Les jardins d'Hélène

Mars 2020 en couvertures ...

31 Mars 2020, 17:27pm

Publié par Laure

En mars, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

en mars, j'ai vu ...

 

- Paris-Brest, le film sur Arte adapté du roman de Tanguy Viel (éd. de Minuit, 2009)  : beaucoup aimé !

 

 

 

oui, bon, l'excuse du confinement, sortir un peu des chaines d'info en continu

 

 

 

 

 

 

 

sur le conseil de fiston, bien aimé, malgré une fin qui laisse le doute un temps....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

autant j'avais apprécié le livre, autant là bof, c'est très caricatural et excessif, le rôle est sur mesure pour Benoît Poelvoorde ceci dit....

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Les fleurs de l’ombre – Tatiana de Rosnay

30 Mars 2020, 17:59pm

Publié par Laure

Paris, dans un futur proche : la tour Eiffel a été détruite lors d’un attentat, le quartier a été entièrement reconstruit. C’est dans une résidence moderne entièrement neuve et sécurisée que s’installe Clarissa, qui a quitté son compagnon lorsqu’elle a découvert qu’il avait une liaison. Elle qui est ultrasensible à l’histoire des bâtiments, à la mémoire et à l’atmosphère qu’ils dégagent, pense pouvoir commencer une nouvelle vie dans cette résidence sans passé, appartenant au programme CASA réservé aux artistes.

 

Clarissa est écrivain, et tout dans son univers, rend hommage à Virginia Woolf et à Romain Gary, à commencer par son pseudo, « Clarissa Katsef », Clarissa pour Mrs Dalloway et Katsef pour le vrai nom de Gary : Kacev. Dans son appartement ultraconnecté, elle a d’ailleurs nommé son assistant domestique numérique Mrs Dalloway. Tout se commande de la voix. Mais très vite Clarissa se sent épiée et le malaise monte, jusqu’à sombrer dans la paranoïa ? A moins que tout ceci ne soit réel ?

 

Je retrouve Tatiana de Rosnay là où je ne l’attendais absolument pas : la dystopie. Mais une dystopie légère, crédible, qui sème le doute… et où la réflexion sur la création et l’amour reste présente.

 

L'héroïne est attachante, les personnages secondaires sont bien travaillés, et leur histoire donne à imaginer facilement ce que pourrait être le monde dans quelques années, et ce qu’il est déjà en partie d’ailleurs. Sans avoir lu le dernier Ian McEwan (Une machine comme moi, Gallimard 2020) auquel ces Fleurs de l’ombre m’ont fait penser, nul doute que l’intelligence artificielle inspire les écrivains !

 

Un titre plaisant, où l’imaginaire sème le doute : manipulation ou paranoïa ? Et dans quel but ? Qu’ont en commun tous ces résidents hormis d’être des artistes ? Et si même le chat Chablis y est sensible, alors c’est que c’est vrai ? Laissez-vous happer par ces fleurs de l’ombre !

 

 

 

Extraits :

P. 20 (numérique) : « La plupart des gens ne lisaient plus. Elle l’avait remarqué depuis un moment déjà. Ils étaient rivés à leur téléphone, à leur tablette. Les librairies fermaient les unes après les autres. Géomètre de l’intime, son plus grand succès, avait été tellement piraté depuis sa publication qu’il ne lui rapportait presque plus de droits d’auteur. D’un clic, on pouvait le télécharger, dans n’importe quelle langue. Au début, Clarissa avait tenté d’alerter son éditeur, mais elle s’était rendu compte que les éditeurs étaient démunis contre le piratage. Ils avaient d’autres angoisses. Ils faisaient face à ce problème encore plus inquiétant qu’elle voyait se propager comme une tumeur sournoise : la désaffection à l’égard de la lecture. Non, les livres ne faisaient plus rêver. On les achetait de moins en moins. La place phénoménale qu’avaient grignotée les réseaux sociaux dans la vie quotidienne de tout un chacun était certainement une des causes de cet abandon. »

 

 

p. 118 (numérique) : « Vos livres, leur réception, c’est chouette.

- Merci. Sauf que le public boude la lecture.

- Je sais, dit-il. Les gens prennent des jolies photos de livres, balancent ça sur les réseaux sociaux avec les bons hashtags, mais personne ne lit. Ou très peu. Les livres sont devenus des objets de décoration. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Robert Laffont / Héloïse d’Ormesson, mars 2020, 329 pages, prix : 21,50 €

 

 

 

Crédit photo couverture : © Helen Crawford et éd. Robert Laffont / Héloïse d’Ormesson

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Un été sans maman – Grégory Panaccione

30 Mars 2020, 16:40pm

Publié par Laure

Une petite fille passe un été chez des amis de sa mère, elle ne les connaît pas et ils ne parlent pas sa langue. Mais sur cette côte italienne, elle va néanmoins apprivoiser le père bourru au premier abord, jouer avec le chien, et faire la connaissance d'un petit garçon sur la plage, qui va devenir son copain de jeux et d'aventure. Car des choses étranges se produisent : des poissons qui marchent, un visage sur pieds apparaît, un univers fantastique se mêle au quotidien jusque là ordinaire de la petite fille.

