Les jardins d'Hélène

Un été sans maman – Grégory Panaccione

30 Mars 2020, 16:40pm

Publié par Laure

Une petite fille passe un été chez des amis de sa mère, elle ne les connaît pas et ils ne parlent pas sa langue. Mais sur cette côte italienne, elle va néanmoins apprivoiser le père bourru au premier abord, jouer avec le chien, et faire la connaissance d'un petit garçon sur la plage, qui va devenir son copain de jeux et d'aventure. Car des choses étranges se produisent : des poissons qui marchent, un visage sur pieds apparaît, un univers fantastique se mêle au quotidien jusque là ordinaire de la petite fille.

 

L'album entièrement en noir et blanc est quasi sans texte (rappelez-vous, Grégory Panaccione est le dessinateur d'Un océan d'amour, sans texte mais avec Lupano au scénario), mystérieux et un peu opaque. J'ai eu du mal à entrer dans cet univers fantaisiste dont seules les quelques phrases finales, à l'issue de la BD, donnent une explication historique.

 

Le dessin est plaisant, mais je n'ai pas trop accroché au scénario, trop imaginaire à mon goût …

 

 

 

Delcourt, coll. Shampooing, janvier 2019, 276 pages, prix : 19,99 €, ISBN : 978-2-413-01347-1

 

 

 

 

Crédit photo couverture : © Grégory Panaccione et éd. Delcourt

 

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Le manteau de neige – Nicolas Leclerc

24 Mars 2020, 10:15am

Publié par Laure

Katia, 16 ans, est haptophobe du plus loin qu’elle s’en souvienne, c’est-à-dire qu’elle ne peut supporter aucun contact physique, ce qui complique bien évidemment ses relations sociales et familiales, particulièrement avec sa mère, avec qui elle est en conflit permanent.

 

La situation s’aggrave après les funérailles de son grand-père, qui a succombé à une mort violente, poignardé par sa femme qui était pourtant dans un état catatonique depuis trente ans. Katia est en proie à deux fantômes qui la conduisent à des actes violents envers ses camarades et envers elle-même, elle est comme possédée. Humiliée, elle quitte son établissement scolaire. Ses parents sont partagés sur l’aide à lui apporter, dès lors qu’on a affaire au paranormal, passion et raison se déchainent.

 

Je suis dès lors sortie de ma zone de confort, le spiritisme et le paranormal n’étant pas du tout dans mes habitudes de lecture ni même dans mes centres d’intérêt. La violence qui en ressort peut déranger, surtout dans la première moitié du roman. Mais les points de vue abordés et le respect de chaque approche font que ça fonctionne, on est hameçonné jusqu’au bout de ce thriller qui joue avec l’horreur jusqu’à la fin. Sans doute parlera-t-il davantage aux habitués des romans fantastiques et aux fans de Stephen King, néanmoins il faut reconnaitre que l’intrigue tient en haleine, même si on peut regretter une surenchère dans la violence et les atrocités commises ainsi que dans le dénouement choisi, surprenant mais en forme de pirouette facile ?

 

Le manteau de neige est un premier roman parfaitement maitrisé.  

 

 

Seuil, février 2020, 349 pages, prix : 19 €, ISBN : 978-2-02-142690-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. du Seuil

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Préférer l’hiver – Aurélie Jeannin

23 Mars 2020, 12:16pm

Publié par Laure

Une mère et sa fille décident de se retirer dans une cabane dans la forêt, pour surmonter leur douleur respective et commune. Chacune a perdu son fils, l’une a donc aussi perdu son frère et l’autre son petit-fils. On découvrira doucement comment mais là n’est pas l’important.

 

Préférer l’hiver est un roman introspectif et contemplatif. La langue est belle, on y trouve des réflexions sur la nature, la rigueur de l’hiver, la solitude, la lecture, la souffrance, mais il ne se passe strictement rien d’autre que cet enchainement de pensées émanant de la fille.

 

Parfois ce n’est juste pas le bon livre au bon moment, mais celui-ci n’était pas pour moi. Je me suis forcée à le finir, et bien que je reconnaisse la qualité de l’écriture, je me suis tellement ennuyée que ce fut un supplice, peine que j’aurais dû m’épargner, l’autrice le dit elle-même vers la fin de l’ouvrage.

 

Extraits :

p. 40 « Maman distingue les écrivains et les romanciers. Elle dit que les romanciers savent raconter des histoires. Que ce qui importe aux écrivains, ce sont les mots, leur enchainement et leur rythme. Ceux qui excellent dans les deux, elle les appelle les auteurs. Et j’adore la voir savourer leur œuvre auprès du feu. »

 

p. 49 : « Nous parlons peu de nos lectures, solitaires ou partagées. Nous trouvons que commenter les romans les assèche. En revanche, nous adorons relever certaines phrases qui nous ont marquées. »

 

p. 63 : « Notre vie aujourd’hui ressemble à celle d’un pays en guerre. Nous vivons avec peu de choses, coupées du monde. Nous ne communiquons plus avec l’extérieur, et l’humain représente le plus souvent une menace. »

 

 

 

 

 

 

HarperCollins, coll. traversée, janvier 2020, 240 pages, prix : 17 €, ISBN : 979-10-339-0447-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © HarperCollins

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Marche blanche – Claire Castillon

22 Mars 2020, 14:56pm

Publié par Laure

« Hortense a disparu le 23 janvier 2008 à 16h20 », échappant trente secondes à la vigilance de sa mère, le temps de compter jusqu’à vingt-sept pour une partie de cache-cache. Un enfant l’a vue, emportée par un « petit homme sec ».

