Les jardins d'Hélène

romans etrangers

La maison idéale – Kate Collins

26 Septembre 2024, 09:45am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet

Cette maison idéale, a good house for children dans son titre original, est un manoir imposant qui a pour nom « le Reeve », situé dans le Dorset, au sud-ouest de l’Angleterre. Idéal pour l’épanouissement familial, vraiment ?

Ce premier roman de l’autrice raconte l’histoire d’une maison, à travers deux familles, en 1976 et en 2017, avec des retours plus loin dans le temps également, le manoir en bord de falaise s’avérant plus hanté qu’idyllique.

En 1976, c’est Lydia qui est embauchée comme garde d’enfants d’une famille nombreuse pour aider Sara, la mère tout juste veuve, dépassée par son chagrin. En 2017, c’est Orla, une mère de famille, artiste peintre, qui élève ses jeunes enfants (dont l’aîné ne parle pas)  dans cette grande maison choisie (et imposée) par son mari qui n’y vit guère, travaillant et restant à la ville la semaine.

La psychologie des personnages est intéressante, les phénomènes mystérieux qui se produisent contribuent à une atmosphère un peu angoissante, tout comme le climat, le voisinage… L’alternance des époques et des vécus familiaux fonctionne, mais il manque un petit quelque chose : le roman n’en reste pas moins attendu, avec une impression de déjà lu, et d’inabouti dans le traitement du léger surnaturel.

Ce n’est pas un mauvais roman, mais il manque quelque chose pour qu’il soit pleinement réussi.

A lire si vous aimez les histoires de fantômes, de maisons hantées, de destins tragiques qui se répètent, les ambiances gothiques et psychologiques.

 

Extrait p. 194-195/229 (numérique) : « La maison exigeait trop d’elle. Elle avait essayé de l’aimer, de réparer ce qui était cassé en elle, de panser ses plaies. Et pourtant, ça ne suffisait pas. Le Reeve l’appelait, avait besoin d’elle, la réclamait comme le ferait un enfant, et Orla savait qu’elle aurait beau lui donner tout ce qu’elle pouvait, ce ne serait jamais assez, car un enfant n’aspire qu’à s’approprier totalement sa mère. Les siens la dévoraient s’ils en avaient la possibilité, afin qu’elle vive en eux pour toujours. Et c’était ce que voulait la maison : la faire sienne à jamais.

Elle était devenue la mère d’un monstre. Le Reeve lui avait parlé, avait chuchoté à son oreille, et elle l’avait écouté.

Une mère doit se sacrifier pour ses enfants. Orla le savait et en avait déjà accepté la nécessité au plus profond de son cœur. »

 

 

 

 

 

 

Éditions Les escales, septembre 2024, coll. Littérature étrangère, 400 pages, prix : 23 €, ISBN : 978-2-36569-836-8

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations

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La resquilleuse – Mary Wesley

10 Mars 2024, 14:44pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Michèle Albaret

Ah cet humour so british, si impertinent ! J’adore Mary Wesley, découverte en 2009 avec Rose Sainte-Nitouche (les éditions Héloïse d’Ormesson entreprenaient alors de faire traduire et rééditer toute l’œuvre de l’autrice, qui a commencé à écrire sur le tard à l’âge de 70 ans, et qui est décédée en 2002), les blogs étaient alors à leur apogée et je crois bien que c’est grâce à Clarabel que j’avais entrepris de la lire) ; il me reste encore quelques titres dans ma PAL, ô bonheur !

Matilda Poliport est veuve, son chat et son chien sont morts également, elle se résout à céder Gus, son jars de compagnie (!) avant d’aller faire le grand saut, maison briquée du sol au plafond, pique-nique chargé dans la voiture, cachets et vin rouge dans le panier pour un dernier repas sur la plage avant de sauter. Mais rien ne va se passer comme prévu, on ne peut même plus se suicider tranquille, et parfois il y a embouteillage au-dessus du pont ! C’est ainsi que Matilda fait la connaissance d’Hugh Warner, un homme recherché parce qu’il a tué sa mère d’un coup de plateau à thé, et qu’elle va ramener dans son cottage bien propret.

C’est le début d’un récit aussi délicieux que grinçant, on ne compte plus les amants transis ou refoulés, les ingratitudes des enfants, la fidélité sans faille des animaux jusqu’à leur mort, les secrets bien cachés, à demi oubliés, et les ressorts déjantés de l’intrigue.

Malgré une fin qui attriste le lecteur, le plaisir de lecture est présent tout du long, tant c’est audacieux, piquant, désinvolte, drôle, et parfois dérangeant.

