L’adolescent qui s’exprime ici est un jeune ordinaire, obsédé par les seins de Justine, assommé par l’ennui des réunions de famille, le racisme ouvert de son père, la glandouille avec les potes. L’ennui de l’adolescence et d’une vie tranquille de banlieue.
L’auteur a choisi d’écrire son texte en slam, et c’est ce qui en fait la force : un roman bref, vif, qui exprime avec justesse les émotions d’un jeune ado, et qui fait de sa première expérience sexuelle un moment vrai, où les mots décrivent avec pragmatisme un moment fort mais sincère.
Ce roman s’adressera particulièrement aux adolescents « petits lecteurs », le texte court et sa musicalité s’y prêtant, mais il régalera aussi tous les jeunes (et moins jeunes) que l’adolescence interroge ou touche.
Un bel ouvrage de fonds, paru en 2006.
Ed. Sarbacane, coll. Exprim’, octobre 2006, 103 pages, prix : 8.90 €, ISBN : 978-2-84865-139-2
La narratrice, dont on ne connaîtra le prénom qu’à la toute dernière ligne, emménage avec son père dans un village isolé. Elle porte un lourd passé, qu’on découvre au fil du texte : le décès de la maman, la perte d’un frère, le deuil impossible du père, et ce « Il » en italique, dont on perçoit qu’il a été malveillant sans immédiatement comprendre qui il est vraiment et ce qu’il a fait, tout en se doutant qu’il est question d’agression sexuelle.
Elle entre dans l’adolescence, solitaire, écorchée vive, et l’école retrouvée (son père a mis du temps à essayer de reprendre pied) lui permet de se faire une amie, Maggie, à qui elle aura pourtant du mal à parler de sa douleur profonde. C’est d’ailleurs le plus souvent dans le silence qu’elle se mure volontairement.
L’étourbillon, c’est cette spirale de caisses posées dans sa chambre, empilées en spirale pour laisser un passage, léguées par un ami libraire de son père, mort lui aussi, dont on apprend qu’il était l’ex de sa mère. Elles contiennent des livres qu’il a mis de côté soigneusement pour elle, sur le deuil notamment, mais aussi une boite de velours au contenu plus intime.
L'étourbillon, c’est sans doute aussi ce tourbillon d’émotions vives qui secouent la narratrice, au parcours de vie plus que dramatique. D’ailleurs, elle trouvera dans les caisses des ouvrages de celui qu’elle appelle Boris, sur la résilience. L’adulte lecteur sait la référence à Cyrulnik, et la résilience, c’est bien ce dont la jeune fille a besoin, mais cela peut-il s’apprendre ? Il faut en passer par l’expérience pour la vivre. Elle l’expliquera très bien au demeurant.
Un premier roman émouvant, mais peut-être un peu trop elliptique, un bref paragraphe en donnera toutes les clés ou presque à la fin, mais peut-être arrive-t-il trop tard dans le récit. La souffrance est vive, le propos intéressant, et comme dans tout roman destiné aux ados, l’espoir est au bout du chemin.
A conseiller à celles et ceux qui aiment les romans intimistes, les histoires de vie, et à qui le deuil ne fait pas peur, ou qui auraient besoin de s’y confronter dans un roman miroir.
Extrait :
p. 62 : « Je suis tombée sur un livre tout à l’heure, un certain Boris je sais plus quoi, il parle de résilience ! C’est la capacité de certains matériaux à reprendre leur forme d’origine, si j’ai bien compris d’après le Petit Robert. Mais lui, il en parle pour les humains.
Capacité à reprendre forme humaine après un traumatisme ?
Je l’ai mis sous mon oreiller, j’y comprends rien mais il me rassure.
En tout cas, il parle des acteurs de résilience ou quelque chose comme ça, il dit que pour les traumatisés la meilleure façon de « résilier » c’est de trouver un humain adulte potable et aidant. Donc, il faut que je trouve quelqu’un, parce que papa clairement c’est pas la peine et que moi j’ai besoin de parler, de vivre, d’apprendre, je suis une jeune fille quoi ! Je veux bien être en deuil – apparemment c’est pas tellement un truc de vieux, ça arrive à tout âge – donc je veux bien, mais fait pas exagérer, je vais pas arrêter de vivre, il se passe trop de trucs intéressants.
