Les jardins d'Hélène

Entre mes mains - Anne-Constance Vigier

27 Janvier 2009, 08:46am

Publié par Laure

Dès la première page qui sert de prologue au récit, on sait que c’est un drame que l’on va lire. Qu’il faut s’attendre au pire. Pourtant, on aurait pu croire au meilleur : la narratrice est une jeune ingénieure en mathématiques qui découvre l’amour dans les bras de Sylvain, un musicien obnubilé par Bartók, le compositeur hongrois. On suit leur installation, leur voyage de noces, la découverte de la grossesse … Pourtant, c’est sur un ton désabusé, extérieur et très détaché que la narratrice livre peu à peu son histoire, ses attentes manquées, mal-être et mal-aimance (ça existe ce mot ? j’invente peut-être oups !), comme si elle avait bien conscience de tout cet artifice mais aucune maîtrise sur sa propre vie. Elle analyse parfaitement la situation, mais la subit. Habilement construit, on sait dès le début quelle fin nous attend, mais c’est l’adéquation parfaite ici de l’écriture et de l’histoire qui fait tout l’intérêt de ce court texte : comment l’auteur va-t-elle nous y conduire, à cette fin ? Glaçant, mais fort, marquant, qui laisse une trace bien après lecture, donc très bon. Une auteur(e) à suivre, assurément.

 

L’avis de Clarabel

 

Ed. Joëlle Losfeld, septembre 2007, 100 pages, prix : 11.90 €

Ma note :



Crédit photo couverture : © Faith Ashurst – fotolia et éd. J. Losfeld

Voir les commentaires

Au rebond - Jean-Philippe Blondel

26 Janvier 2009, 11:06am

Publié par Laure

Alex, 15 ans, vit seule avec sa mère, aide-soignante à l’hôpital. Il n’a jamais connu son père.

La vie est rude (financièrement parlant) mais Alex a un pote de lycée avec qui il s’éclate au basket, Christian. Christian, c’est pas la même chose, famille bourgeoise aisée, mère au foyer, mais comme tout n’est pas rose non plus, un brin alcoolo, ça fait désordre.

Alors que faire quand du jour au lendemain Christian disparaît, ne donne aucun signe de vie, et que la maison reste désespérément close ? Encore un séjour impromptu aux Bahamas avec papa-maman ? Pourtant quelqu’un dit l’avoir vu dans un supermarché, c’est bizarre.

Aidé de sa mère, Alex va mettre les pieds dans le plat, et c’est un joli plan de secours qui va se mettre en place. Les relations mère-fils sont revisitées, complicité et humour reprennent le dessus, l’amitié entre Alex et Christian se trouve renforcée… Il ne faut pas trop en dire sur ce petit roman, il faut juste le lire… ça a un petit goût d’ensemble c’est tout, comme j’ai pu le lire sur le blog de Gaëlle notamment, bien sûr ça pourrait sonner un peu miraculeux, mais c’est doux comme un bonbon, ça fait un bien fou, alors ça ne se refuse pas.

A savourer sans hésiter, dès 12-13 ans.

 

 

Les billets de Clarabel, Gaëlle, Essel, Saxaoul, ...

 

 

 

Actes Sud Junior, janvier 2009, 99 pages, prix : 9 €

Ma note :


Crédit photo couverture : © plainpicture/fStop et éd. Actes Sud

Voir les commentaires

Mon roi - Nicolas Pelletier

24 Janvier 2009, 11:23am

Publié par Laure


Depuis quelques temps déjà, lorsque j’aborde une nouvelle lecture, je ne lis jamais les quatrièmes de couv’ ni les prières d’insérer, j’entre dans le texte, directement.
Et le premier chapitre de ce roi m’a un peu rebutée, un langage haché qui me déplaisait, mais je ne savais pas du tout dans quoi j’allais entrer. Ça ne dure que quelques pages, et très vite on revient en arrière : 1978. Nicolas a 13 ans, il est le fils cadet d’une fratrie de 7, il vit dans un milieu aisé : père Directeur Général d’Indosuez, mère Ministre du gouvernement de Raymond Barre. Ils passent Noël au ski, grande station des Alpes. Leur père les a rejoints, mais il ne sent pas bien, migraineux, fatigué, normal se dit-on avec ce genre de vie très remplie. Et c’est l’accident vasculaire cérébral, l’hémiplégie, l’aphasie, la volonté extraordinaire du père pour s’en sortir et redevenir comme avant. C’est cet après que nous narre l’auteur, avec un détachement suffisant pour ne pas mettre le lecteur trop mal à l’aise. Car dans ce genre de témoignage, que voulez-vous dire ?

