Les jardins d'Hélène

Mai 2024 en couvertures ...

31 Mai 2024, 22:14pm

Publié par Laure

En mai, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

honnête et accessible
autrice locale, de qualité

 

 

 

 

 

 

Larcenet au sommet de son art

 

En mai, j'ai vu :

 

drôle et touchant
bof

 

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La liste 2 mes envies - Grégoire Delacourt

20 Mai 2024, 19:42pm

Publié par Laure

12 ans après (La liste de mes envies, 2012), Jocelyne Guerbette, la mercière d’Arras gagnante de 18 Millions d’euros au Loto, revient en librairie sous la plume toujours de Grégoire Delacourt.

Alors ça aurait pu être sympa, elle m’avait bien plu la Jocelyne du 1er opus ou plutôt la capacité de Delacourt à disséquer le couple en se mettant dans le quotidien et la peau d’une femme.

Mais là, comment dire… ce n’est plus ni moins qu’une suite commerciale (il faut bien vivre), même pour le titre personne ne s’est foulé, on remplace le de par 2, ni vu ni connu je t’embrouille (à tel point qu’on est obligés d’expliquer à nos lecteurs que c’est bien une suite et pas juste un changement de couverture), 248 pages, marges larges, interligne confortable, notes de bas de page à rallonge et inutiles, c’est formaté pour être vite lu, et ça l’est. D’autant plus vite que c’est léger, creux, vide. Bavard tout simplement.

L’ex-mari de Jocelyne est donc mort, elle a largué son amant de passage, a récupéré ses 15 millions restant du jackpot, et fréquente les réunions des GA, les gagnants anonymes.  L’auteur passe le roman à démontrer que l’argent ne fait pas le bonheur, tout en énumérant toutes les choses de luxe (ou pas) qu’on peut s’acheter avec. On s’ennuie vite et j’ai bien failli abandonner (un chapitre par dépense effectuée pour liquider le magot, on a vite compris), le dernier quart se réveille un tant soit peu, mais pour se complaire dans un feel-good dégoulinant, le malheur de l’Alzheimer, réel ou supposé un peu de suspens, le nouvel amour naissant et le « ensemble c’est tout » au fin fond des Ardennes. Tout le monde est content, et le twist final qui fait le job.

 

Page 64 : « J’ai gagné beaucoup d’argent à l’EuroMillions et comme je ne vais pas me mettre à acheter ce dont je n’ai pas besoin, j’ai décidé de donner. Et ça, dis-je en désignant ses courses et le ticket que lui tend la caissière, ça, c’est une façon de le faire.

- Si c’est vrai, vous allez faire un sacré buzz ! C’est adorable de votre part, madame, vraiment, je vous remercie, mais je peux encore payer mes courses.

- Alors je vous en prie, faites, lâche soudain la caissière impatiente en levant les yeux au ciel. »

Il ne doit pas les faire si souvent ses courses, l’auteur : la caissière ne me donne jamais de ticket avant que j’aie réglé mes achats. Bon maintenant elle n’en donne même plus du tout, mais je veux bien croire que le roman ait été écrit avant. Bref, d’abord tu payes ou t’appelles Jocelyne, et après tu as le ticket. Non mais.

 

 

Albin Michel, avril 2024, 248 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-226-49447-4

 

 

Crédit photo couverture : photomontage divers créateurs chez Shutterstock / et éd. Albin Michel

 

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L’île où le roi n’existe pas – Raphaël Drommelschlager

10 Mai 2024, 17:36pm

Publié par Laure

Max a trente ans, une librairie en faillite spécialisée dans le voyage, lui qui ne voyage jamais en dehors de ses dessins et de ses rêves. Angoissé, il a besoin de somnifères pour dormir et se fâche avec ses amis lorsque ceux-ci lui offrent un voyage pour son anniversaire, et une « slow watch », une montre avec une seule aiguille, celle des minutes, ainsi il est toujours « l’heure d’y aller ».

Il a à cœur de prendre soin d’un SDF du quartier, Ulysse, qui lui redit à chaque fois qu’un jour, qui sait, c’est peut-être lui qui lui rendra service. Jusqu’au soir où sa librairie prend feu accidentellement.

Les passages « imaginaires » dans lesquels dérive l’inconscient du personnage peuvent faire craindre de perdre le fil, ou de ne pas adhérer au fantastique, mais le scénario est bien fait et donne toutes les clés à la fin, ce que j’apprécie grandement.

