Les jardins d'Hélène

Fille des oiseaux (tome 1) – Florence Cestac

29 Décembre 2016, 16:25pm

Publié par Laure

(Titre du volume : N'oubliez jamais que le Seigneur vous regarde!)

 

Fille des oiseaux t1 - Florence CestacA l'aube de mai 68, au pensionnat catholique des oiseaux à Honfleur, Thérèse (double de l'auteur) vit sa scolarité sous la houlette sévère des sœurs. Elle se lie d'amitié avec Marie-Colombe, une fille d'aristocrates, à l'opposé de sa famille paysanne. Marie-Colombe est délurée et va l’entraîner dans ses 400 coups.

On reconnaît immédiatement le trait de Florence Cestac à ses personnages au gros nez rond, et les bulles à leur taille gigantesque de police de caractères (pas besoin de lunettes!)

 

J'ai été déçue par cet album, où le scénario est convenu au possible, sans surprise, à la limite de la caricature quand il s'agit d'évoquer les deux milieux sociaux opposés. Rien d'inventif, les filles s'amusent, les bonnes sœurs, la chasteté, la peur de la grossesse hors mariage, et l'arrivée de mai 68 qui vient balayer tout cela.

Les couleurs sont uniformes, un camaïeu de brun rose passé ; la couleur jaillit à la dernière planche, quand arrive 1968. Sans doute le deuxième tome poursuivra-t-il l'amitié entre Thérèse et Marie-Colombe mais je ne suis pas certaine de le lire...

 

 

Dargaud, septembre 2016, 60 pages, prix : 13,99 €

Étoiles :

Crédit photo couverture : © Florence Cestac et éd. Dargaud

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Tropique de la violence - Nathacha Appanah

28 Décembre 2016, 10:18am

Publié par Laure

Tropique de la violence - Nathacha AppanahLe roman s'ouvre sur le récit de Marie, qui revient sur son incapacité à enfanter et l'adoption de Moïse, ce petit garçon possédé par le djinn, parce qu'il est né avec des yeux de couleur différente, il a été abandonné par sa mère, venue accoucher sur l'île de Mayotte, ce territoire français qui s'annonce Eldorado pour beaucoup de migrants.

Or Mayotte, c'est peut-être la France, mais c'est surtout la misère, la violence, la drogue, le chaos, les ghettos (comme celui qui est baptisé Gaza ici, en bordure de la capitale Mamoudzou, et dont Bruce se déclare le chef), et le flux incessant des embarcations de fortune qui déversent des Comoriens qui rêvent de mieux (la France!).

 

Moïse, adolescent de 15 ans, est en prison pour avoir assassiné Bruce. Comment et surtout pourquoi en est-il arrivé là ? A travers un récit choral donnant la parole à chacun des protagonistes (ainsi qu'à un travailleur social en mission pour une ONG), le lecteur reconstitue le fil, en étant fortement ébranlé tout le long de sa lecture.

 

Je ne sais comment Nathacha Appanah réussit ce prodige à chacun de ces romans, de construire une histoire touchante, brillamment écrite et construite, mais celle-ci tout particulièrement possède cette violence qui n'est autre que celle de la réalité, qui fait froid dans le dos mais ouvre sur le monde, notre monde. Un roman saisissant qui pourtant, réussit à placer de la beauté dans cet enfer.

 

Sans doute ma plus belle lecture de l'année.

 

 

Gallimard, septembre 2016, 174 pages, prix : 17,50 €

Étoiles :

Crédit photo couverture : © Éditions Gallimard

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La chasse au tuc-tuc-tuc – Astrid Desbordes, Marc Boutavant (ill.)

27 Décembre 2016, 10:38am

Publié par Laure

La chasse au tuc-tuc-tuc - Astrid Desbordes et Marc BoutavantAh le duo Desbordes/Boutavant dans la série Edmond et ses amis !, c'est toujours un régal, d'illustrations très colorées et d'amitié.

 

Je ne les commente pas systématiquement ici (on trouvera quelques uns de mes avis assez courts sur un site de vente bien connu), mais je crois que celui-ci est mon préféré de la série, de par la beauté des couleurs et la représentation de la nuit.

