Les jardins d'Hélène

La facture – Jonas Karlsson

31 Août 2018, 08:12am

Publié par Laure

Traduit du suédois par Rémi Cassaigne

 

 

Imaginez-vous recevoir une facture de 5 700 000 couronnes (soit environ 600 000 euros) à payer, une nouvelle taxe calculée sur l’indice du bonheur vécu. Le bonheur est donc devenu imposable. Mais alors pourquoi cette somme exorbitante quand on est simple employé de vidéo-club à mi-temps, célibataire sans enfants et qu’on ne possède rien ?

 

Notre héros va bien sûr se renseigner auprès de l’émetteur de cette facture et chercher à en faire baisser le montant en justifiant de la banalité de sa vie. Las ! Elle ne fera qu’augmenter !

 

Kafkaïen, absurde, c’est un court roman vraiment drôle mais qui pointe la valeur de la vie, et ce qu’est le bonheur, qui et comment l’estime-t-on ?

 

On sourit, on plaint ce pauvre homme, on dénigre l’absurdité de l’administration, on espère que la relation qu’il noue avec Maud va évoluer…. Une lecture amusante qui fait réfléchir aux petits bonheurs quotidiens et à leur prix !

 

 

 

 

 

Existe en poche chez Babel Actes Sud depuis février 2018, au prix de 6,90 € :

 

 

 

 

Actes Sud, juin 2015, 188 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-330-05099-3

 

 

 

Crédit photo couverture : © Eijo Ojala et éd. Actes Sud

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Titan noir – Florence Aubry

28 Août 2018, 14:26pm

Publié par Laure

Après son bac, Elfie travaille dans un parc océanographique près de chez elle. Ce qui ne devait être qu’un job d’été se transforme en contrat longue durée : on lui demande très vite d’assurer les spectacles de dressage d’orques avec Titan, le grand épaulard noir. Ce qui est rarissime, les orques étant habituellement noires et blanches, tout comme les pages de ce livre.

Car cela surprend, le roman alterne des pages de papier noir imprimées en blanc, et des pages classiques, blanches avec texte noir.

Les pages noires sont celles d’un narrateur mystérieux, qu’on ne découvrira que vers la fin, qui semble connaitre toute l’histoire de cette orque noire, et le drame qui l’accompagne.

 

Titan noir est un roman à charge sur la maltraitance faite aux animaux à des fins mercantiles, dans les parcs océanographiques dans le cas présent. Il est construit sur des faits réels, celui de l’orque tueuse Tilikum, et un film documentaire diffusé sur Arte : Blackfish, de Gabriela Cowperthwaite.

Je l’ai trouvé très violent et dur, sur une réalité que peut-être je ne voulais pas voir.

 

Heureusement, la fin du roman redonne un peu d’espoir et de positif.

 

La construction à deux voix apporte un plus au récit et une part de mystère car l’on ne sait pas tout de suite qui est ce fameux narrateur qui semble tout connaitre de Titan.

 

Un roman dérangeant, qui donne à voir la réalité des parcs animaliers, notamment pour les grands mammifères marins. Le roman aborde aussi les relations distantes d’Elfie avec sa mère, et les émois d’un premier amour, n’oublions pas qu’il s’agit d’un roman destiné aux adolescents.

 

 

 

Extrait p. 146 : « Et puis il y avait ses visites à Titan. Il se posait sur les gradins, toujours à la même place, et il regardait. C’était sa punition, pour avoir participé à ce crime monstrueux. Enlever un petit à sa mère, ôter un animal à sa nature. Le priver de tout. Le réduire à une chose. »

 

 

 

Sélectionné pour le Prix des Lecteurs 13-16 ans

de la Ville du Mans et du département de la Sarthe 2019

 

 

 

 

Rouergue, coll. doado, avril 2018, 187 pages, prix : 12,50 €, ISBN : 978-2-8126-1597-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ronald Curchod et éd. du Rouergue

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Seul le grenadier – Sinan Antoon

27 Août 2018, 13:49pm

Publié par Laure

Traduit de l’arabe (Irak) par Leyla Mansour

 

 

A Bagdad, Jawad apprend le métier séculaire de son père, qui consiste à laver les morts dans la tradition chiite, avant leur ensevelissement. Mais en parallèle il se prend de passion pour l’art, la sculpture notamment, et rêve d’en faire son métier.

