Juillet 2023 en couvertures...
En juillet, j'ai lu :
Quinqua, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
En juillet, j'ai lu :
Le cosy crime ou cosy mystery, vous connaissez ? C’est ce roman à énigme au charme désuet, sans violence exacerbée, dans un bourg où tout le monde se connaît, où l’on abuse de thé et de pâtisseries, toutes références à Miss Marple ou Hercule Poirot bienvenues.
Ali Rebeihi, vous connaissez ? Journaliste et producteur à Radio France, il anime l’émission « Grand bien vous fasse » sur France Inter, traitant de questions sociétales et de psychologie.
Tante Alice enquête est son premier roman, le bonheur est dans le crime sa première enquête, et pour moi, ma première lecture de cosy crime.
Alice, 58 ans, ancienne spécialiste de droit en affaires criminelles, anime un club lecture dans son village de Seine et Marne, qui se tient régulièrement dans le salon de thé anglo-marocain d’Haroun (si l’eau ne vous vient pas à la bouche au cours de votre lecture, je ne comprends pas, ce n’est pas permis de telles tentations !). On y côtoie les fidèles figures de la commune, on y discute romans, et on y jase vite à l’extérieur.
Tante Alice vit avec son neveu orphelin, Arthur, psychologue clinicien, qui reçoit sa patientèle dans une dépendance de sa maison, et l’on fait la connaissance d’Inès également, femme de ménage employée par plusieurs personnes du village, qui semble bien remontée contre un certain Paul Faye.
Alors forcément, quand le célèbre auteur des Cinq vérités celtiques (rien que pour ce titre et ses allusions ironiques ou menant à la réflexion sur le développement personnel à toutes les sauces, j’adore !) est assassiné, Inès est vite soupçonnée.
Certes le meurtre arrive un peu tard (à la moitié du roman), certes l’enquête est vite et facilement bouclée, mais on ne boude pas son plaisir, tant les références culturelles sont nombreuses (mais pas indispensables pour suivre), dans le respect de la liberté de pensée du lecteur sur toutes ces questions de psychologie (de comptoir ou pas).
Humour, enquête façon le mystère de la chambre jaune, secrets, gourmandises sucrées, tout y est pour une lecture de vacances légère et divertissante. On en redemande 😉 (et la fin annonce bien le début d’une série !)
Éditions du Masque, juin 2023, 267 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-7024-5102-1
Crédit photo couverture : ©Bureau Jany et éd. du Masque
Baptiste se morfond dans son appartement : sa compagne l’a quitté pour un dentiste, son troisième roman ne décolle pas (il surveille le classement tous les jours, voire toutes les heures sur Amazon), bref, c’est plutôt la déprime. Mais quand Madame Halberstadt, sa voisine, lui demande de garder Croquette, son carlin (lui qui n’a toujours aimé que les chats) sa vie va tout à coup devenir meilleure…Ce chien aurait-il des pouvoirs insoupçonnés ?
C’est léger, drôle, parfois loufoque, et délicieusement mordant sur la littérature d’aujourd’hui, qui s’observe, tout comme la vie, dans le miroir des algorithmes et des réseaux sociaux.
J’ai passé un vrai bon moment et si j’avais déjà lu du Carlier, il n’avait pas le même prénom. Ce Stéphane a un bon goût de revenez-y 🙂
Extraits :
p. 30 : “Je n’étais pas très chien. Comme beaucoup d’écrivains, j’avais toujours préféré les chats. Ils m’avaient longtemps accompagné et, si je n’en avais pas, c’était uniquement parce que je manquais de place. Même un hamster se serait senti à l’étroit dans mon studio. J’avais grandi entouré de chats.Mes parents jugeaient les chiens serviles, hypocrites, bagarreurs, bruyants et sales. Nous n’avions eu avec eux que des expériences désagréables.”
