Les jardins d'Hélène

Plus tard je serai moi - Martin Page

30 Septembre 2013, 17:27pm

Publié par Laure

Séléna est en pleine adolescence : elle se cherche un look, pour commencer, et n'a pour le moment aucune idée de ce qu'elle veut faire plus tard dans la vie. Elle est amie avec Vérane, qui est handicapée en fauteuil et dont les parents sont assez exigeants sur les résultats scolaires. Les parents de Séléna lui suggèrent un jour que si elle veut être artiste, aucun problème, ils ne l'en dissuaderont pas, ils l'encourageront même, et ils vont commencer dès à présent, en lui offrant de quoi écrire, dessiner, peindre, modeler, photographier, et même, un piano avec des cours chez un professeur. Mais rien de tout cela ne l'intéresse particulièrement. Ses parents vont pousser très loin leur logique : il est bien connu que les artistes ont rarement eu une enfance heureuse, alors il faut conditionner Séléna à la rudesse de la vie : ils coupent le chauffage, ne mangent plus que du riz et des pommes de terre, … jusqu'à l'extrême. Jusqu'à ce que Séléna finisse par réagir et se prononcer …

 

C'est un petit roman très court (72 pages à peine) qui m'a laissée sur ma faim, car j'attendais je crois d'en savoir plus sur les motivations des parents et leur comédie déjantée. Mais non, c'est juste une histoire pour grandir, sur l'affirmation de soi, sa capacité à décider soi-même de sa vie, à affirmer ses choix, une réflexion sur l'éducation donnée par les parents, leur capacité à écouter ou leur ténacité à imposer leur propre volonté.

Sympathique, étonnant (car à contre-courant), mais j'en aurais aimé davantage pour apprécier ce roman à sa juste valeur.

 

Rouergue, coll. DoAdo, mars 2013, 72 pages, prix : 8,70 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Théo Gosselin et éd. du Rouergue.

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Je rachète ou pas ? (les cosmétiques du mois # septembre 2013)

30 Septembre 2013, 17:12pm

Publié par Laure

Je rachète ou pas ? (les cosmétiques du mois # septembre 2013)

Bilan cosmétique du mois de septembre, sur les produits que j'ai terminés : alors je rachète, ou pas ?

(comment cela je me suis gourée de blog ? Oui, peut-être)

 

7 produits terminés ce mois-ci : un gel douche, un démaquillant yeux, une eau micellaire, 2 soins buste (dont un au format voyage ^^), un soin corps, et un actif Etat pur …

 

Les basiques de l'hygiène : gels douche et démaquillants …

 

Gel douche Balea « douche relax », à l'huile d'ylang-ylang, prix : autour de 90 cts.... Acheté dans un DM à Berlin cet été, choisi par Mosquito (qui a fait une razzia de gels douche dans ces prix-là ;-) Perso, je n'étais pas fan du parfum mais il a bien fini par se vider. Je n'envisage pas de racheter... (en même temps, pas de DM à tous les coins de rue en France)

 

Cils demasq, lotion fraicheur, démaquillant fraicheur pour les yeux, Gemey Maybelline, prix approximatif : 3 € (acheté en promo en lot de 2) : un démaquillant basique efficace pour les maquillages plutôt légers. Lotion qui ne pique pas, pas grasse du tout, fait le job. Sans passion pour un démaquillant en particulier, je rachèterai peut-être !

 

Eau démaquillante nettoyante visage et yeux, Mixa bio, peaux sensibles. Ouf, me voilà enfin débarrassée de ce produit détesté : ça m'apprendra à acheter des lots de 2 en promo quand je ne connais pas déjà le produit : j'ai vraiment eu du mal avec : le flacon-pompe qui gicle partout sauf sur le coton, l'efficacité moyenne, le parfum bof et la peau collante après ! Non, je ne rachèterai pas ! (avis déjà donné en janvier 2013 : )

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Côté corps :

 

Buste up tenseur de Cosmence, flacon pompe 50 ml, prix : 30,90 € Un soin buste qui promet galbe, fermeté et anti-relâchement. Pas de miracle à en attendre, mais un léger effet tenseur un peu plus perceptible qu'avec d'autres produits, un flacon pompe très pratique, une texture qui pénètre vite, et côté prix, il faut en profiter lors des promos régulières à moins 50 ou 40%. Il semblerait que le flacon ait été relooké, d'où mon achat à 15 € il y a quelques mois. Un classique régulier de ma salle de bain.

