Traduit de l’anglais par Fabrice
Pointeau
Voici un roman au long souffle qui, s’il s’inscrit dans la veine du thriller, n’en demeure pas moins avant tout un grand roman, bien plus riche qu’un page-turner bien
huilé.
Joseph Vaughan a 12 ans à peine quand son père meurt, il est donc élevé seul par sa mère à Augusta Falls, une
petite ville de Géorgie, sous le regard également bienveillant de son institutrice, Alexandra, qui a décelé chez lui un réel potentiel d’écrivain. Cette vie paisible bascule dès lors qu’une
petite fille est sauvagement assassinée. Les meurtres se multiplient. Avec ses copains d’enfance, Joseph crée le groupe des Anges gardiens, par le
biais duquel ils se promettent de toujours veiller sur leurs petites voisines. Peine perdue bien sûr, ce ne sont que des gosses.
Oubliez le thriller, ce n’est finalement pas l’essentiel, vous ne connaîtrez le nom du meurtrier que dans les
toutes dernières pages, et comme moi, vous risquez d’être un brin déçus par ce dénouement finalement peu explicatif.
Mais délectez-vous de tout le reste, ce tourbillon parfaitement construit qui vous mène sur plus de trente ans, et
même plus, culminant aux trois quarts du roman dans un flot d’injustices et d’acharnement qui s’abattent sur le personnage principal. Et qui ne cesse de rebondir, jusqu’à l’ultime page.
L’écriture est telle qu’involontairement vous partagez les émotions du héros. Il y a du Truman Capote dans ce livre (qui lui est d’ailleurs dédié), il y a la force, la richesse et la complexité d’un grand roman.
Deux extraits :
Celui-ci, sur l’écriture et la lecture, p. 60 :
« Il y a des milliers d’exemplaires de ce livre à travers le pays, à travers le monde. En ce moment il y a peut-être une personne en Angleterre, une autre à Paris, en France, encore une
autre à Chicago, qui lisent ce même livre, et ce qu’elles lisent et pensent sera très différent de ce que tu as ressenti quand tu l’as lu. Une histoire est comme un message avec un sens différent
pour chaque personne qui le reçoit. »
Ce dernier, sur un roman publié par le personnage dans l’histoire, mais qui
pourrait s’appliquer au roman d’Ellory qu’on a entre les mains, p. 377 : « Naturel, disait-il. Simple, naturel, modeste, et pourtant complexe, profond. Du
beau travail, monsieur Vaughan, du vraiment beau travail. »
Lu et apprécié également par Cuné, Amanda, ...
Une excellente découverte des (toute jeunes) éditions
Sonatine pour démarrer l’année, qui proposeront en 2009 un nouveau titre de R.J. Ellory, Vendetta.
En janvier sortira également sous leur houlette le premier roman de Hugh Laurie, tout est sous contrôle, un thriller envoyé anonymement afin que le célèbre et adulé Dr House n’influence pas le comité de lecture, dit la légende. A
vos agendas
Sonatine éd. août 2008, 497
pages, prix : 22 €
Ma note :
Crédit photo couverture : éd. Sonatine