 

L'album entièrement en noir et blanc est quasi sans texte (rappelez-vous, Grégory Panaccione est le dessinateur d'Un océan d'amour, sans texte mais avec Lupano au scénario), mystérieux et un peu opaque. J'ai eu du mal à entrer dans cet univers fantaisiste dont seules les quelques phrases finales, à l'issue de la BD, donnent une explication historique.

 

Le dessin est plaisant, mais je n'ai pas trop accroché au scénario, trop imaginaire à mon goût …

 

 

 

Delcourt, coll. Shampooing, janvier 2019, 276 pages, prix : 19,99 €, ISBN : 978-2-413-01347-1

 

 

 

 

Crédit photo couverture : © Grégory Panaccione et éd. Delcourt

 

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Le manteau de neige – Nicolas Leclerc

24 Mars 2020, 10:15am

Publié par Laure

Katia, 16 ans, est haptophobe du plus loin qu’elle s’en souvienne, c’est-à-dire qu’elle ne peut supporter aucun contact physique, ce qui complique bien évidemment ses relations sociales et familiales, particulièrement avec sa mère, avec qui elle est en conflit permanent.

 

La situation s’aggrave après les funérailles de son grand-père, qui a succombé à une mort violente, poignardé par sa femme qui était pourtant dans un état catatonique depuis trente ans. Katia est en proie à deux fantômes qui la conduisent à des actes violents envers ses camarades et envers elle-même, elle est comme possédée. Humiliée, elle quitte son établissement scolaire. Ses parents sont partagés sur l’aide à lui apporter, dès lors qu’on a affaire au paranormal, passion et raison se déchainent.

 

Je suis dès lors sortie de ma zone de confort, le spiritisme et le paranormal n’étant pas du tout dans mes habitudes de lecture ni même dans mes centres d’intérêt. La violence qui en ressort peut déranger, surtout dans la première moitié du roman. Mais les points de vue abordés et le respect de chaque approche font que ça fonctionne, on est hameçonné jusqu’au bout de ce thriller qui joue avec l’horreur jusqu’à la fin. Sans doute parlera-t-il davantage aux habitués des romans fantastiques et aux fans de Stephen King, néanmoins il faut reconnaitre que l’intrigue tient en haleine, même si on peut regretter une surenchère dans la violence et les atrocités commises ainsi que dans le dénouement choisi, surprenant mais en forme de pirouette facile ?

 

Le manteau de neige est un premier roman parfaitement maitrisé.  

 

 

Seuil, février 2020, 349 pages, prix : 19 €, ISBN : 978-2-02-142690-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. du Seuil

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Préférer l’hiver – Aurélie Jeannin

23 Mars 2020, 12:16pm

Publié par Laure

Une mère et sa fille décident de se retirer dans une cabane dans la forêt, pour surmonter leur douleur respective et commune. Chacune a perdu son fils, l’une a donc aussi perdu son frère et l’autre son petit-fils. On découvrira doucement comment mais là n’est pas l’important.

 

Préférer l’hiver est un roman introspectif et contemplatif. La langue est belle, on y trouve des réflexions sur la nature, la rigueur de l’hiver, la solitude, la lecture, la souffrance, mais il ne se passe strictement rien d’autre que cet enchainement de pensées émanant de la fille.

 

Parfois ce n’est juste pas le bon livre au bon moment, mais celui-ci n’était pas pour moi. Je me suis forcée à le finir, et bien que je reconnaisse la qualité de l’écriture, je me suis tellement ennuyée que ce fut un supplice, peine que j’aurais dû m’épargner, l’autrice le dit elle-même vers la fin de l’ouvrage.

 

Extraits :

p. 40 « Maman distingue les écrivains et les romanciers. Elle dit que les romanciers savent raconter des histoires. Que ce qui importe aux écrivains, ce sont les mots, leur enchainement et leur rythme. Ceux qui excellent dans les deux, elle les appelle les auteurs. Et j’adore la voir savourer leur œuvre auprès du feu. »

 

p. 49 : « Nous parlons peu de nos lectures, solitaires ou partagées. Nous trouvons que commenter les romans les assèche. En revanche, nous adorons relever certaines phrases qui nous ont marquées. »

 

p. 63 : « Notre vie aujourd’hui ressemble à celle d’un pays en guerre. Nous vivons avec peu de choses, coupées du monde. Nous ne communiquons plus avec l’extérieur, et l’humain représente le plus souvent une menace. »

 

 

 

 

 

 

HarperCollins, coll. traversée, janvier 2020, 240 pages, prix : 17 €, ISBN : 979-10-339-0447-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © HarperCollins

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Marche blanche – Claire Castillon

22 Mars 2020, 14:56pm

Publié par Laure

« Hortense a disparu le 23 janvier 2008 à 16h20 », échappant trente secondes à la vigilance de sa mère, le temps de compter jusqu’à vingt-sept pour une partie de cache-cache. Un enfant l’a vue, emportée par un « petit homme sec ».

