et fidèle amie Gabriella pour lui raconter comment la jeune Lucrezia, à la mort de son père, à découvert la correspondance entre les deux amants qu’ils étaient. Lucrezia décide de rencontrer Costanza, et celle-ci lui raconte leur histoire d’amour aussi tourmentée que passionnée.

 

J’ai aimé au départ le style simple et délicieusement suranné de ce roman. On entre dans les méandres d’une belle histoire d’amour passée. Rien d’extraordinaire, banal adultère, passion secrète comme on en lit partout, sur fond de décor de musique classique (l’amant est violoncelliste). L’écriture me semblait donc sauver l’ensemble. Et puis au bout d’une centaine de pages, je me suis lassée, on tourne un peu en rond, il n’y aura pas de ressort surprenant, et l’exercice perd de son charme, tout comme de sa vraisemblance.

 

De Paola Calvetti j’ai finalement préféré son premier roman, L’amour est à la lettre A.

 

Une lecture qui m’a été proposée par logo-chez-les-filles.jpg

 

Lu aussi par Emilie (qui reste mitigée), Keisha (qui est passée à côté), Anne-Sophie (qui n’a pas aimé et ne l’a pas fini), L’or des chambres (qui s’est finalement laissé emporter), et beaucoup d’autres avis sans doute, ce livre ayant fait l’objet d’un partenariat blogosphère / éditeur / Chez les filles.

 

 

 

Presses de la Cité, juin 2010, 175 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © S.Zygart et éd. Presses de la Cité

 

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Une vraie lune de miel - Kevin Canty

27 Juin 2010, 13:45pm

Publié par Laure

 

traduit de l'américain par Hélène Fournier

 

vraie-lune-de-miel.jpgExpérience ambivalente que cette lecture ! Un recueil de 13 nouvelles, qui ont pour point commun d'avoir toutes pour point de vue du récit un personnage masculin : père, enfant, mari, amant, et pour particularité de s'attarder de façon intéressante sur le cheminement de la pensée de ces narrateurs.

Histoires plutôt intimes, de relations familiales ou de couples. Tout y est quand même assez sombre et déprimant, il y est toujours question de défaite, d'échec. L'honnêteté surprenante des personnages fait mouche autant qu'elle peut déstabiliser, pourtant, ça ne fonctionne pas : je suis incapable aujourd'hui de vous résumer une seule de ces nouvelles. Je les oubliées aussitôt. Non pas à la fin du recueil, mais d'une fois sur l'autre. Rien ne marque, rien ne bouleverse, le lecteur garde une distance trop grande, on attend un coup d'éclat qui ne vient jamais. Dommage


 

Les avis similaires de Maggie76, et Aventures hétéroclites, qui comme moi l'ont lu dans le cadre d'un partenariat Albin Michel et BOB, que je remercie néanmoins !

 

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Albin Michel, coll. Terres d'Amérique, 242 pages, prix : 19,50 €

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Crédit photo couverture : © Martin San, Muntz / getty Images / et éd. Albin Michel

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Cherche auteur désespérément - Debra Ginsberg

13 Mai 2010, 16:12pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Alice Delarbre

cherche-auteur.jpgAngel Robinson est une amoureuse des livres, lectrice convaincue, qui ne lorgne absolument pas sur l’écriture (pour cela il y a déjà son petit ami Malcolm, qui peine à être publié), mais quand la librairie pour laquelle elle travaille est contrainte de fermer, il faut bien qu’elle se cherche un nouveau job. Malcolm lui déniche une petite annonce pour un poste d’assistante dans la plus célèbre agence littéraire des Etats-Unis, dirigée d’une main de fer par Lucy Fiamma. Et en effet, cette Lucy a tout d’une Cruella d’Enfer, Miranda dans le Diable s’habille en Prada. Tyrannique, capricieuse, humiliante et purement méchante avec son personnel, elle ne sait pas parler sans aboyer. Pourtant, Angel s’accroche, malgré le caractère immonde de sa patronne, et les comportements tout aussi lunatiques de ses collègues. Mais quel plaisir pour elle de découvrir un nouveau manuscrit, de le soumettre à Lucy, de le retravailler avec son auteur… le job lui plaît ! Mais quand arrive un extrait de manuscrit par mail anonyme, Angel cède à la curiosité, d’autant plus que cette histoire d’agent littéraire et d’assistante ambitieuse ressemble étrangement à la sienne…

