Les jardins d'Hélène

Le vertige des falaises - Gilles Paris

30 Avril 2017, 16:30pm

Publié par Laure

Sur l’Ile, dans une maison de verre et d’acier nommée Glass, vit Marnie, une adolescente de 14 ans, un brin insolente, déterminée, en compagnie de sa mère Rose, atteinte d’un cancer en phase terminale, et d’Olivia, sa grand-mère qui règne en maitresse femme tant sur la famille que sur l’Ile. Les hommes sont morts, le grand-père d’une crise cardiaque, le père dans un accident de voiture et personne ne les regrette.

 

Ne fuyez pas, il n’y a rien de sombre dans cette histoire ! C’est là tout l’art de Gille Paris, d’aborder des faits graves avec une légèreté mesurée, une lumière et une poésie dans l’écriture tout en émotion et sensibilité.

 

L’Ile avec une majuscule (tout comme le Continent avec un grand C) pourrait tout aussi bien être bretonne qu’anglo-normande ou américaine, l’auteur brouille volontairement les pistes mais c’est un monde à part entière, où l’atmosphère hitchcockienne et le climat ont leur importance. C’est avec des maisons comme Glass, de verre et d’acier, qu’Aristide, brillant architecte, a fait fortune, et c’est sur l’Ile qu’il a rasé l’ancienne maison de sa femme Olivia pour construire cette habitation qui malgré sa transparence cache bien des secrets. Ses secrets.

 

C’est à travers un roman choral aux chapitres courts que l’auteur va lever le voile sur cette famille, avec des personnages de femmes fortes, qui ont chacune leurs fêlures, et où les hommes sont déchus par la force des choses.

 

« On n’a pas besoin des hommes. Ils n’apportent que du malheur » (Marnie, p.10)

 

« Les hommes sont des enfants qui grandissent malgré eux. Et Dieu sait combien leur bêtise est sans limites. Certes, ils ne cassent plus de jouets. Ils brisent le cœur des femmes. » (Olivia, p. 21)

 

Ils ne sont pas épargnés dans ce roman ! « Les hommes sont dégoûtants. Les hommes sont violents. Les hommes sont stupides. » (Marnie, p.74)

 

Est-ce ainsi que le monde tourne ? Ecoutez Marnie et Olivia reconstruire le drame qui s’est joué au bord des falaises, et prêtez attention aux personnages secondaires, forts, mais qui cachent aussi leurs propres failles : Prudence, l’intendante, qui n’est pas sans rappeler la Mrs Danvers de Rebecca de Daphné du Maurier, Jane, l’amie aveugle de Marnie, Géraud, le médecin, Agatha la fleuriste, Côme le prêtre ; le suspense vous mène jusqu'au bout sans même vous en rendre compte.

 

Si vous avez aimé « autobiographie d’une courgette » et son adaptation au cinéma « Ma vie de Courgette » par Claude Barras, filmé entièrement en stop motion, lisez le vertige des falaises car il y a du Courgette dans ce roman, la parole de l’enfance, les blessures secrètes qui se dévoilent et se pansent, avec pudeur et émotion.

 

Pour une fois, alors qu’habituellement je les ignore, j’approuve totalement le message du bandeau signé Tatiana de Rosnay !

 

 

Editions Plon, avril 2017, 244 pages, prix : 16,90 €, ISBN : 978-2-259-25283-6

Crédit photo couverture : ©V. Podevin ©Nikki Smith/Archangel Images / et éd. Plon

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Le grand jour (Boule à zéro tome 6) – Ernst (dessins) / Zidrou (scénario)

22 Avril 2017, 09:53am

Publié par Laure

C’est le grand jour, Zita, alias Boule à zéro, sort enfin de l’hôpital ! à moins que … (je vous laisse la surprise !)

 

On retrouve avec beaucoup de plaisir la jeune Boule à Zéro (13 ans, dont 9 passés à l’hôpital) et ses copains du 6ème étage, le service d’oncologie enfants.

L’humour et la joie de vivre sont toujours là, même si un zeste de gravité pointe de temps à autre, il va cette fois aussi être question d’amour ! C’est tendre et revigorant.

