Journal d'Edward, hamster nihiliste (1990-1990) – Miriam Elia & Ezra Elia
La page de titre indique « Transcrit du langage Hamster » par Myriam Elia & Ezra Elia.
Traduit de l’anglais par Rose Labourie
Quel curieux petit livre (13 x 13 cm pour son format !) que ce journal intime tenu par … un hamster ! Un ouvrage un peu absurde et à l’humour so british, comme seuls les Anglais savent le faire.
Edward le hamster écrit donc son journal :
« Samedi 3 mai : j’ai décidé de ne plus faire de roue.
Dimanche 4 mai : J’ai décidé de faire de la roue, mais seulement la nuit quand ils dorment. Je ferai vibrer, crisser et cliqueter la cage, et ce juste pour les énerver, pour leur montrer que je ne suis pas à leur disposition – que si je fais quelque chose, je le fais pour moi, pas pour eux. »
S’ensuivent des moments de déprime, des moments de réflexion quasi philosophique sur la vie en captivité, la vacuité de l’existence, des passages drôles sur sa communication avec le chat de la maison (est-il plus libre parce qu’il n’est pas en cage ?) et sur les compagnons hamsters qui rejoindront un temps sa cage.
« Vendredi 26 septembre : Il dit qu’il s’appelle Lou, bien que ce ne soit pas un loup.
C’est un hamster.
J’ai tenté de l’entrainer dans un débat sur la nature de notre captivité, la vacuité de l’existence et notre irrationnelle envie de vivre.
Il a émis un rot, ri et déféqué dans le bac à foin.
Il est soit fêlé, soit profondément stupide.
Je suis anéanti »
On sourit en lisant cet olni (objet littéraire non identifié) mais on ne peut s’empêcher d’y voir un sens caché, sommes-nous prisonniers de nos vies comme Edward dans sa cage ? Faut-il y voir une critique sous-tendue de l’autofiction et de la vacuité de l’existence ? Étrange, mais pas si bête !
Edward n’est plus (1990-1990), mais accordez un regard à son journal, il ne vous laissera pas indifférent. Le dernier mot à Edward : « à quoi bon écrire ? La vie est une cage de mots vides. »
Flammarion, novembre 2013, 91 pages, prix : 8,50 €
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Crédit photo couverture : © Ezra Elia et éd. Flammarion.