Roman proche de la chick lit, il fait surtout découvrir tout un pan de l’édition qui n’existe pas (ou à peine) en France : le monde des agents littéraires, chargés de placer les manuscrits auprès des éditeurs, de faire monter les enchères et d’en récolter les lauriers. Angel, elle, fait plus un job de lectrice – éditrice – correctrice : elle lit, elle sélectionne, elle retravaille avec les auteurs. Le personnage de Lucy est absolument détestable, et j’avoue avoir espéré du personnage d’Angel une bonne correction, qui ne vient jamais, du moins pas sous la forme attendue. Les histoires d’amour et d’amitié d’Angel avec les auteurs apportent un peu de glamour à l’histoire, mais hélas, tout cela peine à décoller vraiment. Seul l’aspect « anonyme » du manuscrit Cherche auteur désespérément permet de maintenir le lecteur en éveil, car on a beau faire des suppositions, on ne trouve pas du premier coup, ce serait quand même trop facile.

Un premier roman qui n’a pas dû rencontrer le succès attendu car deux ans après, il n’est toujours pas en poche et on n’en entend plus parler !

Lu à sa sortie entre autres par Clarabel, et Lily, ...

 

Presses de la Cité – mai 2008 – 365 pages – prix : 20 €

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Crédit photo couverture : © Leptosome et éd. Presses de la Cité

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Je m’appelle Asher Lev – Chaïm Potok

13 Avril 2010, 20:47pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Catherine Gary et Fabrice Hélion

appelle-asher-lev.jpgLe petit Asher Lev est élevé dans une famille juive hassidique de Brooklyn, où les traditions et les valeurs occupent une place prépondérante. Sa mère, après une grave dépression, reprend des études universitaires d’histoire de la Russie avant de l’enseigner, et son père voyage à travers le monde pour sauver des juifs de la répression soviétique. Le récit démarre dans les années 50 à New-York. Asher Lev aime dessiner, tout ce qu’il voit, et tout le temps. Mais cette passion enfantine prend très vite la forme évidente d’un réel don, et c’est ce qui va faire son malheur. Asher Lev, tout au long de son enfance et de son adolescence, sera sans cesse tiraillé entre la nécessité vitale du don qui s’impose à lui, il ne peut pas exister sans peindre, et la tradition familiale hassidique qui considère l’art comme quelque chose de malsain, inutile et vulgaire. De conflits en soutiens, il sera déchiré en permanence entre le talent évident qui lui dicte de continuer, et son respect de l’autorité parentale et d’un père qui se sent humilié et sali de voir ainsi son fils perdre son temps.

Je m’appelle Asher Lev est un livre surprenant, qui devient très vite fascinant. On apprend beaucoup sur la communauté des hassidim ladovériens, sur la peinture, et le nœud du récit est bien le choix qu’il faut faire dans la vie :  toutes les décisions qui pèsent dans le récit sont très bien traduites et ressenties : la mère partagée entre son amour pour son mari et son amour pour son fils, qui tout du long passera sa vie angoissée à attendre ou l’un ou l’autre (toute la fin du livre boucle cela à merveille, via deux tableaux controversés d’Asher), la fierté d’un père devant la célébrité reconnue de son fils, mais qui trahit bien trop violemment la religion pour qu’il puisse l’accepter, un fils tiraillé entre son désir de plaire à ses parents et la nécessité de vivre SA vie, cet art qui s’impose à lui ; tout toujours sera rupture et douleur, la réussite a un prix, la vie nécessite des choix difficiles.

Je m’appelle Asher Lev fait désormais partie des classiques américains, Chäim Potok, son auteur (1929-2002) fut rabbin avant d’être un écrivain reconnu comme l’un des meilleurs romanciers de l’école juive new-yorkaise, tout comme son aîné Bashevis Singer. Il existe une suite à Je m’appelle Asher Lev : le don d’Asher Lev, écrit 18 ans plus tard.

p. 231 : « Peindre, ce n’est pas raconter une histoire. Si tu veux en raconter une, deviens illustrateur ou écrivain. Mais si tu veux être peintre, il faut que tu apprennes à utiliser la ligne, la couleur, la forme et la matière pour faire des tableaux, pas des histoires. »

Buchet Chastel, 1973, 396 pages,

Existe en poche chez 10/18, prix : 8,60 €

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Crédit photo couverture : éd. 10/18.