Mais dis Boris, ça se trouve où un acteur de résilience ? Et c’est quoi un traumatisme ? »
A partir de 12 ans.
Alice éditions, coll. Tertio, janvier 2023, 186 pages, prix : 13.00 €, ISBN : 978-2-87426-518-1
Au fil de grands événements ayant marqué les cinquante dernières années (Tchernobyl, l’élection d’Obama, le 11 septembre 2001, les attentats du 13 novembre 2015, …), c’est toute l’histoire de la famille qui se déroule, avec ses hauts, ses bas, ses joies, ses peines, ses poids et rancœurs longtemps tues.
Si le roman familial est prenant et certains personnages attachants, j’ai trouvé que l’inscription dans les repères historiques n’offrait pas de valeur ajoutée. Hormis une date en tête de chapitre et quelques lignes de contextualisation, il n’y a pas de vraie incidence sur le récit. Du moins cela ne m’a pas frappée et j’ai été déçue par cet aspect annoncé du roman, censé constituer notre histoire commune, inscrivant la petite histoire dans la grande.
Certains passages de la vie personnelle des protagonistes sont toutefois très marquants, si vous aimez les histoires de vie et de lien familial.
A lire dès 13 ans.
Lauréat du Prix ados 2025 du festival du livre de jeunesse en Occitanie.
Nathan, août 2023, 252 pages, prix : 15,95 €, ISBN : 978-2-09-249500-1, prix : 15.95 €
Laura, 17 ans, a été élevée par sa grand-mère Gene(viève), depuis que sa mère a préféré l’abandonner avec un paquet de couches et deux biberons à l’âge de quatorze semaines.
Veuve, Gene (qui s’est auto surnommée ainsi en hommage à l’actrice Gene Tierney mais que Laura appelle Nino) n’a qu’une passion dans la vie, en dehors de sa petite-fille : le cinéma. Et c’est dans les salles obscures et les soirées VOD, VHS et DVD qu’elle l’a élevée, routine aussi intime qu’ouverte sur le monde par ce que le 7ème art en donne à voir.
Quand arrive l’épidémie de Covid19 et son premier confinement, il faut bien se rendre à l’évidence : la santé de Nino décline. C’est aussi le moment que choisit la mère de Laura pour revenir dans leur vie, mais peut-on recréer un lien qui n’a jamais vraiment existé ?
Quel tourbillon émotionnel que ce roman, hommage au cinéma, aux grands films, acteurs et réalisateurs (on n’a qu’une envie : aller (re)voir tous ces chefs d’œuvre !), étude d’une relation familiale privilégiée autant que disloquée, présence de personnages secondaires ayant du sens (l’amante Mireille, l’ami de cinéma Alain, la meilleure amie Marie-D, sans oublier Pierrick…)
Le roman questionne aussi sur la fin de vie, sur la transmission familiale et la construction de soi, sur le poids et la responsabilité que l’on peut faire porter ou non par amour (et là encore, c’est une référence cinématographique forte qui s’y prête).
Si Laura commence à écrire pour appliquer cette citation de Cioran : « on ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu’on n’oserait confier à personne », elle achève son récit par un « Je me souviens » à la Perec aussi beau que touchant.
Et j’aime toujours autant les auteurs qui ne prennent pas les adolescents (cible première de ce roman) pour des pauvres petites choses fragiles qu’il faudrait protéger d’un monde trop cruel.
C’est parce que les salles de cinéma ont fermé pendant le Covid et qu’il a perdu sa mère à ce moment-là que l’auteur a écrit sur sa passion du cinéma, la plaçant dans un personnage adolescent qui comme lui a grandi dans les salles obscures. Un roman « d’amours au pluriel », « magnifiques ou manquées, comme au cinéma ».
Un quasi-coup de cœur [On fermera les yeux sur quelque paroxysme romanesque]. De ceux qu’on commence un soir et qu’on finit dans la nuit parce qu’on ne peut le refermer avant la dernière page.
