Désordre et
sentiments est une courte nouvelle d’Anna Gavalda récemment offerte aux adhérents du club de vente de livres France Loisirs, pour un achat autre dans le
catalogue.
Elle fait 71 pages d’un format haut comme trois pommes, plus petit qu’un poche. Le livre est illustré par Muriel Bouret. Pas de résumé
sur la 4ème de couv, mais un petit mot complice de l’auteur, qui dédie ce livre à ses lecteurs, et à sa sœur.
Quid de l’histoire : deux sœurs, dont l’une est mariée –casée – avec enfants etc, se retrouvent au commissariat au milieu des
ivrognes et travestis du bois de Boulogne. Comment sont elles arrivées là, complètement « chargées » (alcool, shit, ..) prises en flag en train de taguer une vitrine d’un magasin Hugo
Boss ? Il y aurait bien du chagrin d’amour là-dessous, et de l’amour tout court entre deux sœurs !
Comme toujours chez Gavalda, c’est un récit bonbon, un p’tit texte plein de bons sentiments qui à la fin vous fait normalement un bien
fou et sourire jusqu’aux oreilles. Et pis c’est plein de références à la mode : Jane Austen hante les pages, le titre de la nouvelle n’est d’ailleurs pas un hasard ! Pourtant, je n’ai
qu’à moitié adhéré, hérissée par le style et l’écriture : à force d’écrire « comme j’te cause », avec des « couilles » et des « roubignolles » toutes les 3
lignes (quelle obsession Anna ?!), des anglicismes et des mots d’argot partout, même si on ne vise pas le prix Nobel de Littérature, on aimerait quand même un minimum de « mieux
écrit », quoi…
Je vous laisse avec un extrait :
p. 18-21 : « Ah, oui, pardon… les
copines… Le truc, c’est que dans les feuilletons américains genre Sex and the City et toutes ces fadaises, les filles entre elles ne parlent que de
garçons, mais aussi de leurs mères, de leur patron, de leurs collègues et de leurs régimes. Bon. Nous aussi. Nous ne faisons pas mieux et nous ne buvons pas moins. Seulement j’ai la faiblesse de
croire que notre curseur est toujours un cran au-dessus du leur.
Nos lignes de mire sont moins précises et plus
réfléchissantes. Ce que nous visons est souvent trop loin, trop flou et ce que nous manquons nous renvoie, hélas, toujours à nous-mêmes… Euh…je…je sens bien que je ne suis pas très claire, là…
C’est quoi exactement la différence entre la bande de Jessica Parker Bidule et nos pommes ? Question grossièretés, question causticité, question mauvaise foi, piques, banderilles et
toute l’armurerie lourde, il est probable que nous les niquions à plate couture vu que le politiquement correct, ça nous a toujours bien gavées (la preuve… sinon, nous ne serions pas en train de
nous pelotonner contre la moumoute en léopard de synthèse de La Grande Sergueï à l’heure qu’il est…), mais pour le reste, je veux dire pour le fond, pardon mesdemoiselles les pissouzes, pardon,
nous dominons. […] Car nous ne cancanons pas après les garçons, nous, nous parlons d’Amour.
Contrairement à vos gloussements peroxydés et maintes fois reprogrammés, nous ne nous demandons jamais de « détails » par exemple. Et qu’est-ce qu’il t’a fait ? Et comment il t’a
prise ? Et la taille de sa … Ttt ttt, arrière, petites colons, pas de ça chez nous. […] Ma sœur et moi, nous nous connaissons par cœur, nous n’avons aucun secret l’une pour l’autre, nous
nous sommes emballées pour des tocards et nous avons pleuré de grands princes ensemble, mais nous n’avons jamais parlé de cul à corps ouverts. (Là, me connaissant, je pourrais me mettre sur les
pointes et tenter une petite entrechattes du genre : Bon, c’est vrai que l’engin de Machin, vu le bazar que c’était, euh… Elle m’a quand même esquissé un geste, un écartement de pêcheur marseillais… Mais non, je ne peux même pas vous l’arracher ce sourire-là. Le braquemart en question, elle se l’est gardée
pour elle toute seule…) (Soupir). »
Désolée Anna, mais la taille du braquemart du tocard de la sœur pissouze niquée par le vomi de thon-maïs du bituré au gros rouge, à
cul ou à corps ouvert, même avec humour, moi ça m’a gavée. On a acheté un SAS à la gare là ou quoi ?
(y en a qui perdent pas le Nord, il est déjà aux enchères sur Ebay à 5 euros)
Lu aussi par Evie,
(Et dire que l’autre jour pour patienter à l’hôpital alors que le chirurgien avait du retard, j’ai proposé ce bouquin à ma fille –
quoi, y a plein de nénettes de 14 ans qui lisent Gavalda à la bib – c’est le seul que j’avais dans mon sac, je l’avais pas lu, je lui demande
hier : c’était bien le bouquin de Gavalda ? Réponse : mouais bof, non, j’ai pas dû tout comprendre…
France Loisirs, juin 2010, 71 pages, hors commerce.
Etoiles :
Crédit photo couverture : ©Muriel Bouret et éd. France
Loisirs.