Les jardins d'Hélène

La tête de l'emploi - David Foenkinos

21 Février 2014, 07:18am

Publié par Laure

De David Foenkinos, j’avais beaucoup aimé Les souvenirs, Le potentiel érotique de ma femme, et en cas de bonheur.

J’ai donc tenté avec confiance La tête de l’emploi, qui ne m’a pas autant séduite.

 

Ce dernier roman se veut sociétal et bien ancré dans la morosité actuelle due à une crise économique qui n’en finit pas. Bernard (prénom prédestiné semble penser le personnage qui en est affublé), la cinquantaine, connaît successivement un licenciement et une séparation d’avec sa femme. Condamné à survivre sans le sou, il retourne vivre chez ses parents.

On croirait là regarder pour la énième fois un reportage de Zone Interdite ou Capital, dont les chaines multiplient les exemples en ce moment. C’est un fait de société, certes.

La cohabitation avec des parents âgés engoncés dans leurs habitudes n’est pas de tout repos, quelques passages ensuite prêtent à sourire. Hélas la suite se veut sans grande surprise, c’est une lecture reposante, facile, rapide, mais dont on ne garde pas grand-chose sinon l’idée que l’auteur a voulu coller à son époque. Peut-être une pièce d’anthologie des années 2010 en France dans un demi-siècle ? Mais aujourd’hui ça manque un peu de singularité.

 

Ah et puis, on mange à quelle heure chez les parents de Bernard ? :

 

p. 118 : « Avant de quitter la chambre, ma mère marmonna qu’on m’attendait pour dîner à 20 heures précises, et me lança un sourire que je n’arrive pas à qualifier. »

Une note de bas de page précise à propos du 20 heures précises : « Il faut savoir que tout retard est passible de peine de mort ».

 

p. 154 : « Écoute, si tu veux vivre ici, tu es le bienvenu. Mais tu respectes nos règles. Et le soir, la règle, c’est que nous dînons à sept heures précises.

- oui, je sais. Excuse-moi.

- Tu sais bien qu’il faut éviter de contrarier ton père. », ajouta ma mère.

 

Moi je suis perdue dans la précision ! :-)

 

Avantages quand même : un format semi-poche à un prix raisonnable, et un format plus maniable qu’un gros broché. Une attention pour les lecteurs en temps de crise !

 

 

 

J’ai Lu, janvier 2014, 285 pages, prix : 13,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Ute Mans / Plainpicture et éd. J’ai Lu

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Cœur de pierre – Séverine Gauthier (scénario) et Jérémie Almanza (ill.)

20 Février 2014, 09:46am

Publié par Laure

Un coup de cœur pour ce cœur de pierre !

Cet album BD emprunte à différents genres, se démarquant des cases habituelles (formats et découpages différents) et sans bulles : le texte poétique (il y a des rimes !) se rapproche du conte, récit à la troisième personne tout du long. Chaque illustration est un tableau en soi, riche de détails, d’ombres, de couleurs faisant sens avec le texte. On pense aussi inévitablement à l’univers de Tim Burton.

Qu’en est-il de l’histoire ? Un petit garçon nait avec un cœur de pierre : il ne connaîtra jamais de sentiments. « À dix ans seulement, il avançait voûté, sous le poids d’un cœur bien trop lourd à porter » (p. 6). Le même jour naissait une petite fille au cœur d’artichaut : « On n’avait jamais vu une enfant si heureuse. Elle passait son temps à tomber amoureuse » (p.10). Mais que de souffrance quand elle rencontrera le petit garçon au cœur de pierre qui par définition ne peut l’aimer ! Alors que tout près passe un petit garçon au cœur d’or….

 

Une histoire à la fois sombre et lumineuse, comme les illustrations et les couleurs qui en sont le miroir, un conte sur l’amour et la douleur des sentiments non partagés, sur l’attention à l’autre et la solitude : un album somptueux qui séduira tout le monde, enfants comme adultes, une valeur sûre que l’on relira assurément.

 

 

Delcourt jeunesse, mars 2013, 31 pages, prix : 9,95 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Jérémie Almanza et éd. Delcourt

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en coup de vent, 8 ans

17 Février 2014, 20:36pm

Publié par Laure

 

Ce blog a 8 ans aujourd'hui.