 

Edmond, le petit écureuil timide, n'arrive pas à dormir dans cette nuit pourtant calme (mais très noire dans son esprit). Il n'est pas rassuré du tout quand il entend un tuc-tuc-tuc régulier, et ce bruit inconnu au milieu de la nuit, ce n'est pas bon signe. Il file chez son ami Georges Hibou, qui est en train de coudre un costume de dragon. C'est parti, le duo s'en va capturer ce terrible et terrifiant tuc-tuc-tuc. Alors que Georges le hibou adore la nuit (normal!), Edmond a de plus en plus peur. Le bruit viendrait-il de chez Mitzi la chauve-souris ? Le tuc-tuc-tuc semble avoir disparu, laissant place à la lune et aux étoiles.

 

Une très belle histoire pour les 3-6 ans pour dédramatiser la peur du noir, car si la nuit, « c'est noir, c'est doux aussi. » Et les bruits suspects trouvent toujours leur explication, Edmond l'écureuil le découvrira tout naturellement le lendemain matin au soleil !

 

Encore une belle histoire où l'amitié sert ici à rassurer, et à apporter un autre regard sur ce qui peut faire peur. Je trouve le traitement des couleurs de la nuit très réussi dans cet album, en apparence donc bien plus sombre que les autres (c'est l'objet du thème!), mais qui se révèle au final toujours aussi positif et lumineux. Continue à nous émerveiller Edmond !

 

Nathan, novembre 2016, 32 pages, prix : 6,95 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Marc Boutavant et éd. Nathan

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Chaton pâle et les insupportables petits messieurs – Gaëlle Duhazé

26 Décembre 2016, 10:38am

Publié par Laure

Chaton pâle et les insupportables petits messieurs - Gaëlle DuhazéUn chaton vit paisiblement chez lui, en parfait maître de maison : il fait le ménage, la cuisine, lit des livres, tout est toujours propre et bien rangé dans son beau logis à l'orée du bois. On l'appelle chaton pâle parce qu'à force de ne jamais sortir de chez lui, il est tout pâlichon.

 

Ce n'est pas faute d'avoir parfois envie de sortir de chez lui, mais ces jours-là, qu'il appelle les « jours moisis », une cohorte de petits messieurs monstrueux viennent lui barrer la porte et le harcèlent de reproches et de critiques. Ces petits messieurs envahissants sont insupportables mais il n'a pas d'autre choix que de faire avec et de leur céder.

Jusqu'au jour où arrive « grand-mère chat du pissenlit », qui vient chercher secours pour sa corneille Myrtille, qui est blessée. Les petits messieurs lui interdisent d'ouvrir la porte (le danger est grand!), mais il finit par céder à la requête de la vieille chatte convaincante. Et sa vie va pouvoir changer...

 

Quel bel album, tant par le message qu'il véhicule que par les superbes illustrations ! Ces vilains petits messieurs représentent la peur, voire même l'angoisse de chaton pâle quand il s'agit de sortir de chez lui, ses démons intérieurs en quelque sorte. Ils me rappellent un peu les monstres dans Max et les maximonstres, qui traduisaient la colère. Ils l'empêchent de s'épanouir, de s'ouvrir aux autres, d'être lui-même et d'être heureux. Grand-mère chat du pissenlit, par sa gaieté, sa connaissance de la nature, sa bienveillance, son énergie rassurante, va l'aider à les affronter, et petit à petit à les ignorer. Perdant de leur pouvoir, ils vont même disparaître.

 

Album à la croisée du roman de première lecture (le texte est assez long et peut être envisagé comme une lecture autonome) et de la BD dans certains découpages de mise en page, les illustrations et les couleurs choisies traduisent à merveille les émotions des personnages, entre calme et rage explosant, la noirceur explosive des insupportables petits messieurs va laisser peu à peu place à la lumière de la nature luxuriante, extérieure à la maison. Chaton pâle va surmonter ses peurs et perdre son qualificatif qui n'a plus de raison d'être. Son nouveau nom sera bien plus dynamique.

 

Il y a toujours quelqu'un pour vous aider à surmonter vos difficultés ou vos craintes, il faut oser faire confiance, c'est le chemin vers la liberté et le bonheur.

 

Un très beau conte pour aider à grandir, et se laisser charmer par la richesse et la beauté des illustrations.

