La séquestrée - Charlotte Perkins Gilman (1860-1935)
Traduction (de l’anglais – USA) et postface de Diane de Margerie.
Titre original : the yellow wallpaper
Annoncé comme un chef-d’œuvre par Cathulu et revu ici ou là dans des revues, je me suis arrêtée sur cette très courte nouvelle de Charlotte Perkins Gilman datant de 1890, une quarantaine de pages augmentées d’une lumineuse postface.
Car je l’avoue, sans les notes de Diane de Margerie, j’aurais peu goûté cette œuvre.
Une jeune femme souffrant de dépression post-partum est conduite et contrainte au repos par son mari médecin dans une chambre d’enfants bien étrange, au papier peint jaune mouvant qui la fait délirer. Dans une maison louée pour l’été et abandonnée dans un bien curieux état, cette jeune mère est privée de tout, soi-disant pour son bien…
Etrange et fantastique, je reste sur ma faim, peu satisfaite par cette nouvelle.
Puis Diane de Margerie explique le contexte de son écriture. Il semble que l’auteur se sentait bien proche de son personnage, ayant elle-même souffert de sa maternité et de dépression postnale alors que ce genre de traitement semblait logique… Si perturbée par cette maternité, elle abandonnera d’ailleurs sa fille à son mari (et sa nouvelle compagne qui n’est autre que sa meilleure amie) lors de son divorce. Contemporaine d’Alice James (la sœur d’Henry James) et d’Edith Wharton, elle livre d’intéressantes idées sur la société de l’époque et l’écriture féminine pas toujours acceptée (parce que synonyme d’indépendance et de liberté de pensée), tout comme dans sa nouvelle où le mari interdit à sa femme toute activité de l’esprit, écriture et lecture. Il s’agit donc bien d’un tableau de la femme soumise à son époux et trop souvent vouée au sacrifice. Féministe avant l’heure, elle s’est intéressée de près à ces questions sociales en devenant conférencière sur les Droits de la Femme, plus épanouie et libre lors de second mariage.
Un petit livre qui vaut le détour (ça ne fait jamais de mal de revenir aux classiques) mais qui pour ma part est indissociable du travail de Diane de Margerie si l’on veut pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.
Elles l’ont lu : Lily et Cathulu
Phébus, coll. Libretto, mars 2008, 97 pages, prix : 6,50 €
Ma note : 4/5
Crédit photo couverture : Edgar Degas, Monsieur et Madame Edouard Manet, 1868-1869, et éditions Phébus