 

Gel buste super lift Clarins, Galbe & tenue, tube format voyage 15 ml, offert dans un coffret de soin pour le corps de la marque. Sinon, existe en format vente en flacon pompe de verre, 50 ml, au prix de 53,70 €. Parfait également. J'en ferais volontiers mon quotidien s'il n'était pas si cher... Pendant mes grossesses j'ai utilisé régulièrement sa version lait, que je préférais, un poil moins chère à peine (46,70 €). Donc très occasionnellement lors des ventes privées des parfumeries à moins 20 %, mais la raison est uniquement financière.

 

Bodytonic, gel remodelant amincissant anti-cellulite, Garnier, prix approximatif : 10,90 €

Encore un produit acheté en magasin de déstockage à moins de 5 €, et ma foi, celui-ci n'est pas si mal : pas d'effet minceur ou anti-cellilute, mais un côté raffermissant pas trop mal, si si.... Un produit qui évolue régulièrement dans cette marque, mais par ce biais de vente à petits prix, je suis prête à racheter... J'alterne quand même de temps en temps avec des laits corporels hydratants car la formule gel mentholé assèche un peu.

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Côté visage :

 

un actif Etat pur, A04, Acmella [30 mg], flacon 15 ml, prix : 13,80 €

Une marque qui me plaît beaucoup dans son approche du soin, des flacons hyper bien conçus, des prix assez raisonnables, mais une petite déception sur ce sérum qui agit normalement sur les rides d'expression et qui était conseillé pour ma tranche d'âge. Pour avoir utilisé auparavant l'acide hyaluronique A06 (conseillé aux + de 50 ans), je lui préfère ce précédent, que j'avais trouvé plus efficace. Donc je sais au moins vers quoi bifurquer ;-)

 

Et un petit dernier hors sujet car il est normalement à mon ado de fille, mais j'avoue l'avoir utilisé un certain nombre de soirs en démaquillant, et j'ai été bluffée par son efficacité :

l'eau nettoyante Cleanance d'Avène, pour peaux jeunes à problèmes, flacon 400 ml, prix : 11 €. Pas d'avis sur le côté « peau à problèmes » (et ma fainéante de fille ne l'utilise probablement pas assez régulièrement), mais en démaquillant façon eau micellaire, il est vraiment top. A voir dans la marque s'il n'existe pas quelque chose de plus adapté à mon grand âge. :-)

 

  

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Le bruit de tes pas - Valentina d'Urbano

27 Septembre 2013, 07:25am

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer

 

Le roman s’ouvre sur un enterrement, le 24 juin 1987. Beatrice raconte…

C’est une histoire d’amitié forte qui se mue en amour, celle de deux enfants qui se sont rencontrés quinze ans auparavant. Bea et Alfredo habitaient le même immeuble, une espèce de squat dans la banlieue romaine. Un quartier où les logements sont occupés illégalement, où la police et les médecins n’osent plus aller. Alfredo est battu par son père, ivre la plupart du temps. À l’étage juste en dessous, Beatrice est plutôt heureuse avec son grand frère et ses parents (qui l’ont eu très jeune, sa mère avait 16 ans). Très vite Bea et Alfredo vont devenir inséparables, au point que tous les appellent « les jumeaux » Mais à l’adolescence, Bea aimerait bien qu’Alfredo la regarde autrement, et celui-ci a sombré dans la drogue dure. Bea tente tout pour l’en sortir.