Au-delà du récit du quotidien, d’un quotidien qui peut basculer du jour au lendemain et n’être plus jamais comme avant, c’est avant tout une belle déclaration d’amour d’un fils à son père, un fils un peu tenu à l’écart au départ, parce que trop jeune sans doute, mais qui n’a jamais voulu perdre sa complicité et sa relation à son père. Hommage au père, donc, qui a toujours refusé de se laisser abattre ; sentiment de malaise à l’égard de l’épouse qui a du mal à vivre cette nouvelle réalité, et perd souvent patience ou semble dure : c’était peut-être tout simplement trop dur pour elle ; le personnage attachant de la bonne entièrement dévouée à Monsieur, et qui semble apporter de la gaieté à ce monde, quelques passages impudiques sur l’éveil à la sexualité de l’auteur que j’ai d’abord trouvés malvenus mais qui trouvent leur place en se raccrochant habilement au handicap du père…

Le récit d’une bataille contre le sort et d’un sincère amour filial.

 

« Main dans la main, mon père et moi nous sommes forgés un autre monde, une illusion plus précieuse que la vie. » (4ème de couv, lue après, donc !)

 

Monique Pelletier, son épouse, et mère de Nicolas donc, avait déjà écrit un livre sur ce drame :  La ligne brisée, au Seuil, en 1995.

 

L’avis de Cuné

 

Merci à Tatiana pour la recommandation ;-)
 

Fayard, janvier 2009, 311 pages, prix : 17,90 euros

Ma note :



Crédit photo couverture : éditions Fayard

Voir les commentaires

N'oublie pas d'être heureuse - Christine Orban

23 Janvier 2009, 13:01pm

Publié par Laure

J’ai aimé quelques uns des romans de Christine Orban, il y a longtemps. J’ai toujours suivi de loin ce qu’elle publiait, Fringues en 2002 ne m’avait pas attirée (et d'après les commentaires en ligne j'ai bien fait), serait-ce de la chick litt light à la française ? Et puis son essai en 2007, Petites phrases pour traverser la vie en cas de tempêtes… et par beau temps aussi, s’est bien vendu, le titre était joli, j’y ai jeté un œil en librairie : un recueil de citations qui là encore m’a semblé un peu léger, je ne l’ai pas acheté.

Christine Orban revient en 2009 avec un vrai roman au titre tentateur : N’oublie pas d’être heureuse. Belle perspective ! ça démarre dans l’enfance dorée de la vie au Maroc… mais las ! rarement il m’a été donné d’approcher un tel vide abyssal en littérature. C’est creux, c’est vide, il ne se passe rien, un recueil de bons souvenirs dans la douceur de vivre ? À peine. Un joli titre et quelques jolies phrases, un nom qui n'a plus rien à prouver ne suffisent pas à faire un roman. Il me tombe des mains définitivement à la page 58 (sur 217) et croyez-moi, je me suis un peu fait violence pour ne pas abandonner avant.

Et si ça s’arrangeait après ? ce serait dommage pour moi, mais si j’en crois le magazine Lire de février, inutile d’insister… (je n’ai pas trouvé l’article en ligne mais j’ai l’exemplaire papier au bureau, 0 étoile et une critique dans le même sens)

 

Albin Michel, janvier 2009, 217 pages, prix : 16 €

Crédit photo couverture : © Edouard Boubat / Rapho, éd. Albin Michel, et Amazon.fr

Voir les commentaires

Mort sur la route - David Le Breton

22 Janvier 2009, 14:52pm

Publié par Laure

Dur roman que ce lauréat du Prix Michel Lebrun * 2008 ! Dans la réalité des squats et de la promiscuité, de la drogue et de la violence, ce roman noir mêle l’errance des jeunes et la prostitution des pays de l’Est, la drogue et les souvenirs des conflits en bosnie, le tout réuni dans la belle ville de Strasbourg. (Et oui, j’y ai vécu plus de 20 ans, les noms de rues et de quartiers me sont donc familiers, c’est le petit plus !)

Accrochez-vous car dès le départ les morts sont violentes et les descriptions sont rudes, mais c’est un bon roman néanmoins, on devine la maîtrise sociologique du sujet (dans le rapport au corps et l’adolescence) par l’auteur, universitaire reconnu, et une réalité urbaine je l’espère un peu exagérée quand même dans sa barbarie sur le monde clos du marché de la prostitution.

Une quête habilement bouclée, pour un roman noir, très sombre, pas toujours facile à soutenir dans ses violences.

 

* en savoir plus sur le Prix Michel Lebrun (avec tous ses lauréats successifs) : article Wikipédia 

L’avis d’Essel, Claude Le Nocher, Norah Guéneau,

 

En savoir plus sur l’auteur, dont c'est le premier roman, mais qui a publié beaucoup d'ouvrages et d'articles universitaires.