Une vieille dame qui balaie d’un revers de la plume tous les clichés sur son genre et son âge.

 

 

Ed. Héloïse d’Ormesson, juin 2011, 285 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-35087-169-1

(Existe en poche)

 

 

Crédit photo couverture : © FPG / Hulton Archive / Getty Images / et éd. Héloïse d’Ormesson

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Le dernier été - Benedict Wells

24 Août 2023, 15:22pm

Publié par Laure

Traduit de l'allemand par Dominique Autrand

Robert Beck est prof de musique et d'allemand , à défaut d'avoir réussi sa vie dans la musique. Mais il repère dans sa classe le jeune Rauli, un élève étranger en difficulté scolaire mais véritable prodige à la guitare. Ce jeune a un talent de compositeur exceptionnel. Beck se met en tête de devenir son manager et de réussir là où il a échoué auparavant. En parallèle, son histoire d'amour avec Lara (vouée à l'échec dès le début) et son soutien à son ami toxico Charlie vont conduire à des scènes épiques, véritable road trip à travers l'Europe.
Construit comme un 33 tours qui comprend 2 faces et quelques chansons sur chacune d'elles, l'intrigue située à la fin des années 90 en Allemagne (concentrée surtout sur l'été 1999) est en réalité narrée par un autre élève, Ben, à qui Beck raconté son histoire, celui-ci ayant montré des velléités d'écrivain.
On s'attache à ces personnages de losers, à leur choix ou non-choix, on s'attache à eux sans s'en rendre compte, pris dans l'espoir sans doute d'un succès, mais la route est agréable.

 

 

Le livre de poche, août 2019, 472 pages, prix : 8,70 €, ISBN : 978-2-253-23775-4

(Première parution chez Slatkine et Cie en 2008)

 

 

Crédit photo couverture : Studio LGF, Romaoslo / iStock

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Le tribunal des oiseaux – Agnes Ravatn

9 Mai 2023, 16:55pm

Publié par Laure

Traduit du néo-norvégien par Terje Sinding

Allis Hagtorn, la trentaine, débute un nouveau job d’aide à domicile dans un petit fjord isolé, pour fuir une situation professionnelle compliquée. Là où elle s’attend à trouver un vieillard dépendant, elle se trouve au service d’un quadragénaire taiseux, qui a besoin d’aide pour la cuisine et l’entretien du jardin le temps de l’absence de son épouse. Les règles qu’il met en place sont strictes, Allis ne doit pas passer de temps avec lui outre le service à table, mais leur attirance réciproque ne va pas tarder à transpirer et leur rapprochement s’opérer. Au fil du temps et du mystère environnant, Allis finit par se demander si cette épouse existe vraiment.

Dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler Rebecca de Daphné du Maurier et Jane Eyre de Charlotte Brontë, la vérité se dévoile lentement, les secrets des personnages se délivrent crescendo jusqu’à la toute dernière page. Si l’ensemble parait classique, la tension permanente, le climat étrange et le doute instillé fonctionnent pour maintenir la curiosité du lecteur tout du long.

Le roman serait-il aussi une illustration de la légende de Balder à laquelle il est plusieurs fois fait référence ? Je ne suis pas familière de la mythologie scandinave mais l’on pourra y voir notamment une explication du titre.

Un roman norvégien sombre et envoûtant.

 

 

Actes Sud, coll. Lettres nordiques, février 2023, 227 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-330-17358-69

 

 

Crédit photo couverture : © Aimee Marie Lewis / Arcangel Images

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L’Odyssée de Sven – Nathaniel Ian Miller

20 Mars 2023, 18:18pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Mona de Pracontal

Plongez dans ce roman du Grand Nord, une véritable odyssée qui vous immerge sur près de 500 pages dans l’Arctique auprès de Sven, de 1916 à 1946. C’est rude, sincère, véridique, dépaysant, étonnant, bref… découvrez le Spitzberg, la chasse au phoque, les aurores boréales et la vie solitaire de cet ermite qui s’est rarement senti seul. L’aventure et le dépaysement sont garantis avec cet homme attachant à qui l’auteur américain Nathaniel Ian Miller donne magnifiquement vie dans ce premier roman.