 

euh, c'est à peu près tout l'effet que ça me fait :-)

je resigne avec moi-même pour une 9ème année, même si le rythme n'y est plus tout à fait....

(merci aux fidèles, et plus encore aux fidèles silencieux qui osent parfois, pour tous ceux qui n'osent pas, vous êtes là, et c'est bien - merci aux curieux, aux passants furtifs, vous êtes là aussi)

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L’invitation faite au loup – Christian Oster

13 Février 2014, 16:59pm

Publié par Laure

Illustrations d’Anaïs Vaugelade

 

Le cochon aime bien sortir se promener à la nuit tombée quand tout le monde dort. Mais hélas il rencontre trop souvent le loup, qui n’a bien sûr qu’une envie : le croquer. Le cochon va donc lui proposer un marché : le loup doit se rendre à la ferme passer une épreuve d’intelligence et la gagner, le cochon s’offrira alors à lui pour être mangé, mais s’il la perd, il laissera le cochon en paix définitivement. Ça semble honnête… Il ne devra pas non plus croquer les autres animaux, c’est son sens de l’honneur qui est engagé.

 

L’épreuve est basée sur des jeux de kermesse … et de mots. (Ainsi le loup devra trouver que le paon pane (une escalope), que le chat chatte (sur le net) etc. Le lecteur ricane déjà, car bien entendu, il a déjà compris ce qui arrivera au loup à la toute dernière épreuve (à votre avis, qu’est-ce qu’il fait le loup ? il l…. chut !!)

 

Un roman pour les premières lectures (dès 7 ans) drôle et malicieux, très bien illustré par Anaïs Vaugelade (pauvre loup, il a toujours l’air ridicule ou en piteux état, les scènes de nuit sont imprimées en lettres blanches sur fond bleu, les couleurs sont vives). Un bel ensemble joyeux pour le plaisir des mots (avec une dernière pirouette finale qui ne manque pas de laisser le loup perplexe et le lecteur complice amusé) et pour apprendre en s’amusant ce qu’est le sens de l’honneur et de l’engagement.

 

 

L’école des loisirs, coll. Mouche, octobre 2013, 45 pages, prix : 7 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Anaïs Vaugelade et l’école des loisirs.

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L'été des lucioles - Gilles Paris

10 Février 2014, 15:52pm

Publié par Laure

Victor, 9 ans, a la particularité d'avoir un papa et deux mamans : Claire, sa mère, libraire passionnée et Pilar, l'amie peintre qui vit avec elle. Le papa est parti mais n'a pas rompu tous les liens.

L'été des lucioles, c'est l'histoire d'un été, de vacances en résidence à Roquebrune-Cap-Martin, l'histoire de rencontres avec d'autres enfants au bord de la mer, des adultes hauts en couleurs, d'échappées sur le sentier des douaniers et de visites secrètes dans les grandes villas mystérieuses de riches propriétaires. Si l'abord est doux et innocent, le secret n'en est pas moins dramatique. Pourtant, point de noirceur, au contraire, une atmosphère feutrée, lumineuse se dégage du roman.

Pour la quatrième fois consécutive, Gilles Paris a choisi la voix d'un enfant pour sonder le monde des adultes, observer la vie sans jugement mais avec une acuité certaine pour son jeune âge.

Pourquoi les jumeaux ont-ils les clés de ces mystérieuses maisons fermées, pourquoi le père de Victor refuse-t-il de mettre les pieds dans cet appartement laissé par sa sœur Félicité … ? entre orages d'été et invasion de lucioles, c'est un dénouement totalement inattendu qui s'offre au lecteur.

Une belle surprise que cette lecture, dans une bulle un peu hors du temps, apaisante, rêveuse, qui ramène à l'aventure insouciante de l'enfance, un très beau roman d'apprentissage !

 

Et cette phrase que l'on garde en mémoire longtemps après, même si elle ne prend touts on sens qu' à la toute fin du roman, elle cultive cette part de rêve et de légèreté qu'on aimerait garder :

« La vie sans magie, c’est juste la vie » (p.220)

 

 

p. 171 : « Je sais que les livres consoleront maman de l’absence de Pilar, comme ils l’ont guérie du mari qui ne voulait pas grandir. Lire, c’est un refuge pour se cacher des autres. »

 

Vendredi 7 février, Gilles Paris rencontrait ses lecteurs à la librairie Doucet au Mans. Travail oblige, je suis arrivée très en retard, mais j'ai aimé l'écouter donner des détails sur les personnages et ces fameuses villas riches d'histoires. Félicitations également à Marie-Josée pour l'interview !