Le travail sur les couleurs est très beau, la découpe scénaristique tient la route pour nous conduire où l’auteur veut nous mener : grandir, c’est faire la paix avec son enfance. Et parfois ça prend un peu de temps. Et le temps de l’amour n’est pas oublié, bien planté dès les premières planches.

Un chouette album.

 

(Cet album peut se lire comme la suite d’un titre paru en 2016, la craie des étoiles, il y fait référence dans l’île où le roi n’existe pas, mais on peut tout à fait le lire sans connaître le premier, les rappels sont explicites)

 

Bamboo éd., coll. Grand Angle, janvier 2024, 95 pages, prix : 18,90 €, ISBN : 978-2-8189-6842-0

 

 

Crédit photo couverture : © Raphaël Drommelschlager et éd. Bamboo

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La fourmi rouge - Emilie Chazerand

8 Mai 2024, 17:52pm

Publié par Laure

Vania Strudel, 15 ans, n’est pas une ado comme les autres. Enfin en vrai, si, mais elle est quand même sacrément déjantée et capable des pires horreurs sur ses camarades pas tendres avec elle non plus. Il faut dire qu’elle n’est pas partie gagnante dans la vie, avec un ptosis congénital à l'œil gauche (sa paupière s’affaisse sur son iris, comme Columbo), et “un blase de protège-slip accolé à une pâtisserie autrichienne bourrative” (p. 13). 

Le ton est donné ! Vania vit seule avec son père, sa mère est morte quand elle avait 8 ans. Taxidermiste un peu foufou, il l’entoure d’animaux morts empaillés, et a customisé sa voiture en “ouaflure”, la honte pour Vania ! Celle-ci dresse un portrait drôlatique des personnages qu’elle fréquente (voisins, camarades de classe, amoureux) et comme toute ado, subit nombre de moqueries et rend des coups bas, mais la narration de ces événements complètement déjantés ne peut que faire sourire. 

Pourtant le harcèlement souvent humiliant aurait pu la laisser à terre car sa souffrance est réelle., mais c’est aussi sa force de caractère qui lui permet de ne pas se laisser abattre.

La veille de son entrée en classe de seconde, un email anonyme et mystérieux l’incitant à être “la fourmi rouge parmi les noires” lui donne l’énergie de s’interroger, de revenir sur les faits marquants de sa vie, et de se confier aux bonnes personnes pour les surmonter.

C’est donc un vrai roman d’apprentissage dopé à l’humour, qui réserve pas mal de surprises au lecteur. 

Un personnage d’adolescente hors du commun, et un langage qui “déménage” pour mettre en avant la différence et l’assumer.


(3 étoiles seulement car mon regard d'adulte a parfois trouvé les accumulations un peu lourdingues et la banalisation de la violence scolaire m'a gênée)

 

(à partir de 13 ans)




 

éd. Sarbacane, août 2017, 254 pages, prix : 15,50 €, ISBN : 978-2-84865-998-5

(existe en poche chez Gallimard Jeunesse,coll. Pôle fiction, 7,80 €)

 

 

Crédit photo couverture : © éditions Sarbacane

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Deux sœurs – Isabelle Sivan, Bruno Duhamel (ill.)

7 Mai 2024, 10:55am

Publié par Laure

Deux sœurs que tout oppose vivent dans une maison divisée en deux logements. Le ton est donné dès la couverture. Chez Lise, au n°3 de la rue, tout est verdoyant et bien entretenu. Chez Camille, au 3bis, tout est nu et mort. A l’intérieur, c’est l’inverse. Chez Lise, tout est épuré, chez Camille c’est chargé. L’une a fait de la musique toute sa vie, l’autre a renoncé au foot (ses parents n’ont pas voulu l’y inscrire enfant) pour réussir dans la finance. Leur petite guerre quotidienne pourrait durer éternellement si un courrier du propriétaire souhaitant mettre en vente ne les obligeait pas à prendre une décision et peut-être ainsi à se parler enfin.

Sans dévoiler la fin, je dirais quand même que l’idée est sympa et graphiquement bien exploitée dans la découpe des images, mais le scénario s'essouffle vite pour finir un peu vite et un peu platement, ce qui rend l'ensemble creux et un peu facile. Plaisant à lire mais pas inoubliable.