J’ai aimé tout particulièrement le début et la fin du roman (sur de longues pages !) qui m’ont emportée dans les liens familiaux et amicaux de ces hommes à la vie si particulière, chasseurs-trappeurs dans le climat hostile du cercle polaire, leurs drames et leur résilience. Si j’ai trouvé quelques longueurs au centre du roman, je ne regrette pas d’avoir persévéré, d’avoir fait la connaissance de Sven le Borgne et de Skuld, et de tous les personnages qui gravitent autour d’eux, avec chacun leur importance quand on sait l’isolement des hommes dans ces bases du Grand Nord. La nature et la solitude sont au premier plan, et pour y survivre il faut avant tout une grande force mentale que Sven a su trouver. Bravo à l’auteur pour ce beau voyage.

 

Buchet-Chastel, août 2022, 468 pages, prix : 24,50 €, ISBN : 978-2-283-03603-7

 

 

Crédit photo couverture : © Patrick Leger / éd. Buchet Chastel

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Ordure - Eugene Marten

2 Janvier 2023, 15:46pm

Publié par Laure

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe
Préface de Brian Evenson


 

 

Ma première lecture de 2023 est on ne peut plus déroutante. Le genre de livre brillant par le style mais répugnant par l'histoire. On ne peut pas aimer ce livre, on est même parfois tenté de l'abandonner tant il est glauque et dérangeant. Et pourtant, l'écriture dépouillée, précise, et les nombreux non-dits qui font sens pour le lecteur lui confèrent toute sa force.


Sloper est agent d'entretien dans un immeuble de bureaux quelque part aux États-Unis. Il ramasse les déchets des autres (le titre original est waste : déchets, gâchis) et récupère dans les corbeilles les restes de nourriture qu'il mange chez lui le soir, dans la cave qu'il loue dans la maison de sa propre mère. Car Sloper n'a pas accès à l'étage, il vit au sous-sol, et n'a d'échange avec sa génitrice que le loyer qu'il lui glisse sous la porte.


Tout bascule quand il découvre un corps qui bloque le vide-ordures sur son lieu de travail. Je n'en dis pas plus.


Un bijou de littérature dérangeante, qui évoque pour certains Chuck Palahniuk et Bret Easton Ellis (je ne les ai pas lus). Si vous aimez les feel-good books, passez votre chemin sans hésiter !


La préface de Brian Evenson dit très bien ce que j'exprime maladroitement :


p. 10 : "Ordure est un livre dont il faut faire l'expérience - pas un livre qu'on aime. Il faut le traverser, le vivre, le subir même : ce n'est pas quelque chose pour lequel on éprouve du plaisir. Il st doté de cette dimension viscérale avec laquelle il passe en revue, sans la moindre concession, les paramètres implacables d'une froide existence." [...] p. 13 : "Ordure est un livre puissant et original, une réussite majeure, qui montre de manière on ne peut plus authentique toute l'étendue d'un style minimaliste."

 


Emprunté par hasard en médiathèque où il était sur le présentoir des nouveautés.

 

Quidam éditeur, janvier 2022, 103 pages, prix : 13,50€, ISBN : 978-2-37491-253-0

 

 

Crédit photo couverture : Hugues Vollant et Quidam éditeur.

 

 

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Arpenter la nuit – Leila Mottley

16 Septembre 2022, 08:44am

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Pauline Loquin

 

Kiara Johnson a dix-sept ans et une vie bien loin de l’insouciance adolescente dans ce quartier d’Oakland en Californie. Son père est mort, sa mère est internée, son frère aîné Marcus se laisse vivre en espérant devenir une star du rap, et son petit voisin Trevor, neuf ans, est souvent seul, sa mère junkie étant incapable de l’élever. Ses petits boulots ne suffisent plus à payer le loyer et à nourrir tout le monde. C’est un peu par hasard qu’elle tombera dans la prostitution, y voyant d’abord un argent facile détaché de toute sensation, jusqu’à être prise au cœur d’un réseau mené par des policiers sans scrupules.

C’est une piscine à crottes qui ouvre le roman et en donne le ton. L’ex de Dee, la mère de Trevor, y jette rageusement toutes les crottes de chiens qu’il a pu trouver dans les sacs plastiques des poubelles du coin. Une piscine que personne n’utilise et qui tait une histoire dramatique.

Dit comme cela, ça peut paraître glauque, sordide et déprimant. Et pourtant ! Quelle force dans le personnage de Kia, quelle maturité et beauté dans l’écriture ! D’ordinaire, je ne fais pas de lien avec la personnalité de l’auteur, mais là, il est à noter que ce premier roman a été écrit à l’âge de dix-sept ans, Leila Mottley en a aujourd’hui dix-neuf. Une courte postface de l’autrice explique comment elle s’est inspirée d’un fait réel pour montrer la vulnérabilité et l’invisibilité de ces jeunes femmes noires en danger permanent.