Quelques extraits :
p. 44 : « Bonnes vacances, Ma Sauterelle. Tu me manques. Mais j’aime ça, le manque de toi, il me remplit, comme de t’imaginer joyeuse au bord de la mer. »
p. 47 : « Un soir, particulièrement inspirée, Nino a déclaré Les cinéphiles sont des amoureux, les série-maniaques des consommateurs et des peine-à-jouir sur plusieurs saisons ! L’orgasme est cinématographique."
p. 93 : « […] un QI au-dessus de la moyenne, mais surtout un QE, quotient émotionnel, qui crevait les plafonds. Hypersensibilité exacerbée, hyper-susceptibilité et incapacité à dire non de peur de déplaire aux autres tant son besoin de reconnaissance est grand. »
p. 104 : « Si je vis avec toi, mon amour, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de me mettre en quatre pour réaliser le moindre de tes désirs, et même les devancer ! Pire, je vais m’imaginer que ce sont les miens. On est bien comme ça, non ? L’important, c’est qu’on s’aime !
C’est encore le titre d’un de tes foutus films, ou quoi ?! a répliqué Mireille avec amertume. « L’important c’est qu’on s’aime », merde, on dirait du Sautet !
Nino a fait l’erreur de répondre Non, ce serait plutôt du Zulawski. L’important c’est d’aimer. 1975, Romy Schneider, Jacques Dutronc, musique Georges Delerue… »
Ed. Thierry Magnier, août 2023, 224 pages, prix : 16,20 €, ISBN : 979-10-352-0657-4
Miriam a 17 ans, victime de harcèlement scolaire – elle est « grousse » comme disent ses camarades : grosse et rousse - mal dans sa peau et jamais remise de la disparition de sa sœur lorsqu’elle était enfant, elle fait une tentative de suicide. En thérapie, son psychiatre lui conseille de tenir un journal de bord. Ou plus exactement deux journaux : celui qu’elle sait être lu par sa mère, et le vrai, celui dans lequel elle peut s’exprimer sans filtre.
Et si le début est particulièrement drôle, l’ensemble se révèle plus profond, dévoilant des blessures et une vérité que l’on est loin de deviner.
Les dialogues sont enlevés, la relation à la mère intéressante, tout comme celle au psychiatre, réellement bienveillant. J’ai aimé ce personnage féminin qui se débat pour avancer entre ses fantômes, l’absence du père, et ses traumas, et que l’autrice me mène où je ne m’y attendais pas dans la résolution de la disparition de départ.
La technique du journal intime s’essouffle parfois un peu, surtout dans sa version policée destinée à la mère, semblant parfois plus narrative que naturelle.
Un bon roman jeunesse, dès 13 ans.
P. 127 : « Vous êtes hyper drôle, Miriam. Et il a répété. Et hyper intelligente. Hyper sensible. Hyper émotive. Vous êtes excessive, en tout.
Vous dites ça parce que je suis hyper grosse ?
Non. Je dis ça parce que c’est vrai. »
Pocket Jeunesse, mai 2025, 288 pages, prix : 16.50 €, ISBN : 978-2-266-34320-6
Noé, quinze ans, est éco-anxieux au point qu’il en fait des crises d’angoisse et qu’il est invivable avec ses parents. Il reproche à sa mère d’être enceinte et accuse ses parents d’inconscience. Sa meilleure amie Rachel va lui offrir un « carnet d’émerveillement ». Plutôt que de lister tout ce qui va mal dans cette infobésité écologique, elle lui conseille de ne noter que des listes positives. Noé a du mal à démarrer, va commencer par modifier le titre (à plusieurs reprises) de son carnet, mais découvrir que finalement, des bonnes nouvelles il y en a. Un événement familial va également lui permettre de se recentrer.
Un court texte dans une collection conçue pour les ados « petits lecteurs », avec un QR code en 4ème de couverture qui permet d’avoir la version audio du livre, lu par l’autrice.
J’aime les romans dans lesquels j’ai le temps de m’installer, alors forcément je suis un peu frustrée. Mais j’entends le cahier des charges de la collection, et le récit fonctionne et peut rassurer beaucoup de jeunes, ou les aider à appréhender le sujet et passer à l’action, plutôt que de ruminer leur anxiété.
La mise en pages insérant des listes sur des feuilles de bloc-notes arrachées dynamise la lecture, le petit jeu avec Rachel pour deviner le prénom de la petite sœur à naître apporte un peu de légèreté et d’humour au texte.
Une belle manière de passer du verre à moitié vide au verre à moitié plein.