Mention spéciale à Néfertiti, la chatte maligne qui se joue des rivalités sororales et a tout compris pour son estomac et son confort personnel. 😉

 

 

 

Bamboo, coll. Grand Angle, janvier 2024, 67 pages, prix : 16,90 €, ISBN : 978-2-8189-9968-4

 

 

Crédit photo couverture : © Bruno Duhamel et éd. Bamboo.

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Marche ta peine - Maryvonne Rippert

6 Mai 2024, 09:50am

Publié par Laure

Ulis, 14 ans, purge sa peine en devant randonner pendant 2 mois à travers la France avec un éducateur, afin d’éviter le centre de détention pour mineurs. « Marche ta peine » est à prendre au sens littéral. Chaque jour il doit également écrire un journal destiné à la juge : une chose vue, un souvenir, et une pensée.

Le lecteur découvrira au fil du texte la raison de la condamnation d’Ulis, tout comme son évolution intérieure.

C’est un roman dense, touffu, facile à lire mais qui aborde une multitude de thèmes, trop peut-être. Le harcèlement scolaire, la responsabilité, la culpabilité, la justice, le pardon, l’amitié, le premier amour, l’homosexualité, le handicap, l’écriture, la culture, dans le dernier tiers en particulier, c’est un peu chargé.

Dès le départ rien ne se passe comme prévu car Ulis ne partira pas avec l’éducateur envisagé, mais un vieil homme bougon et taiseux qui a lui-même vécu une histoire dramatique, avec laquelle il faut vivre. C’est bien l’histoire de ce personnage qui va nourrir le roman et le lien entre les deux hommes.

Les personnages secondaires sont importants également, jusqu’au chien Capi, Capi et Vitalis, il n’aura pas échappé au lecteur aguerri que ces noms sont empruntés au roman d’Hector Malot, Sans famille.

Une lecture intéressante, qui aborde la gravité du harcèlement et ses conséquences « à vie », mais qui aurait mérité à mon sens de réduire un peu le nombre de sujets abordés.

 

 

Extrait p. 244 : « - ça nous sert à quoi tout ça ? Lire des livres, apprendre des trucs de l’ancien temps, une langue que plus personne ne parle ? […]

- Pourquoi tout devrait-il être utile à quelque chose ? La beauté est-elle utile ? La lecture donne du plaisir, c’est son premier moteur et sa raison d’être. Mais lire demande un effort. Lire laisse entrevoir des modes de pensée, des coutumes, des façons d’agir différentes de celles que l’on croirait a priori les seules valables parce que les nôtres… Lire c’est donc entrer dans la pensée ou l’imaginaire d’un inconnu grâce à des mots qui ne sont pas les nôtres. C’est aussi enrichir son vocabulaire et pouvoir s’exprimer de façon plus subtile…. En lisant, on élargit le champ de sa vision, on amasse une culture générale. Tu vas me répondre : « à quoi ça sert, la culture ? » Eh bien, peut-être à profiter de ce que l’humain a créé en bien ou en mal depuis qu’il est apparu sur terre, tout ce qu’il a nommé et recensé. Tu es jeune, Ulis, tu as de la chance !  […] »

 

 

Milan, août 2022, 318 pages, prix : 15,90 €, ISBN : 978-2-408-03577-8

 

 

Crédit photo couverture : © Victor Lejeune et éd. Milan.

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Souviens-toi de nous toujours – Sylvie Allouche

3 Mai 2024, 14:12pm

Publié par Laure

Le jour de ses 16 ans, Zoé avale des médicaments, achète des billets pour la grande roue à la fête foraine, et dès lors monte l’angoisse de savoir si elle réussira son funeste dessein et l’envie de connaître les motivations de son choix.

Par un va et vient narratif entre passé et présent, le lecteur aura toutes les clés de l’histoire.

J’aime beaucoup les thrillers de Sylvie Allouche (destinés aux adolescents également), tout comme la collection de textes courts « Court toujours » de chez Nathan, je n’ai pas hésité à dévorer ce nouvel opus.

Si j’ai beaucoup aimé toute la partie faisant référence au divorce de ses parents et à sa nouvelle vie en garde alternée, j’ai été un peu frustrée sur la partie finale, tant dans l’explication sentimentale que dans la grande roue, que j’ai trouvée beaucoup trop rapide. Comme s’il fallait finir vite (pour coller dans le format imposé par la collection), mais j’aurais tellement aimé en avoir plus ! Je trouve un certain déséquilibre dans les sujets évoqués.