La lumière et l’espoir arrivent néanmoins, même si le roman reste grave… et beau à la fois. L’attachement de Kiara à Trevor et sa force pour l’élever, sa détermination à porter à bout de bras une famille disloquée, sans jamais se plaindre sur son sort, sont éminemment touchants.

Un très beau personnage pour un très bon premier roman.

 

Extraits :

p. 24/25 : « Maman accusait la prison de la mort de papa, ou plutôt elle accusait ceux qui avaient fait en sorte qu’il finisse là-bas, c’est-à-dire qu’elle accusait la rue. Papa, c’était ni un escroc ni un dealer et d’ailleurs je ne l’ai vu défoncé qu’une seule fois, un jour où il fumait un bang près de la piscine à crottes avec Oncle Ty. Mais peu importe, parce que tout ce que voyait maman c’était l’image du jour où papa s’est fait arrêter, des bouches distordues de ses amis quand les flics se sont pointés et qu’ils les ont plaqués contre les murs. Peu importe ce qu’ils avaient fait ou pas parce que maman avait besoin d’accuser quelqu’un ou quelque chose et qu’elle avait le cuir bien trop fragile pour en vouloir au monde lui-même, pour supporter le cliquetis des menottes, la facilité avec laquelle les flics les ont glissées aux poignets de papa. […]

Le cancer était tellement avancé qu’il n’y avait en fait aucun espoir que ça s’arrange, alors papa a dit non quand maman l’a supplié d’essayer la chimio et la radiothérapie. Il a dit qu’il refusait de partir en la laissant s’endetter à cause de ses factures d’hôpital.

Une mort rapide qu’on a trouvée particulièrement lente. »

 

p. 30 [avec une copine elles participent à des enterrements pour y manger à leur faim aux buffets] : « Les jours d’enterrement, c’est notre jugement dernier à nous : on joue aux voleuses mais en réalité on cherche juste une excuse à nos larmes, puis on se ressaisit, on mange jusqu’à ne plus en pouvoir et on trouve un coin où danser. Les jours d’enterrement, c’est l’apogée de nos anciens nous, l’occasion d’organiser nos propres commémorations pour ceux qu’on n’a pas enterrés comme il fallait. Masi les enterrements ont toujours une fin et on doit tous retourner à l’effervescence de la vie, alors je respire une dernière fois le parfum de cette pièce et je me relève. »

 

p. 169 : « Je crois que ce jour pourrait être celui que j’attendais. Le jour où mon frère va décider de redresser la tête et de réapprendre à tenir plus ou moins le coup dans cette vie. Le jour où il va poser sa tête sur mes genoux et me laisser le bercer. Il pourrait même me prendre la main ou me demander pourquoi j’ai des bleus en travers de la poitrine. Il y a des moments comme ça où j’ai l’impression d’être coincée entre la mère et l’enfant. Où j’ai l’impression d’être nulle part. »

 

 

Albin Michel, coll. Terres d'Amérique, août 2022, 401 pages, prix : 21,90 €, ISBN : 978-2-226-45664-9

 

 

Crédit photo couverture : © Narcisse © plainpicture / Ralf Mohr

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Paradaïze - Fernanda Melchor

26 Août 2022, 16:45pm

Publié par Laure

Traduit de l'espagnol (Mexique) par Laura Alcoba

Paradaïze, c’est un complexe résidentiel où vivent de riches familles, quelque part près du golfe du Mexique. Polo, 16 ans, y est employé comme jardinier, contraint par sa mère qui le traite de bon à rien et compte sur lui pour nourrir les siens. Il fréquente Franco, un autre ado obèse et mal dans sa peau, qui lui au contraire vit dans un de ces logements aisés avec ses grands-parents. Franco n’a qu’un rêve, perdre sa virginité avec la belle Marián, une quadra mariée et mère de famille, résidente de Paradaïze.

Mus l’un par une colère intérieure et le besoin d’argent pour sortir de la misère, l’autre par une sexualité bête et crasse nourrie à la pornographie, le récit se profile vers un dénouement qu’on devine fatal.

J’avais choisi ce livre sur des critiques élogieuses, dont cet uppercut : « une claque magistrale ». Je n’aurai pas cet enthousiasme Je m’y suis presque ennuyée, lisant la chronique annoncée d’une misère gigantesque qui côtoie la richesse indécente de quelques autres, faisant naître les drames sociaux dans une escalade de violence.

J’ai eu du mal à accrocher à l’écriture également, le texte est bref je suis allée au bout, mais ce roman ne m’a pas séduite plus que cela.

