Gaspard entre en 6ème dans un nouveau collège, il vit avec sa mère depuis le divorce de ses parents. C'est
un élève plutôt solitaire et réservé, il aime les jeux de société classiques, la lecture et les coquillages. Un élève un peu modèle, à l'ancienne (presque trop cliché). D'emblée, il devient la tête de turc d'Anthony, un caïd du collège qui n'a pas du tout les mêmes loisirs, qui ne pense pas à mal, juste à s'amuser.
Le roman décrit le processus de descente aux
enfers de Gaspard, victime du harcèlement d'Anthony. La construction du livre fait alterner deux voix, celle d'Anthony, qui répond à l'interrogatoire d'un adulte, dont on ne sait pas au
départ qui c'est, est-il dans le bureau d'un policier ?, car on pressent qu'il est mis en cause dans une affaire grave, et celle d'un narrateur externe qui raconte la vie de
Gaspard.
Ce roman ne peut laisser indifférent de par son
réalisme saisissant, ce n'est plus de l'ordre du probable, on est dans la description d'une réalité tangible, bien qu'elle soit ici fictive, l'émotion et la violence psychologique
bousculent le lecteur. Le mécanisme du harcèlement est très bien démonté, et l'on voit Gaspard basculer de la peur à la haine, et on le voit devenir victime deux fois : victime de son
harceleur, victime de l'administration et de tous ceux qui ne veulent pas ou ne savent pas voir.
L'issue s'annonce dramatique, et même si tout s'achève dans un happy end, on
en a froid dans le dos.
Le réalisme de ce roman est son principal atout, et l'on ne
peut que souhaiter que ce livre soit lu par tous les collégiens, leurs parents, leurs enseignants, et soit le point de départ d'un débat.
Quelques points toutefois m'ont gênée. L'auteur parle des élèves de 12 ans en
6ème : beaucoup n'en ont encore que 10, le plus souvent 11. De mêmes les propos, les actes, les réflexions me semblent plus appropriés à des élèves de 4ème-3ème qu'à des élèves de 6ème. Si
je comprends la volonté de prévenir le plus tôt possible, je trouve le décalage important. De même conseiller ce roman à partir de 9 ans comme le fait l'éditeur sur la 4ème de couv me semble un
peu jeune, il est quand même psychologiquement très violent. Je le conseillerais davantage à des élèves de 6ème (11 ans donc) et au-delà, même si l'on sait bien que chaque enfant est différent et
que certains seront capables de le lire plus jeunes.
L'auteur fait suivre son texte du témoignage d'une mère dont l'enfant a vécu
les mêmes brimades que Gaspard, et comment elle n'a pas vu, au départ le mal-être de son fils. Un récit aussi frappant et dramatique que le roman.
Milan jeunesse, coll. Milan poche Junior
Tranche de Vie n° 157, septembre 2012, 85 pages, prix : 5,50 €
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Crédit photo couverture : ©Olivier Latyk et éd. Milan