(Dès 12 ans)
Magnard Jeunesse, coll. La Brève, septembre 2022, 76 pages, prix : 8.90 €, ISBN : 978-2-210-97473-9
Dans un futur proche, le monde s’est délité : climat, émeutes, plus rien ne tient et c’est d’ailleurs la panne générale des réseaux sociaux et de l’internet. Autant dire l’apocalypse. Les gyrophares et les alarmes retentissent partout, mais ils sont là, amoureux dans une chambre, à vivre leur désir, juste avant que…
Quel texte splendide, qui n’épargne pas sur la réalité sociale du monde actuel. On ne connaîtra pas les prénoms des deux protagonistes. Elle est un peu à l’écart, car c’est son frère addict qui a occupé les devants de la scène familiale : cliniques, avocats, thérapeutes. Son meilleur ami est dépressif, en souffrance aussi face à la solitude de sa mère, père absent, envolé avant la naissance.
L’expression du désir est très bien rendue, avec force et délicatesse à la fois, la tension se manifeste tant dans l’intime que dans le monde extérieur, avec des mots justement choisis.
C’est une lecture qu’on ralentit pour ne pas la refermer, qui n’épargne pas le lecteur par son acuité glaçante sur le monde, mais qui étreint par son urgence à (s’)aimer.
p. 53 : « Les réseaux, ça leur servait à tout, ils promouvaient leurs idées sur Twitter, ils communiquaient via Facebook, ils sculptaient leur narratif sur Instagram. Puis y a eu les influenceurs. D’abord des idiots de téléréalité qui fourguaient des produits à leurs followers, discrètement. Ça a contaminé le public, on a estimé que recevoir du mascara gratos et donner son avis dessus, c’était un métier, que poster des vidéos d’une minute nécessitait un salaire. Ces influenceurs ont pullulé, sans impératif de qualité ni d’originalité, sans législation. Ils se prétendaient authentiques, des « comme vous », à ceci près qu’ils étaient friqués, superficiels, interchangeables. Surtout, ils avaient des produits à vendre. Au-delà d’un catalogue de pub international, les réseaux tenaient lieu de tribune. »
p. 80 : « Vivez votre vérité, sans désir qu’elle soit approuvée par quiconque. Vous n’avez ni raison ni tort, et vous n’avez pas à justifier ou à négocier vos ressentis. En échange, autorisez les autres à avoir leur version de l’histoire. Tant pis si le rôle qu’on vous y prête ne vous convient pas. »
Ed. Thierry Magnier, coll. L’ardeur, janvier 2024, 118 pages, prix : 13,90 €, ISBN : 979-10-352-0703-8
Crédit photo couverture (qui soit dit en passant est sublime) : Modèle : Arthur Roussel, Photographe : Clémence Demesme @Le Crime / éd. Thierry Magnier
Edward, surnommé Ed le taré ou le Ed le strange, est un ado timide et bourré de toc, souvent moqué au lycée, il se réfugie dans les jeux vidéo. Jusqu’à la goutte de trop d’un racket organisé où la mise va à celui qui boit le plus sans sombrer. Il décide de gagner, coûte que coûte. A la maison, ce n’est pas simple non plus. Proche de son père, sa mère souffre de dépression sévère, anesthésiée comme si elle ne l’avait jamais aimé. Alors quand elle revient miraculeusement guérie et que son père meurt peu après dans un accident de voiture, c’en est trop pour Edward. Paranoïa, folie ? Il est persuadé que sa mère lui veut du mal. Il faut dire que sa mère fait vite le vide autour de lui. Abordant le mal-être adolescent et la santé mentale, les relations familiales souvent difficiles à cet âge, le roman bascule peu à peu dans un thriller implacable, semant le doute et scotchant le lecteur à la page : est-ce la dépression, le deuil, sa fragilité, ou sa mère est-elle réellement devenue psychopathe ? impossible de lâcher le roman avant la fin ! Un thriller psychologique efficace qui n’a rien à envier à ceux “des grands”, seul le personnage principal de l’ado le place dans une collection jeunesse (à partir de la 4e) mais on y prend un grand plaisir à tout âge si l’on aime ce genre.
Je suis Jo Witek depuis pas mal d’années et j’aime la diversité de ses romans, avec un faible sûrement pour ses polars ados, de même Peur Express dans un TGV à l’arrêt sur un pont au milieu de nulle part m’avait particulièrement marquée.