La vie des parents d’Hortense s’effondre, et chaque année revient cette marche blanche pour elle, ces photos d’elle au visage vieilli imprimées sur les briques de lait dans l’espoir de nouvelles pistes, car « Tant qu’on ne nous apporte pas les preuves de sa mort, elle est vivante. Et moi, tant qu’elle n’est pas vivante, je suis morte. Il n’aime pas que je lui réponde des inepties. » (p.20/153 en numérique)

 

Dix ans plus tard emménage dans le pavillon d’en face une nouvelle famille, avec deux enfants, dont une ado de quatorze ans, Hélène. Elle a pile l’âge qu’aurait Hortense et la mère dévastée en est certaine, c’est sa fille qui est revenue, qui habite en face. Elle va la récupérer.

 

« Il y a seulement la fille, sous mes yeux, qui vient d’emménager en face. Ça fait deux fois que j’en suis sûre. Deux fois, c’est bien. Tout à l’heure déjà, j’ai reconnu son port de tête, sa course, ses cheveux. Le tableau vivant n’est pas seulement ressemblant, il est d’abord troublant, puis absolument vrai. Et alors ? » (p. 10/153 en numérique)

 

Et là se déroule le talent de Claire Castillon, de nous emporter dans la folie de cette mère, toujours plus loin, toujours plus vraie, on doute, on y croit, on comprend les dégâts psychologiques irréversibles que causent le deuil d’un enfant et l’absence de réponse, et puis petit à petit, un pressentiment s’insinue… la fin surprendra ceux qui ne l’auront pas vu venir, et confirmera aux autres (dont je fus, j’ai pensé à Tom est mort de Marie Darrieussecq (P.O.L, 2007) tout du long), que l’autrice est brillante dans son analyse psychologique, glaçante jusqu’à la dernière ligne. Cette fin qui remet l’ensemble en perspective et donne une nouvelle clé à la lecture.

 

Bref mais efficace.

 

 

 

Gallimard, janvier 2020, 176 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-07-284043-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard.

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Les livres d’Emmett Farmer – Bridget Collins

16 Mars 2020, 18:18pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Dominique Defert

 

Emmett travaille à la ferme de ses parents et se remet d’une maladie qui l’a laissé très affaibli lorsqu’il reçoit une lettre le conviant à devenir apprenti enlivreur auprès d’une vieille dame, qui va lui enseigner les rudiments de son art et de la fabrication des livres dans son atelier.

Il lui est impossible de refuser. Ainsi démarre sa nouvelle vie auprès de Seredith. « La femme était vieille et squelettique, avec des cheveux blancs, un visage parcheminé, des lèvres presque aussi pâles que ses joues. »

 

Elle lui explique ainsi son métier : « On enlivre ce dont les gens ne veulent plus se rappeler. Ce qui est trop lourd à porter. On met leurs souvenirs là où ils ne peuvent plus faire de mal. Ils nous livrent leurs souvenirs. Et on les délivre. Voilà notre travail ! »

Elle exerce gratuitement, dans un souci altruiste, alors que d’autres ont vu l’intérêt d’un business dans cet art de la thérapie, proche de la fantasy dans ce roman bien évidemment, mais qui peut faire penser aux amnésies traumatiques, à la psychothérapie et à la psychanalyse.

 

Emmett apprend ce métier jusqu’à ce qu’il découvre un livre à son nom, montrant qu’il a lui-même été enlivré. Et c’est par le biais d’un retour en arrière que l’autrice nous livrera les souvenirs qu’il a enfermés dans son livre. Une belle histoire d’amour contrariée, et refusée par sa famille.

 

Les récits de fantasy ne sont pas ma tasse de thé, mais j’ai été séduite dès le départ par celui-ci, par l’écriture, l’histoire, les personnages secondaires qui gravitent autour d’Emmett. Et j’ai aimé l’idée que dans cette histoire, des faussaires attirés par le gain créentt de toute pièce de faux livres, fausses histoires d’enlivrés qu’on appelle alors … des romans !

 

Une sortie plutôt réussie de ma zone de confort !

 

Je vous le conseille si vous aimez les atmosphères mystérieuses sans date mais un brin denses et troubles, les histoires d’amour somme toute classiques et les sujets originaux…

 

Les Livres d’Emmett Farmer est le premier roman de Bridget Collins qui écrivait auparavant pour la jeunesse.

 

 

 

JC Lattès, octobre 2019, 526 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-7096-6180-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Manon Bucciarelli et éd. JC Lattès

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Février 2020 en couvertures ...