Le texte reste néanmoins très bon pour les petits lecteurs que la longueur effraie, et comme toujours dans la collection, la version audio est disponible gratuitement (via un QR code à flasher dans le livre)

 

 

Éditions Nathan, coll. Court toujours, avril 2024, 48 pages, prix : 8 €, ISBN : 978-2-09-502672-1

 

 

Crédit photo couverture : éd. Nathan / Marlène Normand

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Géographie de la peur - Claire Castillon

2 Mai 2024, 10:51am

Publié par Laure

Maureen souffre de TAG (trouble anxieux généralisé) et d’agoraphobie. Toute sortie est une épreuve insurmontable et à 19 ans, se rendre à la fac est compliqué. Un échec même. Impossible de mener une vie normale, de sortir avec ses amis, d’avoir un petit ami. Malgré sa patience, même sa mère finit par s’énerver. Seul le temps passé chez le psy semble être un moment privilégié, encore faut-il pourvoir parvenir jusqu’à sa porte.

Comme j’aurais aimé lire ce livre il y a 30 ans ! Bien qu’il soit publié dans une collection pour adolescents, ce roman traite d’un sujet rarement abordé en fiction : le trouble anxieux généralisé doublé d’agoraphobie, et l’enfer qu’il fait vivre au quotidien (et pas qu’au malade !) : cette histoire est une bouée salvatrice pour qui aimerait comprendre ce qui lui arrive ou arrive à son ami.e., pour ne plus entendre ou dire : « c’est de l’anxiété, c’est psychologique, arrête ton cinéma et bouge-toi », etc.

On se demanderait même s’il n’y a pas un fond autobiographique dans ce roman tant il sonne juste. Bien sûr il y a les parents désemparés, le frère cash mais protecteur, les potes qui ne comprennent pas, les amis qui finissent aux abonnés absents, le psy(chanalyste) qu’on a envie de baffer (désolée je n’ai foi que dans les psychiatres qui pratiquent les TCC), et ce Jérôme un peu trop mature pour son âge mais il faut bien qu’il y ait du positif dans l’histoire !

Une issue surprenante mais intéressante pour ce court roman qui met en lumière une maladie invisible mais handicapante, avec précision et humour !

Merci à Claire Castillon d’avoir mis sur le papier cette géographie de la peur qui définit si bien tous les espaces que l’angoisse envahit. Un roman précieux.

 

Extraits : p. 14 : « Si je souffrais des séquelles d’un AVC, les gens formeraient un groupe de soutien WhatsApp. Je serais la fille dans la cour qui a des béquilles et que tout le monde entoure, afin de lui emprunter ses cannes mais aussi pour faire partie des gentils. Au contraire, les visages se ferment. Mon problème n’est pas attrayant comme des béquilles et il m’isole. Peut-être parce qu’il n’y a pas de mots pour expliquer mes crises, à part « agoraphobie » qui entraîne généralement un « C’est quoi ? » ou un « Je vois ». Le « Je vois » sort d’une personne qui connaît le mot « phobie » et le méprise, parce que c’est psychologique. D’ailleurs, la personne le dit : « Je vois, c’est psychologique ». Je peux aller me rhabiller avec mon truc qui n’existe pas. Quelquefois je m’humilie devant ces personnes en expliquant que j’ai aussi un TAG, Trouble Anxieux Généralisé, bien pire qu’une maladie, et que je rêverais de souffrir d’un mal plus concret. Afin de montrer combien c’est invivable, je réunis dans une même phrase les mots « angoisse », « vertige », « dédoublement », « film d’horreur », « image saccadée », « son d’aquarium », et quand j’arrive à « déréalisation », je les perds. Ainsi, ils n’ont pas le temps d’entendre « dépersonnalisation », et c’est peut-être mieux, parce que Nissa, la dernière personne qui m’a écoutée jusqu’au bout, m’a répondu quelque chose qui ne m’a pas tellement aidée : « De toute façon, depuis le primaire, on te trouve bizarre, ça doit venir de là. »

 

 

 

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, février 2024, 164 pages, prix : 10,50 €, ISBN : 978-2-07-519639-0

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard Jeunesse

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