Les jardins d'Hélène

Le premier jour de ma mort - Philippe Sohier

29 Novembre 2015, 17:48pm

Publié par Laure

Albert, encore au lit auprès de sa femme, se réveille avec une douleur insupportable qui le laisse immédiatement penser qu'il fait un infarctus. Mais plutôt que d'alerter sa compagne, il préfère endurer en silence et voir jusqu'où va le mener ce « premier jour de sa mort ».

Pas dans son assiette, il vaque au ralenti à quelques occupations, et se remémore les choix et les échecs de sa vie. Personnage détestable par sa vanité et son égoïsme, le lecteur est néanmoins intrigué par lui, et les révélations qui se déroulent au fil de la journée.

 

Je préfère ne pas trop en dire, mais les ressorts sont nombreux, donnant un bon rythme au roman. On pourra regretter une accumulation dramatique trop irréaliste, surtout sur la fin, et si au final le roman s'attache à montrer comme la vie de couple peut être triste quand chacun a ses secrets et ses faux-semblants, difficile de prendre en pitié cet Albert, qui avec ses propos sexuels parfois à la limite du vulgaire et ses obsessions érotiques permanentes, se révèle un homme pitoyable.


 

Il y a un ton, un rythme, une analyse de l'intime, mais il y a aussi, hélas, un trop grand enchaînement de clichés dramatiques pour un faire un très bon roman. Un « trop » qui dessert son ensemble malgré de très bons passages (toute la scène avec les pompes funèbres notamment)

A mon habituel regret, un nombre bien trop important de coquilles et fautes d'orthographe et d'accords, surtout dès le début du roman, vient remettre ici en cause la crédibilité de l'éditeur. Quand même la quatrième de couverture affiche « J'ai encore rien dis ! » avec un S, on se dit qu'au contraire, tout est dit. Correcteur est un métier, on voit le résultat quand on préfère le sacrifier. Un plafond plein de fissure sans s, s'afférer au lieu de s'affairer. La mort de l'orthographe dans les romans. Ce n'est pas nouveau, mais c'est de pis en pis.


 

Hugo Roman, septembre 2015, 164 pages, prix : 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © iStock et éd. Hugo & Cie

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[Kokoro] - Delphine Roux

13 Novembre 2015, 09:46am

Publié par Laure

De courts chapitres, brefs et pourtant suffisants, disent avec une délicatesse infinie les sentiments et les émotions intérieures d’un frère et d’une sœur des années après le décès accidentel de leurs parents alors qu’ils étaient encore des enfants.

 

Seki, la grande sœur, s’est réfugiée dans sa carrière, mariée, deux enfants, elle fuit dans le travail et la réussite, et a coupé plus ou moins les ponts avec son petit frère Koichi, qu’elle trouve immature.

Koichi quant à lui semble en effet avoir oublié de grandir. Il travaille néanmoins, magasinier dans une bibliothèque, mais il vit hors du monde et des turpitudes quotidiennes. Il est en retrait, dans son monde intérieur. Quelque chose s’est brisé en lui. Seules les visites à sa grand-mère placée en maison de retraite lui offrent un peu de joie.

 

Mais Seki ne se voile-t-elle pas la face ? A-t-elle réellement fait le deuil de ses parents, alors que Koichi, lui, semble ne jamais vouloir sortir de sa peine ? La situation va se renverser, et offrir au lecteur une pluie d’étoiles et de papillons dans le cœur. Le plus fort n’est pas toujours celui que l’on croit ou qui le parait.

 

[Kokoro], comme chaque mot en japonais qui ouvre un chapitre, est un roman sur la reconstruction après un deuil dramatique, sur la relation frère-sœur tout au long de la vie, sur le rapport à soi et au monde, et le récit est tout en finesse et douceur. La délicatesse japonaise sans doute.

Un premier roman intimiste au ton juste. A découvrir.

 

Une lecture qui s'inscrit dans le projet "68 premières fois", les 68 premiers romans de la rentrée littéraire d'automne, proposé par Charlotte.

 

 

Ed. Philippe Picquier, août 2015, 114 pages, prix : 12,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Plainpicture / Score. By Aflo, et éd. Ph. Picquier.

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Les échoués - Pascal Manoukian

12 Novembre 2015, 11:30am

Publié par Laure

En 1992, trois réfugiés clandestins sans-papiers arrivent en France, après un périple aussi rude qu’insoutenable pour le lecteur. Il y a Chanchal, le jeune Blangladais, Virgil, le Moldave, et Assan avec sa fille Iman, les Somaliens. Tous ont fui un pays en guerre ou une misère terrible, tous endurent l’innommable pour un travail sous-payé mais dans l’espoir de faire venir leur famille, ou parce que même le pire de ce qu’ils vivent en France est moins sombre que ce qu’ils vivaient dans leur pays.

 

C’est un roman dont il m’est difficile de parler, tant les scènes prennent aux tripes, peuvent choquer, révolter, mais invitent aussi le lecteur à comprendre et à porter en tous les cas un regard différent sur ce sujet dramatiquement d’actualité. Quelques passages d’humanité et d’empathie redonnent un brin confiance en l’homme, la fin est d’une force rare ; les échoués est un premier roman remarquable, dans tous les sens du terme.

