Chaque chose - Julien Neel
« Un magnifique coup de cœur ! A lire, à lire, à lire !!! » c’est ainsi que Philippe concluait sa lecture de ce dernier album de Julien Neel. Et je partage son enthousiasme, cette chose est très forte ! Neel, c’est le papa de Lou ! (enfin l’auteur, vous me comprenez), et comme j’adore Lou, il me semblait naturel d’acheter son nouveau titre. Une BD très différente, où l’émotion et la relation filiale sont très présentes. Au départ, j’étais sceptique : des fonds de pages tout noirs (alors qu’on était habitué à la douceur pastel des Lou), des couleurs vives, des allers-retours dans le scénario : en fait non, on s’y retrouve très vite, et on ne s’arrête plus avant la fin.
Un homme part rendre visite à son père mourant à l’hôpital. Il se remémore des souvenirs d’enfance : son père magicien qui accepte un job de mascotte déguisé en gros ours bleu trimballé dans une voiture bulle pour faire de la pub sur les plages… ses virées avec lui et le chauffeur (cascadeur, à l’origine). Un va et vient entre l’enfance et le présent, l’amour et la peur de la perte, une incise aussi : celle de Gallimard demandant à Julien Neel d’écrire un album pour sa collection Bayou, celui qu'on a entre les mains (était-ce vraiment utile ? et quand bien même ce livre ne serait pas autobiographique, il en garderait toute sa force). Pourquoi chaque chose ? Le petit garçon dessinait déjà dans son enfance, des histoires de Batman et de super héros. Son père lui disait : « C’est pas super original ton histoire / Par exemple tiens : tu peux raconter des choses qui arrivent des types normaux comme nous… / Peut-être que ça peut intéresser des gens… / C’est vrai, dans le fond, chaque chose heu…/ Enfin tu vois quoi… »
A la force du récit s’ajoute le travail très intéressant sur l’utilisation des couleurs et quelques surprises du scénario que je vous laisse découvrir.
A noter : si Lou ! est pour les enfants, Chaque chose est clairement pour les adultes. Simplement parce que le sujet, un trentenaire qui craint de perdre son père, parlera davantage aux grands enfants qui un jour bientôt peut-être vivront cela.
PS : j’oubliais, il y a de l’humour aussi, dans cet album !
Gallimard, coll. Bayou, nov. 2006, prix : 15 €
Ma note : 4/5