p. 71 : “En quelques minutes, quelques secondes, même, je me réappropriai le plus grand des plaisirs. Écrire. Revisiter le monde des rêves à cinq heures de l’après-midi. Attraper les mots, les soupeser comme des tomates au marché. Parler avec son ventre autant qu’avec sa tête. Tout lâcher et tout contrôler à la fois. Dire. Dire la vérité. Raconter au plus près, au plus vrai, la folie de ce monde, sa cruauté et sa drôlerie. Faire comme si tout cela avait un sens.”
p. 91 : “ On peut écrire sur tout, me disais-je. Un amour déliquescent, un jeune garçon à l’école des sorciers, un appartement abandonné pendant la guerre. Les sujets n’ont pas d’importance. Ce qui compte, ce qui accroche, c’est la vérité. Ce que le livre dit de nous. Le commentaire qu’il fait de l’humanité.”
p. 107 : “ - Un feel good, voilà ce que tu devrais écrire. Tu le ponds en un mois, tu prends un pseudo, on lui donne un titre à la con, du genre Il ne faut jamais perdre espoir - plus c’est gros, plus ça passe - on le sort pour l’été et on en vend 30 000. Ça fera du bien à tout le monde.”
Existe en poche
Le Tripode, avril 2019, 173 pages, 15 €, ISBN : 978-2-37055193-1
Crédit photo couverture : Nina, par Claire Deweggis
Alice a 7 ans et Georges 42 quand il entre dans sa vie, meilleur ami de sa mère, il se tient à l’écart tout le temps de son mariage, sans jamais quitter sa place de professeur d’escalade de la petite. Mais au départ du père, il revient insidieusement “Mondjo”, et Alice en a 15 quand il prévoit de s’installer avec sa mère.
Alice, dite Lili, raconte, les gestes déplacés et le grand amour, avec ses mots d’enfant de 9 ans, puis son mal-être. A qui le dire, à qui l’écrire ? “Mondjo me gouzgouze depuis que j’ai huit ans, mais là il sort avec maman donc il va venir s’installer chez nous”
Ce roman décrit avec beaucoup de justesse l’atrocité des actes (jamais énoncés crument mais toujours sans équivoque) d’un pédophile proche du cercle familial et le silence de sa victime. Le lecteur est dans la tête d’Alice et c’est insupportable. De plus en plus oppressant et pourtant si nécessaire.
Le talent de Claire Castillon dans cet exercice périlleux a été salué par le Prix Vendredi 2022, équivalent du Goncourt en littérature jeunesse.
A lire dès 13 ans. On n’en sort pas indemne, mais s’il peut sauver la vie ne serait-ce que d’un seul enfant, il a toute sa place. Dur et indispensable.
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, janvier 2022, 185 pages, prix : 10,50 €, ISBN : 978-2-07-515286-0
Crédit photo couverture : Marion Fayolle et éd. Gallimard jeunesse
"Les chats pour nous, c'était comme la liberté, c'est quand on la perd qu'on se rend compte qu'elle manque." (p.25)
Un vieil homme raconte son île peuplée de chats depuis toujours, ils vont et viennent, plus ou moins domestiqués, libres et indépendants comme le sont les chats, et tout le monde est heureux. Mais un beau jour, ils disparaissent, tous.
Le pouvoir en place sur le continent y remédie en en déposant de nouveaux. Mais ils n'ont plus de chats que le nom... et n'y ressemblent en rien.
Comment s'accommode-t-on des décisions autoritaires prises ailleurs, du contrôle pesant et non négociable ? C'est là que commence le conte philosophique aux allures de 1984 de Georges Orwell, où le phare et les embruns se mêlent à la résistance de quelques uns pour la liberté, de vivre et de penser. Court mais efficace, joliment écrit, avec quelques traits d'humour bienvenus.
Première parution en 2019 aux éditions du Panseur
Gallimard, Folio n° 7190, février 2023, 123 pages, prix : 6,90 €, ISBN : 978-2-07-299068-7
Crédit photo couverture : Olga Fedorova et éd. Folio / Gallimard