29 Février 2020, 21:50pm

Publié par Laure

Tout petit mois, pas envie, plus de séries, voici les rescapés :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Une histoire de France – Joffrine Donnadieu

27 Février 2020, 16:17pm

Publié par Laure

Joffrine Donnadieu n’avait pas encore trente ans quand paraissait ce premier roman fulgurant, aussi dérangeant que bien écrit, d’une construction maîtrisée qui laisse toute sa place à une écriture au scalpel, précise, qui évolue avec son personnage. Bref, le fond et la forme s’allient pour une histoire de France qui est autant celle d’un personnage (prénommé France) que celle d’une petite fille (Romy), mais aussi celle d’un pays, cette France sociale des bases militaires et des usines Kléber d’une ville moyenne de l’Est dans les années 2000.

 

Romy a neuf ans en 1999, un père souvent absent pour cause de missions militaires dont il surmonte les horreurs en buvant trop, une mère souvent hospitalisée souffrant de la maladie de Crohn, elle est donc souvent gardée par la voisine, France, épouse d’un militaire comme son père.

Mais France abuse de la petite Romy, la scène de viol qui ouvre le roman est difficilement soutenable et donne le ton. Et elles seront nombreuses sur ce Chemin des Dames qui titre la première partie, jusqu’à la mutation outre-mer du couple. C’est alors que commence cette guerre 14-18 (titre de la deuxième partie), guerre contre le mal subi, à un âge (14-18 ans) qui n’est pas d’or mais ne devrait pas être aussi violent : Romy s’enfonce dans la boulimie, l’anorexie, les tentatives de suicide, en lutte contre elle-même et son corps ennemi, et cet attachement à une France disparue qui était peut-être sa seule trace d’amour, face à l’incompréhension et le désintérêt de ses parents, en proie à leurs propres fantômes.

 

L’autrice n’épargne rien au lecteur jusqu’au bout de sa troisième et dernière partie, une « gueule cassée » qui de l’hôpital psychiatrique aux dérives de plus en plus rudes n’est jamais sûre de se reconstruire.

 

La littérature permet de démonter ici de manière brillante, juste et implacable les désastres causés par la pédocriminalité, rarement évoquée au féminin du côté du bourreau, mais aussi de montrer un couple en déliquescence, englué dans une vie subie. Le réalisme est redoutable mais nécessaire.

 

Moi qui trouve souvent les romans français contemporains fades et sans audace, me voici réconciliée avec une littérature courageuse, qui dérange et pointe du doigt ce que trop souvent l'on glisse sous le tapis, avec les dégâts que l'on sait.

 

A lire sans hésiter si vous avez le cœur bien accroché.

 

 

Gallimard, août 2019, 266 pages, prix : 19,50€, ISBN : 978-2-07-284692-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard. Bandeau de couverture d’après photo © Céline Nieszawer

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Ma magie à moi - Gaia Guasti et Simona Mulazzani (ill.)

25 Février 2020, 13:55pm

Publié par Laure

 

 

 

 

Un album tendre qui raconte le déroulé d'une journée à travers les yeux d'un tout-petit.

 

Magie des mots, de l'illustration, de l'imaginaire et du regard de l'enfant. Simple et beau !

 

(dès 2 ans)

 

 

Nathan, janvier 2020, 28 pages, prix : 12,95 €, ISBN : 978-2-09-259323-3

 

 

 

Crédit photo couverture :  Simona Mulazzani et éd. Nathan

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14 ans....

17 Février 2020, 20:11pm

Publié par Laure

14 ans....

Je suis toujours là sans y être, je n'ai plus qu'un seul commentateur depuis quelques mois (merci Laurent !wink) , je ne lis pas autant que je le souhaiterais ... Bref.. ce blog a 14 ans aujourd'hui. 

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Un gâteau au goûter - Christian Voltz

7 Février 2020, 09:43am

Publié par Laure

Monsieur Anatole a invité Mademoiselle Blanche à goûter. Il prépare un gâteau, mais c'est compliqué, il n'arrive à rien.


Arrive le cochon, qui lui propose son aide : " Comme disait ma mamie, pour un gâteau qui épate, mets-y quelques patates !". Des patates, vraiment ? Et défilent ainsi le lapin, la souris, la grenouille et les dictons de leurs grands-mères. Quand la grenouille (à grande bouche ?) veut y mettre des mouches, c'en est trop.
Et le lecteur amusé voit se profiler la bonne soupe de légumes. Et de chute en chute, le sourire s'élargit, jusqu'à la dernière page de garde.


Comme toujours chez Christian Voltz, le dessin est construit d'objets de récup et de bidouilles, bouts de tissus et fil de fer.


Un bel album, parfait dès 4/5 ans. Libre à vous ensuite de faire l'une des recettes suggérées !

 

 

 

 

 

Pastel, avril 2019, prix : 12 €, ISBN : 978-2-211-23769-7

 

 

 

Crédit photo couverture : L'école des loisirs / pastel et Christian Voltz

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