 

Roman d’apprentissage qui éclaire à la fois sur un parcours familial traditionnel et la réalité historique et politique d’un pays traversé par les guerres, Jawad ne sortira pas indemne de ce chemin, et sacrifiera bien des idéaux. Mais pouvait-il en être autrement ?

 

Une belle narration, un personnage attachant, j’ai beaucoup aimé cette incursion dans la littérature irakienne que je ne connais pas du tout (et dont on entend peu parler) !

 

 

Extrait p. 117 : « La salle était noire comme une tombe, seule une faible lueur filtrait à travers la fenêtre. Je suis sorti dans le jardin et me suis accroupi devant le grenadier que mon père aimait beaucoup. Il avait bu les eaux de la mort des décennies durant et le voilà près de boire l’eau s’écoulant de son corps. Nous étions complètement étrangers l’un à l’autre. C’est seulement maintenant que je m’en aperçois. Les fleurs écarlates du grenadier commençaient à s’épanouir. Petit, j’en mangeais les fruits goulûment, quand mon père les cueillait et les rapportait à la maison. Mais je n’y avais plus touché dès que j’avais compris comment cet arbre se nourrissait. J’ai entendu le déversement de l’eau à l’intérieur. Quelques secondes plus tard, je l’ai vue apparaître dans la rigole qui la conduisait depuis la salle jusqu’au pied de l’arbre. »

 

 

 

Actes Sud, février 2017, 315 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-330-05795-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © l’arbre, Béatrice Boissegur / coll. privée © Béatrice Boissegur / Bridgeman Images / éd. Actes Sud

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K.O. – Hector Mathis

25 Août 2018, 11:24am

Publié par Laure

Dans un contexte de chaos (K.O. ?) à Paris, qu’on imagine être des attentats, Sitam (Mathis ?) et la môme Capu réussissent à fuir, d’abord en banlieue puis à Amsterdam.

 

Le roman tient surtout par son écriture, riche et musicale. Les références au jazz et à l’atmosphère sonore du roman sont nombreuses.

 

Je n’ai pas adhéré à ce style et je ne dois la fin de ma lecture qu’à la brièveté du tout.

 

Comme au jeu des charades extrêmement tordues données en exemple, il est question, je trouve et je cite, de « priapisme par le langage ». Mais le langage, certes travaillé, ne fait pas tout. A trop soigner l’emballage au détriment du contenu, c’est l’ennui qui pointe.

 

Il faut dépasser la moitié du roman pour qu’enfin il se passe quelque chose, mais c’est trop tard, du moins pour moi. Le travail sur la langue a fini par être lassant et bavard.

 

Quant à la fin, soit je ne l’ai pas comprise, soit je conclurai par « tout ça pour ça ? »

 

 

Vous l’aurez compris, ce roman n’était pas pour moi !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourquoi je l’ai lu ? : Parce que c’est un premier roman qui s’annonçait comme LE coup de cœur de la blogosphère et des premières critiques parues sur le web.

 

 

Où et comment je l’ai lu ? : Sur liseuse, du 20 au 22 août, chez moi et en déplacement à Nantes, grâce à la plateforme de services de presse numériques Netgalley.

 

 

 

 

Buchet Chastel, août 2018, 208 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-283-03148-3

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Buchet Chastel

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Toi et moi moi et toi - Miguel Tanco

25 Août 2018, 11:19am

Publié par Laure

La relation entre un petit garçon et son père décrite de manière fine, douce et humoristique.

C’est que grâce à lui, il fait et apprend énormément de choses ce papa, comme prendre son temps, jouer, raconter des histoires, etc. Grandir en quelque sorte et ce quel que soit l’âge ?