 

 

 

Ed. Héloïse d’Ormesson, janvier 2014, 221 pages, prix : 17 €

Crédit photo couverture : © Emmanuel Pierrot pour Bonbek / Agence VU’ et éd. EHO.

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Le temps file...

1 Février 2014, 17:11pm

Publié par Laure

 

Je manque à toutes mes obligations, y compris les plus élémentaires, remercier correctement pour un cadeau, répondre aux mails, envoyer des cartes...

 

Le temps file (trop vite). (Ce n'est pas une excuse)

 

Janvier nous a happés dans une reprise chargée, des tourbillons professionnels compliqués,  nous a étourdis par le décès brutal d'un proche et les funérailles au loin,

 

les livres sont toujours présents, mais le blog n'est pas le centre de mes préoccupations.

 

dans le gris et la pluie de ce mois, il y a eu de belles couleurs, un cadeau, un livre artisanal, des fleurs : merci merci merci  Isabelle !

je suis une taiseuse de prime abord, mais je n'en pense pas moins.

 

 

 

 

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L'une et l'autre - Anne Crausaz

29 Janvier 2014, 08:19am

Publié par Laure

Quand on est les meilleures amies du monde, faut-il pour autant en tout point être comme l'autre ? Faire les mêmes choses au même moment, tout partager ? Ne peut-on garder sa singularité tout en cultivant cette belle amitié ?

 

C'est à cette question que répond l'album d'Anne Crausaz qui met en scène deux couleuvres différentes mais néanmoins proches. Il est parfois difficile de ne pas frémir quand on a un tant soit peu d'aversion pour ces bestioles ! Les enfants seront-ils plus spontanés et téméraires ?  L'histoire, poétique, les dessins, soignés, simples, faisant la part belle aux couleurs de la nature et aux animaux que l'on rencontre plus fréquemment chez Anne Crausaz (l'escargot Raymond, le hibou, ...) participent de la beauté de l'album, tout comme la qualité du papier, épais et de belle couleur, mais cela est habituel chez MeMo.

Un bel album sur l’amitié, les différences, l'individualité, la découverte des bonheurs de la vie.

 

MeMo, octobre 2013, prix : 14,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Anne Crausaz et éd. MeMo

 

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Le chien qui louche – Etienne Davodeau

28 Janvier 2014, 14:48pm

Publié par Laure

Fabien est agent de surveillance au Musée du Louvre. Selon les plannings, il est en charge de telle ou telle salle, l’occasion pour le lecteur de profiter d’une belle visite !

Fabien est amoureux de Mathilde, plutôt indépendante, ils ne vivent pas ensemble, mais elle le présente tout de même à sa famille, le clan des hommes Bénion, père, grand-père et frères, artisans du meuble de père en fils dans une bourgade angevine.

Les préjugés sur le monde de l’art et le monde rural, sur la pénibilité ou le « sérieux » des métiers sont finement observés. Et Fabien n’est pas dans l’embarras quand sa belle-famille lui déniche une vieille toile du grenier et lui demande de la faire entrer au Louvre, histoire de consacrer l’aïeul qui a peint ce chien qui louche et de vérifier la bonne volonté du futur beau-frère à entrer dans la famille.

Mais ce n’est pas si simple, qui décide qu’une œuvre n’est pas une vulgaire croute ? Fabien n’est pas tiré d’affaire ! Il va pouvoir compter sur le soutien d’un fidèle ami du Louvre : Monsieur Balouchi, et sa société secrète …

J’ai aimé le dessin, tout de noir et nuances de gris, les traits des visages, très expressifs, l’observation du genre humain (les visiteurs d’un musée ne regardent plus les œuvres, ils regardent l’écran de leur appareil photographiant l’œuvre, il n’est pas rare de voir des nuées de bras levés, tendant un compact numérique ou un encombrant Ipad), j’ai moins aimé la tournure prise par le scénario, loufoque et tiré par les cheveux.

