Les jardins d'Hélène

Ni vu ni connu – Michaël Escoffier et Kris Di Diacomo (ill.)

21 Novembre 2014, 08:27am

Publié par Laure

Ah le duo Michaël Escoffier / Kris Di Giacomo, un régal ! Et dans ce très chouette format chez Frimousse, Maxi Boum, une collection d’albums grand format au papier épais de très bonne qualité, c’est un vrai régal. Alors oui c’est 15 euros, mais ça les vaut ! (et nul doute que ce sera l’album du soir souvent lu et relu)

 

C’est l’histoire de Léon le caméléon qui s’en va faire caca derrière un arbre. Mais oups, plus de papier… il regarde autour de lui, cherche et une solution, et hop, ni vu ni connu, il attrape une culotte toute trouée en train de sécher sur une branche. Soudain, une voix l’interpelle. « Hé ho, faut pas se gêner ! » Mais Léon ne voit personne. « C’est moi, ta conscience », répond la voix. S’ensuit une discussion sur ce qui est bien ou pas, et que cette culotte appartenait peut-être à quelqu’un. Notre Léon tout penaud va devoir réparer son forfait.

 

Je ne vous dévoile pas la chute qui est vraiment très drôle, tout comme l’ensemble de l’album d’ailleurs. Les mimiques des personnages et les dessins sont vraiment très expressifs et les situations cocasses abondent vers le comique. Car il y a un deuxième personnage dans cette histoire… vous pouvez y aller sans hésiter, c’est une valeur sûre dès 4 ans !

 

 

Frimousse, coll. Maxi Boum, novembre 2009, prix : 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Kris Di Giacomo et éd. Frimousse.

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Chat par-ci, Chat par-là – Stéphane Servant

20 Novembre 2014, 15:56pm

Publié par Laure

Boomerang, c’est une collection de romans courts publiés tête-bêche qui se répondent. Ils sont souvent écrits à quatre mains, mais on peut aussi avoir un auteur unique comme c’est le cas ici. On peut les lire dans n’importe quel sens, commencer par l’un ou l’autre, peu importe.

 

Est-ce la faute du titre, ici, on est quand même bien tenté de respecter l’expression par-ci par-là en commençant par chat par-ci.

Dans chat par-ci, Lorette est une vieille dame immobilisée dans son appartement par une jambe plâtrée. Lorette attend Lundi, un chat errant auquel elle va mine de rien s’attacher. Elle l’a appelé Lundi car elle déteste ce jour, c’est le rendez-vous hebdomadaire de l’infirmière, et des copines insupportables du club de Scrabble. Alors comme elle déteste aussi les chats, va pour Lundi ! Lorsqu’elle découvre un petit billet dans une noix accrochée au cou de Lundi par un ruban, elle se prend au jeu et commence une mystérieuse correspondance avec un(e) inconnu(e). Serait-ce le vieux monsieur là-bas en face sur son balcon ? Une semaine de correspondance et vient la rencontre… chut je n’en dis pas plus.

(Sinon que Lorette a bien l’air désormais d’aimer tous les lundis !)

 

Retournons le livre pour découvrir chat par-là. Sofiane est un petit garçon qui s’ennuie tout seul chez lui depuis son accident de vélo et sa jambe plâtrée. Lui, il adore les lundis et les chats. C’est pour cela qu’il a appelé le sien Lunes. Et s’il envoyait un message à la jolie petite fille qui joue dans le jardin en bas et avec qui il aimerait bien sympathiser ?

 

Je vous laisse imaginer le croisement des situations et les quiproquos, mais j’ai aimé la fraicheur et la simplicité de ce petit livre qui tend une jolie main vers l’autre pour rompre une solitude.

