Les oiseaux et autres nouvelles - Daphné du Maurier
Je dois à Tatiana ma lecture de Daphné du Maurier : elle m'avait donné l'envie... Je n’ai pas commencé par Rebecca mais un recueil de nouvelles, dont la première s’intitule les oiseaux, celle-là même qui a inspiré le fameux film d’Hitchcock. Toutes les nouvelles du recueil sont un peu à l’image des oiseaux : faire monter la tension, flirter entre le réel et un fantastique ou un surnaturel très proche, faire douter, laisser rôder la mort sans en avoir l’air…
D’abord, les oiseaux donc, qui ont envahi le ciel londonien et la campagne alentour, et qui s’en prennent aux habitants… Mais dans l’édition originale de 1952, c’est la seconde nouvelle qui donne son titre au recueil : le pommier : une épouse décédée semble revivre à travers le vieux pommier du jardin, voilà qui n’apaise pas le veuf…. Dans encore un baiser, il est question d’une inquiétante rencontre, un jeune homme suit avec plaisir une ouvreuse de cinéma, leur promenade s’achèvera dans un cimetière où le lendemain… (non, je ne vous dis pas tout !). Mobile inconnu nous offre un suicide inexpliqué, pourtant en creusant la vie passée de cette sage épouse sans soucis, on découvre des douleurs enfouies… Enfin, Une seconde d’éternité nous promène dans le doute de la folie, et de cet étonnant arrêt du temps : une femme sort se promener, et lorsqu’elle rentre chez elle, sa maison est occupée par d’autres qu’elle prend pour des cambrioleurs. La police la croit folle, et pourtant, c’est comme si elle vivait 20 ans en arrière… troublant !
Dans une langue sobre et classique mais bien conduite (la preuve, on ne s’attache qu’à l’histoire et pas du tout à la façon dont elle est écrite, celle-ci coulant toute seule), l’auteur nous offre des visites de l’étrange bien surprenantes. Il n’ y a qu’une nouvelle que j’ai zappée (l’avant dernière, le petit photographe), y accrochant assez peu un soir de fatigue, et bien que les trouvant parfois un peu longues, elles m’ont permis de découvrir le style parfait de Daphné du Maurier. N’étant pas adepte du fantastique, j’ai aimé ces contextes très proches du réel, où seul un élément parfois engendre le bizarre. Mais toutes ne sont pas surnaturelles, bref, un bon échantillonnage, très différent de mes lectures habituelles.
Albin Michel, 1998 (1ère traduction française 1953), 326 p. ISBN 2-226-10610-3
Existe en poche, mais je n'aime pas la couverture... (!)
Ma note : 3,5/5