Septembre 2020 en couvertures ...
En septembre j'ai lu :
Quinqua, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
En septembre j'ai lu :
J'avais découvert la collection Tralal’Art pour les tout-petits (à partir de 2 ans) avec les deux titres sur les couleurs et sur les formes, je découvre à présent celui sur les animaux et celui sur les jouets.
Même principe : une tirette à bouger avec le doigt pour faire fonctionner l'animation. Gros succès pour la queue du chat (tableau de Franz Marc, 1912), les oreilles de la vache (tableau de Rosa Bonheur, 1878) ... où l'on peut même faire bouger les deux oreilles en même temps (pas si facile pour la dextérité des tout petits doigts).
On peut l'utiliser en imagier, nommer les animaux et les jouets avec l'enfant, et en dernière page, le nom de chaque toile, du peintre et sa date de création.
Une belle initiation à la beauté de l'art, à son intemporalité.
Pour les animaux : Nathan, septembre 2020, 10 pages, prix : 10,90 €, ISBN : 978-2-09-259222-9
Pour les jouets : Nathan, septembre 2020, 10 pages, prix : 10,90 €, ISBN : 978-2-09-259294-6
A l’adolescence, Lila ne supporte pas de voir ses seins pousser, depuis toujours elle se sent garçon dans sa tête et n’accepte plus son corps. Elle n’accepte pas les robes « de fille » ou les cadeaux girly que lui achètent sa mère et sa grand-mère. Elle est en colère après tout le monde, à commencer par elle-même.
C’est ce qu’on appelle la dysphorie de genre. La certitude de n’être pas né dans le bon corps. Avec le soutien de ses parents, ouverts et compréhensifs (la BD retranscrit bien la difficulté pour les parents aussi), Lila va devenir Nathan. La démarche de réattribution de genre, ou transidentité, longue et progressive, est expliquée, mêlant habilement la fiction à la réalité documentaire (médicale et administrative) .
C’est ce qui fonctionne bien d’ailleurs dans cet album, la fiction justement documentée. J’aime beaucoup le trait et le choix des couleurs de l’illustrateur, Quentin Zuttion. Une BD utile et réussie.
Payot graphic, octobre 2018, 141 pages, prix : 16,50 €, ISBN : 978-2-228-92162-6
Crédit photo couverture : © Quentin Zuttion et éd. Payot & Rivages
Julie Wolkenstein, autrice et traductrice, enseignante à l’université, imagine un escape game dans la maison familiale de son enfance, située à Saint-Pair-sur-Mer, dans la Manche. C’est une façon ludique d’envisager la visite d’une maison somme toute classique, chargée de souvenirs, les défunts qui y ont vécu, les vivants qui y séjournent toujours pour les vacances.
Même si j’ai accordé peu d’importance au jeu, j’ai aimé l’atmosphère de cette maison et la façon de la décrire, tant les pièces que les souvenirs liés, les liens au père et au frère décédé accidentellement.
Je préfère les romans dits « universitaires » de Julie Wolkenstein, à la David Lodge, pour autant j’ai lu cet hommage à cette maison d’été par excellence (jusque dans le titre) avec plaisir.
P.O.L éditions, 220 pages, janvier 2020, prix : 18 €, ISBN : 978-2818049679
Crédit photo couverture : © Éditions P.O.L
Nasstasja Martin est anthropologue, spécialiste des peuples arctiques. En août 2015, elle est attaquée par un ours dans les montagnes du Kamtchatka. Elle y laissera une partie de sa mâchoire.
Elle raconte ce qui a suivi, les opérations, en Russie puis en France, mais aussi son envie d’y retourner, sa relation presque mystique à l’animal. Cette expérience violente et traumatique la changera à jamais.
Autant j’ai apprécié le récit de sa reconstruction, du parcours hospitalier aux nombreuses opérations – elle n’hésite pas à être critique et certains passages sont ubuesques – autant je suis restée hermétique à la communion avec l’animal, les pensées animistes m’ont totalement échappé, j’aurais aimé peut-être que cette partie soit plus développée, explicitée. Je suis restée sur le bord du chemin.