 

C’est doux et tendre, les phrases sont courtes mais font mouche, le dessin est très épuré, dans des tons noir, gris et jaune uniquement.

 

Une belle idée cadeau pour tous les papas qui aiment passer du temps avec leur enfant !

 

 

A partir de 3 ans.

 

 

 

 

 

Ed. Milan, mai 2017, 40 pages, prix : 12,90 €, ISBN : 978-2-7459-8493-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Miguel Tanco et éd. Milan

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La belle étoile / l’étoile rebelle – Cathy Cassidy

24 Août 2018, 18:40pm

Publié par Laure

La belle étoile / l’étoile rebelle – Cathy Cassidy

Traduits de l’anglais par Anne Guitton

 

 

La belle étoile :

Dizzie vit avec son père depuis que sa mère est partie alors qu’elle avait quatre ans. Chaque année, celle-ci lui adresse une carte avec un petit cadeau. Le jour de ses douze ans, Dizzie attend donc impatiemment ce courrier mais ... rien n’arrive.

Rien ? Ou plutôt si : sa mère en personne. Qui propose de l’emmener faire un tour des festivals de musique hippie. Comme si huit ans d’absence sans nouvelles n’avaient aucune incidence sur la vie de la jeune adolescente. Sur un malentendu avec son père (elle pensait avoir son accord), elle part en camping-car avec sa mère.

C’est l’immersion totale dans une communauté hippie, un mode de vie qu’elle ignore totalement et découvre souvent effarée. Elle va croiser un ado et un enfant tous deux attachants, et se trouver confrontée au regard des autres face à la vie des gens nomades et libres ou qui prônent cette liberté.

 

C’est un roman que j’ai trouvé très triste et rude, mais ô combien attachant ! Comme on a envie de la secouer cette mère défaillante et immature !  Comme on a envie de rappeler à Dizzie la stabilité et l’amour serein et pérenne qu’elle a auprès de son père ! Bien sûr tout finit bien et se veut plutôt positif, mais les drames n’épargnent pas les personnages, surtout les jeunes Finn et Mouse.

 

Un roman très émouvant dans lequel le lecteur ne peut qu’être en empathie avec les personnages (sauf celui de la mère !), qui évoque aussi l’amitié, l’amour naissant, le bien / le mal, et l’éducation parentale…

 

 

Conseillé par l’éditeur à partir de 11 ans, il s’adresse donc aux pré-ados et jeunes ados.

 

 

Nathan, janvier 2018, 252 pages, prix : 15,95 €, ISBN : 978-2-09-258022-6

 

 

 

 

 

L’étoile rebelle :

Autant j’ai aimé la belle étoile, autant j’ai trouvé cet épisode reprenant l’un des personnages quelques années plus tard beaucoup plus banal.

 

On retrouve le jeune Mouse sept ans plus tard, désormais âgé de quatorze ans. Il vit à nouveau avec sa mère, dans un logement social de banlieue, un quartier dans lequel les dealers font la loi. Lorsqu’il trouve et adopte un petit chien qu’il nomme Lucky, il est loin de se douter qu’il appartient au caïd de la cité.

 

Avec Cat, une jeune fille rencontrée par hasard (il notera lui-même le sort un peu forcé de « Cat & Mouse »), Mouse va lutter de manière non violente contre la drogue, par le tag notamment, présenté comme un outil artistique et dénonciateur.

 

Ce volume s’attarde davantage sur les différences de milieu social, la non-violence, la lutte contre la drogue, les liens familiaux, le mensonge. Si l’on a du plaisir à retrouver l’un des personnages de la belle étoile (et les autres apparaissent plus rapidement), je trouve cette nouvelle intrigue beaucoup plus fade et vaine.

 

Ce titre fonctionnera sans doute bien dans l’effet « série », même si les deux peuvent se lire tout à fait indépendamment, je le trouve toutefois beaucoup moins riche dans la réflexion et la pertinence de la psychologie des personnages par rapport au précédent.