Mais la justesse des situations psychologiques l’emporte, non sans une pointe d’humour, et l’on prend bien du plaisir en passant à revisiter quelques sculptures du Louvre.

 

Futuropolis / Louvre éditions, octobre 2013, 135 pages, prix : 20 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : ©Etienne Davodeau et Futuropolis / Louvre éd.

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Alors voilà : les 1001 vies des Urgences – Baptiste Beaulieu

27 Janvier 2014, 21:20pm

Publié par Laure

J'ai dans mon agrégateur de flux RSS quelques blogs de médecins, mais pas celui de Baptiste Beaulieu qui porte le nom de son livre : alors voilà. Je ne ferai donc pas de comparaison avec son blog - que je ne connaissais pas - , comme j'ai pu en lire sur des billets ici ou là, je m'arrêterai au livre seul.

Alors voilà est un recueil de perles de métier, enfin c'est comme cela que je l'ai perçu. Avec des anecdotes drôles et d'autres plus tristes, des ironiques ou des cyniques, et un fil conducteur qui lie le récit : une même patiente que l'on suit sur les sept jours de cette immersion aux Urgences (et quelques autres étages de l'hôpital). Si j'avais aimé le livre de Jaddo, Juste après dresseuse d'ours, je suis un peu plus réservée sur celui-ci, qui reste trop en surface des historiettes, là où sa consœur se voulait plus piquante sur le système par la réflexion qu'elle sous-tendait. Pas grave, mais ça limite le récit à la rubrique « perles de métier » comme on connait tous quelles que soient nos professions.

Léger, et assez vite oublié.

 

Fayard, octobre 2013, 380 pages, prix : 17 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Paul Raymon Cohen et Librairie Arthème Fayard.

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Ma mère, mon bourreau - Julie Gregory

27 Janvier 2014, 20:50pm

Publié par Laure

Traduit de l'américain par Emilie Rofas

 

Ce titre avait ceci pour m'intéresser qu'il traite du syndrome de Münchhausen par procuration, ou comment une mère, invente des maladies à sa fille et l'amène consulter des tas de médecins qu'elle juge incompétents, comment elle maltraite violemment tant physiquement que psychologiquement sa fille parce qu'elle est atteinte de cette maladie psychiatrique que personne d'emblée n'irait déceler, puisqu'elle ne consulte pas pour elle mais pour les pseudo maladies de sa fille. Maligne et manipulatrice.

Le récit est celui de l'enfant devenue grande, adulte, elle revient sur tout ce qu'elle a enduré.

Hormis les quelques pages de préface explicatives écrites par un médecin décrivant le syndrome de Münchhausen par procuration, on est bien là dans un témoignage façon histoires vraies, qui émouvra dans les chaumières. Dommage toutefois que l'auteur devenue adulte ne prenne pas davantage de recul pour tenter d'analyser, le récit est sans doute une bonne thérapie pour elle (et se borne à cela), mais pour le lecteur il a surtout un côté malsain offrant voyeurisme et sensationnalisme. Des faits, narrés pour émouvoir, mais sans tentative d'aller au-delà pourtant, le sujet est intéressant (on aimerait comprendre le mécanisme de cette maladie), mais il se limite à une histoire comme il en existe tant d'autres (oui, je pèse mes mots). Je ne dis pas que les faits ne sont pas graves, je dis qu'ils relèvent du témoignage qui n'éclaire pas davantage.

 

Extrait : «Je l'écoute énumérer la liste de mes symptômes et devine qu'elle en a inventé certains. Assise au bord de la table d'examen, les yeux rivés sur mes genoux, je sens alors les mots de la vérité monter dans ma gorge, envahir ma bouche et se bousculer pour sortir ; je les sens qui s'écrasent les uns contre les autres et finissent par se briser contre mes dents – les mots de la vérité que je n'ai pas le droit de dire. […]

Clic. Faux, je n'ai pas mal à la gorge tous les jours. C'était juste hier. Clac. Je n'avais pas 39°C de fièvre hier soir.

Clic, clac. Faux, je ne vais pas à l'infirmerie tous les jours. »

 

 

(Titre original : Sickened, New-York 2003)

L'Archipel 2006 pour la traduction française

 

Archipoche, mars 2011, 320 pages, prix : 7,65 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Archipel

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