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Le temps suspendu - Valeria Parrella

6 Avril 2010, 14:49pm

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Dominique Vittoz

 

temps-suspendu.jpgp. 12 : « Voilà, Irene, ma fille, mourait ou naissait, je n’ai pas très bien compris : pendant quarante jours, ces mots ont désigné un seul et même état. Inutile d’interroger le corps médical, on me répondait : « Personne ne peut savoir, madame. » »

 

Maria, quarante deux ans et un paquet de cigarettes par jour depuis sa majorité, donne naissance à une petite fille, Irene, plus tôt que prévu : bien trop tôt, au bout de six mois de grossesse seulement. Le père s’en est allé dès la première échographie. Personne ne peut savoir si l’enfant vivra, ce temps passé dans les services de réanimation néonatale est un temps suspendu, un temps où Maria ne fait rien d’autre pendant quarante jours que de passer onze heures par jour à regarder la couveuse de sa fille. Elle qui donne des cours du soir en grammaire et littérature dans un centre pour adultes, étrangers ou ayant besoin d’obtenir le diplôme du brevet des collèges, elle qui raconte aussi comment elle a tout fait depuis son enfance pour être bonne élève, s’élever, sortir de la condition sociale difficile de ses parents. « Vivre au jour le jour et espérer dans l’avenir », elle ne peut plus faire grand-chose d’autre aujourd’hui.

L’autre présence forte du livre, c’est la ville de Naples, quittée dans l’enfance pour une petite ville plus tranquille, puis retrouvée, le va et vient constant entre l’enfance et sa vie d’adulte, ses relations avec ses collègues de travail et ses élèves adultes. Maria n’en oublie jamais tous ceux qui l’entourent, mères compagnes d’infortune, médecins, tous ont une place, parfois lancinante au sein du récit.

 

p. 60 : « […] soudain, le moniteur lançait une plainte continue et on voyait entrer des blouses blanches qui nous pressaient sans ménagement de quitter les lieux. En deux secondes, nous étions de retour sur les banquettes, le visage entre les mains. Puis passait un berceau en Plexiglas opaque, ouvert, où il était sans importance qu’entre de l’air ou de l’oxygène. La taille était standard, couveuse ou cercueil.

Nous avons côtoyé la mort, celle que les soldats découvrent à la guerre.

Je l’ai appelée parfois de mes vœux, pour qu’elle mette un terme à l’angoisse, qu’elle arrive claire et reconnaissable, balayant doutes et hésitations.

Et cette pensée cohabitait avec l’espoir. » 

 

J’ai découvert avec ce roman de Valeria Parrella une écriture forte et nouvelle, exigeante et simple à la fois. Sans jamais verser dans la sensiblerie, l’auteur réussit très bien ce récit du temps arrêté, suspendu, entre la naissance prématurée et le temps du retour à la maison, sans jamais de défaire de l’environnement extérieur. Ce temps qui ne se termine pas toujours bien pour tous. J’ai aimé cette façon de « dire », solitude intérieure unie à son entourage, et suis curieuse de découvrir d’autres textes de l’auteur, qui a publié un recueil de nouvelles traduit en 2009 notamment : le ventre de Naples.

 

Merci à Suzanne de logo-chez-les-filles.jpg et aux éditions du Seuil de m’avoir fait découvrir cet auteur !

 

Seuil, coll. cadre vert, avril 2010, 154 pages, prix : 16.50 €

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Crédit photo couverture : © Ricardo Demurez / Trevillion Images / et éd. du Seuil

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C'est ici que l'on se quitte – Jonathan Tropper

23 Mars 2010, 07:33am

Publié par Laure

Traduit de l'américain par Carine Chichereau


c-ets-ici-que-l-on-se-quitte.jpgPrésentation de l'éditeur : Qu'y a-t-il de pire que d'enterrer son père ? Réponse : passer la semaine qui suit enfermé avec sa propre famille de dingues... Morton Foxman s'en est allé. Mais avant de mourir, il a exprimé une dernière volonté : que sa famille célèbre la shiv'ah. Sept jours de deuil, ensemble, sous le même toit. Une perspective peu réjouissante pour ce clan qui ne s'est pas retrouvé ainsi réuni depuis... depuis quand déjà? Judd, qui nage en pleine déprime après avoir découvert sa femme en flagrant délit d'adultère, s'apprête à vivre ce qui pourrait être la pire semaine de sa vie. Il rejoint sa mère, aux talons et décolleté vertigineux; sa soeur Wendy accompagnée de ses gosses hyperactifs et de son mari continuellement scotché à son BlackBerry; son frère aîné, Paul, atrabilaire, et sa charmante épouse, avec qui Judd a pris un peu de bon temps par le passé; et enfin Phillip, le vilain petit canard, qui se fait aussi rare que discret sur ses activités... Des caractères diamétralement opposés contraints de cohabiter pendant sept jours et sept nuits. Les non-dits, les rancoeurs couvent. Et chacun de prendre sur lui pour ne pas péter les plombs. Famille, je vous hais! Heureusement, il y en a au moins un qui n'est plus là pour voir ça...