 

 

Conseillé par l’éditeur à partir de 11 ans également.

 

 

 

Dites les gens de chez Nathan, il faudrait choisir : sur les couvertures un macaron imprimé indique « par l’auteure des filles au chocolat », et en fin d’ouvrage, on trouve une notice sur l’autrice Cathy Cassidy. ;-)

 

 

Nathan, juin 2018, 264 pages, prix : 15,95 €, ISBN : 9782-2-09-258013-4

 

 

 

 

Crédit Photos couvertures : Laurence Ningre / Anne-Lise Dugat / éd. Nathan

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Simple - Julie Estève

23 Août 2018, 14:27pm

Publié par Laure

« Antoine Orsini est mort et le soleil n’y peut rien » : tel est l’incipit du roman. Antoine, on l’appelait surtout le baoul, traduction phonétique de baullu en corse, autrement dit le simplet, l’idiot du village. Après l’enterrement le récit fait un retour en arrière pour donner la parole à Antoine, qui en parlant à sa chaise cassée ramassée au bar du coin, va raconter son histoire et le drame principal de sa vie. Il a fait quinze ans de prison pour un meurtre qu’il n’a pas commis, celui d’une adolescente de seize ans et demi assassinée dans la forêt, qu’il a lui-même retrouvée. Mais accuser le baoul, c’était si facile et arrangeant…

 

J’ai trouvé l’intrigue un peu longue à se mettre en place et ma première réflexion fut : c’est un exercice de style. Et sur la longueur, un exercice de style, ça peut être lassant. Il n’en est rien cependant, car peu à peu l’histoire va se reconstituer, et le langage sans filtre, tantôt naïf tantôt violent, participe autant de l’exercice que de la réussite du fond du roman.

On se surprend parfois à éclater de rire sur une formule inattendue, mais derrière cette « simplicité », c’est le drame d’un homme qui est dépeint, et celui de la nature humaine tout entière dans les relations, mensonges et manipulations des habitants de ce village. La place de la différence qu’on interroge aussi dans la société.

 

Le roman est bref et se lit quasi d’une traite, laissant un sentiment d’exercice réussi (il fallait le tenir ce style, toujours ce fameux exercice, où la forme prend toute la place) mais qui ne suffit pas à faire de son histoire une œuvre tout à fait originale.

 

 

 

 

 

 

Pourquoi je l’ai lu : parce qu’il est proposé en lecture commune au club lecture de septembre auquel je participe.

 

 

Où et comment je l’ai lu : en service de presse numérique via la plateforme Netgalley, sur ma liseuse les 15 et 16 août, dans mon lit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier roman de l'auteur sur ce blog également : Moro-Sphynx, éd. Stock, 2016

 

 

 

Stock, août 2018, 208 pages, prix : 17,50 €, ISBN : 978-2-234-08324-0

 

 

 

Crédit photo couverture : éd. Stock

 

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Dancers - Jean-Philippe Blondel

22 Août 2018, 09:00am

Publié par Laure

Je peux bien l’avouer, j’ai lu tout Jean-Philippe Blondel, du moins tout ce qui est publié à ce jour et facile à trouver. Il doit bien y avoir quelques nouvelles ici ou là sur lesquelles je n’ai pas mis la main.

 

C’est peut-être même le seul auteur envers qui j’ai cette fidélité. Alors forcément parfois je suis un brin déçue. C’est un peu le cas de ce Dancers, même si là, c’est sans doute une question d’âge : je ne suis plus le public cible de cette collection, il y a bien longtemps que je n’ai plus quinze ans. Néanmoins j’ai adoré grand nombre des romans ados de Jean-Philippe Blondel.

 

Celui-ci m’est apparu plus fade, trop lisse, trop scolaire. Parfait dans la forme et le fonds, on peut même déjà y voir les questions des débats en Prix des Lecteurs. Mais il ne m’a pas touchée, pas émue. Et c’est sans doute ce que j’attends avant tout de mes lectures.

