Scénario : Philippe
Richelle
Dessin : Jean-Michel
Beuriot
Mise en couleurs : Scarlett
Smulkowski
Tome 1 : Le dernier printemps (parution
2001)
Les premières planches débutent en 1942 dans le Sud de la France, Martin, officier allemand, fréquente Catherine… Mais ce n’est que le début d’un retour en arrière. Allemagne,
1932 : Martin Mahner est étudiant, passionné de littérature. En face de chez lui emménage une jeune fille qui ne lui est pas indifférente : Katarina Braun ; son père est médecin et
ils sont… juifs. Hitler arrive au pouvoir. Bien qu’il soit en désaccord avec l’enthousiasme de son père pour le parti national-socialiste, Martin est encore dans la légèreté des émois amoureux.
Trop timide, il laisse son ami Gunther séduire Katarina et ne sait comment éconduire Andrea qui elle, est amoureuse de lui. Mais Martin n’a que Katarina en tête. Et puis commence le boycott des
commerces et praticiens juifs, et des événements tragiques vont signer la fin de l’insouciance de Martin, tout comme la fin de ses projets de jeunesse.
Le ton est donné : un récit sensible et délicat, un dessin simple, précis et soigné, des couleurs qui replacent bien dans
l’époque, l’histoire de l’Allemagne du point de vue allemand est esquissée avec une gravité qui garde encore sa légèreté : il est paradoxal d’écrire cela mais ces amours fragiles et
contrariées sont encore le sujet essentiel du livre, même si l’aspect politique et historique est la toile de fond du récit.
On pense un peu à Gibrat (le sursis, le vol du corbeau) et vite, on lit la suite.
Tome 2 : Un été à Paris (parution
2006)
Les auteurs ont donc mis 5 ans à nous offrir ce deuxième tome où l’on fait également un bond dans l’histoire pour retrouver Martin à Paris en décembre 1938. Sous couvert d’une thèse
de doctorat, Martin profite un peu de sa jeunesse. Il loge chez un ami, Henry Emmerich, qui a émigré après les Jeux Olympiques de 1936, comme beaucoup d’Allemands. Henry partage la vie de Maria,
qui prendra peu à peu une part importante dans le récit, et dans la vie de Martin. Mais pour l’heure, c’est encore Katarina qui occupe ses pensées. Elle vit avec Xavier Gance, a francisé son
prénom, Catherine, et travaille. Ce tome met en évidence la difficulté des réfugiés allemands à obtenir des droits de séjour et de travail sur le territoire français, quand bien même ils ne sont
pas sympathisants nazis. Peu à peu le couple Henry-Maria se délite et après de nouvelles tensions politiques, Martin se retrouve au stade de Colombes pour un recensement, avec 8 à 10 000 de
ses compatriotes, avant de retourner en Allemagne.
Tome 3 : Maria (parution
2007)
L’album débute en 1943 dans le Sud de la France, où bien malgré lui Martin est officier de la Wehrmacht. Il revoit Katarina, que tout le
monde croit l’épouse de Gance, et garde pour lui le souvenir de quelques nuits d’amour avec Maria qu’il n’a pas revue depuis 1939. En parallèle, on retrouve Maria, devenue secrétaire d’un
médecin, dont le fils et ses amis oeuvrent pour la Résistance. Maria a une petite fille, Alicia, et les blancs de l’histoire, tout comme la fin tragique, appellent de toute urgence un tome 4. De
grâce, faites vite Messieurs les auteurs, je les aime ces personnages !
Un troisième tome où Martin est moins présent, où Gestapo et dénonciations font rage, un ensemble toujours aussi réussi d’histoire et
de nobles sentiments. Ah qu’elles sont fragiles ces amours, mais qu’elles sont belles ces BD !
Et elles me donnent envie d’aller voir ce que ces auteurs ont fait d’autre !
Casterman, 3 tomes parus,
2001-2007.
Ma note :
4/5
Crédit photo couvertures : © Beuriot
et Casterman, sauf tome 1 : © Denis Bodart