 

Métailié noir, oct. 2007, 269 pages, prix : 17 euros

Ma note :


Crédit photo couverture : © Panoptika, éd. Métailié et Amazon.fr

Voir les commentaires

Quelques heures en Gironde...

19 Janvier 2009, 15:19pm

Publié par Laure


Samedi, je passais quelques heures dans une médiathèque de la communauté urbaine bordelaise pour une grande première : j’étais invitée à venir parler de ma pratique du blog, dans le cadre d’une animation autour des écritures de l’intime. Et pour accroître le stress, je devais intervenir en compagnie DU spécialiste de l’autobiographie et du journal personnel en France : Philippe Lejeune. LE spécialiste universitaire aguerri aux conférences et la blogueuse timide et amatrice… Le spécialiste dont j’avais lu quelques publications il y a quelques années avant de me lancer dans l’aventure de l’écriture en ligne…

 


Une rencontre passionnante et très agréable, tant nous avons été bien accueillis …

J’ai fait la connaissance d’Isabelle, la bibliothécaire qui m’avait conviée à cette rencontre plus de six mois auparavant, une bibliothécaire qui connaît vraiment son métier et qui l’aime, (c’est important !) et qui connaît de façon étonnante parfaitement la blogosphère littéraire et même plus. Et oui, elle nous lit, elle nous connaît, et elle nous apprécie ! (Maintenant on aimerait qu’elle se lance aussi , je suis sûre qu’elle saurait trouver son ton à elle et qu’elle nous ferait très bien partager ses lectures !)

Bref je suis revenue de ce week-end ravie, j’ai vraiment eu l’impression de passer du temps avec une amie (car si Isabelle me connaissait par la lecture des Jardins, moi je ne la connaissais pas du tout, et je me suis sentie très à l’aise avec elle, de même qu’avec la conservatrice de la médiathèque avec qui nous avons dîné le soir). Merci à vous mesdames !

 

Et ... Je crois que j’ai trouvé la médiathèque où j’aimerais travailler !   (un jour peut-être…)

Voir les commentaires

La vie en sourdine - David Lodge

13 Janvier 2009, 17:22pm

Publié par Laure

Desmond est un éminent professeur de linguistique à la retraite. Veuf (sa première épouse est décédée d’un cancer), il s’est remarié avec (Wini)fred, qui dirige un petit magasin de déco. Leurs enfants respectifs sont adultes et indépendants, tout va bien, sauf que Desmond s’ennuie sérieusement chez lui, et que l’âge aidant, il devient de plus en plus sourd. Autobiographique sur deux points : la surdité et le père âgé qui perd peu à peu son autonomie, David Lodge nous offre un nouveau roman dans le milieu universitaire qui lui est cher, drôle, ironique, plus personnel aussi, mais tendre et enlevé.

Les prothèses auditives tombant toujours en panne de piles quand il ne faut pas, il arrive que Desmond soit coupé des conversations et se mette dans des situations mal à propos. Ainsi il se retrouve à aider sans le vouloir une doctorante un brin mythomane et perverse sur sa thèse portant sur les lettres de suicidés.

Joyeuse concupiscence, troubles de l’âge, préoccupations décalées du couple, gravité de la vieillesse du père qu’il faut accompagner, c’est un roman tantôt touchant tantôt drôle qui se lit tout seul. Peut-être pas le meilleur de Lodge, mais bien agréable quand même.

Une mention particulière pour la description du week-end à Center Parcs (Gladeworld, en Angleterre, mais concept identique) avec un couple d’amis : si vous connaissez ce genre d’endroit, le récit est à mourir de rire, car c’est tout à fait ça ! A souligner de même les moments graves comme la visite d’Auschwitz et l’hospitalisation du père.

Ecrit sous forme de journal intime à la première et à la troisième personne, émaillé de théories linguistiques auxquelles il faut parfois s’accrocher, je n’ai pas vraiment perçu l’aspect « journal », même si les dates ponctuent le récit, la forme s’effaçant, j’ai vraiment plongé dans le roman, une fiction mêlant les thèmes chers à Lodge avec beaucoup de dérision. Plaisant, vraiment.

Ma note :


Crédit photo couverture : éd. Rivages et Amazon.fr

 

 

Les lectures de Calepin, Clochette , Cuné, Kathel, Keisha, et bien d’autres sans doute …


 

Ed. Payot-Rivages, août 2008, 413 pages, prix : 21,50 €

Voir les commentaires

L'Eglise des pas perdus - Rosamund Haden

10 Janvier 2009, 11:08am

Publié par Laure

Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Judith Roze

 

C’est l’histoire d’une longue amitié qui a souvent été très mal perçue, et pour cause : c’était le temps de l’apartheid en Afrique du Sud. Catherine King est la fille du propriétaire de la ferme à Hebron, au nord-est de Johannesburg, et Maria est la fille de la cuisinière noire qui travaille pour eux. Elles n’ont pas la même couleur de peau, mais elles ont grandi ensemble et sont inséparables, même si Catherine est obligée de partir avec sa mère après la découverte par celle-ci que son mari la trompe, elles savent qu’elles se reverront.

