C'est ici que l'on se quitte – Jonathan Tropper
Traduit de l'américain par Carine Chichereau
Présentation de l'éditeur : Qu'y a-t-il de pire que d'enterrer son père ? Réponse : passer la semaine qui suit enfermé avec sa propre famille de dingues... Morton Foxman s'en est allé. Mais avant de mourir, il a exprimé une dernière volonté : que sa famille célèbre la shiv'ah. Sept jours de deuil, ensemble, sous le même toit. Une perspective peu réjouissante pour ce clan qui ne s'est pas retrouvé ainsi réuni depuis... depuis quand déjà? Judd, qui nage en pleine déprime après avoir découvert sa femme en flagrant délit d'adultère, s'apprête à vivre ce qui pourrait être la pire semaine de sa vie. Il rejoint sa mère, aux talons et décolleté vertigineux; sa soeur Wendy accompagnée de ses gosses hyperactifs et de son mari continuellement scotché à son BlackBerry; son frère aîné, Paul, atrabilaire, et sa charmante épouse, avec qui Judd a pris un peu de bon temps par le passé; et enfin Phillip, le vilain petit canard, qui se fait aussi rare que discret sur ses activités... Des caractères diamétralement opposés contraints de cohabiter pendant sept jours et sept nuits. Les non-dits, les rancoeurs couvent. Et chacun de prendre sur lui pour ne pas péter les plombs. Famille, je vous hais! Heureusement, il y en a au moins un qui n'est plus là pour voir ça...
C'est une histoire de deuil et pourtant c'est drôle du début à la fin... ou presque, car il y a aussi quelques séquences émotions... C'est bien souvent complètement déjanté aussi, comme seuls peut-être les Américains savent le faire, dans une extravagance qui évacue tout complexe.
J'avais beaucoup entendu parler de cet auteur sans jamais l'avoir lu (le livre de Joe, Perte et fracas, ...), j'ai donc fait un essai avec son dernier titre paru. Et j'avoue que le début est saisissant, la scène où Judd surprend sa femme au lit avec son patron à lui est à mourir de rire, interminable et pourtant très très forte dans l'humour. Et là je me suis dit : il est très fort ce type. Hélas, j'ai un peu déchanté par la suite, car j'ai trouvé trop de longueurs au roman, ça me paraît assez inévitable au vu de le construction choisie : 7 jours enfermés dans une maison, avec des couples complètement barges, en égrenant les chapitres jour après jour et parfois presque heure par heure... même si l'on fait le tour des histoires folledingues de chacun, pas facile de se renouveler.
Ce n'est sans doute pas un roman inoubliable mais c'est roman divertissant et amusant, un roman de vacances ou de plage, un roman détente. Assez cru par moments, vous êtes prévenus. (mais ça fait partie des personnages décomplexés !)
p. 304 : "Je ne me sentirais pas à l'aise si j'essayais d'emballer une fille devant les frères de la femme mariée avec qui je viens de passer une nuit. Il faut un bon GPS pour suivre la vie sexuelle des membres de cette famille. Je me demande si les relations amoureuses sont aussi tordues chez les autres, ou si notre famille possède un don particulier pour tout compliquer".
p. 354 : "Noyer l'émotion sous la logistique. Voilà ce que nous faisons. Papa vit en
chacun de nous. Eh oui, les parents peuvent continuer à vous emmerder même après leur mort : en ce sens, ils ne disparaissent jamais tout à fait. Mes frères, ma soeur et moi aurons toujours du
mal à faire face à nos vrais sentiments. Avec les autres, nous arrivons à gérer jusqu'à un certain point, mais entre nous, ce sont des échecs à répétition - parfois spectaculaires. Nos connexions
profondes sont trop chaotiques, c'est comme au coeur des murs de cette maison : les plombs sautent pour un oui, pour un non."
Fleuve noir, octobre 2009, 370 pages, prix : 19 €
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Crédit photo couverture : Bec Parsons / Getty Images / et éd. Fleuve Noir