Les jardins d'Hélène

Marche blanche – Claire Castillon

22 Mars 2020, 14:56pm

Publié par Laure

« Hortense a disparu le 23 janvier 2008 à 16h20 », échappant trente secondes à la vigilance de sa mère, le temps de compter jusqu’à vingt-sept pour une partie de cache-cache. Un enfant l’a vue, emportée par un « petit homme sec ».

La vie des parents d’Hortense s’effondre, et chaque année revient cette marche blanche pour elle, ces photos d’elle au visage vieilli imprimées sur les briques de lait dans l’espoir de nouvelles pistes, car « Tant qu’on ne nous apporte pas les preuves de sa mort, elle est vivante. Et moi, tant qu’elle n’est pas vivante, je suis morte. Il n’aime pas que je lui réponde des inepties. » (p.20/153 en numérique)

 

Dix ans plus tard emménage dans le pavillon d’en face une nouvelle famille, avec deux enfants, dont une ado de quatorze ans, Hélène. Elle a pile l’âge qu’aurait Hortense et la mère dévastée en est certaine, c’est sa fille qui est revenue, qui habite en face. Elle va la récupérer.

 

« Il y a seulement la fille, sous mes yeux, qui vient d’emménager en face. Ça fait deux fois que j’en suis sûre. Deux fois, c’est bien. Tout à l’heure déjà, j’ai reconnu son port de tête, sa course, ses cheveux. Le tableau vivant n’est pas seulement ressemblant, il est d’abord troublant, puis absolument vrai. Et alors ? » (p. 10/153 en numérique)

 

Et là se déroule le talent de Claire Castillon, de nous emporter dans la folie de cette mère, toujours plus loin, toujours plus vraie, on doute, on y croit, on comprend les dégâts psychologiques irréversibles que causent le deuil d’un enfant et l’absence de réponse, et puis petit à petit, un pressentiment s’insinue… la fin surprendra ceux qui ne l’auront pas vu venir, et confirmera aux autres (dont je fus, j’ai pensé à Tom est mort de Marie Darrieussecq (P.O.L, 2007) tout du long), que l’autrice est brillante dans son analyse psychologique, glaçante jusqu’à la dernière ligne. Cette fin qui remet l’ensemble en perspective et donne une nouvelle clé à la lecture.

 

Bref mais efficace.

 

 

 

Gallimard, janvier 2020, 176 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-07-284043-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard.

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V
J'aime ce qu'écrit Claire Castillon souvent (même si c'est inégal d'un livre à l'autre) et là, tu m'as convaincue d'ouvrir celui-ci quand l'occasion se présentera !
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L
ça fait longtemps que je ne l'avais pas lue, j'avais bien aimé ses nouvelles, et là, bonne pioche à mon goût
A
J'arrive en retard mais je ne regrette pas mon passage puisque je repars avec une nouvelle suggestion de lecture.Claire Castillon est une auteure que je n'ai lue qu'une fois alors que j'avais pourtant aimé le recueil de ses nouvelles.
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L
c'est assez noir, mais le comportement du personnage est bien analysé ... Je n'ai pas tout lu d'elle, loin de là, mais j'aime bien...