Attention, il s’agit d’une réédition au format poche, le livre a paru en 2014 pour la première fois (par bonheur je ne l’avais pas lu !) Amateurs de thrillers, foncez sans hésiter !
Actes Sud junior, sortie poche janvier 2025 (1ère édition en 2014), 416 pages, prix : 10,90€, ISBN : 978-2-330-19650-9
Toujours aussi fan des polars de Sylvie Allouche, et même s’ils sont publiés chez un éditeur pour ados (parce que les intrigues et les personnages sont souvent en lien avec des ados ou de jeunes adultes, des sujets en rapport avec les drogues etc.) c’est du vrai bon polar qu’on ne peut pas lâcher.
Je ne les ai pas forcément lus dans l’ordre (au gré de mes trouvailles sur les rayonnages de bibliothèque), mais je retrouve toujours la commissaire Clara di Lazio, son équipe, et sa nièce Lilo avec beaucoup de plaisir.
Dans go fast, go slow, il va être question de transport de drogue bien sûr, mais de bien plus évidemment, impliquant la famille de Clara.
Camille Delvaux a dix-sept quand son petit copain Tommy lui promet que cette fois c’est le dernier go slow, qu’après ils mèneront une vie tranquille avec l’argent gagné. Mais c’est celui de trop, car malgré le stratagème qui consiste à rouler normalement et à ressembler à la famille tout-le-monde en mettant un faux bébé dans le siège-auto, c’est celui qui va mal tourner. Tommy va tirer sur un flic et se faire abattre.
Camille est incarcérée pour sept ans, et c'est en prison qu’elle apprend qu’elle est enceinte. Elle confie sa fille, Romy, à sa mère adoptive Janou.
Sept ans plus tard à sa sortie de prison, Camille va très vite être rattrapée par le dealer chef de gang qui se fait appeler l’Indien, et Clara est appelée par sa sœur qui pense avoir retrouvé leur frère Vincent disparu depuis quinze ans, en une personne inconnue dans le coma à l’hôpital, seule la médaille VDL (Vincent di Lazio) permettrait de penser qu’il s’agit de lui.
Les deux affaires vont bien sûr s’imbriquer, l’écriture est nerveuse comme la commissaire qui ne connaît pas les temps morts, on imagine très bien une adaptation en série télé 🙂 Les personnages positifs et empathiques font du bien, l’équilibre est bien trouvé, bravo !
éd. Syros, mars 2022, 331 pages, prix : 16,95 €, ISBN : 978-2-74-853062-9
Alex, seize ans, a pris l’habitude de gérer sa vie seul bien malgré lui : son père est dans le coma depuis de nombreux mois, sa mère a refait sa vie et son beau-père l’horripile, sa grand-mère est morte, sa sœur aînée est en prison et son grand-frère Tony est devenu Tanya. ça fait un peu beaucoup, trop peut-être, pour le personnage comme pour le lecteur…
Heureusement il y a le psy devenu ami, à qui Alex peut se confier.
Le roman s’ouvre à l’hôpital avec une bonne nouvelle : son père est sorti du coma. Mais la mauvaise nouvelle est qu’il est condamné à court terme : il lui reste trois mois à vivre.
Il faut encaisser la nouvelle, et Alex se demande comment ne pas brusquer son père face à tous les changements qui sont intervenus dans la famille pendant son coma. Et s’il lui cachait la vérité ?
Il se prend alors à rêver de reproduire une scène d’enfance, souvenir agréable d’une famille unie et au complet. Le projet est insensé mais Alex va convaincre les siens. Le lecteur peine à croire au scénario. Ce qui m’a incitée à poursuivre ma lecture, c’est de savoir si le père allait être dupe ou pas et comment tout cela allait finir.
C’est un roman d’apprentissage délicat, sur le passage - un peu forcé ici par les circonstances - de l’adolescence à l’âge adulte. Hélas, je n’ai pas été vraiment touchée par cette histoire, pas assez réaliste à mon sens, trop extravagante et trop chargée dans les éléments casés (la transidentité, le premier amour, le deuil, la peur de la mort, le lien parental, etc. ) Peut-être ce roman saura-t-il séduire davantage les adolescents à qui il est prioritairement destiné ? (dès 14 ans)
Actes Sud jeunesse, août 2024, 336 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-330-19474-1