 

Il y a de très beaux passages, des moments forts (l’avortement clandestin d’une copine de Bea), un espoir, une lutte perdue d’avance, une atmosphère, celle d’un quartier, dans les années de plomb en Italie. Des personnages qui ont une épaisseur, des drames qui s’enchevêtrent. C’est un premier roman de qualité, Valentino d’Urbano a un ton, une plume agréable à suivre, mais je n’ai pas trouvé l’histoire exceptionnelle non plus. Agréable, mais pas inoubliable … (c’est déjà pas si mal !)

 

 

Ed. Philippe Rey, septembre 2013, 237 pages, prix : 19 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © ritA Scaglia / Picturetank et éd. Ph. Rey

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Elle va nue, la liberté - Maram al-Masri

26 Septembre 2013, 09:03am

Publié par Laure

Elle va nue, la liberté - Maram al-Masri

Maram al-Masri est une poétesse syrienne exilée en France. Elle scrute les écrans, Facebook et Youtube pour voir au plus près ce qui ce passe dans son pays. La révolution a fait des milliers de morts. Sa poésie dit cette violence, la mort omniprésente, les femmes et les enfants touchés, mais aussi la flamme qui guide ce peuple : la liberté.

De très beaux poèmes, certains très frappants, presque visuels tant des images s’imposent au lecteur. J’avoue, je ne lisais pas de poésie, et ce recueil m’a convaincue de le faire plus souvent, tant ce qu’elle écrit est contemporain, vivant, fort.

A noter également la belle édition bilingue, texte en arabe à gauche, en français à droite (l’auteur écrit dans les deux langues), beau papier, adéquation du format, autant d’éléments qui contribuent aussi à mettre en valeur ces 45 poèmes.

 

Le cinquième poème du recueil, qui est aussi celui repris en 4ème de couverture, est saisissant :

« L’avez-vous vu ?

 

Il portait son enfant dans ses bras

et il avançait d’un pas magistral

la tête haute, le dos droit…

 

Comme l’enfant aurait été heureux et fier

d’être ainsi porté dans les bras de son père…

Si seulement il avait été

vivant. » 

(Maram al-Masri)

 

J’aime tout particulièrement celui-ci aussi, qui donne son titre au recueil :

 

« Elle va nue, la liberté,

sur les montagnes de Syrie

dans les camps de réfugiés.

Ses pieds s’enfoncent dans la boue

et ses mains gercent de froid et de souffrance.

Mais elle avance.

 

Elle passe avec

ses enfants accrochés à ses bras.

Ils tombent sur son chemin.

Elle pleure

mais elle avance.

 

On brise ses pieds

mais elle avance.

On coupe sa gorge

mais elle continue à chanter. »

(Maram al-Masri)

 

Et j’aurais envie d’en citer tant d’autres encore…

 

 

Lu dans le cadre de l’opération « la voie des indés »proposée par Libfly, qui met à l’honneur la petite édition indépendante.

 

Editions Bruno Doucey, mai 2013, 128 pages, 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Bruno Doucey

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Le loup qui mangeait n'importe quoi - Christophe Donner, Manu Larcenet (ill.)

20 Septembre 2013, 14:54pm

Publié par Laure

Regardez son gros ventre dodu et son air étonné sur la couverture : ben qu’est-ce qui ne va pas, loup ?

 

Écrite en vers (c’est plein de rimes !), c’est l’histoire très drôle d’un loup qui n’a pas mangé depuis des mois, et qui meurt littéralement de faim : le voilà prêt à avaler n’importe quoi. Il quitte donc sa couette douillette et sort de sa tanière (délicieuse illustration où son terrier ressemble fort à un sombre estomac), et part affronter le dur hiver neigeux (du bois de Saint-Cloud) en quête de nourriture.

« Le loup sortit du bois

Et entendit une voix.

C’était une brebis,

Égarée et transie. »

Elle le supplie de ne pas la manger, il le regretterait : elle a été mise à l’écart du troupeau car elle rote et cela incommode ses congénères. Il pourrait attraper son « vil penchant ». Le loup n’en a cure et la croque. Et commence à roter, à roter… S’ensuit un gros cochon (qui pète), un écolier (qui mange sa morve au nez), un double cheese de jumelles peureuses, le loup n’en peut plus de ces tares mal acquises. Il supplie un écrivain (« maudit, cherchant ses rimes ») de le libérer de ses malheurs mais celui-ci sèche, et le loup devient parricide : il mange son auteur….