 

Une série qui tient la route, remet du baume au cœur sur un sujet délicat, et dont le tome 7 est annoncé pour début 2018).

Entre rêve et cauchemar, guérison et amitié, on reste attachée à la petite Zita et à sa troupe !

 

 

 

 

Bamboo, avril 2017, 46 pages, prix : 10,90 €, ISBN : 978-2-8189-4152-2

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Ernst et éd. Bamboo.

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Le murmure du vent – Karen Viggers

18 Avril 2017, 18:05pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Australie) par Isabelle Chapman

 

 

Le murmure du vent - Karen ViggersAbby, vingt-trois ans, est étudiante biologiste, doctorante, elle étudie le comportement des kangourous dans le bush australien aride et parfois dur envers l’homme. Cette solitude lui convient, blessée par la vie, elle ne s’est jamais vraiment remise de la mort de sa mère quand elle avait treize ans. Lorsque le journaliste Cameron vient l’interviewer, elle le prend en grippe immédiatement, mais lui tombe rapidement amoureux.

 

En parallèle, Daphne, une vieille dame qui vécut jadis sur ces terres qui lui ont été reprises par l’Etat, se remémore ses souvenirs, la perte de son fils et de son mari. Daphne et Abby vont s’apporter du réconfort l’une l’autre sans vraiment s’en rendre compte.

 

A travers ces trois personnages principaux, c’est une saga familiale empreinte de couleurs et de souffle que nous offre l’auteur. Les paysages et l’histoire de l’Australie, occupent une large place, passionnante, et qui confèrent une atmosphère particulière au roman.

 

Si l’intrigue est assez convenue (on comprend assez vite comment les fils vont s’entrecroiser), les personnages sont attachants, et les souvenirs de Daphne sont de véritables bulles narratives qui plongent le lecteur dans l’histoire aborigène du pays, la dureté du climat, de la vie dans le bush.

 

Le travail d’Abby apporte un sujet plus contemporain : comment traiter la surpopulation des kangourous ?

Les personnages secondaires, Matt, le frère d’Abby, Doug, le mari décédé de Daphne, … la belle-mère d’Abby, sont tous très travaillés, apportant de la densité à l’histoire.

 

Le murmure du vent est surtout l’histoire d’une terre, celle des monts Brindabella, l’histoire d’un pays, et au plus intime, celle de deux familles de générations différentes qui s’inscrivent sur ces paysages sauvages.

 

Une belle histoire d’amour, de résilience, de transmission dans une Australie rude et lourde de son passé.

 

 

 

Les escales, avril 2017, 395 pages, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-36569-286-1

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Creations et éd. Les Escales

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Hypersensibles - Ilse Sand

17 Avril 2017, 14:07pm

Publié par Laure

(Apprendre à s’aimer soi-même pour être heureux)

 

Traduit du danois par Christine Berlioz et Laila Thullesen

 

 

Hypersensibles - Ilse SandThéologienne et psychothérapeute danoise, Ilse Sand vise ici à réhabiliter le trait de caractère qu’est l’hypersensibilité, souvent perçu comme négatif, faible et dévalorisant, par opposition aux gens plus extravertis par exemple.

 

Si elle a beaucoup étudié les travaux d’Elaine Aron, référente sur le sujet, elle s’en démarque, et va plus loin dans les tests d’auto-évaluation qu’elle propose.

 

Bienveillance, distinction entre confiance en soi et estime de soi, acceptation de soi une fois l’hypersensibilité définie, l’ouvrage vise à aider à mieux vivre mais n’apporte finalement pas grand-chose et reste assez superficiel à mon goût, les témoignages n’apportent rien, trop loin de notre culture pour que l’on puisse s’y identifier, de même les exemples d’idées d’activités en fin de volume ressemblent un peu à une plaisanterie : les personnes sensibles les pratiquent déjà pour la plupart sans avoir besoin d’une liste trop générale de toute façon.

 

p. 31 : « Il faut distinguer confiance en soi et estime de soi selon les critères suivants :

- La confiance en soi fait référence à la confiance dans vos compétences et vos actes.