Ed. Verticales, octobre 2019, 150 pages, prix : 12,50 €, ISBN : 978-2-07-284978-7
Crédit photo couverture : © Emmanuel Cerdan / éd. Verticales
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marguerite Capelle
Très court roman (une centaine de pages) à deux voix, celle de Quin, éditeur licencié pour conduite « inappropriée » envers ses collègues femmes, et celle de Margot, sa meilleure amie, qui comprend la sanction infligée mais la trouve injuste. Tous deux vont tenter de comprendre et dénouer ce qui relève d’une nouvelle époque. Sans que jamais ce ne soit dit, #MeToo est passé par là.
Aujourd’hui l’ambiguïté, le jeu, le flirt, ne passent plus. Si Margot est amie avec lui, c’est parce qu’un jour elle lui a dit NON, clairement, de manière forte et affirmative. Il a cessé. Quel jeu jouent ces autres femmes qui semblent consentir et qui après portent plainte ? Le jeu est-il allé trop loin sans que les protagonistes n’en soient conscients ? Était-il trop ambigu ? Les questions soulevées sont intéressantes et n’ont pas de réponse simple. Mais l’on comprend le désarroi de cet homme. Tout comme l’on désapprouve son attitude. Mais quid alors du non-choix de la femme ? Parce que les hommes sont comme ça et en position dominante ? Margot l’a fait dès le début de leur amitié, ce choix du non. Le récit de Quin montre bien le changement d’époque également. De ce que deux adultes consentants pouvaient faire en boite de nuit il y a trente ans et qui est devenu une conduite à risque aujourd’hui. Non pas sexuel, mais juridique.
Si la fin du roman souligne enfin tout son enjeu, je me suis quand même ennuyée tout du long, peinant à comprendre la forme choisie. Pourtant elle fonctionne très bien, une fois encore, c’est la fin qui redore l’ensemble, mais il aurait fallu cent pages à cette même hauteur.
p. 88 : « - Qu’est-ce que tu comprends ? a-t-elle demandé. […] Que c’en est terminé des hommes comme moi. Qu’elles sont en colère à cause de ce qui se passe dans ce pays, ce gouvernement. Elles ne peuvent pas s’en prendre au roi, alors elles se satisfont du fou. Elles ne gagneront peut-être pas aujourd’hui, mais à la fin elles gagneront. Et qui suis-je pour m’interposer ? Je n’ai pas envie de m’interposer. »
Éditions de l’Olivier, mars 2020, 104 pages, prix : 13 €, ISBN : 978-2-8236-1633-0
Crédit photo couverture : © Noma Bar / Dutch Uncle / et éd. de l’Olivier.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson. Titre original : Valentine
15 février 1976, Odessa, dans les champs pétrolifères du Texas, sous une chaleur aride, Gloria Ramirez, quatorze ans et des poussières, se réfugie chez Mary Rose Whitehead ; elle a peiné à se trainer jusqu’à la première maison en vue, sévèrement battue et violée au cours de la nuit de la Saint Valentin tout juste passée. Elle en sort si détruite qu’elle décide qu’elle ne se nommera plus jamais Gloria, mais Glory, amputant son prénom de son dernier son.
S’ouvre alors un roman choral donnant la parole aux femmes, d’âges et de milieux sociaux différents. Toutes vont dénoncer la condition féminine, le racisme, le patriarcat, le sort tout tracé des femmes, et c’est loin d’être simple pour elles d’oser le faire.
Le thème et les personnages rencontrés dégagent une force qui interpelle, mêlant dureté de la position féminine et du climat sec, chaud et aride. Malgré quelques longueurs vers le milieu du livre, on s’attache volontiers à ces femmes que l’on aimerait pouvoir défendre et encourager.
Un roman âpre et magnétique à la fois. A découvrir.
Les Escales, août 2020, 320 pages, prix : 21,90 €, ISBN : 978-2-36569-459-9
Crédit photo couverture : © Hokus Pokus créations