 

A lire et à relire pour son écriture exquise, son humour (qui rote qui pète qui pue, nul doute que ça plaira aux enfants) et son clin d’œil à la création : qui a le fin mot de l’histoire, l’auteur fait bien ce qu’il veut non ? Subtil, drôle, le duo texte / illustration fonctionne à merveille, on reconnait dans le loup et les bulles rouges des scènes de dévoration certains des traits de BD de Larcenet.

 

Il faudra peut-être expliquer quelques mots aux enfants (il y a quelques « salamalecs ») mais le jeu en vaut la chandelle : ce loup deviendra un classique des bibliothèques enfantines et familiales et ne devrait pas manquer d’être souvent relu.

 

Bref, mon coup de cœur des albums de la rentrée !

 

La soupe aussi a aimé : clic !

 

Mango jeunesse, septembre 2013, prix : 14,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Manu Larcenet et éd. Mango jeunesse

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Edmond : la fête sous la lune – Astrid Desbordes et Marc Boutavant (ill).

20 Septembre 2013, 13:49pm

Publié par Laure

Edmond est un écureuil timide qui vit dans une maison à son image : petite et très ordonnée. Il aime faire de la confiture de noisettes, des pompons, et lire des romans d’aventures. Sa petite maison se situe au milieu d’un grand châtaignier. Tout en haut de l’arbre habite Georges Hibou, bien plus extravagant, qui adore se déguiser avec tout ce qu’il ramasse dans la nature. Au rez-de-chaussée habite l’ours Édouard, un joyeux fêtard qui bientôt organise une nouvelle soirée avec en point d’orgue, une excellente tarte « à rien ».  Tous les animaux de la forêt s’y pressent. Edmond l’écureuil aimerait bien y aller, mais il est trop timide et va se coucher bien triste après avoir fait une nouvelle marmite de confiture. Mais Georges Hibou vient le chercher et l’emmène à la fête…

Un bel album très coloré sur l’amitié, la timidité, et le courage de surmonter ses craintes. Les personnages choisis montrent bien les caractères différents des uns et des autres, qui n’empêchent pas de passer de bons moments ensemble. On est tous différents, mais on peut s’entendre ! La fantaisie de l’un, la bonne humeur de l’autre, la douceur et la générosité d’un autre, l’attention que l’on porte à un voisin solitaire, ça fait une très belle fête au creux du châtaignier. Simple et réconfortant.

(Et pour entourer les couleurs éclatantes de l’album  (fonds de pages jaune, rose, rouge, bleu turquoise pour la nuit) une multitude de pompons en dos de pages de couvertures : étincelles garanties, un vrai feu d’artifice… fait de pompons d’Edmond !

 

 

Nathan, septembre 2013, 32 pages, prix : 10 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Marc Boutavant et éd. Nathan.

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Le crocolion - Antonin Louchard

13 Septembre 2013, 15:07pm

Publié par Laure

 

 

Un petit lapin bien curieux pose des questions à son papa : tu sais quel est l'arbre le plus grand d'Afrique ? le plus grand fleuve ? le plus grand pays ? Etc. Pas de chance pour Petit Lapin, il est trop fort son papa : il est incollable sur l'Afrique! Et la réponse est donnée en pleine page de droite, à partir d'une photo retouchée (la question est sur la page de gauche, et l'illustration plus traditionnelle). Incollable, vraiment, ce papa ? Non ! Car il ne connaît pas l'animal le plus dangereux : le Crocolion ! Et son fils va lui expliquer pourquoi il est si dangereux...

Une chute savoureuse (je vous laisse la surprise), qui fera rire les enfants.

Regardez comme il n'a pas l'air rassuré Petit Lapin sur la couverture, derrière les grandes dents du Crocolion !

Impertinent, drôle, faussement sérieux ("un documentaire animalier"), sûr qu'il faudra le lire et le relire !