On apprécie la similitude apparente des deux histoires, tant dans la construction du récit que dans l’intrigue, où le fil conducteur commun est le chat messager. On est surpris de l’orthographe défaillante de la vieille dame et de la maturité du jeune Sofiane, des caractéristiques inversées de l’enfance et de la vieillesse. Un message pour nous dire qu’il n’y a pas d’âge pour s’intéresser à son voisin ? C’est habile et réjouissant, et accessible dès 7/8 ans.

 

 

Rouergue, coll. Boomerang, 37 + 39 pages, septembre 2014, prix : 7 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © ill. Marta Orzel, et éd. du Rouergue

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Journal d'Edward, hamster nihiliste (1990-1990) – Miriam Elia & Ezra Elia

19 Novembre 2014, 09:09am

Publié par Laure

La page de titre indique « Transcrit du langage Hamster » par Myriam Elia & Ezra Elia.

Traduit de l’anglais par Rose Labourie

 

Quel curieux petit livre (13 x 13 cm pour son format !) que ce journal intime tenu par … un hamster ! Un ouvrage un peu absurde et à l’humour so british, comme seuls les Anglais savent le faire.

Edward le hamster écrit donc son journal :

« Samedi 3 mai : j’ai décidé de ne plus faire de roue.

Dimanche 4 mai : J’ai décidé de faire de la roue, mais seulement la nuit quand ils dorment. Je ferai vibrer, crisser et cliqueter la cage, et ce juste pour les énerver, pour leur montrer que je ne suis pas à leur disposition – que si je fais quelque chose, je le fais pour moi, pas pour eux. »

 

S’ensuivent des moments de déprime, des moments de réflexion quasi philosophique sur la vie en captivité, la vacuité de l’existence, des passages drôles sur sa communication avec le chat de la maison (est-il plus libre parce qu’il n’est pas en cage ?) et sur les compagnons hamsters qui rejoindront un temps sa cage.

 

« Vendredi 26 septembre : Il dit qu’il s’appelle Lou, bien que ce ne soit pas un loup.

C’est un hamster.

J’ai tenté de l’entrainer dans un débat sur la nature de notre captivité, la vacuité de l’existence et notre irrationnelle envie de vivre.

Il a émis un rot, ri et déféqué dans le bac à foin.

Il est soit fêlé, soit profondément stupide.

Je suis anéanti »

 

On sourit en lisant cet olni (objet littéraire non identifié) mais on ne peut s’empêcher d’y voir un sens caché, sommes-nous prisonniers de nos vies comme Edward dans sa cage ? Faut-il y voir une critique sous-tendue de l’autofiction et de la vacuité de l’existence ? Étrange, mais pas si bête !

 

Edward n’est plus (1990-1990), mais accordez un regard à son journal, il ne vous laissera pas indifférent.  Le dernier mot à Edward : « à quoi bon écrire ? La vie est une cage de mots vides. »

 

Flammarion, novembre 2013, 91 pages, prix : 8,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Ezra Elia et éd. Flammarion.

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La mode, une histoire de styles - Alexandra Black

14 Novembre 2014, 08:23am

Publié par Laure

Illustrations d'Alexander Lloyd et Vanesa Hamilton, traduit de l'anglais par Marie Baird-smith, conseiller : Alexandre Samson, responsable des recherches au Palais Galliéra, musée de la Mode de la Ville de Paris.

 

Il est rare que je lise un documentaire in extenso, mais celui-ci m'a vraiment passionnée au point de le lire réellement du début à la fin. Il faut dire que c'est un domaine que je ne connais pas plus que cela, et sans doute la maquette, la richesse des illustrations, la multiplicité des propos assez courts ont pesé dans la balance.

De l'Antiquité à nos jours, en passant par les grandes reines et actrices de cinéma, jusqu'aux actuelles imprimantes 3D qui permettent de créer des chaussures et autres objets inédits, c'est une histoire de la mode passionnante pleine d'anecdotes, j'ai appris plein de choses, notamment sur toute la (très longue) période avant le XX ème siècle, où là forcément, la mode est plus proche de nous.

