Histoire d'une souffrance ordinaire - Florence Werquin
Le parcours d'une étudiante en médecine, qui si j'ai bien compris la fin de l'ouvrage, remonte à une vingtaine d'années, donc quelques points ont changé depuis, notamment les accès à l'internat avec ou sans concours. Mais là n'est pas l'essentiel.
L'auteure s'intéresse (et c'est ce qui m'a plu) à la dimension psychologique de la formation des médecins, entre formateurs et étudiants, entre soignants et patients. Si l'empathie et la bienveillance paraissent des évidences, elles sont encore très loin de l'être pour beaucoup. Est-on un bon soignant si l'on est seulement un bon technicien ?
De la première année à sa thèse en médecine générale - elle se réorientera plus tard vers la psychiatrie - elle évoque les souffrances "ordinaires" d'un étudiant en médecine, quand ce qu'il reçoit ne correspond pas nécessairement à ses valeurs, ou quand tout simplement la violence de certaines situations n'est pas suivie d'une possibilité de l'exprimer.
Je regrette les chapitres un peu courts sur un sujet aussi intéressant, mais le livre relève d'abord du témoignage, on pourra creuser davantage avec des essais plus pointus.
Extrait p. 161 :
"La médecine générale ne s'apprend pas à l'hôpital. A l'hôpital, on apprend à palper ou à écouter des organes, à faire un diagnostic et proposer un traitement bien ciblé. Il y a plein de médecins très compétents et efficaces pour cela. En médecine générale, si on le veut bien, on voit les personnes dans leur globalité. On voit la famille quand elle existe ou ce qu'il en reste. On sait que les petits bobos racontent des choses. On soigne aussi les conséquences des maux plus graves. C'est une autre médecine, qui n'est malheureusement pas valorisée. Une médecine avec."
Michalon, novembre 2018, 173 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-84186-901-5
Crédit photo couverture : Ed. Michalon