Tango fantôme – Tove Alsterdal
Traduit du suédois par Emmanuel Curtil
La veille de la nuit de Walpurgis, qui marque la fin de l’hiver en Suède, une femme tombe de son balcon du 11ème étage. La police conclut assez vite à un suicide, mais sa sœur, Hélène Bergman, est dubitative, même si elle avait coupé les ponts depuis longtemps.
Leur mère, Ing-Marie Sahlin, a disparu en novembre 1977 ; les deux enfants, Camilla (qui se fera appeler Charlie plus tard) et Helene avaient alors 5 et 3 ans. L’enquête d’Helene va la mener en Argentine, car il semblerait que sa sœur y soit allée en quête de leur mère très peu de temps auparavant.
Une intrigue policière un peu hors norme, au rythme lent mais au contexte très fouillé, qui fait une large place à la guerre sale et au terrorisme d’Etat dans les années 1980 dans les pays d’Amérique du Sud. C’est aussi un roman sur les relations mère-fille, et sur la place de la mère au cœur d’une famille. Qu’il s’agisse d’Ing-Marie, de Charlie ou d’Helene, leur parcours est complexe.
Les faits historiques dénoncés, l’intrigue au long cours qui mêle les temps entre l’Argentine et Jakobsberg, de 1977 à 2014, et qui s’étend au-delà géographiquement, sont riches et intéressants.
Un roman vers lequel je ne serais pas allée spontanément mais qui se révèle être une bonne surprise.
Sans être un coup de cœur, je ne regrette pas ma lecture, malgré des ramifications qu’il est parfois un peu difficile de suivre. Les personnages secondaires sont nombreux mais ont tous leur importance également.
L’ampleur du roman est ambitieuse, mais maitrisée.
p. 109 : « Mais après tout, que savait-elle de Charlie ?
Une pensée : la vie d’une personne ne se trouve pas dans ce qu’elle laisse derrière elle mais dans ce qu’elle choisit de cacher. »
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018
Rouergue noir, octobre 2017, 474 pages, prix : 23,50 €, ISBN : 978-2-8126-1447-7
Crédit photo couverture : © Plainpicture / robertharding / Lee Frost / et éd. du Rouergue.