 

J'ai peut-être trouvé un peu fouillis la construction du livre (hormis la chronologie historique) mêlant de-ci de-là des encarts plus éloignés. Plutôt destiné aux adolescentes, ce livre peut réellement plaire à tous, notamment pour l'intérêt de sa partie « histoire de la mode ». Une agréable découverte.

 

 

Nathan, novembre 2014, 160 pages, prix : 14,90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Nathan

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Ceux qui me restent – Damien Marie et Laurent Bonneau (ill.)

9 Novembre 2014, 14:55pm

Publié par Laure

La quatrième de couverture annonce la couleur : « voyage en Alzheimer », et le titre en couverture s'efface sur ses dernières lettres : c'est bien de la perte de la mémoire et de la maladie dont il va être question.

 

Par une construction habile qui jamais ne perd le lecteur, on remonte la vie de Florent, qui a tout quitté dans sa jeunesse pour rejoindre une jeune anglaise avec qui il aura une fille : Lilie.

Une scène obsédante sur un ferry revient sans cesse à la mémoire de Florent : il perd Lilie sur le bateau et la cherche en vain. C'est peu à peu l'histoire de cet homme et de sa fille qui se reconstitue pour le lecteur, la femme et mère trop vite décédée, la fille qui a rompu tous les liens avec son père, mais qui aujourd'hui lui rend visite chaque semaine à la maison médicalisée sans qu'il la reconnaisse. Et toujours il la cherche, comme sur le bateau il y a longtemps.

 

Histoire d'une terrible maladie qui laisse dans le désarroi de nombreuses familles, histoire d'une relation père-fille et d'un amour filial qui se dévoile, une fin inéluctable mais ô combien apaisée dans ses dernières pages (les seules qui m'ont un peu égarée et qu'il m'a fallu relire plusieurs fois alors même qu'elles n'ont pas de texte).

Une économie de mots pour un travail remarquable du dessin et des couleurs, une très belle réussite.

 

 

Bamboo, coll. Grand Angle, août 2014, 159 pages, prix : 21,90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Laurent Bonneau et éd. Bamboo

 

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Aux délices des anges – Cathy Cassidy

7 Novembre 2014, 09:41am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Anne Guitton

 

Humm, la belle couverture gourmande et girly que voilà ! Une couverture qui rappelle bien évidemment la série précédemment parue de l’auteur : des filles au chocolat (Cœur Cerise, Cœur guimauve, etc.)

Pourtant, si j’ai bien suivi, cette traduction est en fait celle d’un roman antérieur à la série, Aux délices des anges date de 2009 en VO. La raison pour laquelle peut-être je le trouve un peu moins abouti dans les caractères de ses personnages ?

 

Anya, 13 ans, vit à Cracovie avec sa mère et sa petite sœur. Son père est parti travailler en Angleterre quatre ans auparavant, espérant trouver une vie meilleure. Le moment est venu de faire venir sa famille à Liverpool, pour être enfin tous réunis.

Mais Anya va vite déchanter : leur appartement est miteux, l’entreprise de son père en faillite, et  l’école, pas si terrible, elle qui se pensait bonne en anglais rencontre bien des difficultés. Elle reste discrète et en retrait, et c’est bien involontairement qu’elle va sympathiser avec Dan, le bad boy de la classe, celui qui préfère mettre le feu à son devoir dans la salle de cours plutôt que de le lire à voix haute, et qui passe son temps à sécher les cours.

Mais peut-on lutter quand on tombe amoureuse, même si l’on sait que ce garçon n’est pas très fréquentable, d’autant plus qu’il l’annonce lui-même haut et fort ? Et les apparences ne cacheraient-elles pas un cœur tendre ?

Pas facile de s’intégrer non plus, surtout quand on est pauvre et menacé de devoir quitter le pays à tout moment faute d’argent. Pourtant, c’est un roman positif, on tâchera d’oublier les nombreux coups de baguette magique qui retournent avantageusement les situations, et l’on se doute bien que tout finira bien, même s’il faut en avaler des sucreries au glaçage craquant !

