Margaret Lea vit entourée de livres anciens dans la boutique de son père, et accessoirement, écrit des biographies d’auteurs. C’est à ce titre qu’elle est contactée par Vida Winter,
écrivain célèbre, pour rédiger sa biographie et lever enfin le voile sur sa vie aussi romanesque que fantasmée. Attirée par l’édition rare d’un de ses titres dans lequel manque « le
treizième conte », elle se rend au manoir de l’écrivain.
S’ouvre alors une plongée dans un splendide roman à tiroirs, où les secrets de famille se révèlent les uns après les autres, laissant naître de sombres
histoires de fantômes, de sœurs jumelles, d’amours troubles et de morts douteuses. Si vous aimez les manoirs anglais, les romans du XIXème tels ceux de Wilkie Collins et des sœurs Brontë, alors
vous adorerez ce roman. Formidable déclaration d’amour à la littérature et aux romanciers anglais du XIXème (l’ouvrage est truffé de références qui donnent envie de les relire, notamment
Jane Eyre qui apparaît comme un leitmotiv et joue un rôle dans l’intrigue), on a du mal à croire que l’auteur est tout à fait contemporaine (première
parution en anglais en 2006) et qu’il s’agit en outre de son premier roman, tant on plonge les yeux grands ouverts et le cœur battant dans cette atmosphère très british d’un siècle passé. Un chef
d’œuvre.
J’ai adoré :
Cet extrait p.290 : « Vous souffrez du mal qui affecte généralement les femmes à l’imagination
romanesque. Au nombre des symptômes, on peut citer les évanouissements, la fatigue, la perte d’appétit, la dépression. On serait tenté d’attribuer la crise à une sortie sous une pluie glacée sans
protection imperméable adéquate, mais il est probable que, à un autre niveau, plus profond, c’est un choc émotionnel qui en est la cause. Toutefois, contrairement aux héroïnes de vos romans
préférés, votre constitution n’a pas été affaiblie par les conditions de vie difficiles des siècles précédents. Pas de tuberculose, pas de polio dans l’enfance, pas d’environnement insalubre.
Vous survivrez. […] Le traitement n’a rien de compliqué : mangez, reposez-vous et prenez ceci, … dit-il en écrivant trois lignes sur son bloc, avant d’arracher la page et de la poser sur ma
table de chevet, et la fatigue et la sensation de faiblesse auront disparu en quelques jours. […]
Je consultai l’ordonnance. D’une écriture vigoureuse, il avait inscrit : Sir Arthur Conan Doyle, Les aventures de
Sherlock Holmes. Prendre dix pages, deux fois par jour, jusqu’à épuisement du stock. »
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008 pour le jury de septembre. 3 romans étaient en lice : Mal de pierres de Milena Agus (que j'avais déjà lu) et 52 ou la seconde vie, de Geneviève Brisac. Les lectrices ont élu Mal de pierres, qui est certes un très bon roman,
mais j'ai préféré pour ma part ce treizième conte, que je trouve plus ambitieux.
Plon, janv. 2007, 394 pages, prix : 21 €
Ma note : 4,5/5
Note barème Elle : 18/20 (de 18 à 20 : très bien)
Crédit photo couverture : éd. Plon et Amazon.fr