La vie des parents d’Hortense s’effondre, et chaque année revient cette marche blanche pour elle, ces photos d’elle au visage vieilli imprimées sur les briques de lait dans l’espoir de nouvelles pistes, car « Tant qu’on ne nous apporte pas les preuves de sa mort, elle est vivante. Et moi, tant qu’elle n’est pas vivante, je suis morte. Il n’aime pas que je lui réponde des inepties. » (p.20/153 en numérique)

 

Dix ans plus tard emménage dans le pavillon d’en face une nouvelle famille, avec deux enfants, dont une ado de quatorze ans, Hélène. Elle a pile l’âge qu’aurait Hortense et la mère dévastée en est certaine, c’est sa fille qui est revenue, qui habite en face. Elle va la récupérer.

 

« Il y a seulement la fille, sous mes yeux, qui vient d’emménager en face. Ça fait deux fois que j’en suis sûre. Deux fois, c’est bien. Tout à l’heure déjà, j’ai reconnu son port de tête, sa course, ses cheveux. Le tableau vivant n’est pas seulement ressemblant, il est d’abord troublant, puis absolument vrai. Et alors ? » (p. 10/153 en numérique)

 

Et là se déroule le talent de Claire Castillon, de nous emporter dans la folie de cette mère, toujours plus loin, toujours plus vraie, on doute, on y croit, on comprend les dégâts psychologiques irréversibles que causent le deuil d’un enfant et l’absence de réponse, et puis petit à petit, un pressentiment s’insinue… la fin surprendra ceux qui ne l’auront pas vu venir, et confirmera aux autres (dont je fus, j’ai pensé à Tom est mort de Marie Darrieussecq (P.O.L, 2007) tout du long), que l’autrice est brillante dans son analyse psychologique, glaçante jusqu’à la dernière ligne. Cette fin qui remet l’ensemble en perspective et donne une nouvelle clé à la lecture.

 

Bref mais efficace.

 

 

 

Gallimard, janvier 2020, 176 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-07-284043-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard.

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Les livres d’Emmett Farmer – Bridget Collins

16 Mars 2020, 18:18pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Dominique Defert

 

Emmett travaille à la ferme de ses parents et se remet d’une maladie qui l’a laissé très affaibli lorsqu’il reçoit une lettre le conviant à devenir apprenti enlivreur auprès d’une vieille dame, qui va lui enseigner les rudiments de son art et de la fabrication des livres dans son atelier.

Il lui est impossible de refuser. Ainsi démarre sa nouvelle vie auprès de Seredith. « La femme était vieille et squelettique, avec des cheveux blancs, un visage parcheminé, des lèvres presque aussi pâles que ses joues. »

 

Elle lui explique ainsi son métier : « On enlivre ce dont les gens ne veulent plus se rappeler. Ce qui est trop lourd à porter. On met leurs souvenirs là où ils ne peuvent plus faire de mal. Ils nous livrent leurs souvenirs. Et on les délivre. Voilà notre travail ! »

Elle exerce gratuitement, dans un souci altruiste, alors que d’autres ont vu l’intérêt d’un business dans cet art de la thérapie, proche de la fantasy dans ce roman bien évidemment, mais qui peut faire penser aux amnésies traumatiques, à la psychothérapie et à la psychanalyse.

 

Emmett apprend ce métier jusqu’à ce qu’il découvre un livre à son nom, montrant qu’il a lui-même été enlivré. Et c’est par le biais d’un retour en arrière que l’autrice nous livrera les souvenirs qu’il a enfermés dans son livre. Une belle histoire d’amour contrariée, et refusée par sa famille.

 

Les récits de fantasy ne sont pas ma tasse de thé, mais j’ai été séduite dès le départ par celui-ci, par l’écriture, l’histoire, les personnages secondaires qui gravitent autour d’Emmett. Et j’ai aimé l’idée que dans cette histoire, des faussaires attirés par le gain créentt de toute pièce de faux livres, fausses histoires d’enlivrés qu’on appelle alors … des romans !

 

Une sortie plutôt réussie de ma zone de confort !

 

Je vous le conseille si vous aimez les atmosphères mystérieuses sans date mais un brin denses et troubles, les histoires d’amour somme toute classiques et les sujets originaux…

 

Les Livres d’Emmett Farmer est le premier roman de Bridget Collins qui écrivait auparavant pour la jeunesse.

 

 

 

JC Lattès, octobre 2019, 526 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-7096-6180-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Manon Bucciarelli et éd. JC Lattès

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