 

Girly à souhait pour les cœurs de nos préados, nul doute que ce roman plaira aux jeunes filles dès 11 ans. Non pas que les garçons soient exclus, mais la couverture est quand même très marketée fille…

 

Un bon moment, moins réussi toutefois que la série «des filles au chocolat », du moins de mon point de vue de lectrice adulte.

 

 

 

Nathan, novembre 2014, 240 pages, prix : 14.90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Nathan

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Belle gueule de bois – Pierre Deschavannes

4 Novembre 2014, 10:40am

Publié par Laure

Pierre vit seul avec son père, dans une vieille bicoque perdue dans la montagne. Au collège, ça ne va pas fort, ses résultats sont médiocres, et quand le principal lui demande ce qu'il veut faire plus tard, il répond : « vagabond ».

C'est d'une plume très pudique, simple et vraie, que Pierre raconte l'alcoolisme de son père, les joints qu'il fume devant lui, ses tentatives de sevrage, les échecs, les cuites. Pourtant, Pierre aime son père et sait combien sa présence auprès de lui est importante. Sa mère et ses sœurs sont parties vivre ailleurs, mais Pierre et son père ont viscéralement besoin l'un de l'autre, même si ce n'est pas facile, même si parfois c'est l'adolescent qui devient le plus adulte des deux.

Quelques dessins au simple stylo noir agrémentent le texte, sobre et bref, mais qui dit l'essentiel : l'amour d'un fils pour son père. Un très beau texte.

 

p. 26 : « Je passe toute la matinée à me morfondre, avachi au fond de la classe. J'ai honte d'avoir eu honte de mon père. J'ai peur qu'il se soit rendu compte que j'ai été mal à l'aise à cause de lui. Je m'énerve dans mon coin, je suis empoisonné, j'insulte intérieurement tous ces connards qui se sont foutus de ma gueule au lieu de venir me filer un coup de main. J'ai envie de serrer mon père contre moi et de lui dire que je l'aime, que je l'aime à m'en faire péter le ciboulot. »

 

 

Rouergue, coll. Doado, août 2014, 60 pages, prix : 8,30 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Alain Laboile et éd. Du Rouergue

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Debout-payé – Gauz

3 Novembre 2014, 20:07pm

Publié par Laure

Debout-payé est le terme employé dans le milieu professionnel de la surveillance pour qualifier les vigiles noirs et baraqués des grands magasins. Gauz (qui donne son nom complet et quelques explications autobiographiques à la fin) choisit de relater ici le quotidien de ces hommes, émigrés d'Afrique noire, et souvent cantonnés dans ce métier : vigile.

 

L'auteur alterne les réflexions, pensées et aphorismes d'un vigile ivoirien, propos et situations d'observation en activité, dans un magasin de prêt-à-porter Camaïeu et dans le magasin Séphora des Champs-Elysées. Cela en dit beaucoup sur notre société, et le comportement de l'homme en général – ou la femme ! On sourit parfois, on trouve quelques paragraphes inutiles, ou un peu déplacés. Ces courts morceaux se lisent vite. Entrecoupés de trois grandes parties, plus longues, plus construites, qui relatent l'histoire économique et politique de la Côte d'Ivoire, et le parcours de ces hommes venus à Paris en quête d'un eldorado qui se révèle miséreux, squats, sans-papiers, réseaux, risques de reconduite à la frontière, etc.

 

L'ensemble, hétéroclite de par sa construction et son écriture, a le mérite de l'originalité mais cette forme particulière peut parfois gêner. Curieux assemblage pas toujours convaincant et pourtant bien plus riche qu'il n'y paraît, pas inintéressant mais il manque quelque chose pour que je sois pleinement enthousiaste.

 

 

Le nouvel Attila, août 2014, 172 pages, prix : 17 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Denis Darzacq / Cheerie / éd. Le Nouvel Attila

 

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