 

Trois adolescents l’année du bac français, en classe option danse. Anaïs, Adrien, Sanjeewa : deux garçons une fille, de mars à juin, aux parcours scolaires et familiaux différents, qui racontent leur histoire à tour de rôle. Un trio qui se mêle, se démêle, s’aime, se sépare, et la danse pour point commun. Dans des formes différentes. On y parle danse mais ça aurait pu être du foot, ou n’importe quel autre sport poussé à un niveau où le corps et le mental sont deux forces équitablement nécessaires.

 

Bien sûr, les personnages vont se révéler à eux-mêmes et ressortir grandis de l’expérience. Jean-Philippe Blondel est toujours maitre dans l’observation et l’écriture de l’intime. Quant à la fin, je reste un peu en suspens, je ne suis pas sûre de l’interprétation qu’il faille en faire.

 

Du bon boulot, mais qui a pour moi un goût d’exercice (bien) appliqué, sans le petit plus qui aurait pu m’enthousiasmer.

 

 

 

Pourquoi je l’ai lu : parce que c’est Jean-Philippe Blondel.

 

Où et comment je l’ai lu : sur ma nouvelle liseuse un soir de canicule au jardin, en service de presse numérique proposé par la plateforme Netgalley.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Actes Sud junior, août 2018, 176 pages, prix : 13,90 €, ISBN : 978-2-330-10849-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © proxyminder / gettyimages et éd. Actes Sud.

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Sinon j'oublie - Clémentine Mélois

19 Août 2018, 14:43pm

Publié par Laure

Des listes de courses ramassées dans la rue, Clémentine Mélois en a retenu 99 et livre autant de portraits d’inconnus qu’elle se plait à inventer au regard d’une liste reproduite en fac-similé en couleur sur la page de gauche.

 

C’est drôle, souvent totalement inattendu, et de cette imagination débridée nait une curieuse poésie urbaine du quotidien. On s’attarde sur les graphies, les fautes d’orthographe, les supports (papiers arrachés ou bloc-notes publicitaires), les quiproquos de mots juxtaposés (« manger chat », ah il faut acheter à manger pour le chat !) et sur ce qu’en fait Clémentine Mélois : des portraits enjoués, variés, aux personnalités multiples et parfois un brin torturées, pour notre plus grand plaisir.

 

Original et amusant !

 

 

 

 

Pourquoi je l’ai lu : je l’ai fait venir de la bibliothèque départementale, c’est donc que j’avais très envie de le lire après en avoir lu une critique, mais où et quand, je ne sais plus !

 

Où et comment je l’ai lu : emprunté à la bibliothèque, un samedi après-midi de vacances, au calme ensoleillé du jardin.

 

 

 

 

Grasset, coll. Le courage, avril 2017, 225 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-246-86203-1

 

 

 

Crédit photo couverture : éd. Grasset

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Qu’est-ce qui vous amène ? – Sylvie Dellus

15 Août 2018, 16:58pm

Publié par Laure

Complément de titre : L’état de santé des Français vu par leurs généralistes

 

Excellent état des lieux de la médecine générale en France, qui décrit bien les mutations, les problématiques et les enjeux actuels de cette profession, tout en dressant un portrait de l’état de santé français.

 

Le livre alterne des infographies, des données statistiques informatives et des témoignages de généralistes, souvent en fin de carrière, mais il y a des témoignages de jeunes praticiens aussi.

 

L’ouvrage donne la parole à tous (le chapitre homéopathe n’est pas oublié) et montre également l’inquiétude et la complexité des débats face à la vaccination (à noter que le livre a été écrit juste avant la loi sur les 11 vaccins obligatoires)

 

Il met en avant l’évolution du métier de généraliste notamment pour la jeune génération (rythme de travail, tendance accrue à la dé-prescription quand écoute, bon sens et conseils suffisent, ce qui tend à orienter vers une médecine préventive plutôt que curative), l’exigence souvent agressive des patients qui savent tout grâce à Internet (et veulent leur médoc à tout prix), les liens avec l’industrie pharmaceutique, et l’émergence de maladies sociétales et environnementales :  explosion du nombre de cancers, obésité et diabète, burn-out dus à la pression au travail, retombées psychologiques des attentats, etc.