 

(à partir de 3 ans)

 

Ed. Thierry Magnier, août 2013, prix : 12 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Antonin Louchard et éd. Thierry Magnier

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Chambre 2 - Julie Bonnie

12 Septembre 2013, 09:23am

Publié par Laure

Béatrice est auxiliaire de puériculture dans une maternité. Elle livre son regard sur ce premier rapport à la maternité, ce lien mère-enfant qui se noue dans l’intimité des chambres, et sur la réalité que renferment ces pièces. C’est parfois violent, mais toujours juste. « Chambre 2 », c’est une histoire terrible, celle d’une mère devenue folle parce qu’elle a perdu à la naissance une des jumelles qu’elle portait. Cette chambre 2 ouvre et clôt le roman, et permet à la narratrice de se révéler à elle-même. En parallèle de ces histoires de vie et de mort (oui il y a des morts en maternité, beaucoup plus qu’on ne l’imagine), Béatrice narre son parcours de danseuse nue au Cabaret de l’amour, un spectacle monté avec son compagnon Gabor, leur ami Paolo, et les deux Pierre, amants dans la vie et travestis à la scène. Vie de bohème et naissances singulières de ses enfants, récit du corps qui s’impose à travers la danse (et la naissance), quelque chose de profond s’entremêle dans ces parcours successifs d’artiste et de puéricultrice après un nouveau drame de la vie.

 

Un roman forcément touchant, que certains jugeront peut-être sombre ou violent, qui égratigne au passage les rapports des personnels soignants entre eux et à l’égard des patients, mais qui transmet aussi une force vive, lumineuse, singulière.

J’ai aimé ce regard lucide sur ce qu’on tait habituellement en maternité, la naissance n’est pas que douceur tendre et amour, il y a des douleurs, des souffrances, des morts, des pleurs, des difficultés à être mère, à supporter son corps, et tout ce qui en sort. Intransigeant, tout comme la description du microcosme des personnels soignants.

 

Julie Bonnie a du talent, c’est indéniable, une plume acérée et forte, en révolte.

 

Prix du roman FNAC 2013.

 

p. 92/93 : « Je ne sais pas si c’est un passage obligé, mais quand on a perdu un bébé on se rend compte qu’on peut donner la mort.

C’est une possibilité. Donner la vie / donner la mort. Donner la vie donner la mort.

Le corps peut fabriquer l’un ou l’autre. Pas forcément par notre faute, pas du tout notre décision. On est dépossédé du choix.

Tu voulais un bébé vivant ? Tu en as un mort. Tu voulais un bébé mort ? Il est vivant. Tu as un bébé vivant ? Il peut mourir.

On ne pense pas assez à la mort quand on donne la vie.

Ou plutôt, on nous interdit de penser à la mort. Les pensées morbides voient rappliquer les psys et autres magiciennes de la normalité.

Pourtant, quand on a perdu un bébé, la mort reste en nous pour toujours tel un organe vital et on sait, mieux que quiconque, ce qu’est la vie. »

 

Belfond, août 2013, 185 pages, prix : 17,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Bruno Ehrs / Corbis et éd. Belfond

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Rêves en noir - Jo Witek

11 Septembre 2013, 09:05am

Publié par Laure

Jill, 16 ans, est une adolescente comme les autres à la différence près qu’elle est aveugle depuis l’enfance, suite à une grave maladie. Mais elle entend bien vivre comme les autres et va jusqu’à tenter des expériences dangereuses pour se convaincre qu’elle peut y arriver, comme la scène d’ouverture où elle se rend au lycée en prenant le métro sans sa canne blanche. Un brin obstinée, elle n’en fait qu’à sa tête pour défendre sa liberté et son autonomie, et se retrouve témoin auditif d’une agression sauvage nocturne dans un parc de Paris. Mais la police appelée sur les lieux ne trouvera aucune trace de victime blessée ni d’agression.