 

(à partir de 7 ans)

 

 

Hongfei, septembre 2016, [48 pages], prix : 14,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Gaëlle Duhazé et les éditions Hongfei

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Au lit, petit lapin ! - Jörg Mühle

22 Décembre 2016, 11:31am

Publié par Laure

Depuis Un Livre d'Hervé Tullet, on ne compte plus les livres qui sollicitent l'enfant dans l'histoire : frapper dans les mains, appuyer ici ou là, gratouiller derrière les oreilles...


C'est ce procédé que l'on retrouve dans ce livre qui accompagne le coucher de l'enfant (enfin, du petit lapin !) : brosser les dents, mettre le pyjama, faire un câlin, le bisou, éteindre la lumière... la mise ne place d'un rituel avant le sommeil.


Un petit album cartonné tendre et doux pour accompagner le coucher et dédramatiser ce moment de séparation et de bascule dans le sommeil.
 


(pour les 1-3 ans)

 

 

Pastel / L'école des Loisirs, août 2016, 20 pages, cartonné 17 x 17 cm, prix : 8.50 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : Jörg Mühle et éd. Pastel/L'école des Loisirs

 

 

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Les Coulisses du Livre Jeunesse – Gilles Bachelet

21 Décembre 2016, 10:30am

Publié par Laure

Les Coulisses du Livre Jeunesse – Gilles Bachelet

Cet album visite le monde de l’édition jeunesse à travers quelques scènes de pastiche très drôles, du casting au parking, en passant par les objets trouvés et les produits dérivés, bref, un univers humoristique absolument irrésistible.

 

Si vous connaissez déjà Gilles Bachelet, n’hésitez pas une seconde, cet album est un indispensable. Il joue avec ses propres personnages mais il emprunte à ses collègues avec l’humour qui est le sien, on se plait à reconnaitre les personnages d’autres auteurs ou albums connus, (et si vraiment on sèche on a la liste à la fin, même en ayant une bonne connaissance de la littérature jeunesse, on en manque toujours quelques-uns !)

 

C’est un régal pour les professionnels ou amateurs de littérature jeunesse, l’intertextualité ne parle pas forcément à tous les enfants, mais ils réagissent quand même pas mal, et à nous de leur faire découvrir les références qu’ils ignorent encore. Et parce qu’un dessin unique pourrait paraître simple, fouillez dans les détails (les titres de la bibliothèque de la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête se fondent dans le décor mais valent le détour), et de nombreux autres clins d’œil se cachent dans les illustrations.

 

 

Une visite des coulisses incontournable !

 

 

Feuilleter un extrait : ici

 

 

L’atelier du poisson soluble, octobre 2015, 40 pages, (format : 17 x 17 cm env.), prix : 10 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Gilles Bachelet et L’atelier du poisson soluble

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Nos 14 novembre - Aurélie Silvestre

19 Décembre 2016, 15:21pm

Publié par Laure

Nos 14 novembre - Aurélie SilvestreAurélie Silvestre a écrit un livre hommage à son mari et au père de ses enfants, revenant sur sa disparition tragique lors des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan à Paris.

Elle est devenue emblématique des victimes collatérales, jolie blonde de 35 ans, mère de famille aux enfants désormais orphelins de père, elle avait un petit garçon de 3 ans et était enceinte de 5 mois au moment des événements.


 

J'ai un peu hésité à lire ce témoignage, craignant un voyeurisme inutile, qu'allait m'apporter son chagrin ? J'avais entendu une interview d'elle à la radio, elle semblait déborder de courage et d'énergie. Elle-même a douté de son projet :

p. 24 : « Même écrire ce livre me semble d’une grande prétention : qui ma vie peut-elle bien intéresser ? »

C'est un très beau récit vierge de haine mais empli d'amour, celui qu'elle portait à son compagnon et père de ses enfants, à ses enfants, mais l'amour des siens aussi, qui l'a sans doute sauvée au moment des faits. La scène de son père lui tenant la main la première nuit est d'une beauté rare.


 

Elle dit aussi simplement qu'efficacement l'arrachement d'une mort brutale (en cela le livre peut s'adresser à tous ceux qui perdent un être cher même sans contexte terroriste), la nécessité de la vie, peut-être tout simplement pour la petite Thelma qui grandit en elle et qui naîtra en mars 2016, pour son petit garçon qui tente de la réconforter et de la protéger en couchant des dinosaures en plastique sous des draps à côté d'elle.