C'est une histoire de deuil et pourtant c'est drôle du début à la fin... ou presque, car il y a aussi quelques séquences émotions... C'est bien souvent complètement déjanté aussi, comme seuls peut-être les Américains savent le faire, dans une extravagance qui évacue tout complexe.

J'avais beaucoup entendu parler de cet auteur sans jamais l'avoir lu (le livre de Joe, Perte et fracas, ...), j'ai donc fait un essai avec son dernier titre paru. Et j'avoue que le début est saisissant, la scène où Judd surprend sa femme au lit avec son patron à lui est à mourir de rire, interminable et pourtant très très forte dans l'humour. Et là je me suis dit : il est très fort ce type. Hélas, j'ai un peu déchanté par la suite, car j'ai trouvé trop de longueurs au roman, ça me paraît assez inévitable au vu de le construction choisie : 7 jours enfermés dans une maison, avec des couples complètement barges, en égrenant les chapitres jour après jour et parfois presque heure par heure... même si l'on fait le tour des histoires folledingues de chacun, pas facile de se renouveler.

Ce n'est sans doute pas un roman inoubliable mais c'est roman divertissant et amusant, un roman de vacances ou de plage, un roman détente. Assez cru par moments, vous êtes prévenus. (mais ça fait partie des personnages décomplexés !)

p. 304 : "Je ne me sentirais pas à l'aise si j'essayais d'emballer une fille devant les frères de la femme mariée avec qui je viens de passer une nuit. Il faut un bon GPS pour suivre la vie sexuelle des membres de cette famille. Je me demande si les relations amoureuses sont aussi tordues chez les autres, ou si notre famille possède un don particulier pour tout compliquer".

p. 354 : "Noyer l'émotion sous la logistique. Voilà ce que nous faisons. Papa vit en chacun de nous. Eh oui, les parents peuvent continuer à vous emmerder même après leur mort : en ce sens, ils ne disparaissent jamais tout à fait. Mes frères, ma soeur et moi aurons toujours du mal à faire face à nos vrais sentiments. Avec les autres, nous arrivons à gérer jusqu'à un certain point, mais entre nous, ce sont des échecs à répétition - parfois spectaculaires. Nos connexions profondes sont trop chaotiques, c'est comme au coeur des murs de cette maison : les plombs sautent pour un oui, pour un non."


Fleuve noir, octobre 2009, 370 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : Bec Parsons / Getty Images / et éd. Fleuve Noir

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Julius Winsome - Gerard Donovan

30 Janvier 2010, 20:12pm

Publié par Laure

Traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte


julius winsomeJulius Winsome, la cinquantaine, vit seul dans un châlet au fin fond de la forêt du Maine (USA), entouré de plus de 3000 livres légués par son père, et de son chien Hobbes. Il mène une vie tranquille faite de lectures au coin du feu, de balades dans la nature, et de passion pour un glossaire typiquement shakespearien qu'il cultive avec dévotion.

De son père et de son grand-père, il a gardé une haine viscérale pour la violence et les armes à feu. Alors quand Hobbes disparaît, vraisemblablement abattu sciemment par un chasseur, Julius entre dans un engrenage infernal....

Surprenant roman qui démontre combien on ne connaît ni ne maîtrise jamais la nature humaine ! Même quand elle se veut lettrée et sage. Personnage solitaire et sauvage dans ses rares relations, Julius bascule dans une violence aussi inattendue que disproportionnée, froide et terriblement raisonnée. Les paysages, le froid, la neige, le vent, occupent une place importante dans le récit. Shakespeare aussi, élément étonnant qui vient contrebalancer dans son étude posée la tension croissante. Comment tout cela va-t-il finir ? Je vous laisse le découvrir ! Superbement écrit, et traduit.


p. 89 : « On combat l'hiver en lisant toute la nuit, tournant les pages cent fois plus vite que tournent les aiguilles, de petites roues en actionnant une plus grande pendant tous ces mois. Un hiver dure cinquante livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé, vos phrases se replient en un seul mot, le temps suspend son vol, midi ou minuit, c'est bonnet blanc ou blanc bonnet. Chaque coup d'oeil rencontre de la neige. Chaque pas s'enfonce vers le nord. Voilà l'heure du Maine, l'heure blanche. »


Seuil, février 2009, 244 pages, prix : 19,50 €

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Crédit photo couverture : © Stephen Strathdee / iStockphoto, et Seuil éd.