 

Grasset, coll. En lettres d'Ancre, mars 2022, 216 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2- 246-82771-9

 

 

Crédit photo couverture : éd. Grasset

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Sang d'encre - Jill Dawson

15 Février 2022, 14:23pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard.

Titre original : The crime writer

 

 

En 1964, Patricia Highsmith, célèbre romancière américaine, s’est retirée dans un cottage anglais, dans le Suffolk, pour y écrire tranquille, et y vivre sereinement sa liaison avec une femme, Sam, par ailleurs mariée et mère de famille. Mais le calme recherché ne sera pas de longue durée, car une journaliste lui tourne autour pour écrire sa biographie, sa voisine se montre bien curieuse autant qu’effrayée par son lapin sauvagement égorgé, et le mari de Sam devient un peu trop envahissant. Et Pat semble quelque peu addict à l’alcool….

Alternant style indirect à la troisième personne et récit à la première personne par Patricia Highsmith elle-même, Jill Dawson donne à lire une sorte de documentaire fiction mêlant la vraie vie de l’écrivaine à son roman en train de s’écrire. Les frontières finissent par se brouiller, pour le plus grand bonheur du lecteur qui se délecte des indices donnés pour comprendre peu à peu la construction dans laquelle il est embarqué. Et il faut bien avouer que c’est plutôt brillant, le tout étant le roman malin et abouti de Jill Dawson, ce sang d’encre, the crime writer dans son titre original.

Dans une postface sous forme de remerciements, l’autrice – Jill Dawson – donne toutes les références aux textes de Patricia Highsmith dont elle use dans le roman, sans pour autant jamais les copier directement. Il n’est pas nécessaire de connaître les romans de P. Highsmith pour comprendre l’intrigue, mais nul doute qu’elle vous donnera envie d’aller ensuite les découvrir davantage !

(PS : ne cherchez pas le chat de la couverture dans l'histoire, il n'y en a pas !)

 

Extrait p. 23 : « -Dans mes livres ce sont l’attente, l’atmosphère qui dominent. Je n’écris pas de romans policiers. Comme je vous l’ai dit au téléphone, je n’aime pas ce terme. Mon petit traité doit d’ailleurs s’appeler L’Art du suspense, mode d’emploi. Dostoïevski écrivait des romans à suspense, c’est-à-dire des histoires où l’on sent planer la menace d’une violence ou d’un danger larvé, imminent. C’est dans cette lignée que je me situe. »

 

 

Ed. Denoël, coll. & d’ailleurs, février 2018, 374 pages, prix : 21,50€, ISBN : 978-2-207-13672-0

 

 

 

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La librairie de Téhéran – Marjan Kamali

11 Janvier 2022, 11:50am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Florence Moreau

 

J’avoue, j’ai choisi ce livre pour son titre et sa couverture principalement, et la promesse qui en était faite d’un « doux parfum d’Iran ».

L’histoire s’annonce classique : des amours contrariées. L’ouverture par la fin, en 2013, d’une femme âgée qui rend visite à son amour de jeunesse en maison de retraite, nous annonce dès lors que leur histoire ne s’est pas concrétisée comme elle aurait dû.

Retour en 1953 à Téhéran, aux balbutiements de leur amour, protégé par un libraire qui les abrite dans sa boutique le temps de leurs rencontres mal vues des parents du jeune homme. Bahman est un jeune activiste politique, Roya une étudiante ambitieuse dans un milieu qui encourage la place de la place dans la société. Leurs fiançailles sont teintées d’amertume par l’attitude de la mère de Bahman. Rien n’ira comme prévu, et en plein coup d’État politique, ils se perdront de vue et construiront chacun une nouvelle vie aux États-Unis, avant de se retrouver dans le premier chapitre qui ouvre le roman sur le crépuscule de leur existence.

L’autrice dénoue l’intrigue avec parfois quelques longueurs ; les personnages secondaires sont intéressants, la position accordée à la femme également, je regrette toutefois quelques artifices un peu mielleux, et que le contexte iranien soit abordé de façon superficielle.

Je ne sais comment qualifier ce roman : une romance, un feel-good ? Une ambition plus littéraire que quelques grosses ficelles ne suffisent pas à élever ?

A conseiller à ceux qui veulent avant tout une histoire d’amour.

 

 

Hauteville, août 2021, 380 pages, prix : 18,90 €, ISBN : 978-2-38122-367-4

 

 

Crédit photo couverture : © Shutterstock / éd. Hauteville

 

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