Sûre d’elle, Jill est hantée par cette scène et elle commence à rêver la nuit de « visions » plus que réelles. Commence alors le thriller proprement dit, qui joue légèrement du paranormal, et le lecteur happé suit l’enquête menée dangereusement par Jill et ses amis.

 

Ce que j’ai aimé particulièrement dans ce roman, c’est l’immersion dans le monde des aveugles et des malvoyants, dans leur quotidien en institut spécialisé, leurs cours, leurs difficultés, leurs forces et leurs faiblesses, et la réflexion bien amenée par l’auteur sur les  réactions et erreurs des voyants à l’égard des aveugles. C’est de ce point de vue passionnant et très bien décrit, tout comme ses rapports à sa famille, parents et petite sœur. La joie de vivre de l’adolescente (mais aussi ses coups de déprime) sont communicatifs et le lecteur est d’emblée en empathie avec le personnage.

L’aspect thriller est assez classique, mais efficace : une enquête effrénée, dangereuse, mais dont on se doute qu’elle finira bien. Sans oublier les sentiments et le premier émoi amoureux propre à l’adolescence (c’est le seul point que je trouve peut-être un peu forcé), c’est du tout bon pour ce roman.  

 

 

Actes Sud Junior, coll. Romans Ado Thriller, janvier 2013, 268 pages, prix : 14.50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : ©David Muir / Masterfile / et éd. Actes Sud Junior

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La première pierre - Pierre Jourde

10 Septembre 2013, 07:25am

Publié par Laure

Dans la première pierre, Pierre Jourde revient sur les réactions violentes à son égard et envers sa famille, après la publication de son précédent livre sur son village, « Pays perdu » (L’Esprit des péninsules, 2003), livre jugé injurieux et dénigrant par une bonne partie de la population. Pour le lecteur qui ne connait pas ce livre (pas plus que les références faites à Pays éperdu de Bernard Jannin, qui devait déjà être une première réaction), il est difficile au début de se repérer. Néanmoins très vite deviennent intéressantes les réflexions sur le rôle de la littérature, la perception et interprétation par l’autre de la fiction, les raisons (motivations intimes ou objectifs) de l’écriture. Ainsi très vite aussi le lecteur se pose cette question : le rôle de la littérature est-il de régler ses comptes ? Car malgré les propos passionnants sur les fonctions de la littérature, c’est ce sentiment qui domine : un règlement de comptes par livre interposé. Peu importent les faits propres à l’auteur (c’est un récit personnel) qu’ignore de toute manière le lecteur et dont il se moque un peu, c’est l’enjeu littéraire même qui est au cœur du livre qui est intéressant. Dommage qu’il sente un peu trop le souffre.

Qui a jeté la première pierre ? Je ne suis pas sûre que le lecteur s’en préoccupe.

p. 27-28 : « […] depuis très longtemps, au moins depuis ta naissance, devait circuler dans le pays une histoire, parmi les innombrables histoires, t’attribuant une origine adultérine, sans que ni toi ni tes proches ne soient au courant de cette fiction secrète. Et cette faculté qu’a le village d’engendrer de la fiction, de se composer de fiction, tu allais encore la vérifier. »

p. 50 « Tu as été amputé de toi-même. D’un lieu qui est toi-même. Tu ignorais que c’est un livre qui effectuerait cette douloureuse opération. Pas tout le lieu, mais une grande partie de lui, à présent, te rejette. La littérature sépare, comme le scalpel, c’est là son premier effet. Elle sépare, et puis elle recompose aussi. »

p. 106 : « Un livre n’est pas fait pour admettre les choses telles que nous les rangeons dans l’ordre nécessaire de la vie. Il revient sur le passé, et sur les morts aussi, donc, parce qu’il ne peut pas épuiser la pensée que ce qui a été soit rendu au néant. Pour le livre, le passé vit autant que le présent. »

 

Lu en juillet 2013 dans le cadre de l’opération « on vous lit tout ! »  proposée par Libfly.com et le Furet du Nord, qui offre à ses contributeurs des lectures de la rentrée littéraire en avant-première.

 

Gallimard, septembre 2013, 189 pages, prix : 17,90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard

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