Où on va, papa ? est un livre qui est en train de faire
son petit bonhomme de chemin porté essentiellement par le bouche à oreille des lecteurs. Il plaît. Tout le monde se le conseille. C’est facile à lire, rapide, et ça titille votre fond d’humanité.
Ça ne prend pas la tête et ça vous montre qu’il y a plus malheureux que vous. Vous avez sans doute tous lu un livre de Jean-Louis Fournier, qui a surtout fait dans l’humour avec la grammaire française et impertinente, l’arithmétique appliquée et impertinente, ou encore, je vais t’apprendre la politesse, p’tit con, ces titres où on apprenait (révisait) des choses sérieuses en s’amusant.
Jean-Louis Fournier est aussi le père de deux garçons handicapés, c’est vraiment la faute à pas de chance. Il leur offre aujourd’hui
ce livre, livre qu’ils ne liront jamais de toute façon, car ils en sont bien incapables, et l’un d'eux est décédé. Un livre d’amour pour dire le grave avec humour, un livre pour se faire
pardonner de ne pas avoir été un père parfait, mais qui pourrait l’être, enfant normal ou pas ?
On connaissait la chanson de Lynda Lemay « ceux que l’on met au
monde », on a le pendant littéraire avec le livre de Fournier. Il explique lui-même dans des interviews ici ou là (écouté sur France Inter à Noctiluque) que l’humour et
l’autodérision ont été sa meilleure façon de surmonter l’insurmontable, de faire face au quotidien avec deux enfants tous deux lourdement handicapés. Un humour que tout le monde n’a pas toujours
compris.
Tous les passages sonnent juste, c’est parfois délicat parfois grinçant, et ça mène à la compassion, cette compassion dont Fournier ne
veut pas. Un livre d’amour et de quotidien, qu’on lit en acquiesçant, évidemment.
Donc oui c’est positif, mais voilà, ça n’est pas de la littérature non plus, ni un roman. De toute évidence ce livre saura toucher
profondément les parents concernés, les autres garderont ce regard pudique sans bien savoir que faire du témoignage livré. Rien sans doute.
Stock, août 2008, 154 pages, prix : 15 €
Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : éd. Stock