 

Extrait p. 9 : "à quoi sert de subventionner des locaux flambants neufs, si les médecins ne veulent pas installer leur famille dans un coin perdu, loin des écoles et des hôpitaux ?"

 

sur le trop vite tout le temps :

p. 139 : "Les enfants sont surbookés. Ils ont plein d'activités et pas un moment pour rêver. A peine sortis du ventre de leur mère, on les met à trois mois à la crèche, en collectivité. On considère qu'il faut les stimuler tout le temps. Mais pourquoi ? Du coup, on a des enfants très agités. Pas mal sont hyperactifs. Et ils ont beaucoup de difficultés d'apprentissage. Il y a de plus en plus de gosses qui voient un orthophoniste pour des problèmes d'écriture et de lecture. Et pourtant, la plupart ont des parents qui leur donnent une éducation." (Dr Mireille Lambertin-Martinez, 61 ans, Vedène (Vaucluse))

 

l'avenir :

p. 256 : "Dès son installation, elle a, comme beaucoup de jeunes médecins, fixé un cadre strict à son activité. Sa ligne de conduite : ne pas se laisser envahir : "Les patients s'attachent très facilement à leur médecin généraliste. On devient vite indispensable, irremplaçable. Mais moi, j'ai peur du burn-out. C'est un problème présent dans la profession et autour de moi. Si on s'attache trop, si on ne prend pas de recul, si on ne met pas de barrière, ça peut vous bouffer. Je ne trouve pas d'autre mot que ... bouffer."

Alors deux jours par semaine, elle confie les clés de son cabinet à son remplaçant. Cette organisation lui permet de se consacrer à la fois à ses deux enfants et à la recherche : "J'adore mon métier de médecin généraliste, mais écouter les gens tous les jours de la semaine, ce serait dur. J'ai besoin de faire une pause. Varier mon activité entre le cabinet et la fac me permet de rester à la page. Je voulais faire du social et de la science. La médecine générale réunit les deux. J'ai une chance folle." (Dr Raphaëlle Delpech, 33 ans, Bagneux (Hauts-de-Seine))

 

 

Un ouvrage à recommander à tous ceux qui s’intéressent au sujet.

 

 

 

 

Pourquoi je l’ai choisi : parce que je vis dans un désert médical, que je n’ai ni gynéco ni dermato ni pédiatre (personne ne prend de nouveaux patients depuis….15 ans), que le délai pour l’ophtalmo est de 12 à 15 mois et qu’il faut l’avoir vu depuis plus de 5 ans pour avoir droit à un rendez-vous, les secrétaires sont des cerbères efficaces, pour des lunettes il renvoie vers l’orthoptiste, ils travaillent ensemble et c’est très bien ; 2 mois en moyenne pour le dentiste : le temps de faire une indigestion de clous de girofle ; [parce] que j’ai une généraliste en or mais elle est à 30 km (ça exclut donc les grippes à 40 ° et les gastro qui au fond guérissent bien toutes seules, la problématique à ce niveau-là n'est pas médicale mais légale : si on ne peut physiquement aller bosser... il faut un arrêt de travail), et last but not least : que j’ai une fille externe en médecine.

 

 

Où et comment je l’ai lu : acheté d’occasion sur un site bien connu de vente en ligne. Comme neuf jamais ouvert à prix ridiculement bas, ça sent le SP revendu. C’est hélas devenu la norme. Lu en vacances, chez moi :-)

 

 

 

 

 

Les Arènes, novembre 2017, 273 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-35204-688-2

 

(j'enlève une demi étoile parce que je regrette la fin abrupte et l’absence de conclusion)

 

 

Crédit photo couverture : © Illustration : Jochen Gerner. Couverture : Sara Deux / et éd. Les Arènes

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