Quelques années plus tard, Catherine revient à Hebron. Maria est toujours là, mais la ferme a été reprise par un couple, Tom et Isobel Fyncham. Entre Katie et Tom, l’attirance est forte…

 

Un roman à la construction souvent habile, parfois un peu confuse, qui mêle constamment époques et personnages, retour en arrière et temps présent,  avec pour point central toujours la petite église où se retrouvent les deux amies. S’il se déroule pendant l’apartheid, le sujet reste néanmoins discret et évoqué de façon subtile, jamais ostentatoire. J’ai aimé le caractère affirmé des personnages et bien développé par l’auteur, jusque dans les personnages secondaires, ainsi que l’intrigue étonnante qui révèlera le secret de famille. Jusque dans les histoires d’amour qui s’entremêlent, tout est bien mené, jamais mièvre. Mais ce qui est à retenir de ce livre, c’est d’abord une grande et indéfectible amitié que tout alentour aurait voulu briser. Un roman très agréable.

Lu en janvier 2009 dans le cadre d’une opération promotionnelle du Livre de poche.



Le livre de poche n°31165, novembre 2008, 280 pages, prix : 6,95 €

(Première publication chez Sabine Wespieser)
Ma note :


Crédit photo couverture : © Lucien Aigner / Corbis et éd. LGF

 

 

 

 

Voir les commentaires

Seul le silence - R.J. Ellory

5 Janvier 2009, 21:33pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau

 

Voici un roman au long souffle qui, s’il s’inscrit dans la veine du thriller, n’en demeure pas moins avant tout un grand roman, bien plus riche qu’un page-turner bien huilé.

Joseph Vaughan a 12 ans à peine quand son père meurt, il est donc élevé seul par sa mère à Augusta Falls, une petite ville de Géorgie, sous le regard également bienveillant de son institutrice, Alexandra, qui a décelé chez lui un réel potentiel d’écrivain. Cette vie paisible bascule dès lors qu’une petite fille est sauvagement assassinée. Les meurtres se multiplient. Avec ses copains d’enfance, Joseph crée le groupe des Anges gardiens, par le biais duquel ils se promettent de toujours veiller sur leurs petites voisines. Peine perdue bien sûr, ce ne sont que des gosses.

Oubliez le thriller, ce n’est finalement pas l’essentiel, vous ne connaîtrez le nom du meurtrier que dans les toutes dernières pages, et comme moi, vous risquez d’être un brin déçus par ce dénouement finalement peu explicatif.

Mais délectez-vous de tout le reste, ce tourbillon parfaitement construit qui vous mène sur plus de trente ans, et même plus, culminant aux trois quarts du roman dans un flot d’injustices et d’acharnement qui s’abattent sur le personnage principal. Et qui ne cesse de rebondir, jusqu’à l’ultime page. L’écriture est telle qu’involontairement vous partagez les émotions du héros. Il y a du Truman Capote dans ce livre (qui lui est d’ailleurs dédié), il y a la force, la richesse et la complexité d’un grand roman.

 

Deux extraits :

Celui-ci, sur l’écriture et la lecture, p. 60 : « Il y a des milliers d’exemplaires de ce livre à travers le pays, à travers le monde. En ce moment il y a peut-être une personne en Angleterre, une autre à Paris, en France, encore une autre à Chicago, qui lisent ce même livre, et ce qu’elles lisent et pensent sera très différent de ce que tu as ressenti quand tu l’as lu. Une histoire est comme un message avec un sens différent pour chaque personne qui le reçoit. »

 

Ce dernier, sur un roman publié par le personnage dans l’histoire, mais qui pourrait s’appliquer au roman d’Ellory qu’on a entre les mains, p. 377 : « Naturel, disait-il. Simple, naturel, modeste, et pourtant complexe, profond. Du beau travail, monsieur Vaughan, du vraiment beau travail. »


Lu et apprécié également par CunéAmanda, ...
 

Une excellente découverte des (toute jeunes) éditions Sonatine pour démarrer l’année, qui proposeront en 2009 un nouveau titre de R.J. Ellory, Vendetta.

En janvier sortira également sous leur houlette le premier roman de Hugh Laurie, tout est sous contrôle, un thriller envoyé anonymement afin que le célèbre et adulé Dr House n’influence pas le comité de lecture, dit la légende. A vos agendas 

 

 

Sonatine éd. août 2008, 497 pages, prix : 22 €

Ma note :


Crédit photo couverture : éd. Sonatine

Voir les commentaires