 

 

p. 47 : « Trois choses importent quand on est clandestin. Conserver de bonnes dents pour se nourrir de tout, avoir des pieds en bon état pour être toujours en mouvement, se protéger du froid et de la pluie pour rester vivant. Le reste est superflu. La propreté, l’estime de soi, l’apparence, le confort, il faut savoir renoncer à tout. »

 

p. 84 : «  il avait mis du temps avant de trouver un peu de chaos dans cette forêt dessinée pour les rois. C’est en suivant un chevreuil qu’il avait découvert l’endroit. Les animaux et les clandestins ont des besoins communs : vivre cachés au milieu des vivants, à proximité d’une source d’eau et de deux lignes de fuite. »

 

 

 

Une lecture recommandée par Charlotte, et qui entre bien évidemment dans le projet de lecture des 68 premiers romans de la rentrée littéraire de l'automne 2015.

 

 

 

 

Don Quichotte, août 2015, 297 pages, prix : 18.90€

Etoiles :

Crédit photo bandeau couverture : © Pascal Manoukian d’après © Lucian Coman / dreamstime, © Marcos Ferro/Corbis, ©UNHCR/R. Gangale, © Pirobet, et éd. Don Quichotte.

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Zaï zaï zaï zaï – Fabcaro

3 Novembre 2015, 14:45pm

Publié par Laure

A la caisse du supermarché, un homme a commis l'irréparable : il a oublié sa carte de fidélité du magasin, laissé dans un autre pantalon mis au sale. Aussitôt il est arrêté par les vigiles, mais parvient à s'enfuir. Il devient dès lors le fugitif le plus recherché de France.

 

Situations absurdes, critique vive (et juste) de la société contemporaine, excellent passage sur les médias également, vous savez ces journalistes qui pressent les voisins qui ne savent rien de dire ce qu'ils ont envie d'entendre pour faire larmoyer dans les chaumières et le buzz par la même occasion...

Le malheureux fugitif est en plus auteur de BD, vous savez, ces artistes fainéants et compliqués...

Un régal d'humour absurde et décalé, lié à une critique ouverte de la société = une petite pépite surprenante, dont le titre trouvera son explication dans la dernière planche. (Et là vous maudirez l'auteur jusqu'à la fin des temps pour cette chanson qu'il vous a remise en tête).

 

Original, mordant et délicieux.

 

 

éd. 6 pieds sous terre, mai 2015, prix : 13 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Fabcaro et éd. 6 pieds sous terre

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Les beaux étés tome 1 : Cap au Sud ! - Zidrou & Jordi Lafebre

2 Novembre 2015, 14:19pm

Publié par Laure

Été 1973. Le père est dessinateur de BD et grignote des jours de vacances à sa famille pour rendre ses projets à temps et partir l'esprit libre. Ça ne va plus guère avec sa femme, mais ils ont choisi de taire la séparation à leurs enfants pour le moment. Et c'est parti, à 6 dans 4L (+ l'ami imaginaire, Tchouki, qui a un rôle très important), de la Belgique vers le Sud de la France.

 

A l'époque on ne s'encombre pas de sièges auto ni de ceintures de sécurité, les quatre enfants sont en vrac sur la banquette arrière, on déclare encore au poste frontière qu'on n'a rien à déclarer à la douane, et on chante à tue-tête sur la route du soleil.

Les rituels annuels sont là : même petit coin de nature pour pique-niquer (et déloger de manière bien peu honnête les Hollandais déjà installés), camping, joie de vivre en famille.

 

La tendresse et les rires cachent des fêlures, un décès familial interrompt les vacances, mais la famille reste soudée, entre amour et humour. La fin annonce un tome 2 qui remontera un peu en arrière, en 1969, et peut-être à la douleur que semble porter la mère.

 

Ah ! Les années 70, les pattes d'éph et les fleurs psychédéliques sur le papier peint, l'insouciance des vacances et le bonheur des congés payés ! 73, la maladie d'amour, de Sardou, en boucle. Qui n'a pas connu cette ambiance estivale, après des heures sur la route, les parents plus détendus et la fratrie qui se chamaille ?

 

C'est la vie, la vraie, comme dit la quatrième de couverture, qui fera sourire les quadras et au-delà, un petit côté tendre et nostalgique, vite, la suite !

 

 

Dargaud, septembre 2015, 56 pages, prix 13,99 €

Etoiles : 

Crédit photo couverture : © Jordi Lafebre et éd. Dargaud

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Octobre 2015 en couvertures ...

1 Novembre 2015, 17:57pm

Publié par Laure

En octobre, j'ai lu :

(cliquez sur les couvertures, qui renvoient vers un billet quand il y en a un)

 

 

 

 

Le roman de Christian Dorsan, Papa, c'est encore loin quand je serai grand ? apparaît en octobre sur le blog, mois de sa parution, mais je l'avais lu cet été. (Je ne le remets donc pas en images ici)

 

J'ai adoré la BD Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro, billet à venir !

 

En octobre j'ai vu :

(des séries télé... à la télé)

 

 

 

En octobre, j'ai écouté :

 

 

 

 

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