Quand on a écouté en boucle pendant des mois (et des années) tous les CD de Lynda Lemay, on a du mal – forcément – à avouer que le dernier n’est pas aussi bon que les précédents. Lynda s’essouffle, s’assagit trop ? Si j’ai aimé tous ses albums jusqu’à présent, sauf l’opéra folk « un éternel hiver » qui m’avait déçue sur scène et que je n’ai pas acheté, sa dernière signature n’a plus la verve des précédents : les paroles sont sages, sérieuses, graves. Elles sont belles c’est vrai, mais elles sont tellement attendues, quand on connaît sa plume, on fait les rimes avant même de les entendre.
Ma signature, qui est paru au Québec sous le titre de la sixième chanson "c’est que du bois" fait allusion à sa relation à sa guitare. Lynda, c’est une guitare, et une voix. Et des textes. Ma signature, c’est un album sur sur l’enfance, la maternité, du plus jeune âge à la vieillesse : le cycle de la vie, quoi. Avec pour résumé type la chanson 7 « une mère » qui si j’ai bien compris est le single choisi pour la promo. Lynda est jeune maman : si elle a déjà une grande Jessie, elle a accouché cet été, à quelques jours de ses 40 ans, d’une petite fille. Ça transpire dans son album. La chanson 2 « J’voudrais voir ton visage » lui est clairement dédiée.
A la première écoute, j’ai aimé la chanson 3 « si je ne te fais pas d’enfant », sur la peur des couples qui ne durent pas, elle en sait quelque chose. C’est beau, mais sans surprise. Dans ce 10ème album de la belle, il n’y a qu’une chanson humoristique : « le mime » (piste 8), et peut-être « les culottes grises » (piste 14) que je ressens plus comme des souvenirs d’enfance. J’ai encore très peu écouté cet album, mais c’est la première fois que je n’ai pas envie de l’écouter en boucle, que je suis prête à le ranger sur une étagère et à passer à autre chose.
Clarabel trouvait les dernières pochettes décevantes : oui… sur la dernière le livret ne contient même pas de photos, et sur la pochette, la belle est au fil des ans de plus en plus maquillée. Elle le dit elle-même : elle ne peut sortir sans maquillage très appuyé sur les yeux, mais là, ça frôle la peinture. Et le bronzage artificiel, bof… Où sont passés les charmes effrontés du « coq à l’âme », du live de 98, des « lettres rouges », de quelques titres des « secrets des oiseaux » et dans les plus anciens, le piquant et l’humour de « jamais fidèle », de « drôle de mine »
"C'est pas ma faute si des fois / c'est en plein restaurant / que j'ai envie de toi / devant d'autres clients"/
« je te porte à ma bouche / te mordille en douceur / et c’est moi qui te couche / après de longues heures » (son crayon de papier, voyons !!)
Qu’est-ce que j’ai pu l’aimer « l’homme de 50 ans », et même la totalité des « lettres rouges », qu’est-ce que j’ai pu la chanter à tue-tête dans la voiture (oui, seule sur Le Mans-Albi, 800 km d’autoroute, ça occupe !) sa splendide « je suis grande ». Qu’est-ce que je les ai aimés, ses bonus cachés et ses ptits cours de québécois. Rien, niet sur le dernier : la piste 16 s’arrête sagement. Vous vous souvenez de « la centenaire », cette chanson grave et si juste sur cette vieille femme qui attend la mort : et bien « ma signature » est de cette veine-là, sur 15 chansons sur 16.
Comme dans la dernière (et sublime) chanson des Lettres rouges, ce soir, Lynda est « ma plus belle déception ».
PS : cet article est à coupler avec le précédent.
Ma note : 3/5