Passé le décès brutal sous le coup des balles des terroristes, son histoire est plus personnelle et le livre sans doute un moyen pour elle d'entrer dans la résilience et de laisser à ses enfants un témoignage de son amour pour leur père, de la famille qu'ils ont formée. Elle dit aussi combien ce drame l'a placée dans une position sociale et historique qu'elle n'a pas souhaitée, c'est en cela, dans son analyse lucide, que le récit intime peut rejoindre l'universel.


 

p. 200 : « Perdre son amour dans un attentat terroriste est un fait social. Il s’agit de Matthieu mais pas seulement. Tout à coup, l’intime rencontre l’Histoire, l’horreur se superpose, les chagrins se multiplient. Tout mon immeuble, mon quartier, Paris, la France et même un bout de la planète, se mettent à pleurer l’homme de ma vie. Pendant un instant j’ai envie de me terrer chez moi, de me perdre sous mes draps, de disparaître mais c’est impossible, tout le monde m’attend.

Faire son deuil avec la France entière est à la fois un réconfort et une mutilation, un accompagnement et une dépossession. Mon Matthieu n’est pas celui que je vois dans les journaux. »

 

Un récit plein de force, d'espoir et d'amour sans haine.

 

 

 

 


 

 

Ed. Jean-Claude Lattès, novembre 2016, 274 pages, prix : 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : éd. JC Lattès

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Totalitaire (La Présidente, t.2) – François Durpaire, Farid Boudjellal (ill.)

17 Décembre 2016, 15:23pm

Publié par Laure

Ce volume fait suite à La Présidente, au cours duquel Marine Le Pen parvenait au pouvoir aux élections présidentielles de 2017. Dans ce second opus, le scénario de politique fiction continue, désormais à la veille des élections présidentielles de 2022.

 

Le quotidien des citoyens devient très difficile et ils sont désormais extrêmement surveillés.

Je ne vous dévoile pas le résultat de l’élection mais c’est aussi dérangeant qu’au final si peu surprenant. La résistance est muselée (hop, en prison), manipulation et malversation sont la règle (ce n’est pas vraiment nouveau) …. , on bascule dans le totalitarisme.

 

Est-ce vraiment ce monde-là que nous voulons ? Il est assez amusant (enfin, façon de parler) de voir que dans ce tome les auteurs ont mis Trump au pouvoir aux Etats-Unis après un premier et unique mandat d’Hillary Clinton. Sur ce point, la réalité est allée encore plus vite que la fiction !

 

En préface, le scénariste François Durpaire indique : « Le genre que nous tâchons d’initier – la science-fiction civique – a pour objectif de prendre un temps d’avance sur le temps politique, en s’arrachant au flux imposé par l’immédiat. En cela, la culture est une lanceuse d’alerte. Elle ouvre la voie à une meilleure maitrise de notre destin commun. »

 

Dans la fiction, la culture est muselée : la loi Lang a été supprimée, la TVA est passée à 20% sur le livre (c’est la fin annoncée des librairies) et les lecteurs des bibliothèques sont fichés. « Chaque emprunt est consigné et permet de dresser un profil de lecteur susceptible de menacer l’Etat ou la société. Même les Américains avaient refusé cela après le Patriot Act ».

 

On a beau se dire que c’est une fiction, elle est potentiellement vraisemblable… Profitons-en tant que la culture existe encore au pays des Libertés.

 

 

D’aucuns trouvent ce tome plus « facile », je le trouve plus fictionnel et peut-être moins didactique que le premier, avec un parti pris qu’il fallait assumer une fois le FN mis au pouvoir dans la fiction, et le scénariste s’en tire fort bien.

Côté illustrations, je me suis habituée à ce dessin noir où se mélange la photographie.

Comme l’indique le sous-titre, « il est encore temps d’éviter le pire… »

 

 

 

 

Les arènes BD – Demopolis, octobre 2016, 140 pages, prix : 20 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Farid Boudjellal et éd. Les Arènes

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Le bon fils - Denis Michelis

6 Décembre 2016, 08:28am

Publié par Laure

Roman en trois actes (Installation, Perturbation, Confession), ce deuxième ouvrage de Denis Michelis pose la question du bon fils et du bon père.

 

Un homme et son fils adolescent s'installent à la campagne. La mère est partie refaire sa vie, elle ne supportait plus ce « mauvais » fils. Le père lui, en souffre, il est sans cesse épuisé, bon à rien. Albertin (quel curieux prénom), en classe de 1ère ES, est mauvais élève, un peu fainéant sur les bords aussi, plus préoccupé par ses hormones que par les cours (un ado quoi, diront certains!)