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La route - Cormac McCarthy

15 Novembre 2009, 07:36am

Publié par Laure

Traduit de l’américain par François Hirsch

 

Un homme et son enfant avancent seuls sur une route, dans un paysage dévasté, de cendres et de pluie. Ils ont pour seul bien un caddie qu’ils poussent, contenant quelques vieilles couvertures et quelques vivres qui s’épuisent trop vite. Ils luttent contre la pluie, le froid, la neige, la faim, mais aussi la barbarie et la haine des rares rescapés qu’ils rencontrent. Où est-on ? A quelle époque ? Que s’est-il passé ? On ne le sait pas. L’apocalypse a eu lieu, nous dit la quatrième de couverture. C’est tout. Roman d’anticipation ? De science-fiction ? Roman d’un monde possible où notre folie nous mène ? Roman de l’après 11 septembre ? Eruption volcanique qui a enseveli les hommes ? Guerre ? Bombe atomique ?

Il ne se passe rien d’autre dans ce roman, ou pas grand-chose, toujours cette avancée sur la route, dans le froid, la peur, la violence, la faim. Pourtant quel roman intrigant dès le départ ! Etrange, fascinant, sombre, noir mais percé par cet éclat lumineux de l’amour entre un père et son petit garçon.

J’ai craint passé les cinquante premières pages que le roman soit répétitif et lassant, mais non, un fil ténu vous tire pour savoir ce que ces deux font là et où ils vont. La réponse, on ne l’aura pas. On ne peut qu’imaginer, supposer, penser que. C’est peut-être ma frustration dans cette lecture, parce que si je me laisse embarquer dans une histoire, j’aime aussi en avoir toutes les clés, c’est donc ce qui mitige mon avis, sur ce qui est quand même un grand roman.

 

Plein d’avis de lecteurs sur BOB

 

Editions de l’Olivier, février 2008, 244 pages, prix : 21 €

Existe en poche.

Etoiles :

Crédit photo couverture : © scandella@IDSland.com et l’Olivier éd.

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L’amour est à la lettre A – Paola Calvetti

6 Octobre 2009, 11:54am

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Françoise Brun

Emma, divorcée et quinquagénaire, tient une librairie milanaise spécialisée en romans d’amour : Rêves&Sortilèges. Elle se passionne pour son travail, le classement des différents genres amoureux, et le décor de ses vitrines. Un beau jour surgit au magasin un ex petit ami connu trente ans plus tôt, Federico, son grand amour de jeunesse resté pourtant toujours platonique. Marié et père de famille, il est architecte et part travailler sur un grand projet à New York. Ils décident toutefois de renouer une conversation secrète, par le biais de lettres envoyées poste restante, leur plaisir de se retrouver ne saurait faire bon ménage avec leur vie publique et les nouvelles technologies. Pas d’e-mails donc, mais de bonnes et longues lettres à l’ancienne. Et une fois par an, quelques jours de retrouvailles à Belle-Ile en Mer, île bretonne.

Voilà typiquement le genre de roman léger et agréable qui file tout seul, idéal pour la plage ou la chaise longue au soleil. On y trouve finalement ce qu’on y attend, sans grande surprise, tout s’y déroule toujours bien, un rebondissement contrariant (quand même) avant une fin heureuse, parfois un peu longuet ou répétitif mais on est là pour ça : le plaisir des lettres des amants qui se racontent leur quotidien, les collègues environnants qui évoluent dans leurs histoires d’amour, la librairie idéale, Mattia le grand fils adolescent qui vole vers l’indépendance et fait un beau cadeau à sa maman : quand la littérature contemporaine est souvent noire et triste, voici un roman qu’on peut conseiller aisément aux lecteurs en quête de légèreté et d’histoire pas déprimante, mais pas complètement guimauve non plus.

Ed. Presses de la Cité, avril 2009, 381 pages, prix : 20 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Leptosome et éd. Presses de la Cité

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