- L’estime de soi est la conscience de votre moi intime et la confiance en votre propre valeur. »

 

p. 90 : « Cela peut soulager certains d’être occupés à tourner leur colère contre leurs parents âgés plutôt que d’affronter cette vérité. Mais le passé est passé. L’enfance ne se rejouera pas. Les blessures que vous avez reçues, vous les avez reçues, et vous avez vécu avec la frustration qu’elles entraînaient. Le jour où vous accepterez cette réalité, la colère se changera en chagrin.

Or la chagrin est salvateur. Le chagrin est un processus qui suit son propre cycle. Quand vous êtes dans le chagrin vous êtes beaucoup plus ouvert à la compassion et à l’amour de la part des autres que quand vous êtes dans la colère. Quand vous êtes en colère, vos chances d’attirer la compassion sont bien plus faibles. La colère éloigne la compassion, le chagrin l’appelle. »

 

 

p. 140 : « « Personnes hypersensibles » est la nouvelle dénomination pour des types de personnes qui pendant longtemps ont été décrites par des mots comme « anxieuses », « timides », « névrosées », - ou pire encore quand j’étais enfant : « malades des nerfs ». »

 

 

Idéal pour une première approche, insuffisant sinon.

 

 

Editions Josette Lyon, mai 2016, 165 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-84319-370-5

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Josette Lyon

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Profession crocodile – Giovanna Zoboli et Mariachiara di Giorgio (ill.)

16 Avril 2017, 09:58am

Publié par Laure

Un magnifique album sans texte, dans un format à l’italienne, découpé à la manière d’une BD.

 

Tous les matins, un crocodile sort de son rêve à la sonnerie du réveil, se lève, prend son petit-déjeuner et se prépare à aller travailler. Il choisit soigneusement ses vêtements, croise ses voisins, prend le métro au milieu d’une foule de gens. Une vie urbaine classique !

 

Les images sont superbes, colorées, chaudes, comportent de nombreux détails sur lesquels on prend plaisir à revenir une fois la chute venue. Je ne l’avais pas vue venir, et pourtant oui, tout y était et se trouve être d’une logique implacable !

Comme quoi des dessins et une histoire, même sans aucun mot, sont toujours magiques !

 

 

Les fourmis rouges, mars 2017, [32] pages, prix :16 €, ISBN : 978-2-36902-074-5

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Mariachiara di Giorgio et éd. Les Fourmis Rouges

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Sur mon fil – Séverine Vidal, Louis Thomas (ill.)

15 Avril 2017, 19:38pm

Publié par Laure

Incipit : « Entre la maison de Maman et celle de Papa, il y a un monde. Un monde qui dure une semaine. »

 

La petite fille de l’histoire a tendu un fil rouge imaginaire entre ses deux parents divorcés pour relier ses deux vies d’enfant en garde alternée. Un fil qui sert le week-end, dans un sens puis dans l’autre, qu’elle roule en pelote la semaine, qui parfois fait des nœuds, symbole de son quotidien partagée entre ses deux parents. Un album qui dit avec beaucoup de pudeur et de justesse toutes les émotions qui la traversent.

 

La fin est belle, positive, poétique.

 

Les illustrations à l’aquarelle de Louis Thomas me rappellent un peu le trait de Quentin Blake, elles occupent une large place sur la page, et laissent le texte s’insérer tantôt sur le dessin, tantôt sur le côté ou au-dessus ou en dessous.

 

Un album sensible et réaliste, qui laisse une belle place à l’expression des émotions et des désirs profonds. Un album qui aide à grandir, quand on est dans cette situation-là.

 

 

Milan, février 2017, [48] pages, prix : 13,90 €, ISBN : 978-2-7459-7341-2

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Louis Thomas et éd. Milan

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Mars 2017 en couvertures ...

1 Avril 2017, 04:57am

Publié par Laure

En mars j'ai lu :

(les images sont cliquables quand elles renvoient à un billet)

 

Zanzara - Paul Colize   Le groupe - Jean-Philippe Blondel  Les ombres de Kerohan - NM Zimmermann

 

        

 

 

 

 

 

En mars j'ai vu :

 

 

 

 

 

 

 

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