 

Les dialogues sont relevés, très visuels, les phrases sont souvent interrompues, formant un enchaînement savoureux,

 

p. 31 : « Je t'ai demandé s'il restait encore du riz.

Mais bon sang tu m'écoutes à la fin ?

Mon père joue les indignés.

Manger, manger, manger.

Qu'est-ce que vous savez faire à part manger, traîner et vous masturber ? »

 

Dans le deuxième acte arrive un personnage tiers, Hans, un vieil ami qui sort d'on ne sait où. Il prend les choses en main pour faire entrer Constant dans le moule. Car oui, désormais Albertin s'appelle Constant. Hans, c'est un peu le père idéal, il cuisine, il bricole, il fait le ménage, il conduit au lycée, il est toujours attentif, mais en filigrane ses méthodes ne sont sans doute pas si nobles. Le vrai père lui « donne » son fils pour l'année scolaire.

Et ça marche, le niveau scolaire de Constant remonte, il rentre dans le pli.

 

Mais la dernière partie interroge, plaçant le lecteur en position inconfortable. Au fond cet Hans existe-t-il vraiment ? N'est-on pas depuis le début aux lisières du fantastique ? Où est la réalité ? Faut-il tuer symboliquement le père ?

 

Une fois encore, après sa critique habile du monde du travail dans « La chance que tu as », Denis Michelis dérange avec la réussite scolaire comme norme du « bon enfant », réussite scolaire mais aussi familiale, et amoureuse.. Roman social, qui joue avec les codes de l'étrange.

 

p.195 : « Encore bravo d'avoir réussi à changer un mauvais fils en bon fils, et que peuvent attendre les bons fils sinon intégrer, une fois leur bac bien au chaud au fond de leur cartable de bon fils, de grandes classes préparatoires qui les guideront vers de grandes écoles, et ces grandes écoles, cher monsieur, leur permettront d'obtenir sans effort de grands diplômes, et ces grands diplômes exerceront une force d'attraction telle que ces bons fils se marieront, auront beaucoup d'enfants qui à leur tour deviendront de bons fils, etc.

Le pays a besoin de bons fils.

Le pays a besoin de vous. »

 

Et peu importe les moyens employés pour y arriver ?

 

Denis Michelis livre un roman étrange, plaisant dans ses dialogues enlevés, troublant dans son atmosphère, qui ne manque pas au passage de faire penser à Œdipe, un roman qui en tout cas ne laisse pas indifférent. Un auteur à suivre !

 

On notera aussi l'intéressante couverture représentant une feuille d'arbre (celui auquel se confie Albertin/Constant dans le roman) et les deux visages qu'elle représente.

 

 

 

Notabilia / Les éditions Noir sur Blanc, mai 2016, 207 pages, prix : 16 €

ISBN : 978-2-88250-425-8

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Visuel : Paprika / et les éd. Noir sur Blanc

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On a trouvé un chapeau - Jon Klassen

5 Décembre 2016, 17:32pm

Publié par Laure

Adaptation française de Jacqueline Odin

 

Après les deux excellents « Je veux mon chapeau » et « ce n'est pas mon chapeau », voici une troisième aventure de maudit chapeau.

 

Deux tortues ont trouvé un chapeau. Ensemble. Il leur va aussi bien à l'une qu'à l'autre, alors pour ne pas faire de jalouse, elles décident ensemble d'y renoncer et de le laisser sur place.

 

Oui mais voilà, ce chapeau devient une obsession une fois la route passée. Elles tentent d'oublier, partent observer le coucher du soleil, et s'endorment. Ou tentent de le faire, les rêves peuplés de … chapeau !

 

 

Comme toujours chez Klassen la réussite de l'album est dans le non-dit qui apparaît dans l'illustration, le lecteur en sait plus (ou imagine plus) que ce que le texte seul lui dit !

 

Un ouvrage sur le désir de possession, sur l'amitié à préserver (à quel prix ?), et sur l'imaginaire que décuple ici le rêve mis en scène.

 

 

Un auteur chouchou  :-)

 

 

Milan, octobre 2016, 32 pages, prix : 12,90 €

Étoiles :

Crédit photo couverture : © Jon Klassen et éd. Milan

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